Citations sur première
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“L'agriculture devrait être la première activité de santé. Le paysan doit précéder le médecin.”

Pierre Rabhi (1938) essayiste, agriculteur biologiste, romancier et poète français

Graines de possibles, regards croisés sur l'écologie

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“Observez avec quel plaisir, quelle délectation, quel bonheur même, les journalistes révèlent le vrai nom de Joey Starr – décidément, toujours lui – à la première occasion venue (concours du plus joli pit-bull de Saint-Denis, discussion informelle avec une hôtesse de l’air, concert caritatif au profit des orphelins de la police, échange métaphysique avec un chimpanzé…), comme pour dire : bien sûr, il est connu, lui, il (se) tape plein de gonzesses, lui, il parle vraiment aux gens, de façon peut-être contestable, mais infiniment moins servile que moi (c’est le journaliste qui s’exprime, évidemment), et pourtant, ce n’est pas un extra-terrestre, la preuve, lui aussi, il a un vrai nom, comme moi, et, toujours par le même glissement riemannien de la vérité, il en déduit, rasséréné : il est comme moi, puis, l’alcool bon marché aidant (essayez d’acheter du Haut-Brion avec une paye de pigiste), il est moi, je suis Joey Starr. Alors, le journaliste aviné sort dans la rue, prend sa voiture, fonce à Saint-Denis, et là, existant enfin comme un homme pour la première fois de sa vie, hurle dans la nuit, ivre de joie : « Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu? », avant de croiser quelques skinheads ou quelques branleurs de banlieue, moins blancs mais tout aussi accorts, qui finalement, lui mettent la fièvre, pendant des heures.”

Je gagne toujours à la fin, 2003

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“[…] cette confusion des lieux de peur et des lieux de plaisir dans l'imaginaire européen, qui donne à chacun l'occasion de se rendre fantasmatiquement maître de l'espace destiné à l'asservissement du nombre, préfigure paradoxalement la fête révolutionnaire alors conçue comme « l'éveil d'un sujet collectif qui naît à lui-même, et qui se perçoit en toutes ses parties, en chacun de ses participants ». Et quand la première fête révolutionnaire aurait été la prise de la Bastille, c'est-à-dire la prise de possession collective d'un lieu clos ou bien l'abolition d'un décor qui sépare, le roman noir propose la même fête, mais à l'intérieur d'un décor où la séparation ne se serait maintenue que pour exalter la souveraineté de tous ceux qui s'en rendent fantasmatiquement maîtres. Ainsi niant à la fois le caractère exclusif de la fête aristocratique et le caractère collectif de la fête révolutionnaire, l'architecture noire ouvre un espace de subversion où le nombre délimite négativement le champ d'affirmation de l'unique pour en faire une prison, de même que l'unique y vient nier la possibilité d'un plaisir partagé, excluant tout ce qui s'oppose à sa propre satisfaction. Car illustrant l'idée fort répandue en cette fin de siècle que « l'extrême liberté de quelques-uns attente à la liberté de tous », les demeures du roman noir exposent aussi que la liberté de tous porte atteinte à la liberté de chacun dont elles esquissent les perspectives illimitées.”

Annie Le Brun (1942) poétesse française

Annie Le Brun cite ici à deux reprises Jean Starobinski (in l'Invention de la liberté).
Essai critique, Les châteaux de la subversion, 1982

