Citations sur dos

Une collection de citations sur le thème de dos, tout, pluie, bien-être.

Citations sur dos

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“Il n'y a pas de vraie façon pour les femmes de vraiment en apprendre au sujet du sexe dans notre culture. …Il y a des articles au sujet du sexe dans les magazines pour femmes, mais ce n'est pas le genre de renseignements que je cherche. Il y avait un article dans Cosmopolitan au sujet de comment paraître son mieux au lit avec son amant. C'était des astuces comme si tu mets ton bras sous les seins, ils sont plus hauts… ou si tu te couches sur le dos, tu auras le ventre plat, ou si vous faites du sexe anal, il ne voit pas ta cellulite. C'est con! Parce que je deviens si laide quand je baise, et je m'en fous, et si ça t'importe de quoi j'ai l'air quand tu me baises, tu devrais pas être en train de me baiser de toute façon!”

Margaret Cho (1968) actrice américaine

There's no real way for women to really learn about sex in our culture... There are articles about sex in women's magazines, but that's not the kind of information I'm after. There was this article in Cosmopolitan about How To Look Good In Bed with your lover. It was these tips like, if you put your arm under your breasts they're higher... or if you're laying on your back, your stomach is flat, or if you're having anal sex, he can't see your cellulite! That is wrong, because I get so ugly when I fuck and I don't care. And if you care what I look like when you're fucking me, you shouldn't be fucking me in the first place!!
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Notorious C.H.O.

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“Un homme arpentait fiévreusement cette pièce spartiate, les mains derrière le dos, les yeux baissés, la tête projetée en avant, comme prête à charger. L'homme ressemblait à Ben Gourion comme deux gouttes d'eau, mais ce ne pouvait pas être lui : dès le jardin d'enfant, tout le monde en Israël savait de quoi il avait l'air et aurait pu le reconnaître les yeux fermés. Mais comme il n'y avait pas encore la télévision, il me paraissait évident que le Père de la Nation était un géant dont la tête atteignait les nuages, tandis que cet imposteur était coutaud et rondouillard - on aurait dit une femme enceinte - de moins d'un mètre soixante.

J'étais stupéfait. Presque vexé.

Pourtant, pendant les deux ou trois minutes de silence qui me parurent une éternité, le dos toujours contre la porte, je dévisageais ce curieux petit bonhomme magnétique, puissamment charpenté, tenant à la fois du patriarche montagnard coriace et du vieux nain énergique, faisant nerveusement les cent pas, les mains croisées dans le dos, sa grosse tête en avant comme s'il se préparait à enfoncer une muraille d'un coup de bélier, perdu dans ses pensées, très loin, ne prenant même pas la peine de signaler qu'il savait que quelqu'un, quelque chose, un infime grain de poussière, avait atterri dans son bureau. David Ben Gourion avait soixante-quinze ans à cette époque, et moi, une vingtaine d'années.”

Amos Oz (1939–2018) poète, romancier et essayiste israélien

Une histoire d'amour et de ténèbres , 2002

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“Qui ne tourne pas le dos au monde actuel se déshonore.”

Nicolás Gómez Dávila (1913–1994)

Les Horreurs de la démocratie

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“Tout allait de travers. Les gens s’accrochaient aveuglément à la première bouée de sauvetage venue : le communisme, la diététique, le zen, le surf, la danse classique, l’hypnotisme, la dynamique de groupe, les orgies, le vélo, l’herbe, le catholicisme, les haltères, les voyages, le retrait intérieur, la cuisine végétarienne, l’Inde, la peinture, l’écriture, la sculpture, la musique, la profession de chef d’orchestre, les balades sac à dos, le yoga, la copulation, le jeu, l’alcool, zoner, les yaourts surgelés, Beethoven, Bach, Bouddha, le Christ, le H, le jus de carotte, le suicide, les costumes sur mesure, les voyages en avion, New York City, et soudain, tout se cassait la gueule, tout partait en fumée. Il fallait bien que les gens trouvent quelque chose à faire en attendant de mourir. Pour ma part, je trouvais plutôt sympa qu’on ait le choix.”

en
Nothing was ever in tune. People just blindly grabbed at whatever there was: communism, health foods, zen, surfing, ballet, hypnotism, group encounters, orgies, biking, herbs, Catholicism, weight-lifting, travel, withdrawal, vegetarianism, India, painting, writing, sculpting, composing, conducting, backpacking, yoga, copulating, gambling, drinking, hanging around, frozen yogurt, Beethoven, Back, Buddha, Christ, TM, H, carrot juice, suicide, handmade suits, jet travel, New York City, and then it all evaporated and fell apart. People had to find things to do while waiting to die. I guess it was nice to have a choice.
Women, 1978

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“Les avocats sont des puces sur le dos de la nature humaine.”

