Citations sur peuple
Page 4

Bernard-Henri Lévy photo

“On nous avait fait le coup des aspects positifs de Vichy (bouclier, moindre mal, grandes réformes économiques et sociales…). Voilà qu’on nous refait celui du rôle positif, voire de l’œuvre humaniste, de la présence française en Afrique (équipements, santé, Savorgnan de Brazza, Lyautey, nos ancêtres les Gaulois, l’école de la République…). […] Le projet colonial, même s’il n’est pas le seul en cause et si les peuples d’Afrique n’ont pas attendu les négriers occidentaux pour pratiquer la traite des personnes et l’esclavage, est un projet pervers, fondé sur des règles qui font, en tant que telles, honte à une démocratie : Code de l’indigénat, racisme d’État, droit des races dites supérieures à gouverner les inférieures. L’idéologie coloniale, le corps de convictions et de fantasmes qui ont rendu possible la conquête militaire d’une partie du monde par une autre, n’est pas une idéologie génocidaire […] mais c’est incontestablement, en revanche, une idéologie criminelle […] : ainsi les morts de la conquête de l’Algérie par Bugeaud et Pélissier; ainsi les morts de Sétif; ainsi les victimes de la pacification de Madagascar; j’en passe. […] l’idée coloniale était, en soi, une idée perverse; l’aventure coloniale a été, en son principe, une page sombre de notre Histoire; et il y a dans le geste de ceux qui veulent réviser cette évidence, il y a dans leur aplomb, leur passion, leur enthousiasme repu de beaufs qui se lâchent, un parfum de bond en arrière que l’on n’avait pas senti depuis longtemps.”

Bernard-Henri Lévy (1948) écrivain français

À propos de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés.
Citations de BHL

Charles de Montalembert photo
Maximilien de Robespierre photo

“Le 15 avril l'an IV de la liberté, la pauvreté et le peuple triomphèrent avec les gardes françaises, les soldats de Château-Vieux (sic) et tous les bons citoyens persécutés pour la cause de la révolution.”

Maximilien de Robespierre (1758–1794) homme politique français

Discours, Intervention en l'honneur des gardes françaises et des soldats de Chateauvieux, libérés le 9 avril 1792, objets d'une fête le 15,

Charles Baudelaire photo
Stephen King photo
Jean Raspail photo
J. M. G. Le Clézio photo
Maximilien de Robespierre photo
Joseph Méry photo

“[Florence] est sans doute la seule ville du monde où l'on n'aperçoive pas trace de haillons chez le peuple.”

Joseph Méry (1797–1866) écrivain français

Les Nuits italiennes, 1853

Émile Zola photo
Félicité Robert de Lamennais photo
Michel Foucault photo

“C'est par un état de violence permanente que le despote peut faire valoir sa volonté sur le corps social tout entier. Le despote est donc celui qui exerce en permanence — hors statut et hors la loi, mais d'une manière qui est complètement intriquée dans son existence même — et qui fait valoir d'une façon criminelle son intérêt. C'est le hors-la-loi permanent, c'est l'individu sans lien social. Le despote est l'homme seul. Le despote est celui qui, par son existence même et par sa seule existence, effectue le crime maximum, le crime par excellence, celui de la rupture totale du pacte social par lequel le corps même de la société doit pouvoir exister et se maintenir. Le despote est celui dont l'existence fait corps avec le crime, dont la nature est donc identique à une contre-nature. C'est l'individu qui fait valoir sa violence, ses caprices, sa non-raison, comme loi générale ou comme raison d'État. C'est-à-dire que, au sens strict, depuis sa naissance jusqu'à la mort, en tout cas pendant tout l'exercice de son pouvoir despotique, le roi — ou en tout cas le roi tyrannique — est tout simplement un monstre. Le premier monstre juridique que l'on voit apparaître, se dessiner dans le nouveau régime de l'économie du pouvoir de punir, le premier monstre qui apparaît, le premier monstre repéré et qualifié, ce n'est pas l'assassin, ce n'est pas le violateur, ce n'est pas celui qui brise les lois de la nature; c'est celui qui brise le pacte social fondamental. Le premier monstre, c'est le roi. C'est le roi qui est, je crois, le grand modèle général à partir duquel dériveront historiquement, par toute une série de déplacements et de transformations successives, les innombrables petits monstres qui vont peupler la psychiatrie et la psychiatrie légale du XIXe siècle.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 29 janvier 1975