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“Certes Rousseau est de bonne foi quand il répète : « J’étudie ce qui est; c’est mon principe; il me fournit la solution de toutes les difficultés »; mais il n’est pas moins sincère quand, parti de l’observation de la nature, il se laisse entraîner dans le rêve. Il a rêvé toute sa vie pour lui-même comme pour les autres. Dans le premier voyage qu’il fît de Genève à Annecy, il raconte qu’il ne voyait pas un château à droite ou à gauche, sans aller chercher l’aventure qu’il se croyait sûr d’y trouver. Il n’osait ni entrer ni heurter; mais il chantait sous la fenêtre qui avait le plus d’apparence, fort surpris, après s’être époumoné, de ne voir paraître ni dame, ni demoiselle qu’attirai la beauté de sa voix ou le sel de ses chansons. S’il marchait par la campagne, il imaginait « dans les maisons des festins rustiques; dans les prés, de folâtres jeux; le long des eaux, des bains et des promenades; sur les arbres, des fruits délicieux; sous leur ombre, de voluptueux tête-à-tête; sur les montagnes, des cuves de lait et de crème, une oisiveté charmante, la paix, la simplicité, le plaisir d’errer sans savoir où : rien ne frappait ses yeux sans porter à son cœur quelque invention de jouissance. » La première fois qu’il vint à Paris, il se figurait « une ville aussi belle que grande, où l’on ne voyait que de superbes rues, des palais de marbre et d’or. » Lorsqu’il retraçait ces illusions trente ans après, il en souriait; mais elles étaient là encore, dans un repli de son imagination, toutes fraîches, prêtes à renaître; et il n’est point bien sûr qu’il n’en eût pas, tout en se moquant un peu de lui-même, la réminiscence émue. C’est cette puissance d’imagination qui donne tant de vie au cinquième livre de l’Émile.”

Octave Gréard (1828–1904) pédagogue et universitaire français

L'Éducation des femmes par les femmes, 1885, Jean-Jacques Rousseau

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“Le verbe n’est-il pas la première allégresse? La parole a une tonicité si elle espère.”

Gaston Bachelard (1884–1962) philosophe français

L'Air et les Songes, 1943

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“Certes Rousseau est de bonne foi quand il répète : « J’étudie ce qui est; c’est mon principe; il me fournit la solution de toutes les difficultés »; mais il n’est pas moins sincère quand, parti de l’observation de la nature, il se laisse entraîner dans le rêve. Il a rêvé toute sa vie pour lui-même comme pour les autres. Dans le premier voyage qu’il fît de Genève à Annecy, il raconte qu’il ne voyait pas un château à droite ou à gauche, sans aller chercher l’aventure qu’il se croyait sûr d’y trouver. Il n’osait ni entrer ni heurter; mais il chantait sous la fenêtre qui avait le plus d’apparence, fort surpris, après s’être époumoné, de ne voir paraître ni dame, ni demoiselle qu’attirai la beauté de sa voix ou le sel de ses chansons. S’il marchait par la campagne, il imaginait « dans les maisons des festins rustiques; dans les prés, de folâtres jeux; le long des eaux, des bains et des promenades; sur les arbres, des fruits délicieux; sous leur ombre, de voluptueux tête-à-tête; sur les montagnes, des cuves de lait et de crème, une oisiveté charmante, la paix, la simplicité, le plaisir d’errer sans savoir où : rien ne frappait ses yeux sans porter à son cœur quelque invention de jouissance. » La première fois qu’il vint à Paris, il se figurait « une ville aussi belle que grande, où l’on ne voyait que de superbes rues, des palais de marbre et d’or. » Lorsqu’il retraçait ces illusions trente ans après, il en souriait; mais elles étaient là encore, dans un repli de son imagination, toutes fraîches, prêtes à renaître; et il n’est point bien sûr qu’il n’en eût pas, tout en se moquant un peu de lui-même, la réminiscence émue. C’est cette puissance d’imagination qui donne tant de vie au cinquième livre de l’Émile.”

Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) philosophe, compositeur et critique musical genevois
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“Tout allait de travers. Les gens s’accrochaient aveuglément à la première bouée de sauvetage venue : le communisme, la diététique, le zen, le surf, la danse classique, l’hypnotisme, la dynamique de groupe, les orgies, le vélo, l’herbe, le catholicisme, les haltères, les voyages, le retrait intérieur, la cuisine végétarienne, l’Inde, la peinture, l’écriture, la sculpture, la musique, la profession de chef d’orchestre, les balades sac à dos, le yoga, la copulation, le jeu, l’alcool, zoner, les yaourts surgelés, Beethoven, Bach, Bouddha, le Christ, le H, le jus de carotte, le suicide, les costumes sur mesure, les voyages en avion, New York City, et soudain, tout se cassait la gueule, tout partait en fumée. Il fallait bien que les gens trouvent quelque chose à faire en attendant de mourir. Pour ma part, je trouvais plutôt sympa qu’on ait le choix.”