Stephen King (1947) écrivain américain

, 2010

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“Il y a alerte mes amis! N’écoutez plus les bonimenteurs! Regardez de près ce qui va vous arrivez si vous ne faites pas le choix qu'on tourne la page de cette période épouvantable où on a cru qu'en compressant les salaires et en poussant sans arrêt les gens dans le dos en leur tordant les bras, on ferait décoller magiquement l'économie et la production. C'est tout le contraire qu'il s'est produit, ça fait 20 ans que ça dure! Est-ce que c'est pas le moment d'arrêter ça? Est-ce que c'est pas le moment de dire que le problème c'est celui de ceux qui se gavent? Ce n'est pas le problème de l'immigré, ce n'est pas le problème de celui qui n'a pas votre religion! Le problème, c'est le banquier! Le problème, c'est Mulliez! Voilà le problème! Il a un nom, il a une adresse! On peut changer tant et tant de choses et en particulier ces salariés, ces ouvriers, ces employés à tout les niveaux, au bureau et à l'atelier. Nous allons avoir un besoin immense de mobilisation de tout le monde, parce que nous allons faire changer de haut en bas toutes nos manières de produire pour faire la grande transition écologique dont l'humanité a besoin! Pas seulement vous, sur vos postes de travail, pour cesser d'absorber des produits nocifs, pas seulement les français, parce que nous nous occupons de notre pays, mais l’humanité toute entière a besoin que les pays les plus avancés, où le niveau de culture et d'éducation est le plus élevé, ceux là montre l'exemple, marchent les premiers!”

Jean-Luc Mélenchon (1951) personnalité politique française

Discours, Campagne présidentielle de 2017

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“Je suis de ceux qui préfèrent continuer à se laisser flotter sur le dos les yeux tournés vers le ciel.”

Etty Hillesum (1914–1943)

Une vie bouleversée, Journal 1941-1943

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“La fortune se lasse de porter toujours un même homme sur son dos.”

Baltasar Gracián (1601–1658) écrivain et philosophe jésuite espagnol.

L'Homme de cour, 1647

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“Un type qu'on abat de face n'est pas plus mort qu'un type qu'on abat dans le dos.”

Daniel Woodrell (1953) écrivain américain

Chevauchée avec le diable, 1987

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“Si vous avez envie de vous foutre les jeunes à dos, racontez-leur comment c'était « avant.»”

Ken Bruen (1951) écrivain irlandais

Brooklyn Requiem, 2010

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“Les yeux ouverts, les yeux fermés, je vois, je sais. A l'heure où le désir s'échappe comme d'un loup qui couvre mon visage, cette femme nue au coin du bois anonyme et violée et précise et familière, est-ce celle sublimée et subtile qui s'avance et grandit et me choisit et me livre et me délivre dans la lumière oblique de ce qui est plus que ma vie? Elle se détache et se confond avec celle qui habite entre mes bras. La meilleure. La révélée. La femme est flamme. Elle est nue comme une amande. Il y a des champs d'ivoire dans l'amour. Elle est chaste comme je suis chaste : un scandale d'innocence. C'est toujours l'âge du premier amour. Et voici que je tremble. Tout est chair. Sexe de l'iode, des lèvres, des sacs à fermoir, des rives, des rivages de ce lac calme où nous prenons dimensions. Si j'ouvre les yeux, je suis nageur qui fait provision d'oxygène pour mieux plonger dans le délire. Je me rassure, j'étais seul. Soudain, je suis tous. Je dois fonder quelque ville, quelque part. Puis la respiration devient broussaille. Je rejoins le réel, l'imaginaire, la mort attelée dans le dos.”

