Citations sur les idées
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“Le communisme doit être l'idée directrice et visible de tout le mouvement.”

Jean Jaurès (1859–1914) homme politique français

Études socialistes, 1901

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“Rien n'est plus dangereux qu'une idée quand on n'a qu'une idée.”

Émile-Auguste Chartier (1868–1951) nom de plume de "Émile Chartier", philosophe français
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“Parmi les influences variées qui sont sans cesse engagée dans l'intention de former les idées américaines et façonner la vie américaine la Franc-maçonnerie doit, pour être juste, se voir concédée une place proéminente. Ses principes sont colportés par notre presse quotidienne, son dévouement pour l'humanité sont un thème constant pour la langue ou le stylo; ses membres sont, en grande partie nos faiseurs de loi, nos juges, nos gouvernants; même les présidents de notre république rejoignent ouvertement leur rangs; les éducateurs de notre jeunesse à l'école et à l'université sont souvent ses adhérents, et encouragent parmi leur élèves des sociétés qui imitent ses secrets et méthodes, préparant la jeunesse à devenir ses zélés partisans au cours de leur vie. Pour couronner le tout, les ministres du culte protestants et évêques figurent parmi leur initiés et avocats, de sorte que non seulement la pierre d'angle de nos bâtiments publics, mais même celles des églises protestantes sont placées par ses officiers et consacrées dans leur rites mystiques. Nier son influence parmi nous serait nier un fait aussi évident que la lumière du jour.”

Arthur Preuss (1871–1934) journaliste américain

Among the varied influences that are ceaselessly engaged in shaping American ideas and molding American life, Freemasonry must, in all fairness, be conceded a prominent place. Its principles are scattered broadeast by our daily press; its labors for humanity are the constant theme of tongue and pen; its members are, in great part, our lawgivers, our judges, our rulers; even the presidents of our republic openly join its ranks; the educators of our youth in school and university are often its adherents, and encourage among their pupils societies which ape its secrecy and methods and prepare the young to become its zealous partisans in after life. To crown ail, Protestant ministers and bishops are its initiates and advocates, so that often not only the corner stones of our public buildings, but even those of Protestant churches, are laid by its officers and consecrated by its mystic

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“Loin de moi l'idée de m'insurger contre la noblesse de l'holocauste.”

Maud de Belleroche (1922–2017) actrice, femme de lettres et journaliste française

Ouvrages, Le Ballet des crabes (1975)

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“Le monde n'est qu'une transformation perpétuelle; la vie n'est qu'une idée et une opinion.”

Marc Aurèle (121–180) empereur et philosophe stoïcien romain

Pensées

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“C’est devenu un lieu commun, que l’on tient pour une évidence vérifiée : le monde moderne est un monde séculier, sécularisé, athée, laïcisé, désacralisé, démythisé. Et dans la plupart des écrits contemporains, on considère tous ces termes comme équivalents sans prendre en compte les différences considérables qu’il peut y avoir par exemple entre laïcisation et sécularisation ou entre désacralisation et démythisation. On veut en gros exprimer l’idée que le monde moderne (est) devenu adulte ou majeur (parce qu’il) ne croit plus, il veut des preuves, il obéit à la raison et non aux croyances, surtout religieuses, il s'est débarrassé de Dieu, et lui parler de religion n'a plus de sens. Il est entré dans un nouveau mode de pensée, qui n’est plus la pensée traditionnelle s'exprimant dans les mythes. (…) Il est difficile de discerner si, dans ce (genre de) propos, il s’agit d’un constat de fait, d'un souhait, d’une constatation sociologique ou d’une construction imaginaire, élaborée à partir de l’idée qu’on peut se faire d’un homme imbu de la science. En réalité, si l’on examine les textes qui reposent sur ces affirmations, on s’aperçoit qu’il s’agit (…) d’une explication a posteriori. On part de l'évidence: « l’homme moderne ne veut plus entendre parler du christianisme, il a perdu la foi, l’Église ne mord plus sur la société, elle n’a plus d’audience, le message chrétien ne veut rien plus dire (…) ». (Mais) comme l’on constate en même temps que l’homme moderne reçoit plus ou moins une éducation technicienne sinon scientifique, on en conclut implicitement : « c’est parce que cet homme est imbu de science qu’il est non religieux » et l’on assimile alors le rejet du christianisme avec l’abandon de toute posture religieuse. Déduction qui m’apparaît pour le moins hâtive.,(…) C'est pourquoi je pense qu'il est fondamental de savoir si (…) nous sommes dans un temps déréligiosisé.”