en
Nothing was ever in tune. People just blindly grabbed at whatever there was: communism, health foods, zen, surfing, ballet, hypnotism, group encounters, orgies, biking, herbs, Catholicism, weight-lifting, travel, withdrawal, vegetarianism, India, painting, writing, sculpting, composing, conducting, backpacking, yoga, copulating, gambling, drinking, hanging around, frozen yogurt, Beethoven, Back, Buddha, Christ, TM, H, carrot juice, suicide, handmade suits, jet travel, New York City, and then it all evaporated and fell apart. People had to find things to do while waiting to die. I guess it was nice to have a choice.
Women, 1978

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“(…) bien entendu je ne puis placer une confession criminelle sur la table devant vous avec sa propre signature sur le document. Pour en avoir une image précise, vous devez examiner l'activité des maçons durant au moins deux cent ans sous le microscope. Après seulement pourrez-vous confirmer ceci: des maçons de haut-grade ont participé dans le renversement de chaque gouvernement. Ils ont eu la main dans chaque crise financière sévère qui ont conduit l'économie d'un pays au bord de l'abîme. Les maçons occupent les postes les plus importants de la vie économique et intellectuelle d'un pays et rassemblent d'autres maçons après eux. Les homme décisifs qui ont financé la première guerre mondiale contre nous étaient des maçons. La deuxième guerre mondiale trouve à nouveau la maçonnerie mondiale unie contre nous. Dans certains pays anglo-saxons, il est pratiquement impossible d'atteindre une position élevée dans l'industrie ou la politique si vous n'êtes pas maçon. N'y a-t-il pas là suffisamment de preuves (…)?”

Heinrich Himmler (1900–1945) homme politique nazi et militaire allemand

(...) of course i can't put the criminal's confession on the table before you with his own signature to it. To get a clear picture you must examine the activities of the Masons in the last two centuries under the microscope. Then you can confirm this: leading Masons had a part in the overthrow of every governement: They had a hand in every severe financial crisis which has brought the economy of a country to the edge of the abyss. Masons occupy the important positions in the economic and intellectual life on a country and draw other Masons after them. The decisive men who waged the First World War against us were Masons. The Second World War again finds World Masonry united against us. In some Anglo-Saxon countries it's quite impossible to achieve any position in industry or politics unless you're a Mason. Arent't these proofs enough (...)?
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Sur la Franc-maçonnerie

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“La première et la plus importante qualité d’une femme est la douceur.”

Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) philosophe, compositeur et critique musical genevois

, 1762

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“Lumière sans rênes, lumière cabrée, la première. Ecroulements de cristaux qui dévalent la montagne, temples de glace à rompre les tympans.”

Octavio Paz (1914–1998) poète, essayiste et diplomate mexicain

Poésie, Liberté sur parole, 1929

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“Dans la première Assemblée constituante, Marat n'était ni moins terrible aux aristocrates, ni moins odieux aux modérés. Eh bien! Marat y trouva des défenseurs; il disait aussi que la majorité était mauvaise, et elle l'était.”

Georges Jacques Danton (1759–1794) avocat, homme politique et révolutionnaire français

