Citations sur intellectuel
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“Rocard, un intellectuel? C'est un tacticien… Un mauvais tacticien.”

François Mitterrand (1916–1996) 4e président de la cinquième République Française

Entretien avec Jean Lacouture en septembre 1995.
Entretiens

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“Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, Time Magazine et d'autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été assujettis à l'exposition publique durant toutes ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d'une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l'autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés.”

David Rockefeller (1915–2017) homme d'affaires et milliardaire américain

We are grateful to the Washington Post, the New York Times, Time magazine and other great publications whose directors have attended our meetings and respected the promises of discretion for almost forty years. It would have been impossible for us to develop our plan for the world if we had been subject to the bright lights of publicity during those years. But, the world is now more sophisticated and prepared to march towards a world-government. The supranational sovereignty of an intellectual elite and world bankers is surely preferable to the National autodetermination practiced in past centuries.
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Citation non vérifiée

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“Les sondages d'opinion suggèrent que seule une petite minorité (13 pourcents) des américains sont favorables à la proposition suivante : [en tant que seule superpuissance restante, les USA devraient continuer à être des leaders mondiaux prééminents dans la résolution des problèmes internationaux]. […] L'Amérique devenant une société de plus en plus multiculturelle, il risque d'être plus difficile de façonner un consensus en terme de politique internationale, sauf dans le cas de la perception d'une menace extérieure directe et massive. […] Plus généralement, le changement culturel en Amérique peut être aussi réticent à un exercice soutenu à l'étranger d'un pouvoir authentiquement impérial. Cet exercice requière un haut degré de motivation doctrinale, d'engagement intellectuel, et de gratification patriotique. […] Les communications de masse ou joué un rôle particulièrement important à cet égard, générant une forte révulsion à l'encontre de toute utilisation sélective de la force qui entraine même un niveau faible de pertes humaines. […] En bref, les buts des politiques américaines doivent être sans scrupules et doubles : perpétuer la position dominante américaine pour au moins une génération et si possible plus longtemps.”

Zbigniew Brzezinski (1928–2017) politologue américain

Public opinion polls suggest that only a small minority (13 percent) of Americans favor the proposition that 'as the sole remaining superpower, the US should continue to be the preeminent world leader in solving international problems'. [...] As America becomes an increasingly multicultural society, it may find it more difficult to fashion a consensus on foreign policy issues, except in the circumstance of a truly massive and widely perceived direct external threat. [...] More generally, cultural change in America may also be uncongenial to the sustained exercise abroad of genuinely imperial power. That exercise requires a high degree of doctrinal motivation, intellectual commitment, and patriotic gratification. [...] Mass communications have been playing a particularly important role in that regard, generating a strong revulsion against any selective use of force that entails even low levels of casualties [...] In brief, the U.S. Policy goals must be un-apologetically twofold: to perpetuate America's own dominant position for at least a generation and preferably longer
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Le Grand Echiquier - 1997

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“On peut distinguer cette espèce d'hommes en trois races différentes: 1. Celle des Arabes orientaux venant des bords de la mer Rouge ou de l'Arabie proprement dite; 2. Celle des Arabes occidentaux ou africains originaires de la Mauritanie ou des côtes d'Afrique; 3. Enfin, celle des Arabes-Bédouins ou Scénites, errants sur les lisières des déserts… Le génie propre des ces hommes les a portés à fournir les premiers rois pasteurs de l'Égypte, les premiers astronomes, des philosophes profonds et de grands médecins: on connaît au reste leurs travaux et leurs conquêtes. La perfection que nous avons reconnue dans tous les organes de la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, annonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfection physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d'ailleurs, à celle, par exemple, des peuples du nord de la terre… Il est vraisemblable que le climat de l'Arabie, la vie sobre, régulière et simple de cette race d'hommes qui a pris naissance dans cette riche et fertile contrée, ont contribué à leur donner cette perfectibilité d'organes et cette intelligence rare qui en fait, en quelque sorte, une espèce à part… On est loin de trouver cette perfectibilité physique chez les peuples mélangés d'une partie de l'Asie, de l'Amérique, et surtout chez les nations septentrionales de l'Europe. D'après cela, je me persuade que le berceau du genre humain se trouve dans le pays que nous avons désigné… ce qui me porte enfin à croire que l'Arabe est l'homme primitif…. Les peuples ou les individus des autres contrées de la terre, dont les formes de la tête et la structure des organes s'approchent le plus de l'état physique des vrais Arabes, ont nécessairement une perfectibilité proportionnée dans leurs fonctions sensitives et dans leurs facultés intellectuelles.”

Dominique-Jean Larrey (1766–1842) médecin français

Remarques sur la constitution physique des Arabes (Qu'on peut considérer comme la race primitive de l'espèce humaine ou comme son prototype)
Mémoires et Campagnes 1786-1840

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“Le cynisme est un signe de santé intellectuelle.”

