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“Quant à moi, en m'inspirant essentiellement de la doctrine carnapienne du monde physique dans lAufbau, je propose l'idée que nos énoncés sur le monde extérieur sont jugés par le tribunal de l'expérience sensible, non pas individuellement, mais seulement collectivement.”

Willard Van Orman Quine (1908–2000)

My countersuggestion, issuing essentially from Carnap's doctrine of the physical world in the Aufbau, is that our statements about the external world face the tribunal of sense experience not individually but only as a corporate body.
en
Les Deux Dogmes de l'empirisme

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“Une des plus grandes erreurs est de juger une politique sur ses intentions et non sur ses résultats.”

Milton Friedman (1912–2006) économiste américain

One of the great mistakes is to judge policies and programs by their intentions rather than their results
en
Émissions, The Open Mind

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“les armes sont la seule denrée que Globalia exporte en grande quantité vers les non-zones.”

Jean-Christophe Rufin (1952) médecin, historien, écrivain, et diplomate français

, 2005

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“Mais les révolutionnaires qui ne savent pas allier aux formes illégales de lutte toutes les formes légales sont de bien mauvais révolutionnaires. Il n'est pas difficile d'être un révolutionnaire quand la révolution a éclaté déjà et bat son plein; quand tout un chacun s'y rallie par simple engouement, pour suivre la mode, parfois même pour faire carrière. Sa "libération" de ces piètres révolutionnaires, le prolétariat doit la payer plus tard, après sa victoire, par des efforts inouïs, par un martyre douloureux, pourrait-on dire. Il est beaucoup plus difficile - et beaucoup plus précieux - de se montrer révolutionnaire quand la situation ne permet pas encore la lutte directe, déclarée, véritablement massive, véritablement révolutionnaire, de savoir défendre les intérêts de la révolution (par la propagande, par l'agitation, par l'organisation) dans des institutions non révolutionnaires, voire nettement réactionnaires, dans une ambiance non révolutionnaire, parmi des masses incapables de comprendre tout de suite la nécessité d'une méthode d'action révolutionnaire. Savoir trouver, pressentir, déterminer exactement la voie concrète ou le tour spécial des événements, qui conduira les masses vers la grande lutte révolutionnaire véritable, décisive et finale : tel est le principal objet du communisme actuel en Europe occidentale et en Amérique.”

La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), 1920

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“La liberté d'expression est une valeur importante dans notre État. Nous devons la préserver, que cette expression plaise ou non. Et nous devons veiller à ce que des opinions politiques n'entraînent pas une censure sous-jacente.”

Ueli Maurer (1950) homme politique suisse

À propos du débat Minaret de la discorde et des affiches censurées des partisants de l'initiative pour leur interdiction.

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“Non… non… sans aucun doute, sans aucun doute… il n’est pas mort… Alors… alors… il va donc falloir que je me tue, moi!”

Guy de Maupassant (1850–1893) écrivain français

Tirade conservée du fait qu’elle eût été écrite alors que Maupassant sombrait dans la folie.
Nouvelle, Le Horla, 1887

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“23. (…) Ainsi, sans le péché, ces mariages, dignes de la félicité du paradis, eussent été exempts de toute concupiscence honteuse et féconds en aimables fruits. Comment cela eût-il pu se faire? Nous n’avons point d’exemple pour le montrer; et toutefois il n’y a rien d’incroyable à ce que la partie sexuelle eût obéi à la volonté, puisque tant d’autres parties du corps lui sont soumises. (…) C’est cette résistance, c’est ce combat entre la concupiscence et la volonté qui n’auraient point eu lieu dans le paradis sans le péché; tous les membres du corps y eussent été entièrement soumis à l’esprit. Ainsi le champ de la génération (cf. Virgile, Georg., livre III, v. 136.) eût été ensemencé par les organes destinés à cette fin, de même que la terre reçoit les semences que la main y répand;(…). 24. L’homme aurait semé et la femme aurait recueilli, quand il eût fallu et autant qu’il eût été nécessaire, les organes n’étant pas mus par la concupiscence, mais par la volonté. (…) 26. L’homme vivait donc dans le paradis comme il voulait, puisqu’il ne voulait que ce qui était conforme au commandement divin; (…) Les parties destinées à la génération auraient été mues, comme les autres membres, par le seul commandement de la volonté. Il aurait pressé sa femme dans ses bras (cf. Virgile, Énéide, livre VIII, v. 406.) avec une entière tranquillité de corps et d’esprit, sans ressentir en sa chair aucun aiguillon de volupté, et sans que la virginité de sa femme en souffrît aucune atteinte. Si l’on objecte que nous ne pouvons invoquer ici le témoignage de l’expérience, je réponds que ce n’est pas une raison d’être incrédule; car il suffit de savoir que c’est la volonté et non une ardeur turbulente qui aurait présidé à la génération. Et d’ailleurs, pourquoi la semence conjugale eût-elle nécessairement fait tort à l’intégrité de la femme, quand nous savons que l’écoulement des mois n’en fait aucun à l’intégrité de la jeune fille? Injection, émission, les deux opérations sont inverses, mais la route est la même. La génération se serait donc accomplie avec la même facilité que l’accouchement; car la femme aurait enfanté sans douleur, et l’enfant serait sorti du sein maternel sans aucun effort, comme un fruit qui tombe lorsqu’il est mûr. (…)”

