Citations sur Designe

Une collection de citations sur le thème de designe, tout, bien-être, pluie.

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“[…] le développement des villes, des salons, de la cour impose à chacun de maîtriser ses pulsions et d'affiner ses manières et son langage. On assiste à un remarquable effort de civilisation, c'est-à-dire de transformation de l'être naturel, égocentrique et impulsif (Alceste, héros du Misanthrope) en sujet social plus ou moins complaisant (Philinte). De 1630 à 1690 environ, la qualité sociale essentielle c'est l' honnêteté, qui ne désigne pas, comme aujourd'hui, une probité morale, mais une civilité, un art de plaire, de s'adapter à l'attente d'autrui en contrôlant ses désirs. […] le XVIIe siècle voit le développement d'une bourgeoisie composée de juristes et administrateurs, portés à la discipline, et de négociants et financiers, soucieux d'économiser pour accroître leur puissance. Or, la morale est aussi une discipline et une économie des désirs. Cette bourgeoisie veut être reconnue comme élite; il lui faut pour cela s'imposer par sa vertu, d'autant plus qu'elle n'a pas la naissance qui définit la noblesse. Il lui faut surtout se démarquer du peuple. Cet effort de distinction culturelle élimine digestion, sexualité et tout ce qui peut paraître grossier dans le comportement ou l'expression. Il tend à réduire la spontanéité au profit de la raison, à imposer à la nature la maîtrise de l'art, à récuser le savoir-faire spontané ou empirique, fondé sur le génie ou le métier, au bénéfice d'un savoir-faire méthodique, fondé en théorie. C'est pour ces raisons fondamentales que les années trente, contredisant Aristote et renversant la tendance du premier tiers du siècle, soumettent l'art, et particulièrement la tragédie, à la morale.”

Jean Rohou (1934) écrivain et universitaire breton

La Tragédie classique, 1996, La « discipline » classique

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“J'adore le mot tapette parce qu'il désigne mon genre de gars! Parce que moi, je suis une fille à tapettes. Les filles à tapettes sont la colonne vertébrale de la communauté gaie. Sans nous, vous n'êtes rien! Nous y étions, à travers l'histoire, pour vous guider le long du chemin de fer clandestin! … C'est avec nous que vous êtes allés au bal des finissants!”

Margaret Cho (1968) actrice américaine

I love the word "faggot," because it describes my kind of guy! You see, I am a fag hag. Fag hags are the backbone of the gay community. Without us, you're nothing! We have been there all through history guiding your sorry ass through the underground railroad! ...We went to the prom with you!
en
I'm the One that I Want

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“DSK, NKM, BHL, FOG… Jamais je ne ferai partie de ce club très fermé des gens désignés par leurs initiales.”

