Citations sur institution

Une collection de citations sur le thème de institution, pluie, bien-être, tout.

Citations sur institution

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“Entre colonisateur et colonisé, il n'y a de place que pour la corvée, l'intimidation, la pression, la police, le vol, le viol, les cultures obligatoires, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie, des élites décérébrées, des masses avilies. […] J'entends la tempête. On me parle de progrès, de "réalisations", de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes. Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, des cultures piétinées, d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées. On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer. Moi, je parle de milliers d'hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l'heure où j'écris, sont en train de creuser à la main le port d'Abidjan. Je parle de millions d'hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la danse, à la sagesse. Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme. On m'en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté, d'hectares d'oliviers ou de vignes plantés. Moi, je parle d'économies naturelles, d'économies harmonieuses et viables, d'économies à la mesure de l'homme indigène désorganisées, de cultures vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de matières premières.”

Discours sur le colonialisme, 1950

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“Françaises, Français, il y a sept ans, le peuple français me confiait la destinée de notre pays. Cela était un grand honneur pour moi de le diriger dans un monde difficile, dangereux, aux prises avec une crise économique, sociale et morale sans précédent depuis cinquante ans. Vous m'aviez donné en garde les biens les plus précieux de la collectivité nationale : la paix, la liberté et nos institutions. J'en ai été le gardien, et à l'heure où je m'en vais, ils vous sont restitués intactes. […] Après-demain, je quitterai l'Élysée. Je viens ce soir vous dire très simplement « au revoir ». […] Pendant sept ans, la France a vécu en paix, sans souffrir de secousses intérieures graves, ni politiques, ni sociales; toutes les élections ont eu lieu à leurs dates normales; la France est restée le pays de toutes les libertés : le déroulement de l'élection présidentielle vient d'en apporter la preuve. […] Chaque fois que nos forces ont eu à intervenir à l'extérieur, elle l'ont fait avec succès. Si notre pays n'a pas connu toute la prospérité que je voulais pour lui, nous avons maintenu pendant sept ans la solidité du franc, limité le déficit budgétaire, rétabli l'équilibre de la sécurité sociale, et sauvé ainsi nos régimes sociaux. […] En ce jour qui marque pour beaucoup le terme de grandes espérances, je sais que vous êtes nombreux à partager mon émotion. […] Et dans ces temps difficiles, où le mal rôde et frappe dans le monde, je souhaite que la Providence veille sur la France, pour son bonheur, pour son bien et pour sa grandeur. Au revoir!”

Valéry Giscard d'Estaing (1926–2020) 3e président de la cinquième République Française

Allocution d'adieu de 1981

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“L’économiste doit être mathématicien, historien, politicien et philosophe. Il doit aborder simultanément l’abstraction et la réalité et étudier le présent à la lumière du passé en vue de l’avenir sans qu’aucun aspect de la nature des institutions ne lui échappe.”

John Maynard Keynes (1883–1946) économiste britannique

Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie,chapitre 24, 1936.
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936

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“Lors demandasmes à maistre Aeditue veu la multiplication de ces venerables oiseaux en toutes leurs especes, pourquoy là n'estoit qu'un Papegaut. Il nous respondit que telle estoit l'institution premiere, et fatale destinée des estoilles.”

François Rabelais (1494–1553) auteur français du 16e siècle

fr
Au regard de la multiplication des oiseaux vénérables quelqu'en soit l'espèce, nous demandâmes à Maître Aeditue pourquoi n'y avait-il qu'un seul Papegaut. Il nous répondit que telle était l'institution originelle, et la fatale destinée des étoiles.
Œuvre, Cinquième Livre

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“Je le rappelle : les images ont une fonction, elles sont le terreau qui nourrit la Raison. Il s’agit donc de classement, de principe des catégories mis en œuvre, en un mot, d’élaborer l’identité : faire jouer les images identificatoires à l’échelle institutionnelle. De nos jours comme pour les cultures antiques, c’est par la propagation d’un discours de ces images fondatrices que se déploie la version de l’Interdit quel qu’en soit le contenu, aujourd'hui la version de l’anti-Tabou. En définitive, si c’est à coups de propagandes d’anti-Référence que se défont les Références classiques du Droit de la filiation, il ne s’ensuit pas que ces propagandes échappent pour autant à la logique de la Référence, telle que j’en décris les éléments et le fonctionnement. Dans ces conditions, malgré les dénis, la dogmatique de la sur-liberté demeure assujettie à la logique de la conservation de l’espèce. Cela nous ouvre la possibilité de comprendre que le rapport de dettes entre les générations est en voie de bouleversement, au préjudice des sujets à venir, appelés à payer ce que par avance nous leur infligeons, le surcoût généalogique de l’autofondation. Autrement dit, la débâcle du discours de l’identité ne sera pas payée par nous, mais par ceux qui nous suivent.”

