Citations sur embrasement

Une collection de citations sur le thème de embrasement, pluie, bien-être, tout.

Citations sur embrasement

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“C'est pourquoi nous n'avons aucune honte d'affirmer que tout ce qu'embrasse la lune.”
Proinde non pudet nos fateri hoc totum, quod luna praecingit, ac centrum terrae per orbem illum magnum inter caeteras errantes stellas annua revolutione circa solem transire, et circa ipsum esse centrum mundi; quo etiam sole immobili permanente, quicquid de motu solis apparet, hoc potius in mobilitate terrae verificari: tantam vero esse mundi magnitudinem, ut cum illa terrae a sole distantia ad quoslibet alios orbes errantium syderum magnitudinem habeat pro ratione illarum amplitudinum satis evidentem, ad non errantium stellarum sphaeram collata, non quae appareat : quod facilius concedendum puto quam in infinitam pene orbium multitudine distrahi intellectum, quod coacti sunt facere, qui terram in medio mundi detinuerunt.

De revolutionibus orbium coelestium (1543)

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“Tu souffres comme le Christ sur la croix. Alors, Jésus doit être en train de t'embrasser.”

Mère Teresa (1910–1997) religieuse et missionnaire catholique indienne d'origine albanaise

Souffrance

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“Embrasse-moi, Hardy.”

Horatio Nelson (1758–1805) officier britannique

Kiss me, Hardy.
en
Destiné à Thomas Hardy, son capitaine, alors que Nelson est sur le point de mourir à la bataille de Trafalgar.

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“On crie tellement contre les conventions et l'on en abandonne une pour en embrasser une autre! Oh! Les moutons!”

Giuseppe Verdi (1813–1901) compositeur italien

Avril 1872
Correspondance

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“Au heurt syncopé, de rail en rail, des roues, vous revoyez la gare où vous avez embarqué, promise à la démolition, sa grande verrière opacifiée à force de fiente, son ballast roux qui grisonne, la crête de ses voies ternie par un voile de rouille, les trains trop rares – quelques lignes au tableau d'affichage résumant le jour entier – pour le décaper, leurs wagons verts zébrés de filets bruns au gré du ruissellement obstiné des pluies acides, tandis que par la vitre abaissée l'air changeant de la nuit s'engouffre et dans les plis de ses turbulences apporte aux narines du voyageur étendu solitaire sur sa couchette des nouvelles des paysages invisibles à travers lesquels, immobile, il est lancé : prairies condensées en effluves humides, velouté vert des sous-bois, humus, mousses, bords d'eau croupissants, goudron des routes exhalant en vapeur nocturne les vestiges de de la chaleur du jour que vous humez encore tandis qu'un train d'autrefois vous emporte dans la nuit où des mondes endormis, muets et clos roulent à rebours de sa fuite, leur lumière venant poindre jusque contre les parois du compartiment obscur, y étirant un vitrail vacillant et momentané qui luit encore après qu'ils ont disparu du pan de ciel noir qu'encadre la fenêtre : embrasements au passage des gares désertes que l'on brûle, étoiles filantes, traits qui cinglent, galopent, balaient, consument au passage la surface d'une photo noir et blanc affichée sous verre, sous clé contre la cloison et que vous vous acharnez à regarder quoiqu'elle soit invisible dans l'obscurité et illisible sitôt qu'illuminée […].”

Anne F. Garréta (1962) romancière française

La Décomposition, 1999

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“Mes yeux te tiennent suspendue comme la lune la marée embrasée. A tes pieds l'écume égorgée chante le chant de la nuit qui commence.”

Octavio Paz (1914–1998) poète, essayiste et diplomate mexicain

Poésie, Liberté sur parole, 1929

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“Un mot si joli qu'on le voudrait avec des joues, pour l'embrasser.”