Jacques Bainville photo
Voltaire photo
Prosper-Olivier Lissagaray photo
Étienne de La Boétie photo
Roger Golay photo
Friedrich Nietzsche photo
Maximilien de Robespierre photo
Éric Besson photo
Marc Bloch photo
Marc Ferro photo
Adolf Hitler photo
Ernest Renan photo
Michel Foucault photo

“Barruel, dans l' Histoire du clergé pendant la Révolution, raconte l'histoire d'une certaine Comtesse de Pérignon, qui aurait été rôtie place Dauphine avec ses deux filles, et six prêtres auraient été, eux aussi, brûlés vifs sur la place, parce qu'ils avaient refusé de manger le corps rôti de la comtesse. Barruel raconte aussi qu'on a mis en vente au Palais Royal des pâtés de chair humaine. Bertrand de Molleville, Maton de la Varenne, racontent toute une série d'histoires : la fameuse histoire de Mademoiselle de Sombreuil buvant un verre de sang pour sauver la vie de son père, ou de cet homme qui avait été obligé de boire le sang extrait du cœur d'un jeune homme pour sauver ses deux amis; ou encore, des massacreurs de Septembre qui auraient bu de l'eau-de-vie dans laquelle Manuel aurait versé de la poudre à canon, et ils auraient mangé des petits pains qu'ils auraient trempés dans des blessures. Vous avez là aussi la figure du débauché-anthropophage, mais dans laquelle l'anthropophagie l'emporte sur la débauche. Les deux thèmes, interdiction sexuelle et interdiction alimentaire, se nouent donc d'une façon très claire dans ces deux grandes premières figures de monstre et de monstre politique. Ces deux figures relèvent d'une conjoncture précise, bien qu'elles reprennent aussi des thèmes anciens : la débauche des rois, le libertinage des grands, la violence du peuple. Tout ceci, ce sont de vieux thèmes : mais il est intéressant qu'ils soient réactivés et renoués à l'intérieur de cette première figure du monstre.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 29 janvier 1975

“Comme les Anglais et les Américains, les Français et les Québécois forment deux peuples séparés par la même langue.”

Maurice G. Dantec (1959–2016) écrivain français naturalisé canadien

Manuel de survie en territoire zéro. Le Théâtre des opérations 1, 1999

Emmanuel Macron photo
Bernard Lazare photo
Jean-Luc Mélenchon photo
Lazare Nicolas Marguerite Carnot photo
Loïc Decrauze photo
Simone Weil photo
Martin Luther King photo
Melina Mercouri photo
Luigi Luca Cavalli-Sforza photo
Henry de Monfreid photo
Gustave Le Bon photo
Maurice Rajsfus photo
Karl Marx photo
Ibn Warraq photo
Antoine de Rivarol photo
Homère photo
Loïc Decrauze photo
Yves Nidegger photo
Novalis photo
Octave Mirbeau photo
Michel Foucault photo

“On ne peut pas compter seulement sur l’école publique. La religion rend aux enfants ce que leur parents, déchus, n’ont plus toujours la force de leur transmettre. L’État français est laïque, mais la France est un pays chrétien, la France est avant tout un pays catholique. Un large dialogue islamo-catholique est donc prioritaire. Les beurs sont les garants de l’aboutissement positifs de ce dialogue, parce que c’est dans leur intérêt, ayant grandis en France, ils portent en eux cette confrontation […] En lieu et place de ce débat islamo-catholique, que trouve t-on? Un débat politico-religieux, le fameux débat judéo-arabe, imposé notamment par SOS Racisme, organisation contrôlée par l’Union des Étudiants Juifs de France. Ils ont lancé un débat judéo-arabe au nom des Beurs, en faisant eux-mêmes les questions et les réponses. Radio Beur ne doit pas cautionner un faux débat. Nous ne sommes pas des palestiniens, nous sommes des enfants d’immigrés, vivant en France. Solidaires des luttes du peuple palestinien, il n’est cependant pas dans notre vocation de nous substituer à lui, surtout si cette substitution est opérée par d’autres que nous-mêmes. De fait, l’instauration de ce débat judéo-arabe a eu pour effet de détourner le seconde génération du débat islamo-catholique.”

Farida Belghoul (1958) Professeure de lycée

Déclaration de Farida Belghoul le 28 novembre 1989, en qualité de secrétaire général de Radio Beur .
Radio Beur

Maximilien de Robespierre photo
Maximilien de Robespierre photo
Marquis de Sade photo

“Peuple, vous pouvez tout sans eux, eux seuls ne peuvent rien sans vous.”

