Citations sur corps
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“Bénini, seul
Ô jalousie! tu es à l'âme ce que le poison est au corps.”

Xavier Forneret (1809–1884) écrivain, poète, dramaturge et journaliste français

Il est dans une agitation extrême.
L'Homme Noir (1835)

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“Tous hors du temps et dans l'espace. Sortez du mot-temps « le » pour toujours. Sortez du mot-corps « toi » pour toujours. Il n'y a rien à craindre. Il n'y a aucune chose dans l'espace. Il n'y a pas de mot à craindre. Il n'y a pas de mot dans l'espace.”

"All out of time and into space. Come out of the time-word 'the' forever. Come out of the body word 'thee' forever. There is nothing to fear. There is no thing in space. There is no word to fear. There is no word in space."
en
La Machine molle (1968)

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“Hugo et moi sommes allés dans un autre bordel, où les femmes étaient plus laides que celles du 32, rue Blondel. La pièce était couverte de miroirs. Les femmes se déplaçaient comme un troupeau d'animaux passifs, deux par deux, en se dandinant, sur la musique du phonographe. Je m'étais fait beaucoup d'idées avant de venir. Je n'arrivais pas à croire à la laideur de ces femmes lorsqu'elles sont entrées. Dans mon esprit, la danse de femmes nues était encore un spectacle plein de beauté et de volupté. En voyant tous ces seins tombant avec leurs gros mamelons marron comme du cuir, en voyant ces jambes bleuâtres, ces ventres proéminents, des sourires où il manquait des dents et ces amas de chair brute tournoyant passivement, tels des chevaux de bois sur un manège, j'ai perdu toute sensibilité […]. Les poses monotones se succédaient et, de temps à autre, sans le moindre signe de désir, les femmes s'embrassaient entre elles sans passion, asexuées. Hanches, fesses rebondies, mystérieuse toison sombre entre les jambes — tout cela exposé aux regards avec si peu de sens qu'il nous a fallu deux jours, à Hugo et à moi, pour dissocier mon corps, mes jambes, mes seins de ce troupeau d'animaux remuants. Ce que j'aimerais, c'est me joindre à elles un soir, marcher, nue, au milieu d'elles dans la pièce, regarder les hommes et les femmes assis là et observer leurs réactions au moment où j'apparais, moi, l'intruse.”

Anaïs Nin (1903–1977) écrivain américaine

Henry et June — Les cahiers secrets, 1986

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“Lève-toi donc; vaincs cette angoisse
par le courage qui gagne les batailles,
s'il ne fléchit pas sous le poids du corps. […] »”

Dante Alighieri (1265–1321) poète, homme politique et écrivain italien

L'Enfer (1308-1321), Chant vingt-quatrième

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“En conséquence, non-seulement les époux chrétiens ont horreur de l'adultère, mais ils doivent, pour eux-mêmes, apporter un frein à la maladie de la concupiscence charnelle. Non, sans doute, l'Apôtre ne défend pas les relations conjugales renfermées dans les bornes du droit et de l'honnêteté; mais, se souvenant que la concupiscence serait restée étrangère au mariage, si, par son péché, l'homme n'avait pas perdu l'empire sur les membres de son corps, saint Paul demande que les mouvements de cette concupiscence soient l'œuvre, non pas de la volonté, mais de la nécessité, puisque, sans la concupiscence, la volonté elle-même ne saurait suffire à la génération des enfants. (…) Celui qui considère à ce point de vue son épouse, n'est point en proie à la maladie de la concupiscence, comme les Gentils qui ne connaissent point Dieu, mais il possède le vase de son corps saintement et honnêtement, comme un véritable chrétien qui place en Dieu toute son espérance. En effet, l'homme use du mal de la concupiscence, mais il n'est pas vaincu par lui, puisqu'il réprime et enchaîne cette concupiscence dans ses élans les plus impétueux et les plus désordonnés; s'il cède quelquefois et se sert de la concupiscence, c'est dans le but de régénérer spirituellement ceux qu'il engendre charnellement, et jamais pour soumettre l'esprit au honteux esclavage de la chair et des sens.”