Bertrand Laverdure (1967) journaliste, poète et écrivain canadien

Gomme de xanthane, 2006

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“Donald Rumsfeld est l'une des personnes les plus responsables de la situation actuelle en Irak. La politique américaine dans ce pays est en faillite intellectuelle.”

Donald Rumsfeld (1932) politicien américain

Autobiographie de Sir Mike Jackson, ancien chef des armées britanniques.
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“La figure de l'intellectuel "éducateur" à disparu …”

Enzo Traverso (1957) historien italien

Où sont passés les intellectuels ?

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“Être un intellectuel n'a virtuellement rien à voir avec le fait de travailler avec son cerveau, ce sont des choses différentes.”

Noam Chomsky (1928) linguiste et philosophe américain

Comprendre le pouvoir. L'indispensable de Chomsky, 2006, Premier mouvement

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“En réunissant ici les textes sur la Chine que j'ai écrits entre 1953 et 1979, je pose les jalons d'une histoire qui ne serait qu'anecdotique si elle était seulement celle d'un intellectuel de gauche occidental : parti du projet socialiste et de sa mise en œuvre exaltante, il se réveille devant la réalité d'un fascisme rouge encore plus délirant que les fascisme noirs, parce que nimbé des voiles et du discours d'une idéologie de gauche.
* Le fascisme fasciste pose comme postulat que le pouvoir doit appartenir aux élites (qui sont définies comme élites par elles-mêmes).
* Le fascisme rouge pose comme postulat que le pouvoir doit appartenir au peuple, mais corrige en pratique ce principe par la certitude ( inavouée en public) que, le peuple ne connaissant pas où est son bien, c'est à une élite auto désignée par cooptation qu'il incombera de le diriger.
* Le fascisme fasciste pose comme postulat que tous les hommes sont inégaux devant la loi, qui sera d'ailleurs édictée par quelques-uns.
* Le fascisme rouge pose comme postulat que tous les hommes sont égaux devant la loi, mais omet de rédiger une loi, et corrige la théorie proclamée de l'égalité de principe par la praxis d'une société où tous les hommes sont égaux, mais où il y en a qui sont plus égaux que d'autres.
* Le fascisme noir annonce d'entrée de jeu qu'il considérera les Juifs comme une race inférieure et finit par les tuer.
* Le fascisme rouge proclame dans ses constitutions que tous les citoyens ont les même droits et les même devoir, et s'empresse aussitôt d'établir des discriminations si féroce entre ceux qui ont une bonne origine sociale et ceux qui ont une mauvais origine sociale [...] qu'au bout de quelques années, ceux qui sont mal nés remplisse les prisons, les camps, les cimetières [...].
Fascisme rouge, Fascisme noir, fascisme fasciste [...] ces galipettes dialectiques et ces ruses de la déraison cousues de fil blanc, rouge ou noir correspondent en fait à un clivage réel : la frontière entre gauche et droite. [...] La Chine maoïste n'est pas à gauche face à l'Espagne franquiste ou au Chili de Pinochet. L'URSS de Staline ou Brejnev, le Cambodge de Pol Pot ne sont pas à gauche en opposition au Reich de Hitler ou au Vietnam socialiste. L'Argentine de Peron ou de Videla n'est pas à droite, antagoniste de l'Albanie de Enver Hodja..”

Claude Roy (1915–1997) poète, journaliste et écrivain français

Sur la Chine, 1979

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“La propriété intellectuelle est un domaine évolutif depuis presque 500 ans et elle a toujours été marquée par une forte connexion entre ses aspects économiques, légaux et sociaux. Lorsque l'équilibre est biaisé, il y a toujours un moyen de le corriger. De nombreuses solutions sont à explorer en ce sens.”

Jean-Baptiste Soufron (1978) homme d'affaires français

IP has been an evolving field for nearly 500 years, and it has always been marked by a strong connection between its economic, legal and social aspects. When the balance is getting biased, there is always a way to correct it. There are many solutions to explore in that sense.
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IBM Global Innovation Outlook 2.0 http://www.ibm.com/ibm/governmentalprograms/ipbooklet.pdf publié sous licence creative commons sharealike

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“Pour apprécier exactement la direction des idées de Mme Necker, il faut d’abord se rendre compte de l’effort qu’elle s’imposa en arrivant à Paris, afin de s’approprier la langue et les mœurs du pays dont elle avait à se faire adopter. Sainte-Beuve a dit qu’elle ne fut jamais qu’une fleur transplantée. Il semble que Mme Necker eût prévu la critique. « Pour avoir un goût parfait, disait-elle, faut-il être né dans un pays ou dans une société, à Paris par exemple, où l’on reçoive les principes du goût avec le lait et par l’autorité? Ou bien serait-il à préférer d’y arriver dans l’âge où l’on peut les acquérir sans préjugé et apprendre à juger par sa propre raison nouvellement éclairée? Ce goût ainsi formé serait plus sûr et plus dégagé de toutes les préventions du siècle, du lieu et de la mode. C’est ainsi que Rousseau, dans un objet plus grave, voulait qu’on ne prit une religion que quand la raison serait formée. » Mme Necker se vise manifestement elle-même dans cette dernière observation; et je ne sais pas d’exemple d’une acclimatation ou d’une naturalisation intellectuelle suivie avec plus de zèle. Il n’en coûtait rien à Grimm de ne paraître à Paris qu’un Allemand. Mme Necker voulut être Française.”