Marquis de Sade (1740–1814) homme de lettres, romancier, philosophe et homme politique français

Idée sur le mode de la sanction des lois, 1792

Adolf Hitler photo
Conrad Malte-Brun photo

“Les conquérans musulmans de l'Espagne, mêlés de Maures et d'Arabes, y apportèrent la culture des sciences, l'amour de la patrie et l'esprit chevaleresque. De là nous sont venues la rime et la romance, qui ont marqué l'aurore du bon goût dans les provinces méridionales de la France. Les mathématiques, l'astronomie, la philosophie, la médecine et l'art vétérinaire, furent enseignés aux académies arabes en Espagne. Là s'élevèrent ces monumens magnifiques de l'architecture arabe, mélange fantasque de l'architecture des Grecs et des Persans. C'est l'architecture arabe qui a embelli l'architecture gothique, avec laquelle on l'a souvent confondue. […] Cest parmi les progrès du luxe et de la civilisation arabes que se forma cet esprit de chevalerie errante, mélange romanesque de sentimens d'honneur et de délicatesse, de religion et d'amour. Mais la chevalerie espagnole-chrétienne, entée sur la chevalerie musulmane-bédouine, était à cette dernière ce qu'est le fruit de l'arbre cultivé à celui du sauvageon. De là naquit le goût des tournois, des joûtes, des cours d'amour, des expéditions romanesques et des duels. Ainsi le contre-coup du choc dont l'Islam renversa les anciens empires de l'Orient, a donné en Europe le branle aux esprits. Ainsi, par un enchaînement de causes éloignées et prochaines, nous devons une partie de notre culture et de l'esprit de nos siècles de chevalerie au mahométisme, qui a étendu son influence non seulement sur les peuples chez lesquels il s'est établi, mais même au-delà de leurs limites jusqu'au sein des nations européennes, qui en conservent encore aujourd'hui le témoignage irréfragable dans le nombre de mots arabes adoptés qui se trouvent dans chacune d'elles.”

Conrad Malte-Brun (1775–1826) géographe français

Annales des voyages de la géographie et de l'histoire, 1808-1826

François Mitterrand photo
Camille Desmoulins photo

“Peuple on te trompe, on tue tes amis! Mon seul crime n’a jamais été que d’avoir versé des larmes!”

Camille Desmoulins (1760–1794) personnalité politique française

Sur la charrette qui le conduisait à l’échafaud, le 5 avril 1794.

Loïc Decrauze photo
Sylvain Tesson photo
Guy de Maupassant photo
Fidel Castro photo
Francisco de Goya photo
Maximilien de Robespierre photo

“Réduire le peuple à l'impuissance de pratiquer sa religion, ou la proscrire par une loi expresse, c'est exactement la même chose.”

Maximilien de Robespierre (1758–1794) homme politique français

Écrits et articles, « Observations sur le projet annoncé au nom du comité des Finances de supprimer les fonds affectés au culte, adressées à la Convention nationale », Lettres de M. Robespierre à ses commettants, n° 8, [novembre, 1792]

Gabriele d'Annunzio photo

“Les génies mêmes des lieux consacrés par la poésie frémissaient autour d’elle et l’entouraient de visions changeantes. La poudreuse plaine de Thèbes, l’Argolide assoiffée, les myrtes brûlés de Trézène, les saints oliviers de Colone, le Cydnus triomphal, et la pâle campagne de Dunsinane et la caverne de Prospero, et la forêt des Ardennes, les pays arrosés de sang, travaillés par la douleur, transfigurés par un rêve ou éclairés par un sourire inextinguible, apparaissaient, fuyaient, s’évanouissaient derrière sa tête. Et d’autres pays reculés, les régions des brumes, les landes septentrionales, et, par delà les océans, les continents immenses où elle avait passé comme une force inouïe au milieu des multitudes étonnées, porteuse de la parole et de la flamme, s’évanouissaient derrière sa tête; et aussi les multitudes avec les montagnes, avec les fleuves, avec les golfes, avec les cités impures, les races vieilles et engourdies, les peuples forts aspirant à l’empire de la terre, les nations neuves qui arrachent à la nature ses énergies les plus secrètes pour les asservir au travail tout-puissant dans les édifices de fer et de cristal, les colonies abâtardies qui fermentent et se corrompent sur un sol vierge, toutes les foules barbares vers qui elle était venue comme la messagère, du génie latin, toutes les masses ignares à qui elle avait parlé la langue sublime de Dante, tous les troupeaux humains d’où était montée vers elle, sur un flot d’anxiétés et d’espérances confuses, l’aspiration à la Beauté.”