Et ideo illæ nuptiæ dignæ felicitate paradisi, si peccatum non fuisset, et diligendam prolem gignerent et pudendam libidinem non haberent. Sed quo modo id fieri posset, nunc non est quo demonstretur exemplo. Nec ideo tamen incredibile debet videri etiam illud unum sine ista libidine voluntati potuisse servire, cui tot membra nunc serviunt. (...)Hunc renisum, hanc repugnantiam, hanc voluntatis et libidinis rixam uel certe ad voluntatis sufficientiam libidinis indigentiam procul dubio, nisi culpabilis inobœdientia pœnali inobœdientia plecteretur, in paradiso nuptiæ non haberent, sed voluntati membra, ut cetera, ita cuncta servirent. Ita genitale aruum vas in hoc opus creatum seminaret, ut nunc terram manus, (...). 24. Seminaret igitur prolem vir, susciperet femina genitalibus membris, quando id opus esset et quantum opus esset, voluntate motis, non libidine concitatis. (...) 26. Vivebat itaque homo in paradiso sicut volebat, quamdiu hoc volebat quod Deus jusserat; (...) In tanta facilitate rerum et felicitate hominum absit ut suspicemur non potuisse prolem seri sine libidinis morbo, sed eo voluntatis nutu moverentur membra illa quo cetera, et sine ardoris inlecebroso stimulo cum tranquillitate animi et corporis nulla corruptione integritatis infunderetur gremio maritus uxoris. Neque enim quia experientia probari non potest, ideo credendum non est, quando illas corporis partes non ageret turbidus calor, sed spontanea potestas, sicut opus esset, adhiberet, ita tunc potuisse utero conjugis salva integritate feminei genitalis virile semen inmitti, sicut nunc potest eadem integritate salva ex utero virginis fluxus menstrui cruoris emitti. Eadem quippe via posset illud inici, qua hoc potest eici. Vt enim ad pariendum non doloris gemitus, sed maturitatis inpulsus feminea viscera relaxaret, sic ad fetandum et concipiendum non libidinis appetitus, sed voluntarius usus naturam utramque conjungeret.
la
Citations de saint Augustin, La Cité de Dieu

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“Il ne s'agit pas d'une exclusion, il s'agit d'une quarantaine. Il ne s'agit pas de chasser, il s'agit au contraire d'établir, de fixer, de donner son lieu, d'assigner des places, de définir des présences, et des présences quadrillées. Non pas rejet, mais inclusion. Vous voyez qu'il ne s'agit pas non plus d'une sorte de partage massif entre deux types, deux groupes de population : celle qui est pure et celle qui est impure, celle qui a la lèpre et celle qui ne l'a pas. Il s'agit, au contraire, d'une série de différences fines et constamment observées entre les individus qui sont malades et ceux qui ne le sont pas. Individualisation, par conséquent, division et subdivision du pouvoir, qui arrive jusqu'à rejoindre le grain fin de l'individualité. Nous sommes très loin, par conséquent, du partage massif et grouillant, caractérisant l'exclusion du lépreux. Vous voyez également qu'il ne s'agit aucunement de cette espèce de mise à distance, de rupture de contact, de marginalisation. Il s'agit, au contraire, d'une observation proche et méticuleuse. Alors que la lèpre appelle la distance, la peste, elle, implique une sorte d'approximation de plus en plus fine du pouvoir par rapport aux individus, une observation de plus en plus constante, de plus en plus insistante. Il ne s'agit pas non plus d'une sorte de grand rite de purification comme dans la lèpre; il s'agit, avec la peste, d'une tentative pour maximaliser la santé, la vie, la longévité, la force des individus.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 15 janvier 1975

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“Je l'ai faite pour protéger la mère patrie. Et ensuite ils ont répandu l'arme [à travers le monde] - non pas parce que je le voulais. Pas par mon choix. Alors c'était devenu comme un génie hors de sa bouteille et elle commença à marcher par elle-même dans des directions que je ne voulais pas.”