Contre la mise en accusation de Marat par la Gironde, 10 avril 1793
Discours

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“Ce qui me frappe, dans l'appréhension que l'on a de l'affaire algérienne, c'est qu'on oublie qu'elle a été, avant tout, une guerre civile entre musulmans, et que ceux que nous appelions, à l'époque, les Français musulmans en ont été les premières victimes. Le FLN a réussi à étendre son emprise sur les campagnes et dans les villes par des méthodes bien connues, qu'on peut, pour faire bref, appeler terroristes et staliniennes, comme nous en avons été les témoins. […] nous avons traversé des villages où nous avons vu des hommes égorgés, émasculés, défigurés, parce qu'on les avait soupçonnés d'être pro-français. Il s'agissait de Français musulmans, qui avaient été tués de manière atroce par d'autres Français musulmans : tel a été notre premier contact physique avec la rébellion. Bien entendu, les pieds-noirs ont été, eux aussi, les cibles de ce terrorisme. Mais la vision que l'on peut avoir, en parcourant les journaux aujourd'hui, et qui donne le sentiment que la guerre d'Algérie opposait les pieds-noirs et l'armée au peuple algérien, est profondément biaisée. Sur le terrain, ce n'était pas du tout cela : c'était une guerre entre Français, dont les principales victimes ont été les Français musulmans. Il faut donc y insister : la guerre d'Algérie a été une guerre civile entre Français musulmans, ceux qui voulaient séparer l'Algérie de la France, et ceux qui voulaient sortir de la situation coloniale par le haut, et faire en sorte que cette terre puisse abriter ensemble et faire coexister en paix sous l'égide de la France les fidèles de la Bible, du Talmud et du Coran.”

Hélie de Saint Marc (1922–2013) officier français
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“[…] Ces « lettres de l'intérieur du PCI » ont objectivement constitué la première tentative « non officielle » d' « analyse concrète d'une situation concrète », librement menée, sans dogmatisme d'aucune sorte, par un militant, pour vérifier les points de force et les points de faiblesse d'un grand parti communiste tel que le parti italien. On écrit souvent sur lui, surtout à l'étranger, parfois en termes mythiques, parfois au contraire pour y chercher « la preuve » de « l'échec » historique de tous les partis communistes.
L'occasion a été fournie par la campagne électorale pour le renouvellement du Parlement au printemps 1968. La « situation concrète » est celle de la ville de Naples, spécifique à bien des égards, mais qui par beaucoup d'autres points a une portée générale. [...]A la différence d'autres camarades, je continue en effet à considérer qu'un parti comme le parti italien a la force, la capacité et, dans son ensemble, la volonté de se rénover à travers l'analyse, l'engagement et l'action collectives, pour faire face aux problèmes qui naissent de la nécessité de définir une stratégie de la révolution en Occident. L'affirmation que Gramsci mettait dans les « manchettes » de l'Ordine Nuovo est en ce moment plus valable que jamais : « Nous avons besoin de toute notre intelligence .»”

Maria-Antonietta Macciocchi (1922–2007) femme politique

Lettres de l'intérieur du parti

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“Pour moi, la première preuve de l'origine divine de la religion catholique, c'est d'avoir pu subsister jusqu'à ce jour, malgré l'imbécillité des siens, ses plus terribles ennemis!”

Joris-Karl Huysmans (1848–1907) écrivain et critique d’art français

Interview de Joris-Karl Huysmans par Germaine Perceix pour Le Pain du 5 avril 1899
Articles de presse

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“Peu importe qui tu es, ce sont tes actes qui te font avancer,
Et si tu échoues la première fois, voici un conseil que tu devrais suivre :
Je me relève, encore et encore!”

Madonna (1958) chanteuse américaine

It doesn't matter who you are, it's what you do that takes you far.
And if at first you don't succeed, here's some advice that you should heed:
I get up again, over and over!
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Paroles de chansons