Augustin d'Hippone (354–430) philosophe parmis les premiers Chrétien

Non solum igitur conjugatus fidelis vase non utatur alieno, quod faciunt a quibus uxores adpetuntur alienæ, sed nec ipsum proprium in concupiscentiæ carnalis morbo possidendum sciat. Quod non sic accipiendum est, tamquam prohibuerit Apostolus conjugalem, hoc est licitum honestumque concubitum, sed ut iste concubitus, qui nihil morbidæ libidinis haberet adjunctum, si non præcedente peccato in eo perisset libertatis arbitrium, quod nunc id habetadjunctum, non sit voluntatis, sed necessitatis, sine qua tamen in procreandis filiis ad fructum perveniri non potest ipsius voluntatis. (...) Hac intentione cordis qui suum vas possidet, id est coniugem suam, procul dubio non possidet in morbo desiderii, sicut gentes quæ ignorant Deum, sed in sanctificatione et honore, sicut fideles qui sperant in Deum. Illo quippe concupiscentiæ malo utitur homo, non vincitur, quando eam inordinatis atque indecoris motibus æstuantem frenat et cohibet neque nisi propagini consulens relaxat atque adhibet, ut spiritaliter regenerandos carnaliter gignat, non ut spiritum carni sordida servitute subiciat.
la
Citations de saint Augustin, Mariage et Concupiscence

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“C’est à partir du corps que se perçoit et que se vit l’espace, et qu’il se produit.”

Henri Lefebvre (1901–1991) philosophe français

La Production de l'espace, 1974

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“Comme dans les danses macabres des sculpteurs du Moyen Age, les corps jeunes et nus, dans la vie de Newstead, alternaient avec les crânes et les squelettes.”

André Maurois (1885–1967) romancier essayiste et historien de la littérature français

Don Juan ou la vie de Byron, 1952

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“Or quand l'esprit est soumis à Dieu, c'est avec justice qu'il commande au corps, et que dans l'esprit même, la raison commande aux passions. Lors donc que l'homme ne sert pas Dieu, quelle justice peut-il y avoir en l'homme, puisque ce n'est que le service qu'il lui rend qui donne droit à l'esprit de commander au corps, et a la raison de gouverner les passions? Et s'il n'y a point de justice en un homme de cette sorte, certainement il n'y en aura point non plus en une assemblée composée de tels hommes. II n'y aura donc point aussi de droit dont ils conviennent, et qui leur donne le nom de peuple, et par conséquent point de République.”

Serviens autem Deo animus recte imperat corpori, inque ipso animo ratio Deo Domino subdita recte imperat libidini vitiisque ceteris. Quapropter ubi homo Deo non servit, quid in eo putandum est esse justitiæ? quando quidem Deo non serviens nullo modo potest juste animus corpori aut humana ratio vitiis imperare. Et si in homine tali non est ulla justitia, procul dubio nec in hominum cœtu, qui ex hominibus talibus constat. Non est hic ergo juris ille consensus, qui hominum multitudinem populum facit, cujus res dicitur esse res publica .
la
Citations de saint Augustin, La Cité de Dieu

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“Il faut entretenir la vigueur du corps pour conserver celle de l'esprit.”

Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues (1715–1747) moraliste et essayiste français

Réflexions et maximes

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“J'appelle charité, l'amour de ce qui n'est pas inférieur à celui qui aime [littéralement : lorsque les choses qui sont aimées ne doivent pas être tenues pour négligeables en comparaison de celui qui aime], c'est-à-dire ce qui est éternel, et qu'on peut aimer éternellement. Dieu donc et l'âme qui aime Dieu [littéralement : Dieu, donc et l'âme, lorsqu'ils sont aimés], voilà la charité dans son état le plus pur et le plus parfait, s'il ne s'y mêle point d'autre amour [littéralement : si rien d'autre n'est aimé]; on l'appelle aussi la dilection. Mais lorsque Dieu est plus aimé que l'âme, au point que l'homme aime mieux être à Dieu qu'à lui-même, c'est alors qu'il est dans la voie du souverain bien pour son âme, et conséquemment pour son corps; puisque nous n'avons plus aucun souci de satisfaire aucun désir, prenant les choses à tout hasard et comme elles se présentent. Or, le poison de la charité, c'est le désir d'acquérir ou de conserver les biens temporels. Son aliment, c'est la diminution de la cupidité; sa perfection, l'extinction de la cupidité. Le signe de son progrès, c'est de craindre peu; le signe de sa perfection, c'est de ne rien craindre, « car la cupidité est la racine de tous les maux, comme la parfaite dilection chasse toute crainte; »”