Jean Malrieu (1915–1976) poète français

Réponse de Jean Malrieu à l'interrogation suivante : Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ? Justifient-elles un jugement de valeur ? Sont-elles spontanées ou volontaires ? se succèdent-elles dans un ordre fixe ? Lequel ? — Il est clairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste La Brèche en décembre 1964. [Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques, Jean Malrieu, La Brèche, 7, Décembre 1964, 92]
Presse, Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques, 1964

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“La crème revient à chaque instant dans ma description, mais que faire? L'homme aux tartes en mettait partout, et sur la table pillée, plus tard, ce qui restait dans les cuillers, entre les dents des fourchettes, au creux des assiettes vides, sur les rondelles de papier d'apparat et sur le dos même du meuble, qu'était-ce encore sinon cette matière persistante, onctueuse comme de la vaseline, chargée d'empreintes de doigts, répandue en bavures, en filets, en flaques, en étoiles, amalgamée aussi avec des sédiments de miettes pas moins bariolés que les nappes de confetti qui descendent les ruisseaux et que l'on voit obstruer souvent une bouche d'égout dans le temps du carnaval? À ce moment, l'état de Marie Mors valait celui de la table, et nue, sauf quelques linges gras, elle me fit plus d'une fois penser à un garde-chasse préparé au miel et au lard pour être introduit dans un nid de grandes fourmis des pins. Je fermais les yeux sur cette évocation d'un plaisir de braconniers. Quand je les ouvrais de nouveau, je trouvais Marie Mors roulée comme un cigare dans un peignoir d'éponge tabac, sur le moelleux appui d'un divan de peluche verte toujours regardé en étranger dans ma chambre entre le lit, la commode et les deux armoires de bois rouge, le plancher ciré, le plafond de poutres vernies et les quatre murs recouverts d'un papier imitant à s'y méprendre les veines du bois blanc autour de quelques gravures très noires dans leurs cadres d'acajou.”

André Pieyre de Mandiargues (1909–1991) écrivain français

Recueil de nouvelles, Soleil des loups, 1951, L’Étudiante

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“Pour se retrouver lui-même, il lui suffisait de revenir s'accouder aux marbres des cafés dont on suit d'un œil idiot les veines jolîment entrelacées. Là, les mots entendus prennent des inflexions subites et on lit par désœuvrement les inscriptions de porcelaine des vitres qui tournent le dos.”

Louis Aragon (1897–1982) poète et romancier français

Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton. Elle expose les propos critiques de Louis Aragon dans une rubrique qu'il lui avait été attribuée dans ce numéro. Il avait choisi notamment de commenter le recueil Rose des Vents de Philippe Soupault dont il est question ici.
Littérature n°8, 1919 (critique)

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“La nature, cet éléphant décati et muet qui nous porte patiemment sur son dos.”

Imre Kertész (1929–2016) écrivain hongrois

Journal de galère , Hongrie 1992, France 2010

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“Ça va changer quoi? Quelle plaie cautériser, quelle fracture rebouter?… Au fond de moi, je ne suis même pas sûr de vouloir remonter jusqu’à la racine de mon malheur. Certes, je n’ai pas peur d’en découdre, mais comment croiser le fer avec des fantômes. Ça crève les yeux que je ne fais pas le poids. Je ne connais rien aux gourous ni à leurs sbires. Toute ma vie, j’ai tourné opiniâtrement le dos aux diatribes des uns et aux agissements des autres, cramponné à mes ambitions tel un jockey à sa monture. J’ai renoncé à ma tribu, accepté de me séparer de ma mère, consenti concession sur concession pour ne me consacrer qu’à ma carrière de chirurgien; 'je n’avais pas le temps de m’intéresser aux traumatismes qui sapent les appels à la réconciliation de deux peuples élus qui ont choisi de faire la terre bénie de Dieu un champ d’horreur et de colère'. Je ne me souviens pas d’avoir applaudi le combat des uns ou condamné celui des autres, leur trouvant à tous une attitude déraisonnable et navrante. Jamais je ne me suis senti impliqué, de quelque manière que ce soit, dans le conflit sanglant qui ne fait, en vérité, qu’opposer à huis clos les souffre-douleur aux boucs émissaires d’une Histoire scélérate toujours prête à récidiver. J’ai connu tant d’hostilités méprisables que le seul moyen de ne pas ressembler à ceux qui étaient derrière est de ne pas les pratiquer à mon tour. Entre tendre l’autre joue et rendre les coups, j’ai choisi de soulager les patients. J’exerce le plus noble métier des hommes et pour rien au monde je ne voudrais compromettre la fierté qu’il m’insuffle.”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