Clément Bénech (1991) écrivain et journaliste français

Autres citations

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“Georges Ricard-Cordingley est le seul peintre de marine qui ait vu le jour à Lyon : c’est un artiste de l’école lyonnaise par son goût de l’ésotérisme, le rôle donné à l’art dans ses écrits, autant que par sa sensibilité à la brume, ses tons délicats, ses harmonies subtiles. Voici l’homme : mélange de retenue, de modération, de finesse, d’absence d’audace apparente dans la traduction des sentiments et émotions, traits communs à Orsel comme aux Flandrin. Issu d’un père dénommé Ricard (plusieurs artistes sans liens de parenté portent alors ce nom) et d’une mère anglaise née Cordingley, il mêle pour se distinguer les deux « patronymes » dans sa signature d’artiste. Ricard-Cordingley a été désigné comme peintre des gris colorés, tons que l’on retrouve dans le style nuancé des deux écoles et dans l’atmosphère des deux villes, Lyon et Londres, où son renom débuta. Les deux autres pôles où il séjourna sont Boulogne-sur-Mer et Cannes. Des brumes matinales de la mer du Nord aux brumes crépusculaires de la Côte d’Azur il existait un lien et son œuvre se complaira dans l’incertain et l’indéterminé que traduit si bien ce « bilinguisme» artistique aux émotions douces et tendres. Si le « can’t » est la règle, la mesure est la seule loi de son harmonie. Il n’est jusqu’à sa passion pour l’aquarelle qui n’aille des tons purs de Constable aux pâleurs opalines d’un Ravier. Son dessin est subtil encore : crayon gras au Maroc et haute montagne, il épouse le fusain dès qu’il est question de la mer. Le fusain avec sa lumière d’ombre est l’indispensable technique au rendu des soirs, la voie du mystère. Différente ou plutôt diverse, à l’huile, à l’aquarelle, au fusain, son œuvre porte la marque du rêve qui en fait l’unité. Après la destruction de son atelier en 1940 à Boulogne-sur-Mer par fait de guerre, que reste-t-il de ses créations, de ses portraits de jeunesse qui enchantaient la « gentry », des grandes décorations, dont celle du casino de Wimereux, détruit lui aussi. Pour juger ses ambitions et ses rêves il ne demeure qu’environ deux cent cinquante études, encore moins d’aquarelles et de dessins en dehors des tableaux vendus de son vivant. Il subsiste cependant un « liber veritatis » où cet angoissé de perfection a noté, croquis et aquarelles à l’appui, tout ce que marchands et collectionneurs ont éparpillé dans le monde. Le jour viendra-t-il où la blanche nef des rêves mystiques lyonnais et les falaises claires de la légendaire Albion se joindront dans un commun hommage à leur concitoyen trop oublié.”

Georges Ricard-Cordingley (1873–1939) peintre français

Sur Cordingley

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“…d'un point de vue structurel, le design est totalement inutile. […] J'ai essayé de donner à mes produits un peu de sens et d'énergie. Mais même quand j'ai donné le meilleur de moi-même, c'était absurde.”

Philippe Starck (1949) Créateur français

Variante: D'un point de vue structurel, le design est totalement inutile... J'ai essayé de donner à mes produits un peu de sens et d'énergie. Mais même quand j'ai donné le meilleur de moi-même, c'était absurde.

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“On peut distinguer cette espèce d'hommes en trois races différentes: 1. Celle des Arabes orientaux venant des bords de la mer Rouge ou de l'Arabie proprement dite; 2. Celle des Arabes occidentaux ou africains originaires de la Mauritanie ou des côtes d'Afrique; 3. Enfin, celle des Arabes-Bédouins ou Scénites, errants sur les lisières des déserts… Le génie propre des ces hommes les a portés à fournir les premiers rois pasteurs de l'Égypte, les premiers astronomes, des philosophes profonds et de grands médecins: on connaît au reste leurs travaux et leurs conquêtes. La perfection que nous avons reconnue dans tous les organes de la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, annonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfection physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d'ailleurs, à celle, par exemple, des peuples du nord de la terre… Il est vraisemblable que le climat de l'Arabie, la vie sobre, régulière et simple de cette race d'hommes qui a pris naissance dans cette riche et fertile contrée, ont contribué à leur donner cette perfectibilité d'organes et cette intelligence rare qui en fait, en quelque sorte, une espèce à part… On est loin de trouver cette perfectibilité physique chez les peuples mélangés d'une partie de l'Asie, de l'Amérique, et surtout chez les nations septentrionales de l'Europe. D'après cela, je me persuade que le berceau du genre humain se trouve dans le pays que nous avons désigné… ce qui me porte enfin à croire que l'Arabe est l'homme primitif…. Les peuples ou les individus des autres contrées de la terre, dont les formes de la tête et la structure des organes s'approchent le plus de l'état physique des vrais Arabes, ont nécessairement une perfectibilité proportionnée dans leurs fonctions sensitives et dans leurs facultés intellectuelles.”

