Citations sur retournement

Une collection de citations sur le thème de retournement, tout, bien-être, pluie.

Citations sur retournement

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“Le bruissement sec des conversations s'enfle et s'élève. A les voir ainsi se retourner, saluer, gesticuler, tordre leurs corps emprisonnés dans la stalle étroite, on pense à l'entassement d'un peuple d'insectes, comprimé dans un entonnoir.”

Hippolyte Taine (1828–1893) philosophe et historien français

À propos du public du Théâtre des Italiens.
Notes sur Paris: vie et opinions de Frédéric-Thomas Graindorge

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“Rassemblant près de la moitié de la population mondiale, et 60 pourcent de ses ressources naturelles, ces peuples sont en train de construire rapidement une nouvelle force, à la fois morale et matérielle, grâce à laquelle ils améliorent leurs conditions de vie et adaptent la conception moderne du progrès à leurs cultures. Qu'on adhère ou non au concept de colonisation, c'est dans ce sens que se fait l'évolution de l'Asie, et on ne peut l'arrêter. Elle est corolaire au déplacement des frontières économiques, à mesure que l'épicentre même du monde des affaires retourne vers la zone où il a commencé.”

Douglas MacArthur (1880–1964) militaire américain

Mustering half of the earth's population, and 60 percent of its natural resources these peoples are rapidly consolidating a new force, both moral and material, with which to raise the living standard and erect adaptations of the design of modern progress to their own distinct cultural environments. Whether one adheres to the concept of colonization or not, this is the direction of Asian progress and it may not be stopped. It is a corollary to the shift of the world economic frontiers as the whole epicenter of world affairs rotates back toward the area whence it started.
en
Discours au Congrès lors de sa démission (18 avril 1951)

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“Il ne faut pas sous-estimer le risque d'une perversion de la démocratie, son possible retournement en son contraire lorsqu'elle devient un système dans lequel la majorité impose ses volontés ou son opinion aux minorités sans discussion, avec arrogance et mépris.”

Pierre-André Taguieff (1946) philosophe et politologue français

À propos de ce que l'auteur qualifie de « terrorisme intellectuel » ou de pensée unique « progressiste ».
Essais, Les Contre-réactionnaires, 2007

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“Amoureux et jaloux de la liberté humaine, et la considérant comme la condition absolue de tout ce que nous adorons et respectons dans l’humanité, je retourne la phrase de Voltaire, et je dis : Si Dieu existait réellement, il faudrait le faire disparaître.”

Dieu et l'État
Variante: Amoureux et jaloux de la liberté humaine, et la considérant comme la condition absolue de tout ce que nous adorons et respectons dans l'humanité, je retourne la phrase de Voltaire, et je dis : Si Dieu existait réellement, il faudrait le faire disparaître.

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“D'un geste (car il est plus sûr de ses mouvements que de ses mots, en ce pays étranger), il écarte l'enfant et presse le pas pour se tenir à la hauteur d'une jeune femme qui va dans la même direction que lui, le long du mur opposé. Musclée, les cheveux coupés presque aussi court que ceux d'un homme et décolorés jusqu'au ton de la paille, elle revient probablement de la plage, si elle porte sous le bras une serviette roulée qui pourrait bien contenir un maillot humide qui aurait contenu son corps. Le soleil a rougi son visage que nul fard n'accentue, ses épaules qui sortent largement d'une étroite robe blanche. Ses pieds, dans des sandales de cuir beige, sont nus; l'une de ses chevilles, la gauche, est écorchée; les ongles de ses orteils n'ont que des traces de vernis. Par l'allure et par le maintien elle n'a rien d'une femme galante, mais ses grands yeux marron ont lancé sur Sigismond un regard leste (« furtif », se dit-il qu'aurait dit le pédant cousin), et dans la main qui vient de repousser l'enfant aux annuaires il lui semble qu'il sent la rondeur robuste de l'épaule de celle-là. Après avoir dépassé l'Inter Club Bar, cependant, elle entre dans la pension Toledo, et elle ne s'est pas retournée vers le suiveur, qui sait qu'il ne fut pas inaperçu. Quelques instants il reste devant la pension (de mauvaise apparence), l'œil au guet des volets clos; or son espoir est déçu de voir une fenêtre s'ouvrir et une figure se pencher pour lui sourire ou se moquer de lui.”