Jacques Ellul (1912–1994) professeur d'histoire du droit, sociologue et théologien protestant français

Les nouveaux possédés, 1973

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“L'aliénation. Voilà un des grands mots d'aujourd'hui. Les doctes sociologues et les psychanalystes s'en sont emparés pour l'appliquer à tout propos, avec ravissement. Depuis que l'Occident a été culpabilisé de ses conquêtes et qu'il s'est retiré des pays occupés, qui forment le gros du Tiers-Monde, le vocable a fait fortune. Il sert à couvrir tous les défoulements, toutes les inaptitudes, tous les refus, toutes les violences. Il est devenu un de ces mots pièges, porteurs d'idées-forces, qui sèment la confusion et qui font barrage sur les voies d'ascension des individus et des peuples. Idées-forces qui poussent certains d'entre eux à haïr à mort et à refuser en bloc l'Occident, symbole du fiel et de l'enfer de la colonisation. Pourtant, tout bilan équitablement dressé, ils doivent quand même à celle-ci d'avoir pu embrayer sur leur avenir. Sans les connaissances et les richesses qu'elle leur a livrées, leurs propres moyens eussent exigé des siècles d'efforts, avant qu'ils ne les acquiè­rent. Là où logiquement les rapports humains devraient rester clairs et confiants, le mot-piège, prêtant à exploitation maligne, a répandu le brouillard et installé la suspicion. Comme si tout n'était pas aliénation dans le monde, depuis la mère qui s'aliène au petit qu'elle nourrit de son lait, jusqu'au saint ermite qui s'aliène à Dieu par adoration, celle-ci étant, disait François Mauriac, la forme d'alié­nation qui « du moins nous préserve de toutes les autres.»”

Augustin Ibazizen (1897–1980) écrivain français

Le pont de Bereq'Mouch: ou, Le bond de mille ans, 1979

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“Sur le quai de la gare, où elle a tenu à l’accompagner, tous les témoins ont vu combien il leur en coûtait de se séparer. Jusqu’au moment du départ ils sont demeurés enlacés, les bras croisés à hauteur de la taille, n’en finissant pas de se regarder, de s’embrasser, n’échangeant pas un mot, tétanisés à l’idée que bientôt un train régional allait les arracher brusquement l’un à l’autre, parvenir à scinder cette créature à deux têtes qu’ils forment sur le quai. Les quelques passagers qui attendent avec eux ont beau faire semblant de s’intéresser au trafic, de tendre l’oreille vers les haut-parleurs nasillards qui recommandent de faire attention au passage d’un train voie C ou que le train prévu à telle heure arrivera voie B, avec un retard de dix minutes environ, de se passionner pour les pigeons perchés sur le bord de la marquise, ou de dégager leur poignet pour vérifier que leur montre marque bien la même heure que l’horloge suspendue entre deux câbles deux lampadaires, on sent bien qu’ils se privent avec peine de la contemplation du beau couple, qu’ils ne demanderaient pas mieux que de s’installer sous leur nez et de compter à la trotteuse de la même montre la durée de leur baiser, ou du moins simplement les contempler, comme s’ils étaient derrière une glace sans tain, se gavant en toute impunité de cet éblouissement partagé de deux cœurs insatiables. Comme ça ne se fait pas […], alors ils font comme les moineaux, toujours la tête en mouvement, pour capter des éclats de bonheur.”

Jean Rouaud (1952) écrivain français

La Femme promise, 2009

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“Le style ne doit faire qu'un avec l'idée, comme le sabre avec la main.”

Maurice G. Dantec (1959–2016) écrivain français naturalisé canadien

Manuel de survie en territoire zéro. Le Théâtre des opérations 1, 1999

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“L'idée qui sous-tend ma proposition pour une Union Monétaire est simple, à savoir […] l'établissement d'une Banque de Règlement internationale.”

John Maynard Keynes (1883–1946) économiste britannique

The idea underlying my proposals for a Currency Union is simple, namely [...] the
Propositions pour une Union monétaire internationale, 1941

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“[…] les idées, justes ou fausses, des philosophes de l’économie et de la politique ont plus d’importance qu’on ne le pense en général. À vrai dire le monde (univers) est presque exclusivement mené par elles. Les hommes d’action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelque économiste passé. Les illuminés du pouvoir qui se prétendent inspirés par des voies célestes distillent en fait des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerveau de quelque écrivailleur de Faculté.”