Mikhaïl Kalachnikov (1919–2013) ingénieur et lieutenant-général russe, inventeur de l'AK-47

I made it to protect the motherland. And then they spread the weapon [around the world] - not because I wanted them to. Not at my choice. Then it was like a genie out of the bottle and it began to walk all on its own and in directions I did not want.
en
À propos de l'AK-47

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“Ce n'est point aujourd'hui le temps de la violence mais celui de la conscience de la violence. Que l'histoire ait toujours été le fruit de la violence, qu'il y ait toujours eu contradiction entre un impératif moral et la réalité de la violence, nous le savons bien et nous n'avons rien changé. […] Dans cette « prise de conscience », trois aspects me paraissent importants. (Tout d'abord), on comprend mieux le ridicule de la contradiction entre les efforts démesurés pour sauver un homme et la facilité des violences. D'un côté, on met tout en œuvre pour sauver un alpiniste en danger, de l'autre on torture, on bâtonne, on ne cesse d'user de violence contre [des quantités de gens]. […] Le second aspect, c'est la découverte de la généralisation de la violence : économique et psychologique, elle vient doubler la violence matérielle […] : matraquage publicitaire, propagande, guerre des (multinationales), violence des (automobilistes), terrorisme du professeur ou du prêtre envers leurs auditeurs… la violence est [multiforme]. [Enfin], on peut se justifier dans toute action par l'existence d'une violence précédente. Je jette un cocktail molotov, mais c'est parce que j'ai été victime de la violence du professeur, du père, du patron. […] Ainsi toute violence se trouve légitimée parce qu'elle n'est jamais qu'une contre-violence. […] Nous éprouvons ainsi, en réalité, la tentation, devant l'universalisation de la violence, d'entrer à notre tour dans le jeu. […] Mais alors, immanquablement, le chrétien se demandera : « comment pourrais-je être non-violent? » Et tout aussi immanquablement : « comment pourrais-je être violent? » Où serait donc enfin une attitude morale et spirituelle à la fois juste, pure et vraie?”

Jacques Ellul (1912–1994) professeur d'histoire du droit, sociologue et théologien protestant français

Contre les violents, 1972

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“Il est impossible de douter qu'avant cent ans il ne restera pas dans l'Amérique du Nord, non pas une seule nation, mais un seul homme appartenant à la plus remarquable des races indienne.”

Alexis de Tocqueville (1805–1859) philosophe politique, homme politique, historien, précurseur de la sociologie et écrivain français

Œuvres complètes, La condamnation du sort des Indiens et des esclaves en Amérique du Nord

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“Depuis longtemps nous savions que se sont les hommes qui décident et non pas les faits.”

Ernst von Salomon (1902–1972) écrivain allemand

français
Les réprouvés, 1931

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“Bâtir la société de demain à partir d’une vérité découverte et non pas d’une leçon apprise.”

Joseph Wresinski (1917–1988) fondateur d'ATD Quart monde

Écrits et paroles, 1992

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“Avant que nous les jugions trop sévèrement, nous devons nous souvenir à quelle destruction totale et impitoyable notre propre espèce s'est livrée, non seulement sur les animaux, comme le bison ou le dodo, mais aussi sur ses propres races inférieures. Les Tasmaniens, malgré leur apparence humaine, furent entièrement éliminés en cinquante ans dans une guerre d'extermination menée par des immigrants européens. Sommes nous de tels apôtres de miséricorde que nous puissions nous plaindre si les Martiens ont mené contre nous une guerre semblable?”