Augustin d'Hippone (354–430) philosophe parmis les premiers Chrétien

I Tim., VI, 10; I Jean, IV, 18.
Caritatem voco qua amantur ea quæ non sunt præ ipso amante contemnenda, id est, quod æternum est et quod amare ipsum æternum potest. Deus igitur et animus cum amantur, caritas proprie dicitur, purgatissima et consummata, si nihil aliud amatur; hanc et dilectionem dici placet. Sed cum Deus magis diligitur quam animus, ut malit homo ejus esse quam suus, tunc vere animo summeque consulitur, consequenter et corpori, nobis id non curantibus aliquo appetitu satagente, sed tantum promta et oblata sumentibus. Caritatis autem venenum est spes adipiscendorum aut retinendorum temporalium; nutrimentum ejus est imminutio cupiditatis; perfectio nulla cupiditas. Signum provectus ejus est imminutio timoris; signum perfectionis ejus nullus timor, quia et radix est omnium malorum cupiditas (1 Tim 6, 10); et consummata dilectio foras mittit timorem (1 Io 4, 18.)
la
Citations de saint Augustin, Quatre-vingt trois questions diverses

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“Ouvrez bien des corps; leurs cœurs auront la forme du Zéro.”

Xavier Forneret (1809–1884) écrivain, poète, dramaturge et journaliste français

Sans titre (1838)

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“Mais rien n'est plus doux que d'occuper solidement les hauts lieux fortifiés par la science des sages, régions sereines d'où l'on peut abaisser ses regards sur les autres hommes, les voir errer de toutes parts, et chercher au hasard le chemin de la vie, rivaliser de génie, se disputer la gloire de la naissance, nuit et jour s'efforcer, par un labeur sans égal, de s'élever au comble des richesses ou de s'emparer du pouvoir. O misérable esprits des hommes, ô cœurs aveugles! Dans quelles ténèbres et dans quels dangers s'écoule ce peu d'instants qu'est la vie! Ne voyez-vous pas ce que crie la nature? Réclame-t-elle autre chose que pour le corps l'absence de douleur, et pour l'esprit un sentiment de bien-être, dépourvu d'inquiétude et de crainte?”

Sed nihil dulcius est, bene quam munita tenere
edita doctrina sapientum templa serena,
despicere unde queas alios passimque videre
errare atque viam palantis quaerere vitae,
certare ingenio, contendere nobilitate,
noctes atque dies niti praestante labore
ad summas emergere opes rerumque potiri.
O miseras hominum mentes, o pectora caeca !
Qualibus in tenebris vitae quantisque periclis
degitur hoc aevi quod cumquest ! Nonne videre
nihil aliud sibi naturam latrare, nisi ut qui
corpore seiunctus dolor absit, mente fruatur
iucundo sensu cura semota metuque ?
la
De natura rerum (De la nature)