Dominique-Jean Larrey (1766–1842) médecin français

Remarques sur la constitution physique des Arabes (Qu'on peut considérer comme la race primitive de l'espèce humaine ou comme son prototype)
Mémoires et Campagnes 1786-1840

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“Ce quelque chose qui parle désormais dans l'histoire, qui prend la parole dans l'histoire, et dont on va parler dans l'histoire, c'est ce que le vocabulaire de l'époque désigne par le mot de « nation.»”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

« Il faut défendre la société » — Cours au Collège de France, 1976, Cours du 11 février 1976

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“Il est arrivé que des Européens reviennent à la foi chrétienne grâce à la lecture de Guénon, en quoi ils ne paraissent pas avoir été dérangés par le fait que lui-même avait adhéré à l’Islam et, au Caire où il passa la fin de sa vie, était devenu le cheikh Abd el-Wahid Yahya. D’autres de ses lecteurs occidentaux, attirés par la spiritualité soufique, devaient accomplir un cheminement semblable, ce qui ne pouvait manquer de leur faire approfondir les valeurs les plus authentiques de l’Islam et le sens de sa mission particulière à la fin du présent cycle cosmique en tant que dernière Révélation venue conclure la tradition procédant d’Abraham (Ibrahim). Car l’un des thèmes majeurs traités par Guénon se rapporte à l’interprétation des « signes des temps » dont il souligne la gravité, ce qui accentue son désaccord avec la mentalité moderne et sa croyance au progrès.

Après Guénon, il est devenu plus difficile, même en dehors du cercle de ses lecteurs, de regarder l’Islam comme un monde d’obscurantisme et d’arriération. D’autres publications se rangeant, malgré certaines différences d’accentuation et d’interprétation, dans la même perspective « traditionnelle » sont venues en compléter et en approfondir la compréhension. De celles-ci, la première à citer est Comprendre l’Islam, de Frithjof Schuon, interprète incomparable en notre siècle de la sagesse traditionnelle et des doctrines sacrées d’Orient et d'Occident. Cet ouvrage, souvent accueilli par les musulmans comme un dévoilement, inattendu venant de l’Ouest, des véritables dimensions spirituelles de leur propre religion, aura, plus généralement, apporté la démonstration évidente que l’Islam, en notre temps et à la suite des autres grandes religions révélées, est expression providentielle de la vérité intemporelle et universelle.

Cela étant établi, Frithjof Schuon, dans plusieurs de ses autres livres, met en lumière les divers aspects de la piété et de la spiritualité musulmanes et soufiques, mais relève aussi à l’occasion que l’Islam, en face d’un Occident de plus en plus sécularisé et prométhéen, n’échappe pas à la décadence spirituelle qui a envahi le monde entier et fait dégénérer toutes les religions, même s’il en a retardé l’expansion et amorti les effets. Il fournit dès lors des critères décisifs pour juger de la véritable situation de l’Islam dans le monde actuel et de la réalité de ce qui est couramment désigné comme son « réveil ».

La connaissance de l’Islam en Occident a encore bénéficié, depuis le milieu du siècle, des contributions remarquables, particulièrement en ce qui concerne la civilisation, les arts et le soufisme, de quelques auteurs se rattachant à la même « école », comme le Suisse Titus Burckhardt, le Britannique Martin Lings ou même l’Iranien Seyyed Hossein Nasr, éminent spécialiste de l’histoire des sciences, dont l’œuvre est largement disponible en langues européennes. Plus proches de la perspective ouverte par Massignon se situent les ouvrages d’écrivains comme Louis Gardet, Henry Corbin ou Vincent Mansour Monteil, fort utiles également à qui souhaite se faire une idée objective de l’Islam et du monde musulman. Tout cela ne pouvait manquer d’exercer, bon gré mal gré, quelque influence sur l’islamologie relevant de l’orientalisme officiel et universitaire qui, depuis une trentaine d’années, semble s’être un peu aérée et débarrassée d’un certain nombre de préjugés et d’idées fixes. En tout cas l’Européen cultivé d’aujourd’hui a incontestablement moins d’excuses que celui des générations précédentes s’il persiste à porter sur tout ce que recouvrent les mots « Islam » et « musulman » des jugements systématiquement dépréciatifs et procédant d’anciens préjugés. […]”