Leçons VI Les enfants du Texte. Étude sur la fonction parentale des États

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“Beaucoup de membres de l'ancienne élite, et même des académiciens comme Condorcet, Bailly, Chamfort et La Harpe ne s'opposèrent pas à la destruction des institutions qui les avaient fait prospérer. Les écrivailleurs se dispersèrent en de multiples directions, soutenant différentes factions au cours des diverses phases du conflit. Quelques-uns, en particulier durant la période girondine et le Directoire, prouvèrent qu'ils ne souhaitaient rien d'autre que de participer à la renaissance du « monde ». Et, au moins dans les années 1789-1791, la Révolution mit à l'ordre du jour beaucoup d'idées qui avaient été propagées par les Hautes Lumières. Mais dans sa phase la plus révolutionnaire la Révolution fut l'expression des passions anti-élitistes de la bohème littéraire. On ne saurait interpréter ces passions simplement comme nées de l'appétit pour les situations ou de la haine des mandarins. Les pamphlétaires jacobins croyaient en leur propagande. Ils voulaient dépouiller en eux le vieil homme et devenir des hommes nouveaux, nouvellement intégrés dans une république vertueuse. En tant que révolutionnaires culturels, ils désiraient détruire l'« aristocratie de l'esprit » afin de créer une République des Lettres égalitaire dans une république égalitaire.”

Robert Darnton (1939) historien américain

Bohème littéraire et Révolution, 1983, Le monde des libraires clandestins sous l'Ancien Régime

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“Ce que nous appelons la terre est un élément de la nature qui est inextricablement entrelacé avec les institutions de l'homme. La plus étrange de toutes les entreprises de nos ancêtres a peut-être été de l'isoler et d'en former un marché. Traditionnellement, la main-d'œuvre et la terre ne sont pas séparées; la main-d'œuvre fait partie de la vie, la terre demeure une partie de la nature, la vie et la nature forment un tout qui s'articule. La terre est ainsi liée aux organisations fondées sur la famille, le voisinage, le métier et la croyance -- avec la tribu et le temple, le village, la guilde et l'église. Le Grand Marché unique, d'autre part, est un dispositif de la vie économique qui comprend des marchés pour des facteurs de production. Puisque ces facteurs se trouvent être indiscernables des éléments qui constituent les relations humaines, l'homme et la nature, il est facile de voir que l'économie de marché implique une société dont les institutions sont subordonnées aux exigences du mécanisme du marché. Cette proposition est utopique aussi bien en ce qui concerne la terre qu'en ce qui concerne la main-d'œuvre. La fonction économique n'est que l'une des nombreuses fonctions vitales de la terre. Celle-ci donne sa stabilité à la vie de l'homme; elle est le lieu qu'il habite; elle est une condition de sa sécurité matérielle; elle est le paysage et les saisons. Nous pourrions aussi bien imaginer l'homme venant au monde sans bras ni jambes que menant sa vie sans terre. Et pourtant, séparer la terre de l'homme et organiser la société de manière à satisfaire les exigences d'un marché de l'immobilier, cela a été une partie vitale de la conception utopique d'une économie de marché.”

La Grande Transformation (1944), Deuxième partie : Grandeur et décadence de l'économie de marché, Chapitre 15 : Le marché et la nature