André Pieyre de Mandiargues (1909–1991) écrivain français

Roman, La Marge (prix Goncourt), 1967

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“La première fois qu’il est parti sur le front, je lui avais dit (en levant la tête comme toujours, pour que nos regards puissent se croiser) : « Je ne suis qu’un vieux judéo-banderiste de plus de 60 ans, et de moins de 1,70 m mais, si vous ne revenez pas entier, je vous casse la gueule. » Je ne pourrai pas le faire et, de toutes les façons Wassyl était l’homme le plus entier, le plus intègre, le plus tout d’une pièce que je connaisse. Maintenant, il est entier pour l’éternité. Hélas, hélas, la guerre de Poutine n’avait pas cessé depuis l’hiver 2014. Et elle vient d’emporter Wassyl. Je suis en deuil et en colère, mais je ne lui en veux pas. Vu de loin, il y a quelque chose d’absurde dans le destin d’un artiste béni des dieux, encore au début d’une carrière qui s’annonçait magnifique, et qui a choisi de tout quitter pour un front qu’il savait très dangereux et où il a donné sa vie. Tous ses amis l’avaient supplié de ne pas y aller, puis de ne pas y retourner quand il est revenu l’hiver dernier. Mais tous ceux qui ont parlé avec lui ont été convaincus de la nécessité vitale pour lui de se battre pour son pays, et d’être là où ce combat devait être mené. Il était bien sur le front, non pas parce qu’il aurait été un soldat de vocation, mais parce qu’il s’y sentait chez lui, à sa place. Ce n’était pas un kamikaze, il n’a pas cherché à rencontrer la mort, mais il ne pouvait pas faire autrement que de se tenir à sa place. Aussi sa vie tragiquement, absurdement fauchée à l’orée de ses promesses est néanmoins une vie d’homme accomplie. Sa voix fantastique, son talent dramatique, son humour, son énergie vont nous manquer. Je regrette seulement de n’avoir pas eu l’occasion de partager avec lui l’amour de la musique, mon goût pour les grandes basses profondes. A sa manière, Wassyl était un barde et un héros comme Chevtchenko (2), comme Stouss (3), une voix unique. Et il était en même temps un homme ordinaire, un porte-parole auquel tous pouvaient s’identifier. Nous ne t’oublierons pas Wassyl, parce que c’est impossible, et nous te retrouverons souvent, à Lviv, et aussi à Simferopol et à Debaltseve. Après Nathalie Pasternak — grande voix elle aussi, bien que dans un registre plus aigu — disparue en janvier, la cause ukrainienne en France perd à nouveau un être immense et généreux.”

Wassyl Slipak (1974–2016) chanteur ukrainien d'opéra

fr

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“Je suis comme le bon Dieu, le monde que j’ai créé s’est retourné contre moi.”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

La dernière nuit du Raïs, 2015

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“La nuit est venue tout d'un coup comme une grande rosace de fleurs retournée sur nos têtes.”

André Breton (1896–1966) poète et écrivain français

Poisson soluble, 1924

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“Et dans aucun de ces cas les éthiciens sont meilleurs que les autres philosophes ou professeurs d'autres disciplines. Schwitzgebel a même emprunté les listes des livres manquants de dizaines de bibliothèques et a trouvé que les livres traitants d'éthique, qui sont probablement principalement empruntés par les éthiciens, sont plus susceptible d'être volés ou jamais retournés que les livres d'autres branches de la philosophie.”

en
And in none of these ways are moral philosophers better than other philosophers or professors in other fields. Schwitzgebel even scrounged up the missing-book lists from dozens of libraries and found that academic books on ethics, which are presumably borrowed mostly by ethicists, are more likely to be stolen or just never returned than books in other areas of philosophy.
The Righteous Mind (2012)

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“Celui qui n'appartient à aucun lieu spécifique ne peut, en réalité, retourner nulle part.”