Octave Gréard (1828–1904) pédagogue et universitaire français

L'Éducation des femmes par les femmes, 1885, Madame Necker

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“Votre doctrine est […] une sorte de fatalisme, de prédestination si vous voulez; différente toutefois de celle de saint Augustin, des jansénistes et des calvinistes (ce sont ceux-ci qui vous ressemblent le plus par l'absolu de la doctrine) en ce que chez vous il y a un lien très étroit entre le fait de la prédestination et la matière. Ainsi vous parlez sans cesse de races qui se régénèrent ou se détériorent, qui prennent ou quittent des capacités sociales qu'elles n'avaient pas par une infusion de sang différent, je crois que ce sont vos propres expressions. Cette prédestination-là me paraît, je vous l'avouerai, cousine du pur matérialisme. […]Quel intérêt peut-il y avoir à persuader à des peuples lâches qui vivent dans la barbarie, dans la mollesse ou dans la servitude, qu'étant tels de par la nature de leur race il n'y a rien à faire pour améliorer leur condition, changer leurs mœurs ou modifier leur gouvernement? Ne voyez-vous pas que de votre doctrine sortent naturellement tous les maux que l'inégalité permanente enfante, l'orgueil, la violence, le mépris du semblable, la tyrannie et l'abjection sous toutes ses formes? Que me parlez-vous, mon cher ami, de distinctions à faire entre les qualités qui font pratiquer les vérités morales et ce que vous appelez l'aptitude sociale? Est-ce que ces choses sont différentes? Quand on a vu un peu longtemps et d'un peu près la manière dont se mènent les choses publiques, croyez-vous qu'on ne soit pas parfaitement convaincu qu'elles réussissent précisément par les mêmes moyens qui font réussir dans la vie privée; que le courage, l'énergie, l'honnêteté, la prévoyance, le bon sens sont les véritables raisons de la prospérité des empires comme de celle des familles et qu'en un mot la destinée de l'homme, soit comme individu, soit comme nation, est-ce qu'il la veut faire? Je m'arrête ici; permettez, je vous prie, que nous en restions là de cette discussion. Nous sommes séparés par un trop grand espace pour que la discussion puisse être fructueuse. Il y a un monde intellectuel entre votre doctrine et la mienne.”

Alexis de Tocqueville (1805–1859) philosophe politique, homme politique, historien, précurseur de la sociologie et écrivain français

Œuvres complètes, Tocqueville s'oppose au racialisme de Gobineau

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“[…] La génération qui sympathisa avec Mao devint pro-chinoise contre l'impérialisme panrusse, contre ces Moloch qu'étaient les appareils des partis communistes et contre la démission des vieux intellectuels, qui acceptaient l'asservissement culturel comme un acte révolutionnaire. « Aragon, ce vieux gaga », écrivaient les maoïstes de Tel Quel dans leur revue.
Vint l'époque de la Chine et de sa révolution culturelle ; et vint ensuite 68, écrasé par la meule droite-gauche de l'Europe ; vint le temps de Prague envahi par les chars russes, et de la normalisation ; derrière nous, il y avait la faillite de la révolution du sublime Che, et son assassinat, qui ressemble plutôt à celui de Garcia Lorca ou à celui de certains révolutionnaires espagnols qui avaient déplu à Staline. Symbole de la mise à mort de tout rebelle qui échappe aux raisons d'État, y compris à celle de Castro. Je comprends qu'il puisse être stratégiquement commode d'affirmer : « Vingt ans après notre stalinisme, d'autres récidivistes sans cervelle font bouillir la même soupe dans la marmite de Mao. » Je fais mienne la question de Foucault sur la rébellion des Iraniens contre le Shah et à mon tour je demande : « Ils n'auraient donc pas dû se rebeller contre la colonisation moscovite, ces crève-la-faim de Chinois ? ». Je n'ai pas honte de dire qu'à l'époque je me suis trompée, totalement. Mais ma position sur cette époque chinoise est antistratégique, si par stratégie on entend les évaluations des poltitologues et des philosophes qui, alors, s'orientaient dans un sens anti-chinois, sur l'élan d'une bordée idéologique venue de Russie et qui avait des relents de racisme envers les « Jaunes .»”