And before we judge of them too harshly we must remember what ruthless and utter destruction our own species has wrought, not only upon animals, such as the vanished bison and the dodo, but upon its inferior races. The Tasmanians, in spite of their human likeness, were entirely swept out of existence in a war of extermination waged by European immigrants, in the space of fifty years. Are we such apostles of mercy as to complain if the Martians warred in the same spirit?
en
La Guerre des mondes (The War of Worlds), 1898

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“Fort recherchée pour son esprit et sa beauté, elle avait institué à Lausanne, que sa famille était venue habiter pour elle, une Académie des Eaux où la jeunesse des deux sexes se livrait à des exercices littéraires que ne distinguait pas toujours la simplicité. Sous les auspices de Thémire — c’est le nom qu’elle s’était donné, — les cimes alpestres qui couronnent le lac de Genève et les riantes campagnes du pays de Vaud avaient vu renaître les fictions de l’ Astrée jadis enfantées dans la fièvre des grandes villes. Cette éducation à la fois simple et hardie, grave et aimable, fondée sur une large base d’études et ouverte à toutes les inspirations, même à celles de la fantaisie, avait été également celle de Germaine. Toute jeune, Germaine avait sa place aux vendredis de sa mère, sur un petit tabouret de bois où il lui fallait se tenir droite sans défaillance; elle entendait discourir sur la vertu, les sciences, la philosophie, Marmontel, Morellet, D’Alembert, Grimm, Diderot, Naigeon, Thomas, Buffon, se prêtait aux questions qu’on prenait plaisir à lui adresser, — non sans chercher parfois à l’embarrasser, — et se faisait rarement prendre en défaut. Mme Necker lui apprenait les langues, la laissait lire à son gré, la conduisait à la comédie. À onze ans elle composait des éloges, rédigeait des analyses, jugeait l’ Esprit des lois; l’abbé Raynal voulait lui faire écrire, pour son Histoire philosophique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, un morceau sur la révocation de l’Édit de Nantes; elle adressait à son père, à l’occasion du Compte rendu de 1781, un mémoire où son style la trahissait. La poésie n’avait pas pour elle moins d’attraits. Envoyée à la campagne pour rétablir sa santé loin des livres et des entretiens, elle parcourait les bosquets avec son amie, Mlle Huber, vêtue en nymphe, déclamait des vers, composait des drames champêtres et des élégies.”

Suzanne Curchod (1737–1794) femme de lettres française et salonnière, épouse de Jacques Necker.

D'autres auteurs la concernant

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“L'exclusion de la lèpre, c'était une pratique sociale qui comportait d'abord un partage rigoureux, une mise à distance, une règle de non-contact entre un individu (ou un groupe d'individus) et un autre. C'était, d'autre part, le rejet de ces individus dans un monde extérieur, confus, au-delà des murs de la ville, au-delà des limites de la communauté. Constitution, par conséquent, de deux masses étrangères l'une à l'autre. Et celle qui était rejetée, était rejetée au sens strict dans les ténèbres extérieures. Enfin, troisièmement, cette exclusion du lépreux impliquait la disqualification — peut-être pas exactement morale, mais en tout cas juridique et politique — des individus ainsi exclus et chassés. Ils entraient dans la mort, et vous savez que l'exclusion du lépreux s'accompagnait régulièrement d'une sorte de cérémonie funèbre, au cours de laquelle on déclarait morts (et, par conséquent, leurs biens transmissibles) les individus qui étaient déclarés lépreux, et qui allaient partir vers ce monde extérieur et étranger. Bref, c'était en effet des pratiques d'exclusion, des pratiques de rejet, des pratiques de « marginalisation », comme nous dirions maintenant. Or, c'est sous cette forme-là qu'on décrit, et je crois encore actuellement, la manière dont le pouvoir s'exerce sur les fous, sur les malades, sur les criminels, sur les déviants, sur les enfants, sur les pauvres.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 15 janvier 1975

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“BORGES, dans un murmure : Déjeuners, thés, dîners quotidiens, petits déjeuners… sans un plat de rêve à la carte, ce serait insupportable, non?”

