Citations sur exploitation

Une collection de citations sur le thème de exploitation, tout, pluie, bien-être.

Citations sur exploitation

Friedrich Nietzsche photo

“Un être typiquement morbide ne deviendra jamais sain, et pourra encore moins se rendre la santé; pour quelqu'un de typiquement sain, au contraire, le fait d'être malade peut être un stimulant énergique de vie, du « plus-vivre ». C'est en fait ainsi que m'apparaît maintenant cette longue période de maladie : je découvris pour ainsi dire la vie, y compris moi-même, avec des yeux neufs, je savourai toutes les bonnes — et même les petites — choses, comme d'autres auraient du mal à les savourer — je fis de ma volonté de santé et de vie ma philosophie… Car, qu'on y prenne bien garde : mes années de plus faible vitalité furent celles où je cessai d'être pessimiste : l'instinct de l'« autoreconstitution » m'interdisait une philosophie de la pauvreté et du découragement… Et à quoi, au fond, reconnaît-on l' épanouissement physique? À ce qu'un être épanoui fait du bien à nos sens; à ce qu'il est taillé dans un bois qui est à la fois ferme, tendre et odorant. Il n'a de goût que pour ce qui lui fait du bien; son plaisir, son envie, cesse là où la mesure de ce qui convient est franchie. Il invente des remèdes contre les lésions, il exploite à son avantage les hasards malencontreux : ce qui ne le fait pas périr lui donne des forces. D'instinct, de tout ce qu'il voit, entend et vit, il amasse son propre capital : il est un principe de sélection, il élimine bien des choses. Il est toujours dans sa société bien à lui, qu'il commerce avec des livres, des hommes ou des paysages; par son choix, il honore ce qu'il a choisi, ce qu'il admet, ce à quoi il fait confiance. À toutes sortes de sollicitations, il réagit lentement, avec cette lenteur dont une longue prudence et une fierté délibérée lui ont imposé la discipline. Bien loin d'aller au-devant d'elle, il examine attentivement la sollicitation qui se présente à lui. Il ne croit ni à la « malchance », ni à la « faute » : il vient à bout de lui-même et des autres, il sait oublier”

il est assez fort pour que tout, nécessairement, tourne à son avantage. Eh bien, je suis tout le contraire d'un décadent : car c'est moi-même que je viens de décrire.
Ecce homo, 1888, Pourquoi je suis si sage

Victor Hugo photo

“Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l'aumône en assistance, la fainéantise en travail, l'oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l'iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l'enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frère du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l'exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution!”

Victor Hugo (1802–1885) écrivain français

Shakespeare: Une Vie de Genie Et D'Amertume
Variante: Oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu'on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l'aumône en assistance, la fainéantise en travail, l'oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l'iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l'instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l'enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frère du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l'ex- ploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l'enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l'ignorant, du sauvage, de l'esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution!

Fidel Castro photo
Marcel Pagnol photo
Léo Taxil photo
Christopher Gérard photo

“Le capitalisme est le système d'exploitation dont l'homme est l'ordinateur.”

Maurice G. Dantec (1959–2016) écrivain français naturalisé canadien

Manuel de survie en territoire zéro. Le Théâtre des opérations 1, 1999

Frantz Fanon photo
Neil Gaiman photo
Loïc Decrauze photo
Loïc Decrauze photo
Jacques Ellul photo

“Le mécanisme de la justification est la pièce centrale de l’œuvre bourgeoise, sa signification, sa motivation. Pour arriver (à ses fins), le bourgeois se construit un monde réel mais aussi un monde imaginaire qu'il fait prévaloir sur tous les autres dans le mécanisme de la conscience fausse. Car le bourgeois se sait, inconsciemment, un exploiteur, mais il ne peut pas se supporter pour ce qu'il est. (En cela,) il exprime une tendance propre à tout homme (…), celle d’être à la fois en accord avec son milieu (…) et avec lui-même. (…) Et pour ne pas reconnaître ce qu'il est en réalité, le bourgeois ne peut pas voir les motivations réelles de son action. Il ne peut pas discerner les forces motrices qui le poussent à être ce qu'il est en agissant comme il le fait. Ce n'est pas l'hypocrisie au sens courant : le bourgeois le voudrait-il, il ne le peut pas. (…) Comme il ne peut pas non plus agir sans motivation, il se crée un système explicatif, un système de motifs imaginant des forces motrices pour légitimer son action. Bien entendu, ces forces motrices ne sont pas seulement imaginaires, théoriques, (sinon), elles ne feraient illusion sur personne : elles sont apparentes. L'un des jeux permanents de la conscience bourgeoise consiste à éviter le profond pour tout (ramener) à l'évident. (…) Les évidences sont les plus sûrs atouts de la conscience fausse. (…) Il y a ainsi déguisement de la condition réelle, mais déguisement plus réel que le réel parce qu'investi d'évidence.”

Jacques Ellul (1912–1994) professeur d'histoire du droit, sociologue et théologien protestant français

Métamorphose du bourgeois, 1967

Paul Lafargue photo
Pierre-Joseph Proudhon photo
Coluche photo

“Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme, c'est le contraire!”

Coluche (1944–1986) humoriste et comédien français

Music-hall, L'ancien combattant, Les syndicats et le délégué
Variante: Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme, c'est le contraire !

Émile Zola photo
Jared Diamond photo
Vladimir Poutine photo
Yves Guyot photo

“Ce qui importe, c'est d'observer, d'exister, et d'exploiter les situations concrètes telles qu'elles se présentent.”