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“Le répit dure peu. A peine passé le gros de la nouvelle charge française, tous, Máiquez compris, ressortent dans la rue, sur le pavé glissant de sang. José Antonio López Regidor, trente ans, reçoit une balle à bout portant juste au moment où, ayant réussi à se jucher sur la croupe du cheval d'un mamelouk, il lui plantait sou poignard dans le cœur. D'autres tombent aussi, et parmi eux Andréz Fernández y Suárez, comptable à la Compagnie royale de La Havanne, âgé de soixante-deux ans, Valerio García Lázaro, vingt et un ans, Juan Antonio Pérez Bohorques, vingt ans, palefrenier aux Gardes du Corps Royales, et Antonia Fayloa Fernández, une habitante de la rue de la Abada. Le noble du Guipúzcoa José Manuel de Barrenechea y Lapaza, de passage à Madrid, qui est sorti ce matin de son auberge en entendant le tumulte avec une canne-épée, deux pistolets de duel à la ceinture et six cigares de La Havanne dans une poche de sa redingote, reçoit un coup de sabre qui lui fend la clavicule gauche jusqu'à la poitrine. A quelques pas de là, au coin de l'hôtel des Postes et de la rue Carretas, les petits José de Cerro, dix ans, qui va pieds nus, et José Cristóbal García, douze ans, résistent à coups de pierres à un dragon de la Garde impériale avant de mourir sous son sabre. Pendant ce temps, le prêtre don Ignacio Hernández, épouvanté par tout ce qu'il voit, a ouvert le couteau qu'il portait dans sa poche. Les pans de sa soutane retroussés jusqu'à la taille, il bataille de pied ferme au milieu des chevaux, avec ses paroissiens de Fuencarral.”

Arturo Pérez-Reverte (1951) écrivain espagnol

Un jour de colère, 2008

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“C'est la solitude qui m'a trempé le caractère, que j'ai mauvais, bronzé l'âme, que j'ai fière, et le corps, que j'ai solide.”

Coco Chanel (1883–1971) créatrice, modiste et grande couturière française

fr
Citation de Coco Chanel

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“Et entraver l'esprit, c'est pire qu'entraver le corps, c'est emprisonner l'âme elle-même.”

Henry Kuttner (1915–1958) écrivain américain

Les Mutants, 1953

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“Le cinéma est le plus totalitaire des arts. Toute énergie, toute sensation se fait sucer jusqu'au crâne, érection cérébrale, le crâne bouffi de sang.
Caligula souhaitait un cou unique pour tous ses sujets afin qu'il puisse décapiter un royaume d'un seul geste. Le cinéma est cet agent transformateur. Le corps n'existe que pour les yeux, il devient une tige sèche qui porte ces deux joyaux mous et insatiables.”

Jim Morrison (1943–1971) chanteur des Doors

Cinema is the most totalitarian of the arts. All energy and sensation is sucked up into the skull, a cerebral erection, skull bloated with blood.
Caligula wished a single neck for all his subjects that he could behead a kingdom with one blow. Cinema is this transforming agent. The body exists for the sake of the eyes; it becomes a dry stalk to support these two soft insatiable jewels.
en
Les Seigneurs : Notes sur la vision (The Lords : Notes on Vision), 1969

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“Le corps humain est, au bout du compte, remarquablement fragile.”

Stephen Baxter (1957) écrivain de SF

Poussière de lune, 1998

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“Toute couverte de plaies honteuses, [mon âme] se jetait hors d'elle-même, cherchant dans les objets sensibles un adoucissement à son mal [littéralement : avide d'être misérablement chatouillée par le contact des corps], mais parce que l'on veut trouver de la vie dans ce qu'on aime [littéralement : mais s'ils n'avaient pas d'âme, on ne les aimerait pas], il ne m'était véritablement doux d'aimer et d'être aimé, que dans l'entière possession de l'objet de mon attachement [littéralement : et plus encore si je pouvais jouir du corps de l'amant]. Ainsi je corrompais les sources de l'amitié en y mêlant toutes les impuretés de la débauche [littéralement : je souillais donc le fonds intime de l'amitié avec les saletés de la concupiscence]; j'en tarissais l'aimable pureté par ces vapeurs infernales qui sortaient de l'abîme d'un cœur infecté de toutes les corruptions [littéralement : je couvrais sa blancheur d'un nuage [provenant] du Tartare des désirs [sexuels déréglés]; et toutefois, par une vanité monstrueuse, tout infâme que j'étais, j'affectais des mœurs honnêtes et des manières élégantes. Enfin, je tombai dans ces filets de l'amour, où je souhaitais si ardemment d'être pris. O mon Dieu, quelle amertume vous répandîtes aussitôt sur ce que j'avais tant désiré, et avec quelle bonté miséricordieuse! Car à peine eus-je obtenu d'être aimé, et de jouir en secret [littéralement : car j'ai été aimé, et j'ai atteint, en cachette, les chaînes de la jouissance] et dans un fol enivrement de ce qui avait fait mon désir [littéralement : et j'étais entravé, [rendu] heureux par des enlacements tourmentés], que je me sentis aussitôt frappé et comme déchiré de verges brûlantes; la jalousie, les soupçons, les craintes, les disputes, les fureurs, ne me laissant pas un moment de repos.”