Romans, Le Feu, 1900

William Tecumseh Sherman photo

“Vous ne pouvez qualifier la guerre en termes plus sévères que je ne le ferais. La guerre est cruauté, et vous ne pouvez la raffiner; et ceux qui ont amené la guerre à notre pays méritent toutes les imprécations et les malédictions qu'un peuple puisse verser. Je sais que je ne suis pas responsable de cette guerre, et je sais que je vais faire plus de sacrifices jour après jour qu'aucun d'entre vous pour assurer la paix. Mais vous ne pouvez avoir la paix et un pays divisé. Si les États-Unis acceptent maintenant une division, ça ne s'arrêtera pas, mais ira jusqu'à ce que nous partagions le sort du Mexique, qui est éternellement en guerre. […] Je veux la paix, et pense qu'elle ne peut être atteinte que par l'union et la guerre, et je conduirai toujours cette guerre en vue d'un succès parfait et rapide. Mais, mes chers messieurs, quand la paix viendra, vous pourrez faire appel à moi en toute chose. Alors je partagerai avec vous mon dernier biscuit, et veillerai avec vigilance sur vos foyers et vos familles contre tous les dangers d'où qu'ils viennent.”

William Tecumseh Sherman (1820–1891) militaire, homme d'affaires, enseignant et écrivain américain

You cannot qualify war in harsher terms than I will. War is cruelty, and you cannot refine it; and those who brought war into our country deserve all the curses and maledictions a people can pour out. I know I had no hand in making this war, and I know I will make more sacrifices to-day than any of you to secure peace. But you cannot have peace and a division of our country. If the United States submits to a division now, it will not stop, but will go on until we reap the fate of Mexico, which is eternal war.[...] I want peace, and believe it can only be reached through union and war, and I will ever conduct war with a view to perfect and early success. But, my dear sirs, when peace does come, you may call on me for anything. Then will I share with you the last cracker, and watch with you to shield your homes and families against danger from every quarter.
en

Emil Cioran photo

“L'arc est un passage voûté dont le sombre crépi assez bien s'accorde à des relents d'urine qui font la suggestion de l'entrée d'une vespasienne à l'usage de géants. Tout au moins la voûte et l'odeur ont-elles pour Sigismond le caractère de ce qui est romain, et qui se trouve à Nîmes autant que dans la cité couleur d'or et de bran où il fut avec Sergine au mois de mai, guère plus tard qu'à présent, dans l'année qui suivit la naissance du petit Elie. Rome est partout dans les villes du Midi, quoique le denier Vespasien ne soit plus payé par personne. Sergine, un œillet sous les narines un peu busquées qu'elle remuait avec des manières de pouliche, accélérait le pas aux endroits où vraiment le marbre sentait trop, car la puanteur du marbre où l'ammoniaque au soleil s'évapore est le plus intolérable défaut des lieux sublimes. Sans tant de nervosité, Sigismond de même accélère. Le quartier de ruelles, où par la voie de l'arc il est venu de la Rambla, n'est pas aussi peuplé que les environs de son hôtel, les lumières n'y sont pas aussi vives, les bars n'y ont pas de si tapageuses musiques, et lui-même, en épiant entre les rideaux d'une cafétéria le jeu muet des serveuses, éprouve un sentiment de gêne que la persistance de la mauvaise odeur ne suffit pas à expliquer. Devant lui se rétrécit la calle Arco del Teatro. A droite, au premier coin, il préfère tourner dans Lancaster, large tranchée sinistre au milieu de laquelle sur de gros pavés joints de poussière et d'ordure il chemine, méprisant le trottoir plus disjoint, négligeant un bar assez louche qui à la mode anglaise se réclame de pirates. Point de passants là. Il est, pour un moment, à l'obscur.”

André Pieyre de Mandiargues (1909–1991) écrivain français

Roman, La Marge (prix Goncourt), 1967

Maximilien de Robespierre photo
Gustave Flaubert photo
Philippe Djian photo
Alexandre Dumas photo
Maximilien de Robespierre photo
Yéhouda Ashlag photo

“Le peuple d'Israël n'eût péché qu'il n'aurait jamais reçu que les cinq livres de Moïse et le livre de Josué.”

