
„Le bœuf est fort et puissant; il ne le sait même pas. Il absorbe une multitude de végétaux, il dévore un pré; quel grand avantage en va-t-il retirer? Il rumine, il végète pesamment dans l’étable où l’enferme un homme triste, pesant, inutile comme lui. L’homme le tuera, il le mangera, il n’en sera pas mieux; et, après que le bœuf sera mort, l’homme mourra. Que restera-t-il de tous deux? un peu d’engrais qui produira des herbes nouvelles, et un peu d’herbe qui nourrira des chairs nouvelles. Quelle vaine et muette vicissitude de vie et de mort! quel froid univers! Et comment est-il bon qu’il soit au lieu de n’être pas?“
— Étienne Pivert de Senancour écrivain français 1770 - 1846
Oberman, 1804