L’Attentat, 2005

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“Quand Marco passait, tous les jeunes hommes Se penchaient pour voir ses yeux, des Sodomes Où les feux d'Amour brûlaient sans pitié Ta pauvre cahute, ô froide Amitié; Tout autour dansaient des parfums mystiques Où l'âme, en pleurant, s'anéantissait. Sur ses cheveux roux un charme glissait; Sa robe rendait d'étranges musiques Quand Marco passait. Quand Marco chantait, ses mains, sur l'ivoire, Évoquaient souvent la profondeur noire Des airs primitifs que nul n'a redits, Et sa voix montait dans les paradis De la symphonie immense des rêves, Et l'enthousiasme alors transportait Vers des cieux connus quiconque écoutait Ce timbre d'argent qui vibrait sans trèves, Quand Marco chantait. Quand Marco pleurait, ses terribles larmes Défiaient l'éclat des plus belles armes; Ses lèvres de sang fonçaient leur carmin Et son désespoir n'avait rien d'humain; Pareil au foyer que l'huile exaspère, Son courroux croissait, rouge, et l'on aurait Dit d'une lionne à l'âpre forêt Communiquant sa terrible colère, Quand Marco pleurait. Quand Marco dansait, sa jupe moirée Allait et venait comme une marée, Et, tel qu'un bambou flexible, son flanc Se tordait, faisant saillir son sein blanc; Un éclair partait. Sa jambe de marbre, Emphatiquement cynique, haussait Ses mates splendeurs, et cela faisait Le bruit du vent de la nuit dans un arbre, Quand Marco dansait. Quand Marco dormait, oh! quels parfums d'ambre Et de chair mêlés opprimaient la chambre! Sous les draps la ligne exquise du dos Ondulait, et dans l'ombre des rideaux L'haleine montait, rhythmique et légère; Un sommeil heureux et calme fermait Ses yeux, et ce doux mystère charmait Les vagues objets parmi l'étagère, Quand Marco dormait. Mais quand elle aimait, des flots de luxure Débordaient, ainsi que d'une blessure Sort un sang vermeil qui fume et qui bout, De ce corps cruel que son crime absout: Le torrent rompait les digues de l'âme, Noyait la pensée, et bouleversait Tout sur son passage, et rebondissait Souple et dévorant comme de la flamme, Et puis se glaçait.”

Oeuvres complètes de Paul Verlaine, Vol. 1 Poèmes Saturniens, Fêtes Galantes, Bonne chanson, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et naguère

“je lui tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. Elle les accepta et m'annonça, comme en passant :

— Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste.

C'est ainsi que mon martyre commença. Au cours des jours qui suivirent, je mangeai pour Valentine plusieurs poignées de vers de terre, un grand nombre de papillons, un kilo de cerises avec les noyaux, une souris, et, pour finir, je peux dire qu'à neuf ans, c'est-à-dire bien plus jeune que Casanova, je pris place parmi les plus grands amants de tous les temps, en accomplissant une prouesse amoureuse que personne, à ma connaissance, n'est jamais venu égaler. Je mangeai pour ma bien-aimée un soulier en caoutchouc.

Ici, je dois ouvrir une parenthèse.

Je sais bien que, lorsqu'il s'agit de leurs exploits amoureux, les hommes ne sont que trop portés à la vantardise. A les entendre, leurs prouesses viriles ne connaissent pas de limite, et ils ne vous font grâce d'aucun détail.

Je ne demande donc à personne de me croire lorsque j'affirme que, pour ma bien-aimée, je consommai encore un éventail japonais, dix mètres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises — Valentine me mâchait, pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me tendant les noyaux — et trois poissons rouges, que nous étions allés pêcher dans l'aquarium de son professeur de musique.

Dieu sait ce que les femmes m'ont fait avaler dans ma vie, mais je n'ai jamais connu une nature aussi insatiable. C'était une Messaline doublée d'une Théodora de Byzance. Après cette expérience, on peut dire que je connaissais tout de l'amour. Mon éducation était faite. Je n'ai fait, depuis, que continuer sur ma lancée.