Maria-Antonietta Macciocchi (1922–2007) femme politique

La femme à la valise

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“En posant la question des intellectuels, Gramsci aborde un problème théorique que le marxisme n'avait jamais soulevé : l'intellectuel est défini comme le « représentant de l'hégémonie », « le fonctionnaire de la superstructure », « le commis du groupe dominant », celui qui assure le consensus idéologique (commandement + hégémonie) de la masse autour du groupe dirigeant, qui sert de charnière entre la superstructure et l'infrastructure. Le rôle que joue l'intellectuel, à un niveau aussi important, peut cependant être modifié dans le sens d'un renversement total, en s'inscrivant dans une configuration historique qui n'est plus traditionnelle, dans laquelle il trouve de quoi établir un nouveau rapport organique avec la classe révolutionnaire montante, le prolétariat, en l'occurrence : l'intellectuel se trouve « organiquement » contraint d'accomplir une gigantesque tâche historique révolutionnaire qui, en raison même de son adhésion, ne peut pas être différée plus longtemps, surtout dans les moments de crise de la superstructure. Le rapprochement que Gramsci opère entre la classe ouvrière et les intellectuels, en tant qu' « intellectuels organiques du prolétariat », constitue une révolution dans la pensée communiste puisqu'il renverse l'orientation que les partis communistes avaient donnée à cet énorme problème.”

Maria-Antonietta Macciocchi (1922–2007) femme politique

Pour Gramsci

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“(…) bien entendu je ne puis placer une confession criminelle sur la table devant vous avec sa propre signature sur le document. Pour en avoir une image précise, vous devez examiner l'activité des maçons durant au moins deux cent ans sous le microscope. Après seulement pourrez-vous confirmer ceci: des maçons de haut-grade ont participé dans le renversement de chaque gouvernement. Ils ont eu la main dans chaque crise financière sévère qui ont conduit l'économie d'un pays au bord de l'abîme. Les maçons occupent les postes les plus importants de la vie économique et intellectuelle d'un pays et rassemblent d'autres maçons après eux. Les homme décisifs qui ont financé la première guerre mondiale contre nous étaient des maçons. La deuxième guerre mondiale trouve à nouveau la maçonnerie mondiale unie contre nous. Dans certains pays anglo-saxons, il est pratiquement impossible d'atteindre une position élevée dans l'industrie ou la politique si vous n'êtes pas maçon. N'y a-t-il pas là suffisamment de preuves (…)?”

Felix Kersten (1898–1960) médecin allemand

(...) of course i can't put the criminal's confession on the table before you with his own signature to it. To get a clear picture you must examine the activities of the Masons in the last two centuries under the microscope. Then you can confirm this: leading Masons had a part in the overthrow of every governement: They had a hand in every severe financial crisis which has brought the economy of a country to the edge of the abyss. Masons occupy the important positions in the economic and intellectual life on a country and draw other Masons after them. The decisive men who waged the First World War against us were Masons. The Second World War again finds World Masonry united against us. In some Anglo-Saxon countries it's quite impossible to achieve any position in industry or politics unless you're a Mason. Arent't these proofs enough (...)?
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“L'idée qu'on puisse enseigner sans difficulté tient à une représentation éthérée de l'élève. La sagesse pédagogique devrait nous représente le cancre comme l'élève le plus normal qui soit : celui qui justifie pleinement la fonction de professeur puisque nous avons tout à lui apprendre, à commencer par la nécessité même d'apprendre! Or, il n'en est rien. Depuis la nuit des temps scolaires l'élève considéré comme normal est l'élève qui oppose le moins de résistance à l'enseignement, celui qui ne douterait pas de notre savoir et ne mettrait pas notre compétence à l'épreuve, un élève acquis d'avance, doué d'une compréhension immédiate, qui nous épargnerait la recherche des voies d'accès à sa comprenette, un élève naturellement habité par la nécessité d'apprendre, qui cesserait d'être un gosse turbulent ou un adolescent à problèmes pendant notre heure de cours, un élève convainc dès le berceau qu'il faut juguler ses appétits et ses émotions par l'exercice de sa raison si on ne veut pas vivre dans une jungle de prédateurs, un élève assuré que la vie intellectuelle est une source de plaisirs qu'on peut varier à l'infini, raffiner à l'extrême, quand la plupart de nos autres plaisirs sont voués à la monotonie de la répétition ou à l'usure du corps, bref un élève qui aurait compris que le savoir est la seule solution : solution à l'esclavage où nous maintiendrait l'ignorance et consolation unique à notre ontologique solitude. (p. 268-269)”

Chagrin d'école

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“Il faudrait pouvoir restituer au mot « philosophie » sa signification originelle : la philosophie — l'« amour de la sagesse » — est la science de tous les principes fondamentaux; cette science opère avec l'intuition, qui « perçoit », et non avec la seule raison, qui « conclut ». Subjectivement parlant, l'essence de la philosophie est la certitude; pour les modernes au contraire, l'essence de la philosophie est le doute : le philosophe est censé raisonner sans aucune prémisse (voraussetzungsloses Denken), comme si cette condition n'était pas elle-même une idée préconçue; c'est la contradiction classique de tout relativisme. On doute de tout, sauf du doute(1).