L'Islam entre tradition et révolution

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“Le développement des connaissances préhistoriques et archéologiques tend à étaler dans l'espace des formes de civilisation que nous étions portés à imaginer comme échelonnées dans le temps. Cela signifie deux choses : d'abord que le "progrès" (si ce terme convient encore pour désigner une réalité très différente de celle à laquelle on l'avait d'abord appliqué) n'est ni nécessaire, ni continue; il procède par sauts, par bonds, ou, comme diraient les biologistes, par mutations. Ces sauts et ces bonds ne consistent pas à aller toujours plus loin dans la même direction; ils s'accompagnent de changements d'orientation, un peu à la manière du cavalier des échecs qui a toujours à sa disposition plusieurs progressions mais jamais dans le même sens. L'humanité en progrès ne ressemble guère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle à toutes celles dont la conquête lui est acquise; elle évoque plutôt le joueur dont la chance est répartie sur plusieurs dés et qui, chaque fois qu'il les jette, les voit s'éparpiller sur le tapis, amenant autant de comptes différents. Ce que l'on gagne sur un, on est toujours exposé à le perdre sur l'autre, et c'est seulement de temps à autre que l'histoire est cumulative, c'est-à-dire que les comptes s'additionnent pour former une combinaison favorable. (p.29-30)”

Race et histoire

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“Que la langue du génocide ne doive, à aucun prix, se galvauder; que veiller sur la probité des mots en général et de celui-ci en particulier soit une tâche intellectuelle et politique prioritaire; qu'il se soit produit à Auschwitz, un événement sans précédent, incomparable à tout autre et que la lutte contre la banalisation, et de la chose, et du mot qui la désigne, soit un impératif, non seulement pour les Juifs, mais pour tous ceux que lèse ce crime (autrement dit, l'humain comme tel; l'humain en chaque homme, chaque femme, d'aujourd'hui); que la Shoah soit le génocide absolu, l'étalon du genre, la mesure même du non-humain; que cette singularité tienne tant à l'effroyable rationalité des méthodes (bureaucratie, industrie du cadavre, chambre à gaz) qu'à sa non moins terrible part d'irrationalité (l'histoire folle, souvent notée, des trains de déportés qui avaient, jusqu'au dernier jour, priorité sur les convois d'armes et de troupes), à sa systématicité (des armées de tueurs lâchés, dans toute l'Europe, à la poursuite de Juifs qui devaient être traqués, exterminés sans reste, jusqu'au dernier) ou à sa dimension, son intention métaphysique (par-delà les corps les âmes et, par-delà les âmes, la mémoire même des textes juifs et de la loi) - tout cela est évident; c'est et ce sera de plus en plus difficile à faire entendre, mais c'est établi et évident…
(ch. 57
La Shoah au coeur et dans la tête)”

Bernard-Henri Lévy (1948) écrivain français

War, Evil and the End of History

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“[…] Une autre contribution, d’une portée inestimable, à la compréhension de l’Islam en Occident aura été fournie par l’œuvre de René Guénon (1886-1951), écrivain français inclassifiable dans les catégories habituelles mais que l’on peut équitablement désigner comme l’initiateur du courant de la pensée « traditionnelle » (et non « traditionaliste », appellation qu’il avait lui-même rejetée) dont l’approche des religions et du phénomène religieux en général, totalement dissociée de la pensée spécifiquement moderne, se distingue radicalement de celle des milieux académiques ou théologiques. Il existe déjà une littérature relativement abondante — de valeur inégale — sur l’œuvre guénonienne qui contient une critique implacable (et apparemment difficile à réfuter si l’on en juge par ce qui a été publié contre elle) de la modernité occidentale dénoncée, en dépit de toutes les expressions de son « progrès », comme une anomalie, sinon une monstruosité, par rapport aux civilisations « traditionnelles » et « normales » qui avaient été jusque là celles de l’humanité, de l’Orient en particulier. Les livres de Guénon, ordinairement passés sous silence dans le monde universitaire dont ils critiquent vivement la mentalité, n'ont pas cessé depuis un demi-siècle d’influencer, en dehors de toute publicité, d’assez vastes cercles de lecteurs auxquels ils ont permis de percevoir la portée métaphysique réelle des doctrines sacrées traditionnelles, leur offrant par là même un remède efficace au mal ravageur que représente l’agnosticisme contemporain.