Jules Renard (1864–1910) écrivain français

Leçons d'écriture et de lecture

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“Quand j’ai embrassé ma mère pour lui souhaiter bonne nuit, elle m’a dit qu’elle trouvait bien étrange de fêter son dernier Noël. Elle regardait la neige tomber derrière la fenêtre, au-dessus de l’évier de la cuisine. Je n’ai rien su répondre, mais j’ai été sauvé lorsqu’elle a dissimulé le cachet de Carla dans un morceau de fromage. Comme il était déroutant de voir ces deux femmes dont les corps les condamnait à un départ précoce. J’ai voulu me permettre de fêter la naissance de Jésus sans m’attarder outre mesure sur l’utilisation du christianisme comme une massue destinée à façonner le monde dans la violence. Je ne parvenais pas à définir avec exactitude ce qui restait de ma religion, hormis le fait que j’avais acquis une certaine compassion en regardant en dehors de moi plutôt qu’en moi. Je ne savais absolument pas si je croyais encore à la résurrection. En ma qualité d’humain parmi plusieurs milliards de mes congénères, j’avais laissé le monde acquérir une dimension beaucoup plus vaste et le poudroiement des étoiles scintillantes, tellement spectaculaire à Grand Marais bien qu’ici réduit au seul souvenir par la lumière ambiante de Chicago, m’a une fois encore rassuré : mes efforts pour m’éloigner des préoccupations strictement personnelles allaient dans le bon sens.”

Jim Harrison (1937–2016) écrivain américain

De Marquette à Veracruz, 2004

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“La folie était un terme dont les connotations n'étaient pas assez larges pour embrasser une intelligence étrangère.”

John Varley (1947) auteur de nouvelles et de romans de science-fiction

Trilogie de Gaïa, Sorcière (1981)

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“Sur le quai de la gare, où elle a tenu à l’accompagner, tous les témoins ont vu combien il leur en coûtait de se séparer. Jusqu’au moment du départ ils sont demeurés enlacés, les bras croisés à hauteur de la taille, n’en finissant pas de se regarder, de s’embrasser, n’échangeant pas un mot, tétanisés à l’idée que bientôt un train régional allait les arracher brusquement l’un à l’autre, parvenir à scinder cette créature à deux têtes qu’ils forment sur le quai. Les quelques passagers qui attendent avec eux ont beau faire semblant de s’intéresser au trafic, de tendre l’oreille vers les haut-parleurs nasillards qui recommandent de faire attention au passage d’un train voie C ou que le train prévu à telle heure arrivera voie B, avec un retard de dix minutes environ, de se passionner pour les pigeons perchés sur le bord de la marquise, ou de dégager leur poignet pour vérifier que leur montre marque bien la même heure que l’horloge suspendue entre deux câbles deux lampadaires, on sent bien qu’ils se privent avec peine de la contemplation du beau couple, qu’ils ne demanderaient pas mieux que de s’installer sous leur nez et de compter à la trotteuse de la même montre la durée de leur baiser, ou du moins simplement les contempler, comme s’ils étaient derrière une glace sans tain, se gavant en toute impunité de cet éblouissement partagé de deux cœurs insatiables. Comme ça ne se fait pas […], alors ils font comme les moineaux, toujours la tête en mouvement, pour capter des éclats de bonheur.”

Jean Rouaud (1952) écrivain français

La Femme promise, 2009

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“La mort et la destruction sont jamais plus loin que la bouche qu'on veut embrasser.”

Barry Gifford (1946)

Rude journée pour l'homme léopard, 1991

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“Certaines nuits, sa peau se couvrait de phosphorescences, et l'embrasser était embrasser un morceau de nuit tatoué par le feu.”

Octavio Paz (1914–1998) poète, essayiste et diplomate mexicain

Poésie, Liberté sur parole, 1929

“Tout amant est un peu le prince du conte si ses embrassements éveillent l'aimée à un monde neuf.”

Robert Guyon (1941)

Cette citation concerne de nouveau l'enquête initiée par la revue surréaliste La Brèche en décembre 1964 engageant le thème des représentations érotiques. [Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques, Robert Guyon, La Brèche, 8, Novembre 1965, 106]
Réponses à l'enquête sur les représentations érotiques, 1965

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“(38) J'ai commencé tard à vous aimer, beauté si ancienne, beauté si nouvelle : que j'ai commencé tard! Cependant vous étiez au-dedans de moi-même : et moi, je me tenais au-dehors, et c'était là que je vous cherchais. Dépouillé de la beauté dont vous aviez embellie mon âme, je me prenais à celle que vous avez répandue sur ceux de vos ouvrages qui m'environnaient. Ainsi, quand vous étiez avec moi, je n'étais pas avec vous : parce que ces choses mêmes qui ne seraient pas, si elles n'étaient en vous, m'en tenaient éloigné. Enfin, vous avez bien voulu m'appeler, et le cri que vous avez fait a forcé ma surdité. Vous avez jeté des éclairs et des rayons de lumière, et mon aveuglement s'est dissipé. Je n'ai pas plutôt respiré l'odeur de vos parfums, que j'ai soupiré après vous. Ce que j'en ai goûté entretient une faim et une soif qui fait mon bonheur. Enfin aux touches de votre grâce, mon cœur tout en feu n'a cherché que vos embrassements. (39) C'est que quand je Vous serai parfaitement uni, je n'éprouverai plus ni douleur ni travail, et ma vie dont vous remplirez toute la capacité, sera vivante dans toutes ses parties; au lieu que maintenant je me suis à charge à moi-même, parce que je ne suis point rempli de vous, et que vous ne soutenez que ceux que vous remplissez.”