La solution du problème de la connaissance — si problème il y a — ne saurait être ce suicide intellectuel qu'est la promotion du doute; c'est au contraire le recours à une source de certitude qui transcende le mécanisme mental, et cette source — la seule qui soit — est le pur Intellect, ou l'Intelligence en soi. Le soi-disant « siècle des lumières » n'en soupçonnait pas l'existence; tout ce que l'Intellect pouvait offrir — de Pythagore jusqu'aux scolastiques — n'était pour les encyclopédistes que dogmatisme naïf, voire « obscurantisme ». Fort paradoxalement, le culte de la raison a fini dans cet infra-rationalisme — ou dans cet « ésotérisme de la sottise » — qu'est l'existentialisme sous toutes ses formes; c'est remplacer illusoirement l'intelligence par de l'« existence ».

D'aucuns ont cru pouvoir remplacer la prémisse de la pensée par cet élément arbitraire, empirique et tout subjectif qu'est la « personnalité » du penseur, ce qui est la destruction même de la notion de vérité; autant renoncer à toute philosophie. Plus la pensée veut être « concrète », et plus elle est perverse; cela a commencé avec l'empirisme, premier pas vers le démantèlement de l'esprit; on cherche l'originalité, et périsse la vérité(2).
(…)
!
Somme toute, la philosophie moderne est la codification d'une infirmité acquise; l'atrophie intellectuelle de l'homme marqué par la « chute » avait pour conséquence une hypertrophie de l'intelligence pratique, d'où en fin de compte l'explosion des sciences physiques et l'apparition de pseudo-sciences telles que la psychologie et la sociologie.”

The Transfiguration of Man

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“[…] l’esprit occidental est presque entièrement d’essence chrétienne dans tout ce qu’il a de positif. Il n’est pas au pouvoir des hommes de se défaire, par leurs propres moyens, c’est-à-dire par de simples idéologies, d’une si profonde hérédité; leurs intelligences s’exercent selon des habitudes séculaires, même lorsqu’elles inventent des erreurs. On ne peut faire abstraction de cette formation intellectuelle et mentale, si diminuée soit-elle (1); s’il en est ainsi, et si le point de vue traditionnel subsiste inconsciemment même chez ceux qui estiment ne plus devoir se réclamer d’aucune tradition, ou chez ceux qui, par simple souci d’impartialité, veulent se placer en dehors du point de vue chrétien ou juif, comment pourrait-on supposer que les éléments constitutifs d’une autre tradition puissent être interprétés dans leur véritable sens? N’est-il pas frappant que les opinions courantes sur l’Islam par exemple, soient à peu près identiques chez la majorité des Occidentaux, qu’ils se disent chrétiens ou qu’ils se flattent de ne plus l’être? Les réserves qu’ils formulent à l’égard de l’Islam, — pour ne rien dire des cas d’ignorance pure et simple ou d’une hostilité franchement moderniste, — proviennent généralement beaucoup moins d’une juste appréciation des choses, qu’elles ne sont le fait d’une hérédité mentale et psychique, qui subsiste dans la pensée occidentale et qui souvent n’y est plus autre chose que le résidu de la vraie spiritualité chrétienne."
1. Les erreurs philosophiques elles-mêmes ne seraient pas concevables, si elles ne représentaient la négation de certaines vérités, et si ces négations n’étaient des réactions directes ou indirectes contre certaines limitations formelles de la tradition; on voit par là qu’aucune erreur, philosophique ou religieuse, ne peut prétendre à une parfaite indépendance et autonomie vis-à-vis de la tradition ou de la conception traditionnelle qu’elle rejette ou qu’elle défigure.