Mon adorable Messaline n'avait que huit ans, mais son exigence physique dépassait tout ce qu'il me fut donné de connaître au cours de mon existence. Elle courait devant moi, dans la cour, me désignait du doigt tantôt un tas de feuilles, tantôt du sable, ou un vieux bouchon, et je m'exécutais sans murmurer. Encore bougrement heureux d'avoir pu être utile. A un moment, elle s'était mise à cueillir un bouquet de marguerites, que je voyais grandir dans sa main avec appréhension — mais je mangeai les marguerites aussi, sous son oeil attentif — elle savait déjà que les hommes essayent toujours de tricher, dans ces jeux-là — où je cherchais en vain une lueur d'admiration. Sans une marque d'estime ou de gratitude, elle repartit en sautillant, pour revenir, au bout d'un moment, avec quelques escargots qu'elle me tendit dans le creux de la main. Je mangeai humblement les escargots, coquille et tout.

A cette époque, on n'apprenait encore rien aux enfants sur le mystère des sexes et j'étais convaincu que c'était ainsi qu'on faisait l'amour. J'avais probablement raison. Le plus triste était que je n'arrivais pas à l'impressionner. J'avais à peine fini les escargots qu'elle m'annonçait négligemment :

— Josek a mangé dix araignées pour moi et il s'est arrêté seulement parce que maman nous a appelés pour le thé.

Je frémis. Pendant que j'avais le dos tourné, elle me trompait avec mon meilleur ami. Mais j'avalai cela aussi. Je commençais à avoir l'habitude.
(La promesse de l'aube, ch. XI)”

Promise at Dawn

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“Les Poets de Sept ans

Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour, il suait d'obéissance; très
Intelligent; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
A l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
A se renfermer dans la fraîcheur des latrines:
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son oeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots!
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait, les tendresses profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment!

A sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rives, savanes! - Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'Oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
-Huit ans -la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons;
- Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou;
Des rêves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
- Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor!

Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulement, déroutes et pitié!
- Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, - seul et couché sur des pièces de toile
Écrue et pressentant violemment la voile!”

Arthur Rimbaud (1854–1891) poète français
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“Quelle chose extraordinaire… La dernière fois qu'elle l'avait vu, avait-il l'air de quelqu'un qui va mourir? Alors lui revint une image, douteuse, incertaine… oui, une image de lui, montant se coucher de bonne heure, pas plus tard que dix heures. Elle avait levé les yeux vers l'escalier, et elle l'avait vu presque en haut, montant, la main sur la rampe; allant au lit si tôt, paraissant, oui, paraissant un peu faible; le dos vouté, le pas lent et fléchissant; la montée un peu laborieuse d'un homme qui vieillit, oui… d'un homme âgé, fragile, une chose un peu inquiétante, un peu émouvante à voir tout à coup. La jeunesse pouvait donc nous quitter, c'était vrai? Il avait été jeune, et il était vieux. Un jour, elle aussi… elle aussi… oui, un moment elle avait pensé cela. Et maintenant il était mort.
Elle se glissa dans la bibliothèque, alluma toutes les lumières, et contempla son portrait. Cette splendide jeunesse avait vécu, avait vieilli, était morte. Il avait donné la vie à une fille, qui regardait cette image et pensait ces choses. Mais les froids portraits tiennent les êtres enfermés à jamais dans l'irréalité : ne pouvant pas mourir, puisqu'ils n'ont pas vécu.
Elle se laissa tomber sur une chaise, ensevelit son visage dans ses mains, cherchant un souvenir qui l'assurât qu'il avait vraiment vécu, et qu'il était vraiment mort. (…)
Elle ne contemplerait plus, sous la lampe, son profil ardent et noble, penché durant des heures sur son travail, en face du buste d'Homère. Parfois, il lui arrivait de lever les yeux et de sourire, comme vaguement satisfait de sa présence. Sa place à son pupitre était vide à jamais, et c'était une chose pathétique, sur laquelle on ne pouvait arrêter sa pensée sans larmes, parce qu'elle le ramenait à la simple humanité.
Cela faisait-il mal de mourir?”