et ideo non bene valebat anima mea et ulcerosa proiciebat se foras, miserabiliter scalpi avida contactu sensibilium. sed si non haberent animam, non utique amarentur. amare et amari dulce mihi erat, magis si et amantis corpore fruerer. venam igitur amicitiæ coinquinabam sordibus concupiscentiæ candoremque ejus obnubilabam de tartaro libidinis, et tamen fœdus atque inhonestus, elegans et urbanus esse gestiebam abundanti vanitate. rui etiam in amorem, quo cupiebam capi. deus meus, misericordia mea, quanto felle mihi suavitatem illam et quam bonus aspersisti, quia et amatus sum, et perveni occulte ad vinculum fruendi, et conligabar lætus ærumnosis nexibus, ut cæderer virgis ferreis ardentibus zeli et suspicionum et timorum et irarum atque rixarum.
la
Citations de saint Augustin, Les Confessions

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“On nous avait fait le coup des aspects positifs de Vichy (bouclier, moindre mal, grandes réformes économiques et sociales…). Voilà qu’on nous refait celui du rôle positif, voire de l’œuvre humaniste, de la présence française en Afrique (équipements, santé, Savorgnan de Brazza, Lyautey, nos ancêtres les Gaulois, l’école de la République…). […] Le projet colonial, même s’il n’est pas le seul en cause et si les peuples d’Afrique n’ont pas attendu les négriers occidentaux pour pratiquer la traite des personnes et l’esclavage, est un projet pervers, fondé sur des règles qui font, en tant que telles, honte à une démocratie : Code de l’indigénat, racisme d’État, droit des races dites supérieures à gouverner les inférieures. L’idéologie coloniale, le corps de convictions et de fantasmes qui ont rendu possible la conquête militaire d’une partie du monde par une autre, n’est pas une idéologie génocidaire […] mais c’est incontestablement, en revanche, une idéologie criminelle […] : ainsi les morts de la conquête de l’Algérie par Bugeaud et Pélissier; ainsi les morts de Sétif; ainsi les victimes de la pacification de Madagascar; j’en passe. […] l’idée coloniale était, en soi, une idée perverse; l’aventure coloniale a été, en son principe, une page sombre de notre Histoire; et il y a dans le geste de ceux qui veulent réviser cette évidence, il y a dans leur aplomb, leur passion, leur enthousiasme repu de beaufs qui se lâchent, un parfum de bond en arrière que l’on n’avait pas senti depuis longtemps.”

Bernard-Henri Lévy (1948) écrivain français

À propos de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés.
Citations de BHL

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“C'est par un état de violence permanente que le despote peut faire valoir sa volonté sur le corps social tout entier. Le despote est donc celui qui exerce en permanence — hors statut et hors la loi, mais d'une manière qui est complètement intriquée dans son existence même — et qui fait valoir d'une façon criminelle son intérêt. C'est le hors-la-loi permanent, c'est l'individu sans lien social. Le despote est l'homme seul. Le despote est celui qui, par son existence même et par sa seule existence, effectue le crime maximum, le crime par excellence, celui de la rupture totale du pacte social par lequel le corps même de la société doit pouvoir exister et se maintenir. Le despote est celui dont l'existence fait corps avec le crime, dont la nature est donc identique à une contre-nature. C'est l'individu qui fait valoir sa violence, ses caprices, sa non-raison, comme loi générale ou comme raison d'État. C'est-à-dire que, au sens strict, depuis sa naissance jusqu'à la mort, en tout cas pendant tout l'exercice de son pouvoir despotique, le roi — ou en tout cas le roi tyrannique — est tout simplement un monstre. Le premier monstre juridique que l'on voit apparaître, se dessiner dans le nouveau régime de l'économie du pouvoir de punir, le premier monstre qui apparaît, le premier monstre repéré et qualifié, ce n'est pas l'assassin, ce n'est pas le violateur, ce n'est pas celui qui brise les lois de la nature; c'est celui qui brise le pacte social fondamental. Le premier monstre, c'est le roi. C'est le roi qui est, je crois, le grand modèle général à partir duquel dériveront historiquement, par toute une série de déplacements et de transformations successives, les innombrables petits monstres qui vont peupler la psychiatrie et la psychiatrie légale du XIXe siècle.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 29 janvier 1975