"Christianisme et Islam", in Etudes Traditionnelles numéro spécial Tradition islamique, 1934.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse
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“Toutefois, cette participation du peuple, c'est-à-dire d'hommes représentant la moyenne de la collectivité, à la spiritualité de l'élite ne s'explique pas uniquement par des raisons d'opportunité, mais aussi, et surtout, par la loi de polarité ou de compensation suivant laquelle « les extrêmes se touchent. », et c'est pour cela que « la voix du peuple est la Voix de Dieu » (Vox populi, Vox Dei); nous voulons dire que le peuple est, en tant que porteur passif et inconscient des symboles, comme la périphérie ou le reflet passif ou féminin de l'élite qui, elle, possède et transmet les symboles en mode actif et conscient. C'est là ce qui explique aussi l'affinité curieuse et apparemment paradoxale qui existe entre le peuple et l'élite; par exemple, le Taoïsme est ésotérique et populaire à la fois, tandis que le Confucianisme est exotérique et plus ou moins aristocratique et lettré; ou bien, pour prendre un autre exemple, les confréries soufiques ont toujours eu, à coté de leur aspect d'élite, un aspect populaire en quelque sorte corrélatif; cela parce que le peuple n'a pas seulement un aspect périphérique, mais aussi un aspect de totalité, et celle-ci correspond analogiquement au centre. On peut dire que les fonctions intellectuelles du peuple sont l'artisanat et le folklore, le premier représentant la méthode ou la réalisation et le second la doctrine; le peuple reflète ainsi passivement et collectivement la fonction essentielle de l'élite, à savoir la transmission de l'aspect proprement intellectuel de la tradition, aspect dont le vêtement sera le symbolisme sous toutes ses formes.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse
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“On nous dira sans doute que la réalité d'un Dieu créateur n'a pas été démontrée; mais, outre qu'il n'est pas difficile de démontrer cette réalité avec des arguments proportionnés à sa nature, – mais inaccessible pour cette raison même à certains esprits, – le moins qu'on puisse dire est que l'évolution n'a jamais été démontrée par qui que ce soit, et pour cause; on admet l'évolution transformante à titre de postulat utile et provisoire, comme on admettra n'importe quoi, pourvu qu'on ne se sente pas obligé d'admettre la primauté de l'Immatériel, puisque celui-ci échappe au contrôle de nos sens. Quand on part de la constatation de ce mystère immédiatement tangible qu'est la subjectivité ou l'intelligence, il est pourtant facile de concevoir que l'origine de l'Univers est, non la matière inerte et inconsciente mais une Substance spirituelle qui, de coagulation en coagulation et de segmentation en segmentation, – et autres projection à la fois manifestantes et limitatives, – produit en fin de compte la matière en la faisant émerger d'une substance plus subtile, mais déjà éloignée de la Substance principielle. On nous objectera qu'il n'y a là aucune preuve, à quoi nous répondons – outre que le phénomène de la subjectivité comporte précisément cette preuve, abstraction faite d'autres preuves intellectuelles possibles, mais dont l'Intellection n'a nul besoin, – à quoi nous répondons donc qu'il y a infiniment moins de preuve à cette absurdité inconcevable qu'est l'évolutionnisme, lequel fait sortir le miracle de la conscience d'un tas de terre ou de cailloux, métaphoriquement parlant.

[…] L'intelligence séparée de sa source supra-individuelle s'accompagne ipso facto de ce manque de sens des proportions qu'on appelle l'orgueil; inversement, l'orgueil empêche l'intelligence devenue rationalisme de remonter à sa source; il ne peut que nier l'Esprit et le remplacer par la matière; c'est de celle-ci qu'il fait jaillir la conscience, dans la mesure où il ne peut la nier en la réduisant -- et les essais ne manquent pas -- à une sorte de matière particulièrement raffinée ou ""évoluée""(1).(…)

(1) Que l'on parle d' ""énergie"" plutôt que de ""matière"" -- et autres subtilités de ce genre -- ne change rien au fond du problème et ne fait que reculer les limites de la difficulté. Notons qu'un soi-disant ""sociobiologiste""-- ce mot est tout un programme -- a poussé l'ingéniosité jusqu'à remplacer la matière par des ""gênes"" dont l'égoïsme aveugle, combiné avec un instinct de fournis ou d'abeilles, aurait fini par constituer non seulement les corps mais aussi la conscience et en fin de compte l'intelligence humaine, miraculeusement capable de disserter sur les gênes qui se sont amusés à la produire. »”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

From The Divine To The Human: Survey Of Metaphysics And Epistemology

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“Dans ce monde d’absurde relativisme où nous vivons, qui dit « notre temps » croit avoir tout dit; identifier des phénomènes quelconques avec un « autre temps », ou qui plus est, un « temps révolu », c’est les liquider; et notons le sadisme hypocrite que recouvrent des mots comme « révolu », « suranné » ou « irréversible », lesquels remplacent la pensée par une sorte de suggestion imaginative, une « musique de préjugé » pourrions-nous dire. On constate par exemple que telle pratique liturgique ou cérémonielle offense les goûts scientistes ou démagogi­ques de notre époque, et on est tout heureux de se rappeler que l’usage en question date du Moyen Âge, voire de « By­zance », ce qui permet de conclure sans autre forme de procès qu’il n’a plus droit à l’existence; on oublie totalement la seule question qui ait à se poser, à savoir pourquoi les Byzantins ont pratiqué telle chose; il se trouve que ce pourquoi se situe le plus souvent en dehors du temps, qu’il a une raison d’être qui relève de facteurs intemporels. S’identifier soi-même avec un « temps » et enlever par là aux choses toute valeur intrinsèque ou presque, est une attitude toute nouvelle, que l’on projette arbitrairement dans ce que nous appelons rétrospectivement le « passé »; en réalité, nos ancêtres ne vivaient pas dans un temps, subjectivement et intellectuellement parlant, mais dans un « espace », c’est-à- dire dans un monde de valeurs stables où le flux de la durée n’était pour ainsi dire qu’accidentel; ils avaient un merveilleux sens de l’absolu dans les choses, et de l’enracinement des choses dans l’absolu.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