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“(…) dogmatique est le discours occupant la place mythique de la vérité et, de ce fait, servant de fondement aux images identificatoires, pour la société en tant que telle et pour tout sujet ressortissant de cette représentation. Or, de nos jours, le discours dogmatique capable d’accueillir la croyance aux images et de fonder la représentation ne peut être mis en scène, si j’ose ainsi m’exprimer, que sous le chapeau de la Science et coiffé par la Démocratie gestionnaire, ou par tout autre signifiant socialement emblématique, c'est-à-dire politiquement plausible. Le Droit est donc refoulé dans la culture, essentiellement parce que la Science lui a ravi, au cours de l’histoire du système normatif européen, la place mythique, le Science ayant pris statut de fondement des lois, à l’instar du divin, avec lequel le Droit civil, nous le verrons plus loin, est directement lié. On observera que l’idée même de dogmaticité fait horreur aujourd'hui et à bon escient, car le présupposé d’après lequel l’objet-Science échappe au statut dogmatique du discours des images (le Droit lui-même cessant d’être pensé comme dogmatique) est nécessaire au montage social d’idéalisation normative de la Science, comme il est nécessaire que le Droit soit présenté, non comme manœuvre fondatrice du vivant (auquel cas la Science en tant qu’idéal religieux s’en trouverait détrônée) –du vivant parlant, c'est-à-dire du sujet-, mais comme anecdote sociale et simple technique de régulation gestionnaire. À voir la panique qui saisit juristes et psys à la perspective de parler dogmes, au sens que mes travaux donnent à ce terme, on ne s’étonne pas de cette nouvelle peur de penser : la crainte de trahir la Science paralyse la réflexion sur les montages institutionnels, dès lors qu’une telle réflexion touche au rite moderne d’entrée dans la légalité, c'est-à-dire au fin fond de ce qui nous porte hors de l’abîme indicible, nos représentations de l’Au nom de, l’inaugural que j’appelle aussi discours de la Référence, tout aussi divin aujourd'hui que l’ancien, en ce qu’il est lui aussi intouchable et sacré.”

Leçons VI Les enfants du Texte. Étude sur la fonction parentale des États

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“La fonction du gouvernement est de diriger les forces morales et physiques de la nation vers le but de son institution. Le but du gouvernement constitutionnel est de conserver la République; celui du gouvernement révolutionnaire est de la fonder. La Révolution est la guerre de la liberté contre ses ennemis; la Constitution est le régime de la liberté victorieuse et paisible.”

Maximilien de Robespierre (1758–1794) homme politique français

Rapport à la Convention nationale au nom du Comité de Salut Public sur les principes du Gouvernement révolutionnaire le [25, décembre, 1793]
Discours, Rapport à la Convention nationale au nom du Comité de Salut Public sur les principes du Gouvernement révolutionnaire, [25, décembre, 1793] (5 nivôse an II)

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“Je dirai que, comme institutions pour le long terme, je suis complètement contre les dictatures. Mais une dictature peut être un système nécessaire pour une période transitoire. Parfois il est nécessaire pour un pays d'avoir, pour un temps, une forme ou une autre de pouvoir dictatorial. […] Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu'un gouvernement démocratique manquant de libéralisme. Mon impression personnelle est que […] au Chili par exemple, nous assisterons à la transition d'un gouvernement dictatorial vers un gouvernement libéral.”

Friedrich Hayek (1899–1992) philosophe et économiste autrichien

Well, I would say that, as long-term institutions, I am totally against dictatorships. But a dictatorship may be a necessary system for a transitional period. At times it is necessary for a country to have, for a time, some form or other of dictatorial power. […] Personally I prefer a liberal dictator to democratic government lacking liberalism. My personal impression […] is that in Chile, for example, we will witness a transition from a dictatorial government to a liberal government.
en
Autre

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“Hé! Hé! Je me demande si l'institution des castrats ne fut pas la réponse qu'inventa le génie italien pour éluder les prescriptions trop sévères du code d'honneur castillan. Il est remarquable que le premier castrat soit apparu après, seulement après l'implantation des Espagnols dans la péninsule, et que le royaume de Naples, où ils restèrent deux siècles et demi, sans compter le règne de Charles, ait acquis pour ainsi dire le monopole du recrutement et de la formation des dessus. Sans cette échappatoire, le brillant chérubin italien aurait fini comme le sombre don Juan, victime tragique de la monogamie et du culte de la puissance virile. L'Italie, et surtout le royaume de Naples, se trouvèrent soumis à un code de l'honneur pour lequel ils n'étaient pas du tout préparés. L'invention des castrats, et en général la diffusion de la mode des travestis sur la scène, furent une trouvaille spécifiquement napolitaine, une ruse de l'instinct populaire, une protestation contre les règles insupportables de la morale castillane. En allant admirer des castrats, ou des femmes qui chantaient des rôles masculins, on prenait le droit, en quelque sorte, de s'attarder dans indétermination sexuelle, d'oublier les tâches de la maturité. Comment se rappeler qu'on avait le devoir d'être un homme, si ceux dont on applaudissait l'incomparable voix se trouvaient dispensés de cette obligation! Un grand capitaine, un roi, un conquérant, César, Alexandre lui-même! dépouillés de leur puissance virile tout en gardant leur pouvoir de séduction : quelle aubaine pour des gens dont la sensualité subtile, complexe et hésitante s'accommodait fort mal des prescriptions brutales d'un code sans nuances, qui était par surcroît celui des occupants.”