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“Dans le ciel, où tant de romances s’étaient diluées jadis, un croissant de lune se mouche dans un nuage. Par-dessus le muret de la résidence, on peut voir les lumières de Jérusalem, avec ses minarets et le clocher de ses églises qu’écartèle désormais ce rempart sacrilège, misérable et laid, né de l’inconsistance des hommes et de leurs indécrottables vacheries. Et pourtant, malgré l’affront que lui fait le Mur de toutes les discordes, Jérusalem la défigurée ne se laisse pas abattre. Elle est toujours là, blottie entre la clémence de ses plaines et la rigueur du désert de Judée, puisant sa survivance aux sources de ses vocations éternelles auxquelles ni les rois de naguère ni les charlatans d’aujourd’hui n’auront accédé. Bien que cruellement excédée par les abus des uns et le martyre des autres, elle continue de garder la foi – ce soir plus que jamais. On dirait qu’elle se recueille au milieu de ses cierges, qu’elle recouvre toute la portée de ses prophéties maintenant que les hommes se préparent à dormir. Le silence se veut un havre de paix. La brise crisse dans les feuillages, chargée d’encens et de senteurs cosmiques. Il suffirait de prêter l’oreille pour percevoir le pouls des dieux, de tendre la main pour cueillir leur miséricorde, d’une présence d’esprit pour faire corps avec eux.
J’ai beaucoup aimé Jérusalem, adolescent. J’éprouvais le même frisson aussi bien devant le Dôme du Rocher qu’au pied du mur des Lamentations et je ne pouvais demeurer insensible à la quiétude émanant de la basilique du Saint-Sépulcre. Je passais d’un quartier à l’autre comme d’une fable ashkénaze à un conte bédouin, avec un bonheur égal, et je n’avais pas besoin d’être un objecteur de conscience pour retirer ma confiance aux théories des armes et aux prêches virulents. Je n’avais qu’à lever les yeux sur les façades alentour pour m’opposer à tout ce qui pouvait égratigner leur immuable majesté. Aujourd’hui encore, partagée entre un orgasme d’odalisque et sa retenue de sainte, Jérusalem a soif d’ivresse et de soupirants et vit très mal le chahut de ses rejetons, espérant contre vents et marées qu’une éclaircie délivre les mentalités de leur obscur tourment. Tour à tour Olympe et ghetto, égérie et concubine, temple et arène, elle souffre de ne pouvoir inspirer les poètes sans que les passions dégénèrent et, la mort dans l’âme, s’écaille au gré des humeurs comme s’émiettent ses prières dans le blasphème des canons…”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