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“Je défais le lit et je m’allonge sur le matelas nu, supposant qu’un malaise va s’emparer de moi à sentir le fantôme d’un autre homme subsister dans ses odeurs et les débris de sa vie. Mais je ne ressens rien de pareil : la chambre me paraît toujours aussi connue. Le bras sur la figure, je m’aperçois que je glisse dans le sommeil. Il se peut que le monde tel qu’il est ne soit pas une illusion, ni le mauvais rêve d’une nuit. Il se peut que l’éveil qui nous y projette soit inéluctable, que nous ne puissions ni l’oublier ni nous en dispenser. Mais j’ai toujours autant de mal à croire que la fin est proche. Si les barbares faisaient irruption maintenant, je mourrais dans mon lit, j’en suis sûr, aussi stupide et ignorant qu’un bébé. Il serait encore plus approprié qu’on me surprenne en bas, dans le cellier, une cuiller à la main, la bouche pleine de confiture de figues fauchée dans le dernier bocal de l’étagère : on pourrait alors couper et jeter sur le tas de têtes amoncelées sur la place une tête qui porterait encore une expression coupable, peinée, étonnée de cette irruption de l’Histoire dans le temps immobile de l’oasis. A chacun la fin qui lui convient le mieux. Certains se feront prendre dans des abris creusés sous leur cave, serrant leur trésor contre leur sein, fermant les yeux de toutes leurs forces. D’autres mourront sur la route, aux prises avec les premières neiges de l’hiver. De rares individus mourront peut-être en combattant, armés de fourches. Après moi, les barbares se torcheront avec les archives de la ville. Jusqu’à la fin, nous n’aurons rien appris. Il semble y avoir chez nous tous, au fond de nous, quelque chose de l’ordre du granit, qui résiste à l’enseignement. Bien que la panique déferle dans les rues, personne ne croit vraiment que le monde de certitudes tranquilles qui nous a accueillis à notre naissance est sur le point de disparaître. Personne ne peut accepter qu’une armée impériale ait été anéantie par des hommes armés d’arcs, de flèches et de vieux fusils rouillés, qui vivent dans des tentes, ne se lavent jamais et ne savent ni lire ni écrire. Et qui suis-je pour ricaner d’illusions qui aident à vivre? Est-il meilleure façon de passer ces jours ultimes que de rêver d’un sauveur, l’épée brandie, qui disperserait les armées ennemies, nous pardonnerait les erreurs commises par d’autres en notre nom et nous accorderait une seconde chance de bâtir notre paradis terrestre? Couché sur le matelas nu, je m’applique à animer une représentation de moi-même en nageur, nageant infatigablement, à longues brasses égales, dans le fluide du temps – un fluide plus inerte que l’eau, dépourvu de remous, s’insinuant partout, sans couleur, sans odeur, sec comme du papier.”

J. M. Coetzee (1940) romancier et professeur en littérature sud-africain

En attendant les barbares , Angleterre 1980, Afrique du Sud 1981

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“Barruel, dans l' Histoire du clergé pendant la Révolution, raconte l'histoire d'une certaine Comtesse de Pérignon, qui aurait été rôtie place Dauphine avec ses deux filles, et six prêtres auraient été, eux aussi, brûlés vifs sur la place, parce qu'ils avaient refusé de manger le corps rôti de la comtesse. Barruel raconte aussi qu'on a mis en vente au Palais Royal des pâtés de chair humaine. Bertrand de Molleville, Maton de la Varenne, racontent toute une série d'histoires : la fameuse histoire de Mademoiselle de Sombreuil buvant un verre de sang pour sauver la vie de son père, ou de cet homme qui avait été obligé de boire le sang extrait du cœur d'un jeune homme pour sauver ses deux amis; ou encore, des massacreurs de Septembre qui auraient bu de l'eau-de-vie dans laquelle Manuel aurait versé de la poudre à canon, et ils auraient mangé des petits pains qu'ils auraient trempés dans des blessures. Vous avez là aussi la figure du débauché-anthropophage, mais dans laquelle l'anthropophagie l'emporte sur la débauche. Les deux thèmes, interdiction sexuelle et interdiction alimentaire, se nouent donc d'une façon très claire dans ces deux grandes premières figures de monstre et de monstre politique. Ces deux figures relèvent d'une conjoncture précise, bien qu'elles reprennent aussi des thèmes anciens : la débauche des rois, le libertinage des grands, la violence du peuple. Tout ceci, ce sont de vieux thèmes : mais il est intéressant qu'ils soient réactivés et renoués à l'intérieur de cette première figure du monstre.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 29 janvier 1975

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“Les musulmans, et pire encore les musulmanes, sont les premières victimes de l'Islam.”

Maurice G. Dantec (1959–2016) écrivain français naturalisé canadien

American black box. Le Théâtre des opérations 3, 2002-2006

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