la
Citations de saint Augustin, Les Confessions
Original: (38) Sero te amavi, pulchritudo tam antiqua et tam nova, sero te amavi ! Et ecce intus eras et ego foris et ibi te quærebam et in ista formosa, quæ fecisti, deformis irruebam. Mecum eras, et tecum non eram. Ea me tenebant longe a te, quæ si in te non essent, non essent. Vocasti et clamasti et rupisti surdidatem meam, coruscasti, splenduisti et fugasti cæcitatem meam; fragrasti, et duxi spiritum et anhelo tibi, gustavi, et esurio et sitio, tetigisti me, et exarsi in pacem tuam. (39) Cum inhæsero tibi ex omni me, nusquam erit mihi dolor et labor, et viva erit vita mea tota plena te. Nunc autem quoniam quem tu imples, sublevas eum, quoniam tui plenus non sum, oneri mihi sum.

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“(21) Il vaut mieux (qui en doute?) amener par l'instruction les hommes au culte de Dieu que de les y pousser par la crainte de la punition ou par la douleur; mais, parce qu'il y a des hommes plus accessibles à la vérité, il ne faut pas négliger ceux. qui ne sont pas tels. L'expérience nous a prouvé, nous prouve encore que la crainte et la douleur ont été profitables à plusieurs pour se faire instruire ou pour pratiquer ce qu'ils avaient appris déjà. On nous objecte cette sentence d'un auteur profane : « Il vaut mieux, je crois, retenir les enfants par la honte et l'honnêteté que par la crainte (Térence, Adelph., acte I, scène 1.). » Cela est vrai; les meilleurs sont ceux qu'on mène avec le sentiment, mais c'est la crainte qui corrige le plus grand nombre. Car, pour répondre par le même auteur, c'est lui aussi qui a dit : « Tu ne sais rien faire de bien si on ne t'y force. » L'Ecriture divine dit à cause des meilleurs : « La crainte n'est pas dans la charité; mais la charité parfaite met la crainte dehors (I Jean, IV, 18.); » et, à cause de ceux qui valent moins et sont en plus grand nombre : « Ce n'est pas avec des paroles que le mauvais serviteur sera corrigé; car lorsqu'il comprendra, il n'obéira point (Prov. XXIX, 19.). » En disant que des paroles ne le corrigeront point, l'Ecriture n'ordonne pas qu'on le délaisse, mais nous fait entendre ce qu'il faut faire : autrement elle ne dirait pas : « des paroles ne le corrigeront point, » mais seulement : « il ne se corrigera pas. » Aussi elle nous apprend, dans un autre endroit, que non-seulement le serviteur, mais encore le mauvais fils, doit être châtié et avec grand profit; car, dit-elle, « tu le frappes de la verge, mais tu délivres son âme de la mort (Ibid. XXIII,14.), » et ailleurs : « Épargner le châtiment, c'est haïr son fils (Ibid. XIII, 24. ). » (…) Mais cependant, avant de devenir de bons fils et de désirer d'être dégagés des liens du corps [littéralement : de la concupiscence] pour être avec le Christ (6. Philip. I, 23.), plusieurs, comme de mauvais serviteurs et en quelque sorte de méchants fugitifs, sont ramenés à leur Seigneur par le fouet des douleurs temporelles. (…) (23) Pourquoi l'Église ne forcerait-elle pas au retour les enfants qu'elle a perdus, puisque ces enfants perdus forcent les autres à périr? Si, au moyen de lois terribles, mais salutaires, elle retrouve ceux qui n'ont été que séduits, cette pieuse mère leur réserve de plus doux embrassements et se réjouit de ceux-ci beaucoup plus que de ceux qu'elle n'avait jamais perdus. (…).”