Dusty Answer

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“Porteurs

Notre monde repose sur les épaules de l'autre. Sur des enfants au travail, sur des plantations et des matières premières payées bon marché : des épaules d'inconnus portent notre poids, obèse de disproportion de richesses. Je l'ai vu.
Dans les ascensions qui durent bien des jours vers les camps de base des hautes altitudes, des hommes et aussi des femmes et des enfants portent notre poids dans des hottes tressées. Tables, chaises, vaisselle, tentes, cuisinières, combustibles cordes, matériel d'escalade, nourriture pour plusieurs semaines, en somme un village pour vivre là où il n'y a rien.
Ils portent notre poids pour le prix moyen de trois cents roupies népalaises par jour, moins de quatre euros. Les hottes pèsent quarante kilos, mais certains en portent de plus lourdes. Les étapes sont longues, elles fatiguent le voyageur avec son petit sac à dos et le minimum nécessaire.
Des porteurs de tout notre confort marchent avec des tongs ou bien pieds nus sur des pentes qui manquent d'oxygène, la température baissant. La nuit, ils campent en plein air autour d'un feu, ils font cuire du riz et des légumes cueillis dans les parages, tant que quelque chose sort de terre. Au Népal, la végétation monte jusqu'à trois mille cinq cents mètres.
Nous autres, nous dormons dans une tente avec un repas chaud cuisiné par eux.
Ils portent notre poids et ne perdent pas un gramme. Il ne manque pas un mouchoir au bagage remis en fin d'étape.
Ils ne sont pas plus faits pour l'altitude que nous, la nuit je les entends tousser. Ce sont souvent des paysans des basses vallées de rizières. Nous avançons péniblement en silence, eux ne renoncent pas à se parler, à raconter, tout en marchant.
Nous habillés de couches de technologie légère, aérée, chaude, coupe-vent, et cetera, eux avec des vêtements usés, des pulls en laine archiélimés : ils portent notre poids et sourient cent plus que le plus extraverti de nos joyeux compères.
Ils nous préparent des pâtes avec l'eau de la neige, ils nous ont même apporté des oeufs ici, à cinq mille mètres. Sans eux, nous ne serions ni agiles, ni athlétiques, ni riches. Ils disparaissent en fin de transport, ils se dispersent dans les vallées, juste à temps pour le travail du riz et de l'orge. (p. 11-12)”

Erri De Luca (1950) erri

Sulla traccia di Nives

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“Ça va changer quoi? Quelle plaie cautériser, quelle fracture rebouter?… Au fond de moi, je ne suis même pas sûr de vouloir remonter jusqu’à la racine de mon malheur. Certes, je n’ai pas peur d’en découdre, mais comment croiser le fer avec des fantômes. Ça crève les yeux que je ne fais pas le poids. Je ne connais rien aux gourous ni à leurs sbires. Toute ma vie, j’ai tourné opiniâtrement le dos aux diatribes des uns et aux agissements des autres, cramponné à mes ambitions tel un jockey à sa monture. J’ai renoncé à ma tribu, accepté de me séparer de ma mère, consenti concession sur concession pour ne me consacrer qu’à ma carrière de chirurgien; je n’avais pas le temps de m’intéresser aux traumatismes qui sapent les appels à la réconciliation de deux peuples élus qui ont choisi de faire la terre bénie de Dieu un champ d’horreur et de colère.”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

Je ne me souviens pas d’avoir applaudi le combat des uns ou condamné celui des autres, leur trouvant à tous une attitude déraisonnable et navrante. Jamais je ne me suis senti impliqué, de quelque manière que ce soit, dans le conflit sanglant qui ne fait, en vérité, qu’opposer à huis clos les souffre-douleur aux boucs émissaires d’une Histoire scélérate toujours prête à récidiver. J’ai connu tant d’hostilités méprisables que le seul moyen de ne pas ressembler à ceux qui étaient derrière est de ne pas les pratiquer à mon tour. Entre tendre l’autre joue et rendre les coups, j’ai choisi de soulager les patients. J’exerce le plus noble métier des hommes et pour rien au monde je ne voudrais compromettre la fierté qu’il m’insuffle.
L’Attentat, 2005

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“Au fond, les plus belles arnaques se débouclent en un éclair. Une seconde, vous tapez dans le dos de la victime, et la suivante, vous disparaissez dans la foule avec son pognon.”

Antoine Bello (1970) écrivain franco-américain

Scherbius (et moi), Antoine Bello, Gallimard, Blanche, 2018, 398, 978-2072791673
Scherbius (et moi), 2018