Jorge Luis Borges (1899–1986) écrivain argentin de prose et de poésie

Conversations à Buenos Aires, 1996

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“Je vins à Carthage, et partout autour de moi bouillait à gros bouillons la chaudière des amours honteuses. Je n'aimais pas encore, et j'aimais à aimer; dévoré du désir secret de l'amour, je m'en voulais de ne l'être pas plus encore. Comme j'aimais à aimer, je cherchais un objet à mon amour, j'avais horreur de la paix d'une voie sans embûches. Mon âme avait faim, privée qu'elle était de la nourriture de l'âme, de vous-même, mon Dieu, mais je ne sentais pas cette faim. J'étais sans appétit pour les aliments incorruptibles, non par satiété, mais plus j'en étais privé, plus j'en avais le dégoût. Et c'est pourquoi mon âme était malade et, rongée d'ulcères, se jetait hors d'elle-même, avec une misérable et ardente envie de se frotter aux créatures sensibles. Mais si ces créatures n'avaient pas une âme, à coup sûr, on ne les aimerait pis. Aimer et être aimé m'était bien plus doux, quand je jouissais du corps de l'objet aimé. Je souillais donc la source de l'amitié des ordures de la concupiscence; j'en ternissais la pureté des vapeurs infernales de la débauche. Repoussant et infâme, je brûlais dans mon extrême vanité de faire l'élégant et le mondain. Je me ruai à l'amour où je souhaitais être pris. Mon Dieu, qui m'avez fait miséricorde, de quel fiel, dans votre bonté, vous en avez arrosé pour moi la douceur! Je fus aimé, j'en vins secrètement aux liens de la possession.”

Citations de saint Augustin, Les Confessions

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“Mais, par-delà l’argent, une hiérarchie tendra à s’établir inéluctablement entre ceux qui, de père en fils, se transmettront des valeurs familiales de stabilité et une éducation de qualité – souvent les milieux religieux mais pas toujours -, dont les enfants auront une généalogie, des repères forts non seulement par l’histoire nationale mais aussi par l’histoire familiale, et une sorte de prolétariat affectif qui n’aura rien de tout cela, ceux qui ne seront pas « nés » comme on disait, les malheureux enfants de l’insémination artificielle venant instaurer cette inégalité en norme. Comme l’école, le droit du mariage, affaibli dans la sphère publique, se privatisera! Ainsi se trouve aboli en Occident, pour le plus grand avantage des forces multinationales qui veulent un peuple atomisé et inerte, l’effort de quinze siècles de christianisme, souvent oppressif certes, mais qui eut pour effet démocratiser, au travers d’une discipline sexuelle aujourd’hui discréditée, ce qui était dans le monde antique le privilège des plus fortunés : avoir une "gens", une généalogie, une identité familiale, un père et une mère repérables. Ainsi se trouve remis au goût du jour le clivage qui était celui de la société antique tardive : une minorité bénéficiant des privilèges de la vie familiale « normale », de la protection du clan, d’une identité déterminée par trois noms (prénom, nom, cognomen) et une masse d’esclaves vivant dans la promiscuité de l’ergastule, séparables au gré des achats et des ventes, pauvres d’argent, pauvres de repères affectifs et moraux, mais surtout pauvres d’identité.”

Roland Hureaux (1948) personnalité politique française
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“Nous allons mourir, et cela fait de nous les veinards. La plupart des gens ne mourront jamais parce qu’il ne naîtront jamais. Les personnes potentielles qui auraient pu être là à ma place mais en fait ne verront jamais la lumière du jour sont plus nombreuses que les grains de sable du Sahara. Ces fantômes non nés comprennent certainement des poètes plus grands que Keats, des scientifiques plus grands que Newton. Nous savons cela parce que l’ensemble des personnes possibles permises par notre ADN dépassent si massivement l’ensemble des personnes réelles. En dépit de ces probabilités stupéfiantes c’est vous et moi, dans notre banalité, qui sommes là. Nous les quelques privilégiés qui avons gagné la loterie de la vie contre toutes les probabilités, comment osons-nous nous plaindre de notre inévitable retour à cet état précédent dont la majorité d’entre nous ne s’éveillera jamais?”

Richard Dawkins (1941) biologiste et éthologiste britannique

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We are going to die, and that makes us the lucky ones. Most people are never going to die because they are never going to be born. The potential people who could have been here in my place but who will in fact never see the light of day outnumber the sand grains of Sahara. Certainly those unborn ghosts include greater poets than Keats, scientists greater than Newton. We know this because the set of possible people allowed by our DNA so massively outnumbers the set of actual people. In the teeth of these stupefying odds it is you and I, in our ordinariness, that are here. We privileged few, who won the lottery of birth against all odds, how dare we whine at our inevitable return to that prior state from which the vast majority have never stirred?
Les Mystères de l'arc-en-ciel (Unweaving the Rainbow), 1998

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