Parmi les ouvrages de Guénon, qui professent généralement l’universalité de la Révélation et la validité de toutes les religions réellement traditionnelles et « orthodoxes », aucun ne traite spécifiquement de l’Islam, mais plusieurs y font de fréquentes allusions, se référant notamment à ce qui en constitue l’ésotérisme, c’est-à-dire le soufisme et sa voie initiatique toujours dépositaires d’une connaissance métaphysique et d’une sagesse intemporelle dont l’oubli par la pensée occidentale aura été la cause principale de la « déviation moderne ». Une œuvre développant pareils thèmes ne saurait évidemment se répandre beaucoup en dehors de milieux relativement restreints, mais elle semble tout de même avoir exercé un certain rayonnement et avoir contribué à conférer une nouvelle respectabilité aux religions non chrétiennes, à l’Islam en particulier.”

L'Islam entre tradition et révolution

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“Le monde d’aujourd’hui est un chaos d’opinions et d’aspirations désordonnées : le soi-disant « monde libre » est un chaos fluide; la partie totalitaire du monde moderne est un chaos rigide. Par opposition, le monde ancien constituait toujours un ordre, c’est-à-dire une hiérarchie de concepts, chacun au niveau qui lui est propre. Le chaos a été provoqué, nous l’avons vu, par le « télescopage » humaniste de la hiérarchie jusqu’au niveau psychique, et par l’intrusion, dans les considérations terrestres, d’aspirations vers l’autre monde, frustrées et perverties.

L’homme, en raison de sa véritable nature, ne peut pas ne pas adorer; si sa perspective est coupée du plan spirituel, il trouvera un « dieu » à adorer à un niveau inférieur, dotant ainsi quelque chose de relatif ce qui seul appartient à l’Absolu. D’où l’existence aujourd’hui de tant de « mots tout-puissants » comme « liberté », « égalité », « instruction », « science », « civilisation », mots qu’il suffit de prononcer pour qu’une multitude d’âmes se prosterne en une adoration infra-rationnelle.

Les superstitions de la liberté et de l’égalité ne sont pas seulement le résultat mais aussi, en partie, la cause du désordre général, car chacune, à sa manière, est une révolte contre la hiérarchie; et elles sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont des perversions de deux des élans les plus élevés de l’homme. Corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire; mais il suffit de rétablir l’ordre ancien, et les deux idoles en question s’évanouiront de ce monde (laissant ainsi la place aux aspirations terrestres légitimes vers la liberté et l’égalité) et, transformées, reprendront leur place au sommet même de la hiérarchie.

Le désir de liberté est avant tout désir de Dieu, la Liberté Absolue étant un aspect essentiel de la Divinité. Ainsi, dans l’Hindouisme, l’état spirituel suprême qui marque la fin de la voie mystique est désigné par le terme de délivrance (moksha), car c’est un état d’union (yoga) avec l’Absolu, l’Infini et l’Éternel, qui permet l’affranchissement des liens de la relativité. C’est évidemment, avant tout, cet affranchissement auquel le Christ faisait référence lorsqu’il disait : « Recherchez la connaissance, car la connaissance vous rendra libre », étant donné que la connaissance directe, la Gnose, signifie l’union avec l’objet de la connaissance, c’est-à-dire avec Dieu. (pp. 59-60)”

Martin Lings (1909–2005) savant anglais du soufisme

Ancient Beliefs and Modern Superstitions

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