Jhumpa Lahiri (1967) écrivain américaine

In Other Words

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“L’amour est comme l’opéra. On s’y ennuie mais on y retourne.”

Gustave Flaubert (1821–1880) romancier et auteur dramatique français

Carnets De Travail

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“Je n'étais même pas libre de pleurer. Qui est jamais libre de pleurer? Il y a toujours des gens autour, des gens capables de regarder sans le voir un homme sur son chemin de croix, avec sa carrière dans des cartons, mais incapables de supporter le festin visuel d'un homme en pleurs, oui, en pleurs, emporté par l'hiver de son déplaisir.

Mais eux non plus, ils n'étaient pas libres d'ingérer le spectacle et de retourner à leurs affaires pour pleurer, de peur que leurs collègues ne les voient en larmes devant leur écran d'ordinateur. Le dernier qui pleurera aura gagné. Nous savons tous ça. Les enfants le tiennent pour un article de foi. Les adultes, eux, ne sont plus en position de le formuler comme tel, mais ils le savent d'instinct. En conclusion, personne n'est libre de pleurer. Personne excepté Tanya.

Devant le gare, il m'est apparu que personne n'est réellement libre, pas seulement en matière de larmes, mais en toute chose. Si un évènement ou une situation détermine ou en cause une autre, en quel sens peut-on prétendre que nous sommes libres d'agir ou non? Si notre comportement est déterminé par toute une série de facteurs, notre structure génétique, la manière dont nous avons été mis au monde, notre perception de l'amour, l'attention et le confort matériel que nous avons connus enfant, jusqu'à notre taux de sucre dans le sang et notre exposition immédiate aux conditions climatiques dominantes, en quoi sommes-nous libres?

Et même si nous pouvions calculer l'effet de tous ces facteurs et prédire notre comportement, nous ne serions toujours pas libres. Car être capable de prédire les évènements futurs ne permet pas pour autant de les influencer si les variables qui les déterminent échappent à notre contrôle.”

Three Dollars

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“Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante: Comment éviter leur réalisation définitive? … Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivèe rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique, moins “parfaite” et plus libre. —NICOLAS BERDIAEFF”

Brave New World
Variante: Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante: Comment éviter leur realisation définitive?. . . Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique, moins “parfaite” et plus libre.

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“Mais les signes de ce qui m'attendait réellement, je les ai tous négligés. Je travaille mon diplôme sur le surréalisme à la bibliothèque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-être mes dernières semaines de fille seule, libre d'aller où je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans être dérangée. Je vais perdre définitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublé, à deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drôle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idées de fille unique, égocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal élevée au fond. Un jour, il a du travail, il est fatigué, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se précipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hésitation, comme si elles avaient dans la tête toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-être, pour quatre personnes ou plus aux goûts différents. Comment font-elles? […] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmée par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarché. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il était en train d'écouter de la musique. Il a tout déballé avec un plaisir de gamin. Les poires étaient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournés au restau universitaire, j'ai oublié. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai étouffés. Sublimés. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de liberté, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du ménage, un peu. Et alors, tu renâcles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles réussissent à tout "concilier", sourire aux lèvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libérée de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'équilibre. L'homme, l'épaule solide, anti-métaphysique, dissipateur d'idées tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons même disparaîtront, je ris forcément, obscurément j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est égoïste et qu'il ne s'intéresse guère à ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient à mon secours : "Tous les hommes sont égoïstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altérité", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut.”