John Maynard Keynes (1883–1946) économiste britannique

The ideas of economists and political philosophers, both when they are right and when they are wrong, are more powerful than is commonly understood. Indeed the world is ruled by little else. Practical men, who believe themselves to be quite exempt from any intellectual influence, are usually the slaves of some defunct economist. Madmen in authority, who hear voices in the air, are distilling their frenzy from some academic scribbler of a few years back.
en
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie,chapitre 24, 1936.
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936

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“Les idées et les mots ont pris de la poussière qu'il faut au philosophe de la vie réinventer le langage à chaque instant, pour nommer les choses nouvelles.”

Kama Sywor Kamanda (1952) écrivain congolais

Citations tirées de quelques œuvres, Au-delà de Dieu, au-delà des chimères

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“J’espère qu’il paraît évident que si l’on accepte l’idée d’une vérité objective — et donc la connaissance objective — on doit estimer […] qu’un argument ad hominem n’est pas valide. Si quelqu’un revendique la vérité d’une affirmation et peut soutenir celle-ci, et si de plus cette affirmation est réellement vraie, alors cette personne connaît effectivement quelque chose. Le fait que toute l’entreprise de formulation et de validation d’une affirmation peut avoir été réalisée par un raciste ou par un sexiste est tout simplement sans objet pour ce qui concerne la validité de l’affirmation.”

John Searle (1932) philosophe américain

I hope it is obvious why anyone who accepts the idea of objective truth and therefore of objective knowledge thinks […] that an argumentum ad hominem is an invalid argument. If someone makes a claim to truth and can give that claim the right kind of support, and if that claim is indeed true, then that person genuinely knows something. The fact that the whole enterprise of claiming and validating may have been carried out by someone who is racist or sexist is just irrelevant to the truth of the claim.
en
Rationalité et Réalisme : qu’est-ce qui est en jeu ? ('), 1993

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“Je ne vois pas que nous puissions faire autrement ici que revenir aux conditions, liées à la reproduction de notre espèce, dans lesquelles chaque homme, pour vivre, tout simplement vivre, entre dans l’univers par la représentation. Or, évoquer la représentation, c’est du même coup avoir affaire à l’horreur des commencements pour l’humain, à la logique subjective qui comporte, pour tout sujet, la nécessité de s’arracher à l’opacité, par le langage. En clair, cela revient à poser la loi de l’animal parlant : la nécessité de tout ramener aux mots pour qu’il y ait des choses. Méconnaître cette loi, vouloir ignorer son ressort et ses conséquences, c’est se condamner à ne rien comprendre à la logique de l’Interdit. (…) Si l’humain symbolise comme il respire, il n’entre dans la symbolisation que moyennant son passage sous les fourches caudines de l’institution du langage, dont il faut tâcher de comprendre que l’Interdit, en toute société et pour chaque sujet, constitue l’accompagnement, l’ombre portée en quelque sorte. Prenons donc la mesure de ce dont il s’agit : symboliser signifie rendre présent quelque chose d’absent, le représenter. Si la logique de l’Interdit est à ce point liée au phénomène du langage, à la représentation, par la parole, d’une absence, c’est qu’il est dans la nature du langage d’instituer. Le langage nous sépare des choses en les nommant, mais aussi notre séparation d’avec les choses institue les choses sous un nom pour le sujet qui parle, et de ce fait institue le sujet lui-même comme sujet du discours social des catégories, dont relèvent le nom des choses et la raison de ce qui entre elles les divise. S’arracher à l’opacité première par le langage, surmonter l’horreur des commencements, entrer dans l’échange symbolique : toute l’entreprise humaine fait jouer le principe institutionnel comme principe fondateur du discours et de la parole dans la société considérée. En ce sens, nous avons affaire à un (…) déterminisme symbolique (…). Réfléchissons sur les manifestations d’un tel déterminisme, rapportable à l’institution du langage et dont relèverait l’élaboration sociale de l’Interdit. Mes remarques viennent de faire apparaître le phénomène de l’institution de la communication humaine comme comportant plusieurs registres indépendants et en même temps soumis à un mode de relation, celui-là même où se révèle à nous l’idée d’institution. Ainsi distinguons nous : le registre du sujet de la parole, celui de l’univers nommé des objets –objet, ici, au sens de chose ou personne-dans-le-monde, par rapport à quoi tout sujet conquiert son identité-, celui enfin du discours des catégories.”