Augustin d'Hippone (354–430) philosophe parmis les premiers Chrétien

21. Melius essa, quidem quis dubitaverit ?, ad Deum colendum doctrina homines duci, quam pœnæ timore vel dolore compelli: sed non quia isti meliores sunt, ideo illi qui tales non sunt, neglegendi sunt. Multis enim profuit (quod experimentis probavimus et probamus) prius timore vel dolore cogi, ut postea possent doceri, aut quod jam verbis didicerant, opere sectari. Proponunt nobis quidam sententiam cujusdam sæcularis auctoris, qui dixit: Pudore et liberalitate liberos retinere, satius esse credo, quam metu (TEREN., Adel., 1, 57-58.). Hoc quidem verum est; sed sicut meliores sunt quos dirigit amor, ita plures sunt quos corrigit timor. Nam ut de ipso auctore istis respondeatur, apud illum etiam legunt: Tu nisi malo coactus, recte facere nescis (TEREN., Adel., 1, 69-75 (loc. adbrev. a CICER., Actio in Verr. 3, 62.)). Porro autem Scriptura divina, et propter illos meliores dixit: Timor non est in caritate; sed perfecta caritas foras mittit timorem (1 Io 4, 18.); et propter hos inferiores, qui plures sunt, ait: Verbis non emendabitur servus durus; si enim et intellexerit, non obediet (Prov 29, 19. ). Cum dixit, verbis eum non emendari, non eum jussit deseri, sed tacite admonuit unde debeat emendari: alioquin non diceret: Verbis non emendabitur; sed tantummodo diceret: « Non emendabitur ». Alio quippe loco dicit non solum servum, sed etiam filium indisciplinatum plagis esse cœrcendum; et magno fructu: nam: Tu quidem, inquit, percutis eum virga; animam vero ejus liberabis a morte (Prov 23, 14.); et alibi dicit: Qui parcit baculo, odit filium suum (Prov 13, 24.). (...) Sed tamen antequam dicant boni filii: Concupiscentiam habemus dissolvi, et esse cum Christo (Phil 1, 23.); multi prius, tamquam mali servi et quodammodo improbi fugitivi, ad Dominum suum temporalium flagellorum verbere revocantur. (...) (23) Cur ergo non cogeret Ecclesia perditos filios ut redirent, si perditi filii cœgerunt alios ut perirent? Quamvis etiam illos quos non cœgerunt, sed tantummodo seduxerunt, si per terribiles sed salubres leges in eius gremium revocentur (Mt 18, 12-13; Lc 15, 4-7.), blandius pia mater amplectitur, et de illis multo amplius quam de his quos numquam perdiderat, gratulatur. (...)
la
Citations de saint Augustin, Lettres

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“Notre Père qui êtes au ciel, pria-t-il. Permettez-nous de nous élever! Permettez-nous d’accéder à la surface, rendez-nous superficiels! Donnez-nous un millimètre de profondeur, permettez-nous enfin d’être simples comme bonjour! Rendez-nous le goût du rose et du bleu, du tendre et du charmant, apprenez-nous à nous servir d’un chien, d’une forêt, d’un coucher de soleil, du chant des oiseaux! Libérez-nous du mal, libérez-nous des abstractions, rendez-nous nos esprits! Ô Vous grand Willie (son interlocuteur, un producteur de cinéma américain qu’il prend ironiquement pour Dieu, N. B.) qui êtes au ciel, apprenez-nous le ruisseau, et le sommeil dans l’herbe, rendez-nous l’herbe, le brin d’herbe entre les dents et la touffe d’herbe sous la nuque! Comment fait-on ça, comment fait-on ça? Prenez nos plus hautes institutions et faites-nous vivre au lieu de ça en Corse, dans une chanson de Tino Rossi! Que notre vie ait toute l’élévation de sa voix, toute la variété de ses rimes! Sauvez-nous du blanc et du noir, réconciliez-nous avec le gris, avec l’impur, gardez la pureté pour Vous et apprenez-nous à nous contenter du reste! Ô vous qui pouvez tout, donnez-nous la midinette et les moyens de s’en servir! Rendez-nous le secret du coït simple comme bonjour où l’on ne risque pas de se casser les jambes à force de s’entortiller! Rendez-nous les clairs de lune, la valse, permettez-nous de mettre genou à terre devant une femme sans ricaner! Ô Vous, formidable et colossal, ô Vous, absolument inouï! sauvez-nous du ricanement et de l’analyse, sauvez-nous des élites, faites régner sur nous un rêve de jeune fille! Ô Vous! absolument invraisemblable par plusieurs côtés, rendez-nous la sérénade et l’échelle de corde, le sonnet et la feuille sèche entre les pages d’un livre, mettez Roméo et Juliette au Kremlin (l’histoire se passe dans les années 1950, N. B.)! Ô Vous qui avez créé les abîmes et le Kilimandjaro, rendez-nous enfin l’usage du superficiel! Sauvez-nous du hara-kiri de l’introspection! Libérez-nous des traités hautement sérieux et du narcissisme, prenez l’homme et dénouez-le! Il s’est entortillé en un noeud tellement inextricable que, de tous les côtés, on veut le couper sous prétexte de le libérer! Permettez-nous de croire à la virginité et aux petites valeurs humaines, qu’elles reviennent à nous avec leur pain et leur sel, libérez-nous de nos scaphandres, laissez-nous seulement quelques douces bulles d’air et donnez-nous la simplicité nécessaire pour embrasser une femme sur les lèvres seulement! Prenez le génie et rendez-nos le talent! Ô Vous qui connaissez si bien l’histoire, n’en faites plus! Laissez-nous petits et aimables! Arrêtez tout et vérifiez soigneusement nos mesures : nous sommes sortis de nos dimensions! Nous sommes devenus trop grands pour notre petitesse! Pour vous y retrouver, c’est bien simple : écoutez nos cris quand nous faisons l’amour, rappelez-vous ainsi qui nous sommes, réglez-vous là-dessus! Avant de créer de nouveaux Staline et toute la ribambelle de géniaux pères des peuples, écoutez longuement le choeur des hommes et des femmes qui font l’amour : retenez-vous. Laissez-les continuer. Ne les dérangez sous aucun prétexte. Gardez le génie pour Vous : Vous en avez singulièrement besoin, c’est un homme qui vous le dit. Je sais bien que ça manque d’idéal : gardez l’idéal et l’absolu pour vous, ô Vous, qui n’avez jamais fréquenté les petites femmes! Sauvez-nous des partouzes idéologiques, rendez-nous le couple! Permettez-nous de ne pas être tous heureux ensemble et en même temps et d’être heureux quand même! Ô Vous, pour qui l’amour n’est que le petit besoin des hommes, laissez-nous à notre petit besoin! Laissez-nous par couples, empêchez les grappes! Rendez-nous le goût des duos! Soutenez les barcarolles contre les hymnes, les sérénades contre les choeurs, épargnez, au coeur des grandes symphonies, le petit son de la flûte! Soutenez-le, rendez-le perceptible!”