Light on the Ancient Worlds

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“Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante: Comment éviter leur réalisation définitive? … Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivèe rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique, moins “parfaite” et plus libre. —NICOLAS BERDIAEFF”

Brave New World
Variante: Les utopies apparaissent comme bien plus réalisables qu’on ne le croyait autrefois. Et nous nous trouvons actuellement devant une question bien autrement angoissante: Comment éviter leur realisation définitive?. . . Les utopies sont réalisables. La vie marche vers les utopies. Et peut-être un siècle nouveau commence-t-il, un siècle où les intellectuels et la classe cultivée rêveront aux moyens d’éviter les utopies et de retourner à une société non utopique, moins “parfaite” et plus libre.

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“Il y a un moment où il faut sortir les couteaux.
C’est juste un fait. Purement technique.
Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez-vous à sa place.
Ce n’est pas son chemin.
Le lui expliquer est sans utilité.
L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. C’est dans la définition de l’oppression.
En particulier les « plaintes » de l’opprimé sont sans effet, car naturelles. Pour l’oppresseur il n’y a pas d’oppression, forcément, mais un fait de nature.
Aussi est-il vain de se poser comme victime : on ne fait par là qu’entériner un fait de nature, que s’inscrire dans le décor planté par l’oppresseur.
L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux.
Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir-travail. Etc. Allez donc causer sur ces bases.
C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est en gros : mais de quoi diable se plaint-il? Tout ça, c’est épatant.
Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.
Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible.
Peu importent le caractère, la personnalité, les mobiles actuels de l’opprimé.
C’est le premier pas réel hors du cercle.
C’est nécessaire.”

Christiane Rochefort (1917–1998) écrivain française
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“Les « preuves » philosophiques, ou plus particulièrement celles qui sont censées se prouver elles-mêmes en objectivant illusoirement le « point de départ » ou la « présupposition initiale », ne prouvent qu’une chose, à savoir la fausseté radicale du point de vue dont elles dérivent; cette tentative de la pensée formelle et finie de saisir, par ses propres moyens, sa racine transcendante, donc supra-formelle et infinie, est aussi absurde que serait l’essai d’un œil de se voir lui-même; dans les deux cas, il y a contradiction foncière. Les « théoriciens de la connaissance » sont évidemment les premiers à affirmer que la sagesse traditionnelle n’est pas arrivée à « résoudre » les « grands problèmes » de l’« esprit humain »; en réalité, il n’y a pas de problèmes pour elle et elle n’a donc jamais eu à en résoudre; son rôle consiste, sur le plan doctrinal tout au moins, à exprimer des vérités, et non pas à répondre arbitrairement à des questions mal posées. Au demeurant, rien n’est plus commode ni plus consolant, lorsqu’on se trouve dans un cercle vicieux, que de prétendre, soit que les autres s’y trouvent également, soit qu’ils sont incapables de s’y trouver; d’aucuns iront même jusqu’à rejeter la responsabilité de leur impuissance sur l’intelligence même, et l’aboutissement d’une telle attitude sera cette philosophie grossièrement imaginative, prétendument « concrète » et souvent effrontément « lyrique » dans laquelle nombre de « penseurs » croient découvrir des consonances « archaïques » autant que du génie; c’est la faiblesse intellectuelle qui, conformément d’ailleurs aux tendances générales de notre époque, se pose en art et en mystique.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse
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“Ce sont les sophistes, Protagoras en tête, qui sont les véritables précurseurs de la pensée moderne; ce sont eux les « penseurs » proprement dits, en ce sens qu'ils se bornaient à ratiociner et ne se souciaient guère de « percevoir » et de rendre compte de ce qui « est ». Et c'est à tort qu'on a vu en Socrate, Platon et Aristote les pères du rationalisme, voire de la pensée moderne en général; sans doute, ils raisonnent — Shankara et Râmânuja en font autant — mais ils n'ont jamais dit que le raisonnement est l'alpha et l'oméga de l'intelligence et de la vérité, ni a fortiori que nos expériences ou nos goûts déterminent la pensée et priment l'intuition intellectuelle et la logique, quod absit.
Somme toute, la philosophie moderne est la codification d'une infirmité acquise; l'atrophie intellectuelle de l'homme marqué par la « chute » avait pour conséquence une hypertrophie de l'intelligence pratique, d'où en fin de compte l'explosion des sciences physiques et l'apparition de pseudo-sciences telles que la psychologie et la sociologie (1).
Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que le rationalisme bénéficie de circonstances atténuantes en face de la religion, dans la mesure où il se fait le porte-parole des besoins de causalité légitimes que suscitent certains dogmes, du moins quand on les prend à la lettre comme l'exige la théologie (2). D'une manière tout à fait générale, il va de soi qu'un rationaliste peut avoir raison sur le plan des observations et des expériences; l'homme n'est pas un système clos, bien qu'il puisse s'efforcer de l'être. Mais même en dehors de toute question de rationalisme et de dogmatisme, on ne peut en vouloir à personne d'être scandalisé par les sottises et les crimes perpétrés au nom de la religion, ou même simplement par les antinomies entre les différents credos; toutefois, comme les horreurs ne sont certes pas l'apanage de la religion — les prédicateurs de la « déesse raison » en fournissent la preuve —, il faut nous arrêter à la constatation que les excès et les abus sont dans la nature humaine. S'il est absurde et choquant que des crimes se réclament du Saint-Esprit, il n'est pas moins illogique et scandaleux qu'ils aient lieu à l'ombre d'un idéal de rationalité et de justice. […]”