Leçons VI Les enfants du Texte. Étude sur la fonction parentale des États

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“Il y avait entre les cercles doctrinaires studieux, raisonneurs, bien nobles alors assurément, mais surtout fructueux, et les cercles purement aristocratiques et frivoles, il y avait un intervalle fort marqué, un divorce obstiné et complet; d'un côté les lumières, les idées modernes, de l'autre le charme ancien, séparés par des prétentions et une morgue réciproque. En quelque endroit pourtant la conciliation devait naître et s'essayer. De même que du sein des rangs royalistes une voix éloquente s'élevait par accès, qui conviait à une chevaleresque alliance la légitimité et la liberté, et qui, dans l'ordre politique, invoquait un idéal de monarchie selon la Charte, de même, tout à côté, et avec plus de réussite, dans la haute compagnie, il se trouvait une femme rare, qui opérait naturellement autour d'elle un compromis merveilleux entre le goût, le ton d'autrefois et les puissances nouvelles. Le salon de Mme de Duras, sa personne, son ascendant, tout ce qui s'y rattache, exprime, on ne saurait mieux, l'époque de la Restauration par un aspect de grande existence encore et d'accès à demi aplani, par un composé d'aristocratie et d'affabilité, de sérieux sans pesanteur, d'esprit brillant et surtout non vulgaire, semi-libéral et progressif insensiblement, par toute cette face d'illusions et de transactions dont on avait ailleurs l'effort et la tentative, et dont on ne sentait là que la grâce. C'à été une des productions naturelles de la Restauration, comme ces îles de fleurs formées un moment sur la surface d'un lac, aux endroits où aboutissent, sans trop se heurter, des courants contraires. On a comparé toute la construction un peu artificielle de l'édifice des quinze ans à une sorte de terrasse de Saint-Germain, au bas de laquelle passait sur la grande route le flot populaire, qui finit par la renverser : il y eut sur cette terrasse un coin, et ce ne fut pas le moins attrayant d'ombrage et de perspective, qui mérite de garder le nom de Mme de Duras : il a sa mention assurée dans l'histoire détaillée de ces temps.”

Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804–1869) critique littéraire et écrivain français

Juin 1834
Portraits de Femmes, 1844, Concernant Claire de Duras

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“Nous créons un monde où chacun, où qu'il se trouve, peut exprimer ses idées, aussi singulières qu'elles puissent être, sans craindre d'être réduit au silence ou à une norme.”

John Perry Barlow (1947–2018) poète, essayiste et activiste américain

We are creating a world where anyone, anywhere may express his or her beliefs, no matter how singular, without fear of being coerced into silence or conformity.
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Déclaration d'Indépendance du Cyberespace

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“[en citant sa réalisatrice] « Le réseau est préoccupé par l'ampleur de ton visage. Ils trouvent que tu fais vraiment de surpoids, et qu'il faut que tu t'en occupes. » … Je ne savais pas trop quoi y répondre. Je m'étais toujours crue d'assez bonne apparence; je n'avais aucune idée que j'étais un visage géant à la conquête d'Amérique! GARE AU VISAGE!!”

Margaret Cho (1968) actrice américaine

"The network is concerned. They're concerned about the fullness of your face. They think you're really overweight, and you're going to have to do something about it." ...I didn't know what to say to that. I always thought I was decent looking; I had no idea that I was a giant face taking over America! HERE COMES THE FACE!!
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I'm the One that I Want

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“Je me sentais guettée par je ne savais qui ou quoi. Tout était d'un silence massif, au-dehors. De temps à autre, seul, le train passant dans la campagne faisait résonner l'atmosphère et agrémentait son roulement métallique de sifflements enroués et sinistres. Au fond, les soirées promettaient de ne pas être amusantes. De plus, je n'ai jamais su parler à la domesticité. Cette familiarité un peu hautaine qui rehausse le prestige des patrons, ces façons intéressées et négligentes, grâce auxquelles certains arrivent à s'attacher les étrangers les plus méfiants, tout ça me fut constamment impossible. Il faut, pour savoir s'entretenir avec le peuple ancillaire, beaucoup le mépriser, et je ne le méprise pas, avoir une idée très haute de soi-même; or, je n'ai aucune vanité, enfin savoir ne rien dire en beaucoup de mots et entendre des paroles vides sans étonnement ni attention. Je n'ai encore pas cette vertu. Quant à s'intéresser réellement aux actes et à la vie de personnages incolores et amorphes dont le destin repose sur la mécanisation totale, sur l'habitude devenue l'existence même, cela, je ne le puis. Au demeurant j'ai connu beaucoup de types qui s'affirmaient amis et frères de ce prolétariat domestique. J'ai constaté qu'ils pensaient au fond comme moi, mais ne l'avouaient point. Au contraire, ils étalaient une sympathie loquace et obscure à l'égard de travaux et de destinées fort inconnus.”