Les Clowns lyriques

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“_ Pourquoi sont-ils si méprisants? demanda Chloé. Ce n'est pas tellement bien de travailler…
_ On leur a dit que c’était bien, dit Colin. En général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude et pour ne pas y penser, justement.
_ En tout cas, c'est idiot de faire un travail que des machines pourraient faire.
_ Il faut construire des machines, dit Colin. Qui le fera?
_ Oh! Evidemment, dit Chloé. Pour faire un œuf, il faut une poule, mais, une fois qu'on a la poule, on peut avoir des tas d’œufs. Il vaut donc mieux commencer par la poule.
_ Il faudrait savoir, dit Colin, qui empêche de faire des machines. C'est le temps qui doit manquer. Les gens perdent leur temps à vivre, alors, il ne leur en reste plus pour travailler.
_ Ce n'est pas plutôt le contraire? dit Chloé.
_ Non, dit Colin. S'ils avaient le temps de construire les machines, après ils n'auraient plus besoin de rien faire. Ce que je veux dire c'est qu'ils travaillent pour vivre au lieu de travailler à construire des machines qui les feraient vivre sans travailler.
_ C'est compliqué, estima Chloé.
_ Non, dit Colin. C'est très simple. Ça devrait, bien entendu, venir progressivement. Mais, on perd tellement de temps à faire des choses qui s'usent…
- Mais, tu crois qu'ils n'aimeraient pas mieux rester chez eux et embrasser leur femme et aller à la piscine et aux divertissements?
- Non, dit Colin. Parce qu'ils n'y pensent pas.
- Mais est-ce que c'est leur faute si ils croient que c'est bien de travailler?
- Non, dit Colin, ce n'est pas leur faute. C'est parce qu'on leur a dit : « Le travail, c'est sacré, c'est bien, c'est beau, c'est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout. » Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.
_ Mais, alors, ils sont bêtes? dit Chloé.
_ Oui, ils sont bêtes, dit Colin. C'est pour ça qu'ils sont d'accord avec ceux qui leur font croire que le travail c'est ce qu'il y a de mieux. Ça leur évite de réfléchir et de chercher à progresser et à ne plus travailler.”

L'Écume des jours

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Cette traduction est en attente de révision. Est-ce correct?
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“Le mixer s’embrase de reflets bleus.”

La déferlante, 2003

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