Porporino ou les Mystères de Naples, 1974

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“La loi judaïque toujours subsistante, celle de l’enfant d’Ismaël qui depuis dix siècles régit la moitié du monde, annoncent encore aujourd’hui les grands hommes qui les ont dictées; et tandis que l’orgueilleuse philosophie ou l’aveugle esprit de parti ne voit en eux que d’heureux imposteurs, le vrai politique admire dans leurs institutions ce grand et puissant génie qui préside aux établissements durables.”

The Social Contract
Du contrat social, 1762
Variante: La loi judaïque toujours subsistante, celle de l'enfant d'Ismaël qui depuis dix siècles régit la moitié du monde, annoncent encore aujourd'hui les grands hommes qui les ont dictées; et tandis que l'orgueilleuse philosophie ou l'aveugle esprit de parti ne voit en eux que d'heureux imposteurs, le vrai politique admire dans leurs institutions ce grand et puissant génie qui préside aux établissements durables.

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“(Non, lui dis-je), ce qu’il faut aujourd'hui au peuple français, c'est un trône populaire, entouré d’institutions républicaines, tout à fait républicaines.”

Gilbert du Motier de La Fayette (1757–1834) homme politique français

Réponse de La Fayette à la question de Louis-Philippe, s’il fallait adopter en France la constitution américaine
Sous les Trois Glorieuses (juillet 1830)

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“Entre 1929 et 1933, deux banques américaines sur cinq firent banqueroute - 10763 banques sur 24970 disparurent. Seules les banques d'une nation européenne survécurent intactes au crash du Creditanstalt. Cette nation était l'Italie, dirigée par le dictateur fachiste Benito Mussolini. Il donna l'impression que ses institutions financières étaient fortes et sans crainte de la crise. Il travailla sur l'émotion et la perception, comme clés de la croissance et de la récession (…) Le résultat? Si vous retiriez votre épargne dans la banque d'une nation tremblant de panique, telle que l'Autriche, l'Allemagne, l'Angleterre ou les États-Unis, vers quelle nation auriez-vous envoyé votre argent à l'abri? L'Italie.”

Howard Bloom (1943)

Between 1929 and 1933, two out of every five american banks collapsed - 10763 out of 24970 banks went down (...) Only the banks of one European nation survived the Creditanstalt collapse intact. That nation was Italy led by a fascist dictator Benito Mussolini. He gave the impression that Italy's financial institutions stood strong and fearless in the storm. He worked the levers of emotion and perception, the keys to boom and crash (...) The result ? If you'd just pulled your savings out of a bank in a nation trembling with panic, such as Austria, Germany, England, or United States, to what nation would you send your money for safekeeping ? Italy.
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(Animal behavior experts call that dominance cues).
Le génie de la bête : une révision radicale du capitalisme, 2010

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“Je ne vois pas que nous puissions faire autrement ici que revenir aux conditions, liées à la reproduction de notre espèce, dans lesquelles chaque homme, pour vivre, tout simplement vivre, entre dans l’univers par la représentation. Or, évoquer la représentation, c’est du même coup avoir affaire à l’horreur des commencements pour l’humain, à la logique subjective qui comporte, pour tout sujet, la nécessité de s’arracher à l’opacité, par le langage. En clair, cela revient à poser la loi de l’animal parlant : la nécessité de tout ramener aux mots pour qu’il y ait des choses. Méconnaître cette loi, vouloir ignorer son ressort et ses conséquences, c’est se condamner à ne rien comprendre à la logique de l’Interdit. (…) Si l’humain symbolise comme il respire, il n’entre dans la symbolisation que moyennant son passage sous les fourches caudines de l’institution du langage, dont il faut tâcher de comprendre que l’Interdit, en toute société et pour chaque sujet, constitue l’accompagnement, l’ombre portée en quelque sorte. Prenons donc la mesure de ce dont il s’agit : symboliser signifie rendre présent quelque chose d’absent, le représenter. Si la logique de l’Interdit est à ce point liée au phénomène du langage, à la représentation, par la parole, d’une absence, c’est qu’il est dans la nature du langage d’instituer. Le langage nous sépare des choses en les nommant, mais aussi notre séparation d’avec les choses institue les choses sous un nom pour le sujet qui parle, et de ce fait institue le sujet lui-même comme sujet du discours social des catégories, dont relèvent le nom des choses et la raison de ce qui entre elles les divise. S’arracher à l’opacité première par le langage, surmonter l’horreur des commencements, entrer dans l’échange symbolique : toute l’entreprise humaine fait jouer le principe institutionnel comme principe fondateur du discours et de la parole dans la société considérée. En ce sens, nous avons affaire à un (…) déterminisme symbolique (…). Réfléchissons sur les manifestations d’un tel déterminisme, rapportable à l’institution du langage et dont relèverait l’élaboration sociale de l’Interdit. Mes remarques viennent de faire apparaître le phénomène de l’institution de la communication humaine comme comportant plusieurs registres indépendants et en même temps soumis à un mode de relation, celui-là même où se révèle à nous l’idée d’institution. Ainsi distinguons nous : le registre du sujet de la parole, celui de l’univers nommé des objets –objet, ici, au sens de chose ou personne-dans-le-monde, par rapport à quoi tout sujet conquiert son identité-, celui enfin du discours des catégories.”