Renée Dunan (1892–1936) écrivain, critique et poétesse française, anarchiste et féministe

La Culotte en jersey de soi, Renée Dunan, Le Cercle Poche, 2011, 1923, 38, 978-2-84714-152-8, La Culotte en jersey de soie
La Culotte en jersey de soi, 1923

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“La meilleure façon d'imposer une idée aux autres, c'est de leur faire croire qu'elle vient d'eux.”

Alphonse Daudet (1840–1897) écrivain et auteur dramatique français

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“Ceux qui vivent, vivent d'une idée; les autres, ce sont les morts.”

Jules Michelet (1798–1874) historien français

Histoire du XIXe siècle, 1874

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“Les pires conflits entre les individus ou entre les peuples opposent souvent des opprimés. C'est une idée romanesque largement répandue que d'imaginer que les persécutés se serrent les coudes et agissent comme un seul homme pour combattre le tyran despotique. En réalité, deux enfants martyrs ne sont pas forcément solidaires et leur destin commun ne les rapproche pas nécessairement. Souvent, ils ne se considèrent pas comme compagnons d'infortune, mais chacun voit en l'autre l'image terrifiante de leur bourreau commun.

Il en va probablement ainsi entre les Arabes et les Juifs, depuis un siècle.

L'Europe a brimé les Arabes, elle les a humiliés, asservis par l'impérialisme et le colonialisme, elle les a exploités, maltraités,et c'est encore l'Europe qui a persécuté, opprimé les Juifs et qui a autorisé, voire aidé les Allemands à les traquer aux quatre coins du monde et à les exterminer presque tous. Or les Arabes ne nous prennent pas pour une poignée de survivants à moitié hystériques, mais pour le fier rejeton de l'Europe colonialiste, sophistiquée et exploiteuse, revenue en douce au Proche-Orient - cette fois sous le masque du sionisme - pour recommencer à les exploiter, les expulser et les spolier. Nous, nous ne les prenons pas pour des victimes semblables à nous, des frères d'infortune, mais pour des cosaques fomenteurs de pogroms, des antisémites avides de sang, des nazis masqués : comme si nos persécuteurs européens ressurgissaient ici, en Terre d'Israël, avec moustache et keffieh, nos assassins de toujours, obsédés par l'idée de nous couper la gorge, juste pour le plaisir.”

Amos Oz (1939–2018) poète, romancier et essayiste israélien

Une histoire d'amour et de ténèbres , 2002

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“Pour apprécier exactement la direction des idées de Mme Necker, il faut d’abord se rendre compte de l’effort qu’elle s’imposa en arrivant à Paris, afin de s’approprier la langue et les mœurs du pays dont elle avait à se faire adopter. Sainte-Beuve a dit qu’elle ne fut jamais qu’une fleur transplantée. Il semble que Mme Necker eût prévu la critique. « Pour avoir un goût parfait, disait-elle, faut-il être né dans un pays ou dans une société, à Paris par exemple, où l’on reçoive les principes du goût avec le lait et par l’autorité? Ou bien serait-il à préférer d’y arriver dans l’âge où l’on peut les acquérir sans préjugé et apprendre à juger par sa propre raison nouvellement éclairée? Ce goût ainsi formé serait plus sûr et plus dégagé de toutes les préventions du siècle, du lieu et de la mode. C’est ainsi que Rousseau, dans un objet plus grave, voulait qu’on ne prit une religion que quand la raison serait formée. » Mme Necker se vise manifestement elle-même dans cette dernière observation; et je ne sais pas d’exemple d’une acclimatation ou d’une naturalisation intellectuelle suivie avec plus de zèle. Il n’en coûtait rien à Grimm de ne paraître à Paris qu’un Allemand. Mme Necker voulut être Française.”

Octave Gréard (1828–1904) pédagogue et universitaire français

L'Éducation des femmes par les femmes, 1885, Madame Necker

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