Yéhouda Ashlag (1886–1954)

Had Israel not sinned, they would have been given only the five books of Moses and the book of Joshua.
en
Articles

Maximilien de Robespierre photo
Maximilien de Robespierre photo

“XXIX : Lorsque le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.”

Maximilien de Robespierre (1758–1794) homme politique français

Discours, Discours sur la nouvelle déclaration des droits de l'homme et du citoyen, [24, avril, 1793]

Jean Raspail photo
Maximilien de Robespierre photo

“En qualité de Français, de représentant du peuple, je déclare que je hais le peuple anglais.”

Maximilien de Robespierre (1758–1794) homme politique français

Discours, Discours prononcé au club des Jacobins sur le peuple anglais (11 pluviôse an II)

Jacques Ellul photo
Prosper-Olivier Lissagaray photo
Friedrich Nietzsche photo
Béla Bartók photo
Louis-Gabriel de Bonald photo
Gabriele d'Annunzio photo

“Une clameur nouvelle, plus forte et plus longue, s’éleva d’entre les deux tutélaires colonnes de granit, pendant que la barque royale abordait à la Piazzetta noire de peuple. Quand le bruit cessait, la foule épaisse avait des remous; et les galeries du Palais des Doges s’emplissaient d’une rumeur confuse, pareille au bourdonnement illusoire qui anime les volutes des conques marines. Puis, tout à coup, la clameur rejaillissait dans l’air limpide, montait se briser contre la légère forêt marmoréenne, franchissait les têtes des hautes statues, atteignait les pinacles et les croix, se dispersait dans le lointain crépusculaire. Puis, c’était une autre pause pendant laquelle, imperturbable, dominant l’agitation inférieure, continuait l’harmonie multiple des architectures sacrées et profanes où couraient comme une agile mélodie les modulations ioniques de la Bibliothèque et s’élançait comme un cri mystique la cime de la tour nue. Et cette musique silencieuse des lignes immobiles était si puissante qu’elle créait le fantôme presque visible d’une vie plus belle et plus riche, superposé au spectacle de la multitude inquiète. Celle-ci sentait la divinité de l’heure; et, lorsqu’elle acclamait cette forme nouvelle de la royauté abordant au rivage antique, cette fraîche Reine blonde qu’illuminait un inextinguible sourire, peut-être exhalait-elle son obscure aspiration à dépasser l’étroitesse de la vie vulgaire et à recueillir les dons de l’éternelle Poésie épars sur les pierres et sur les eaux.”

Romans, Le Feu, 1900

Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau photo
Adolf Hitler photo
Augustin d'Hippone photo
Yasmina Khadra photo

“Les enfants sont la survivance de leurs parents, ce sont leur petit bout d’éternité… Ils [mes parents] seront inconsolables lorsqu’ils apprendront ma mort. Je mesure pleinement l’immense douleur que je vais leur creuser, mais ce ne sera qu’une peine parmi tant d’autres à leur palmarès. Avec le temps, ils finiront bien par faire leur deuil et par me pardonner. Le sacrifice n’incombe pas qu’aux autres. Si nous acceptons que les enfants des autres meurent pour les nôtres, nous devons accepter que nos enfants meurent pour ceux des autres, sinon, ce ne serait pas loyal. Et c’est là que tu n’arrives pas à suivre ammou [qui veut dire oncle en arabe]. Sihem est femme avant d’être la tienne. Elle est morte pour les autres… Pourquoi elle?… Pourquoi pas elle? Pourquoi veux-tu que Sihem reste en dehors de l’histoire de son peuple? Qu’avait-elle de plus ou de moins par rapport aux femmes qui s’étaient sacrifiées avant? C’est le prix à gagner pour être libre… Elle l’était. Sihem était libre. Elle disposait de tout. Je ne la privais de rien. La liberté n’est pas un passeport que l’on délivre à la préfecture, ammou. Partir où l’on veut n’est pas la liberté. Manger à sa faim n’est pas la réussite. La liberté est une conviction profonde; elle est mère de toutes les certitudes. Or, Sihem n’était pas tellement sûre d’être digne de sa chance. […] Sihem était plus proche de son peuple que de l’idée que tu te faisais d’elle. 'Elle était peut-être heureuse, mais pas suffisamment pour te ressembler'.”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

L’Attentat, 2005

Georges Jacques Danton photo
Georges Jacques Danton photo
Maximilien de Robespierre photo
Louis Antoine de Saint-Just photo
Marie-George Buffet photo
Octavio Paz photo
Frantz Fanon photo
François Mitterrand photo