Annie Ernaux (1940) écrivaine française

A Frozen Woman

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“Maldoror, écoute-moi. Remarque ma figure, calme comme un miroir, et je crois avoir une intelligence égale à la tienne. Un jour, tu m’appelas le soutien de ta vie. Depuis lors, je n’ai pas démenti la confiance que tu m’avais vouée. Je ne suis qu’un simple habitant des roseaux, c’est vrai; mais, grâce à ton propre contact, ne prenant que ce qu’il y avait de beau en toi, ma raison s’est agrandie, et je puis te parler. Je suis venu vers toi, afin de te retirer de l’abîme. Ceux qui s’intitulent tes amis te regardent, frappés de consternation, chaque fois qu’ils te rencontrent, pâle et voûté, dans les théâtres, dans les places publiques, ou pressant, de deux cuisses nerveuses, ce cheval qui ne galope que pendant la nuit, tandis qu’il porte son maître-fantôme, enveloppé dans un long manteau noir. Abandonne ces pensées, qui rendent ton cœur vide comme un désert; elles sont plus brûlantes que le feu. Ton esprit est tellement malade que tu ne t’en aperçois pas, et que tu crois être dans ton naturel, chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur. Malheureux! qu’as-tu dit depuis le jour de ta naissance? Ô triste reste d’une intelligence immortelle, que Dieu avait créée avec tant d’amour! Tu n’as engendré que des malédictions, plus affreuses que la vue de panthères affamées! Moi, je préférerais avoir les paupières collées, mon corps manquant des jambes et des bras, avoir assassiné un homme, que ne pas être toi! Parce que je te hais. Pourquoi avoir ce caractère qui m’étonne? De quel droit viens-tu sur cette terre, pour tourner en dérision ceux qui l’habitent, épave pourrie, ballottée par le scepticisme? Si tu ne t’y plais pas, il faut retourner dans les sphères d’où tu viens. Un habitant des cités ne doit pas résider dans les villages, pareil à un étranger. Nous savons que, dans les espaces, il existe des sphères plus spacieuses que la nôtre, et donc les esprits ont une intelligence que nous ne pouvons même pas concevoir. Eh bien, va-t’en!… retire-toi de ce sol mobile!… montre enfin ton essence divine, que tu as cachée jusqu’ici; et, le plus tôt possible, dirige ton vol ascendant vers la sphère, que nous n’envions point, orgueilleux que tu es! Car, je ne suis pas parvenu à reconnaître si tu es un homme ou plus qu’un homme! Adieu donc; n’espère plus retrouver le crapaud sur ton passage. Tu es la cause de ma mort. Moi, je pars pour l’éternité, afin d’implorer ton pardon!”

Comte de Lautréamont (1846–1870) écrivain français
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“L’aube se lève. Telle une prière inutile sur un désert sourd, misérable et nu. Épaves oubliées par une mer volatilisée depuis des millénaires, quelques rochers s’effritent dans la poussière; çà et là, enguirlandés de coloquintes vénéneuses, de maigres bras de broussailles soulignent les berges de jadis sur lesquelles des acacias solitaires se sont crucifiés puis, plus rien – rien de ce que l’on espère entrevoir –, ni caravane providentielle, ni cahute salutaire, pas même la trace d’un bivouac. Le désert est d’une perversité!… C’est un code piégé, le désert, un dédale souverain et fourbe où les témérités courent à leur perte, où les distraits s’évanouissent parmi les mirages plus vite qu’une feinte, où pas un saint patron ne répondrait aux appels du naufragé afin de ne pas se couvrir de ridicule; un territoire d’échec et d’adjuration, un chemin de croix qui n’a de cesse de se ramifier, un envers du décor où l’entêtement se mue en obsession et la foi en folie. Ci-gît la vanité de toute chose en ce monde, semble clamer la nudité des pierres et des perspectives. Car, ici, tout retourne à la poussière, les montagnes taciturnes et les forêts luxuriantes, les paradis perdus comme les empires bâclés, jusqu’au règne claironnant des hommes… Ici, en ces immensités reniées des dieux, viennent abdiquer les tornades et mourir les vents bredouilles à la manière des vagues sur les plages sauvages puisque seule la course inexorable des âges est invincibilité et certitude. Au loin, très loin, là où la terre commence à s’arrondir, l’horizon se tient immobile, piètre et livide, comme si la nuit l’avait tenu en haleine jusqu’au matin…”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

L’équation africaine, 2011

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