The Transfiguration of Man

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“Mais la question ne se réduit pas seulement à l'ennui que procure cette gent écrivassière; il faut aussi souligner sa nocivité, car la « stupidité intelligente », surtout dans l'Italie actuelle, est remarquablement organisée. C'est une sorte de franc-maçonnerie implantée dans différents milieux et qui détient pratiquement toutes les positions-clés de l'édition, lorsque celles-ci ne sont pas déjà tenues et contrôlées par des éléments de gauche. Ses représentants possèdent un flair très développé pour reconnaître immédiatement ceux qui ont une nature différente et pour les frapper d'ostracisme. Nous donnerons à ce sujet un exemple banal mais significatif II existe en Italie un groupe d'intellectuels rassemblés autour d'une revue assez largement diffusée et bien faite, qui se voudrait anticonformiste et qui critique volontiers le régime politique et les moeurs d'aujourd'hui. Mais cette revue s'est bien gardée de contacter les rares auteurs qui pourraient lui donner, si elle voulait faire un travail sérieux, une base positive en matière de principes et de vision traditionnelle du monde. Ces auteurs ne sont pas seulement ignorés, ils sont aussi rejetés, exactement comme fait la presse de gauche, précisément parce qu'on sent que ce sont des hommes d'une autre trempe. Cela montre clairement que ce brillant anticonformisme n'est qu'un moyen pour se faire remarquer et pour parader, tout restant sur le plan du dilettantisme. Au demeurant, le fondateur de la revue en question, mort il y a quelques années, n'hésita pas à dire un jour que si un régime différent existait aujourd'hui, il changerait probablement de camp, de façon à être toujours dans l'« opposition» - le but, évidemment, étant de « briller » et d'étaler son « intelligence ».”

Julius Evola (1898–1974) philosophe italien

L'arco e la clava

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“Le rapport d’analogie entre les intellections et les formes matérielles explique comment l’ésotérisme a pu se greffer sur l’exercice des métiers, et notamment sur l’art architectural; les cathédrales que les initiés chrétiens ont laissées derrière eux apportent le témoignage le plus explicite et aussi le plus éclatant de l’élévation spirituelle du moyen âge (2). Nous touchons ici à un aspect fort important de la question qui nous préoccupe : l’action de l’ésotérisme sur l’exotérisme moyennant les formes sensibles dont la production est précisément l’apanage de l’initiation artisanale; par ces formes, véritables véhicules de la doctrine traditionnelle intégrale, et qui grâce à leur symbolisme transmettent cette doctrine en un langage immédiat et universel, l’ésotérisme infuse à la portion proprement religieuse de la tradition une qualité intellectuelle et par là un équilibre dont l’absence entraînerait finalement la dissolution de toute la civilisation, comme cela s’est produit dans le monde chrétien. L’abandon de l’art sacré enleva à l’ésotérisme son moyen d’action le plus direct; la tradition extérieure insista de plus en plus sur ce qu’elle a de particulier, donc de limitatif; enfin, l’absence du courant d’universalité qui, lui, avait vivifié et stabilisé la civilisation religieuse par le langage des formes, occasionna des réactions en sens inverse; c’est-à-dire que les limitations formelles, au lieu d’être compensées, et par là stabilisées, par les interférences supra-formelles de l’ésotérisme, suscitèrent, par leur « opacité » ou « massivité » même, des négations pour ainsi dire infra-formelles, puisque venant de l’arbitraire individuel, et celui-ci, loin d’être une forme de la vérité, n’est qu’un chaos informe d’opinions et de fantaisies.

(2) Devant une cathédrale, on se sent réellement situé au centre du monde; devant une église en style Renaissance, baroque ou rococo, on ne se sent qu’en Europe”

The Transcendent Unity of Religions

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