Leçons VI Les enfants du Texte. Étude sur la fonction parentale des États

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“En quoi une société pourrait-elle assumer la fonction d’un Miroir, c'est-à-dire s’auto-investir d’une fonction spéculaire, qui en somme équivaut à introduire la théâtralité – hiérarchie d’une scène et manœuvre de la fiction – comme condition d’organisation religieuse, politique, économique, des groupes humains? L’examen des montages dogmatiques nous ouvre ces arcanes, à condition de ne pas oublier au départ que le jeu des images et, dans son prolongement obligé, l’activité de la pensée sont des effets inséparables de la vie du langage. Pour s’avancer dans notre direction, faisons le point là-dessus. Il faut rappeler comment opère le langage, médiation entre l’homme et la matérialité du monde. Il n’y a pas les mots d’un côté, les choses de l’autre. Le terme « choses » se rapporte à des objets à la fois extérieurs et reconstruits dans la représentation. Autrement dit, le rapport du mot et de la chose est intérieur au langage, de sorte qu’un objet extérieur n’existe que parce que sa condition d’existence matérielle se double dans sa construction dans la représentation. Cela étant, le nouage que nous appelons signification ne peut être réduit au rapport exclusif des mots avec d’autres mots, car l’opération langagière suppose le point de contact avec la choséité, elle contient l’articulation entre celle-ci et sa construction dans la représentation. Ainsi, le langage est matrice, relation, synthèse, mais aussi tension, entre la matérialité du monde et le royaume, su et insu, de l’image. Ces remarques sont capitales, tant au plan subjectif que social. Elles touchent à l’actuel quiproquo positiviste qui de proche en proche confond vérité scientifique et vérité dogmatique. Une vérité scientifique est scientifique, parce que conforme aux lois de la science considérée. Mais, dès lors que la société la reconstruit comme valeur, elle prend statut de vérité dogmatique. Le discours scientifique obéit aussi à la logique des montages institutionnels du discours”

De la Société comme Texte. Linéaments d'une anthropologie dogmatique

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“Mais les révolutionnaires qui ne savent pas allier aux formes illégales de lutte toutes les formes légales sont de bien mauvais révolutionnaires. Il n'est pas difficile d'être un révolutionnaire quand la révolution a éclaté déjà et bat son plein; quand tout un chacun s'y rallie par simple engouement, pour suivre la mode, parfois même pour faire carrière. Sa "libération" de ces piètres révolutionnaires, le prolétariat doit la payer plus tard, après sa victoire, par des efforts inouïs, par un martyre douloureux, pourrait-on dire. Il est beaucoup plus difficile - et beaucoup plus précieux - de se montrer révolutionnaire quand la situation ne permet pas encore la lutte directe, déclarée, véritablement massive, véritablement révolutionnaire, de savoir défendre les intérêts de la révolution (par la propagande, par l'agitation, par l'organisation) dans des institutions non révolutionnaires, voire nettement réactionnaires, dans une ambiance non révolutionnaire, parmi des masses incapables de comprendre tout de suite la nécessité d'une méthode d'action révolutionnaire. Savoir trouver, pressentir, déterminer exactement la voie concrète ou le tour spécial des événements, qui conduira les masses vers la grande lutte révolutionnaire véritable, décisive et finale : tel est le principal objet du communisme actuel en Europe occidentale et en Amérique.”

La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), 1920

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