L’Attentat, 2005

“D'un geste (car il est plus sûr de ses mouvements que de ses mots, en ce pays étranger), il écarte l'enfant et presse le pas pour se tenir à la hauteur d'une jeune femme qui va dans la même direction que lui, le long du mur opposé. Musclée, les cheveux coupés presque aussi court que ceux d'un homme et décolorés jusqu'au ton de la paille, elle revient probablement de la plage, si elle porte sous le bras une serviette roulée qui pourrait bien contenir un maillot humide qui aurait contenu son corps. Le soleil a rougi son visage que nul fard n'accentue, ses épaules qui sortent largement d'une étroite robe blanche. Ses pieds, dans des sandales de cuir beige, sont nus; l'une de ses chevilles, la gauche, est écorchée; les ongles de ses orteils n'ont que des traces de vernis. Par l'allure et par le maintien elle n'a rien d'une femme galante, mais ses grands yeux marron ont lancé sur Sigismond un regard leste (« furtif », se dit-il qu'aurait dit le pédant cousin), et dans la main qui vient de repousser l'enfant aux annuaires il lui semble qu'il sent la rondeur robuste de l'épaule de celle-là. Après avoir dépassé l'Inter Club Bar, cependant, elle entre dans la pension Toledo, et elle ne s'est pas retournée vers le suiveur, qui sait qu'il ne fut pas inaperçu. Quelques instants il reste devant la pension (de mauvaise apparence), l'œil au guet des volets clos; or son espoir est déçu de voir une fenêtre s'ouvrir et une figure se pencher pour lui sourire ou se moquer de lui.”

André Pieyre de Mandiargues (1909–1991) écrivain français

Roman, La Marge (prix Goncourt), 1967

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“Barruel, dans l' Histoire du clergé pendant la Révolution, raconte l'histoire d'une certaine Comtesse de Pérignon, qui aurait été rôtie place Dauphine avec ses deux filles, et six prêtres auraient été, eux aussi, brûlés vifs sur la place, parce qu'ils avaient refusé de manger le corps rôti de la comtesse. Barruel raconte aussi qu'on a mis en vente au Palais Royal des pâtés de chair humaine. Bertrand de Molleville, Maton de la Varenne, racontent toute une série d'histoires : la fameuse histoire de Mademoiselle de Sombreuil buvant un verre de sang pour sauver la vie de son père, ou de cet homme qui avait été obligé de boire le sang extrait du cœur d'un jeune homme pour sauver ses deux amis; ou encore, des massacreurs de Septembre qui auraient bu de l'eau-de-vie dans laquelle Manuel aurait versé de la poudre à canon, et ils auraient mangé des petits pains qu'ils auraient trempés dans des blessures. Vous avez là aussi la figure du débauché-anthropophage, mais dans laquelle l'anthropophagie l'emporte sur la débauche. Les deux thèmes, interdiction sexuelle et interdiction alimentaire, se nouent donc d'une façon très claire dans ces deux grandes premières figures de monstre et de monstre politique. Ces deux figures relèvent d'une conjoncture précise, bien qu'elles reprennent aussi des thèmes anciens : la débauche des rois, le libertinage des grands, la violence du peuple. Tout ceci, ce sont de vieux thèmes : mais il est intéressant qu'ils soient réactivés et renoués à l'intérieur de cette première figure du monstre.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 29 janvier 1975

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“Sans entrer dans des détails comme le traitement différent des "détenteurs d'Écritures" et des "infidèles", il s'adresse à son interlocuteur d'une manière étonnamment abrupte — abrupte au point d'être pour nous inacceptable, qui nous surprend et pose tout simplement la question centrale du rapport entre religion et violence en général. Il dit : «Montre-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau et tu ne trouveras que du mauvais et de l'inhumain comme ceci, qu'il a prescrit de répandre par l'épée la foi qu'il prêchait» (3). Après s'être prononcé de manière si peu amène, l'empereur explique minutieusement pourquoi la diffusion de la foi par la violence est contraire à la raison. Elle est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme. «Dieu ne prend pas plaisir au sang, dit-il, et ne pas agir selon la raison (συν λογω) est contraire à la nature de Dieu. La foi est un fruit de l'âme, non pas du corps. Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler et de penser de façon juste et non pas de recourir à la violence et à la menace…Pour convaincre une âme douée de raison, on n'a pas besoin de son bras, ni d'objets pour frapper, ni d'aucun autre moyen qui menace quelqu'un de mort…»”

Benoît XVI (1927) pape de l’Église catholique

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Dialogue sur le christianisme et l’islam, que le savant empereur byzantin Manuel II Paléologue mena avec un érudit perse, en 1391 à Ankara
Discours, Sur la foi et la violence

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