Robin Cook (1931–1994) chirurgien, spécialiste de romans policiers médicaux

La Rue obscène, 1971

“Croire au progrès technique sur fond de conviction scientiste, dès le dernier tiers du [XIX], c'était croire au progrès de l'espèce humaine. C'était plus précisément croire que le progrès technique allait assurer le plus grand progrès possible de l'humanité vers la liberté et le bonheur. Il faut en effet tenir compte d'un clivage dans le champs des fins du progrès explicitement conceptualisées par les penseurs progressistes : d'une part, les finalités de l'ordre de la liberté, de la libération ou de l'émancipation (dont la condition nécessaire est le progrès du savoir); d'autre part, les finalités d'un tout autre ordre, résumable par le mot « bonheur », dont les conditions de possibilité (sécurité dans la paix et pleine satisfaction des besoins, d'où bien-être, plaisir, etc.) sont imaginées comme des effets de la maîtrise rationnelle ou théorico-pratique (par la science et la technique) de la nature (d'où l'éloge saint-simonien de l'exploitation sans limite de la terre), mais aussi de la société, d'où le souci commun à Saint-Simon, à Comte, à Renan et à Marx, de l'organisation et de la réorganisation de l'ordre social. L'humanité cesse d'être conçue « à l'image de Dieu », elle devient Dieu lui-même, elle s'y substitue en un sens, pour devenir le sujet de l'histoire universelle, dont le « progrès » est le moteur.”

Pierre-André Taguieff (1946) philosophe et politologue français

Essais, Les Contre-réactionnaires, 2007

Erich von Siebenthal photo
Nicolas Sarkozy photo
Karl Polanyi photo
Nathalie Arthaud photo
Frantz Fanon photo
Zinedine Zidane photo
Jules Ferry photo

“La race supérieure ne conquiert pas pour le plaisir, dans le dessein d’exploiter le faible, mais bien de le civiliser et de l’élever jusqu’à elle.”

Jules Ferry (1832–1893) politicien français

Discours à la Chambre des députés le [27, mars, 1884] .
Discours

Jacques Ellul photo
Jean d'Ormesson photo
Frankétienne photo
Karl Marx photo

“Les ouvriers n'ont pas de patrie. […] Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation.”

Karl Marx (1818–1883) philosophe, sociologue et économiste allemand

Die Arbeiter haben kein Vaterland. […] In dem Maße, wie die Exploitation des einen Individuums durch das andere aufgehoben wird, wird die Exploitation einer Nation durch die andere aufgehoben.
de
, 1848 (avec Friedrich Engels)

André Breton photo
Marie-George Buffet photo

“Ce que nous voulons, c'est combattre le capitalisme jusqu'à sa disparition. Nous voulons que d'autres rapports sociaux s'établissent, d'autres rapports entre les peuples. L'idée de dépassement, c'est celle d'un processus. Tout n'est pas pourri dans ce monde et déjà germent des éléments d'un monde plus juste et plus libre. En grandissant, par ce processus, ils vont peu à peu participer à abolir l'ordre ancien et toutes les logiques mauvaises qui se font jour. Aujourd'hui, ce n'est pas parce qu'on prendra l'Élysée par une manifestation insurrectionnelle que ceux qui font régner l'exploitation sur le monde disparaîtront. Les multinationales ne siègent pas à l'Élysée et ne se réduisent pas à un gouvernement. Qu'est-ce qui peut permettre aujourd'hui à un processus révolutionnaire de s'épanouir pleinement, avec succès? Je crois que c'est la mise en mouvement d'une multitude de luttes émancipatrices qui petit à petit se mettront en cohérence. Chacune de ces luttes porte des coups au système capitaliste, le fragilise, et toutes ces luttes mises bout à bout donnent à l'exigence d'un autre monde la force suffisant pour que d'autres rapports sociaux s'établissent. C'est le contraire du mythe du « grand soir », d'est un processus de luttes sociales et politiques qui doit conduire à terme à une abolition réussie de ce système de domination. En ce sens, c'est pour moi une belle formule que le « dépassement du capitalisme.»”

Marie-George Buffet (1949) femme politique française

Un peu de courage !

Loïc Decrauze photo
Loïc Decrauze photo
Octave Mirbeau photo
Paul Lafargue photo
Jean Rohou photo
Jo-Wilfried Tsonga photo
John Reed photo
Linus Torvalds photo

“Je suis en train de faire un système d'exploitation (libre) (seulement un hobby, ne sera pas grand et professionnel comme gnu) pour clones AT 386”

Linus Torvalds (1969) développeur en informatique

486
I'm doing a (free) operating system (just a hobby, won't be big and professional like gnu) for 386(486) AT clones.
en
comp.os.minix

Marie-George Buffet photo
Jean Raspail photo
Jules Lemaître photo
François (pape) photo

“Le livre de la Genèse rapporte que Dieu créa l’homme et la femme en leur confiant la tâche d’emplir la terre et de la soumettre, ce qui ne signifie pas l’exploiter, mais la cultiver et la préserver, en prendre soin à travers son travail.”

François (pape) (1936) 266e pape de l'Église catholique

Il libro della Genesi narra che Dio creò l’uomo e la donna affidando loro il compito di riempire la terra e soggiogarla, che non significa sfruttarla, ma coltivarla e custodirla, averne cura con la propria opera.
it
Audience générale du 1er mai 2013

Philippe Alexandre photo
Maud de Belleroche photo
Corps expéditionnaire français en Italie photo

“Les Français et surtout les Marocains ont combattu avec furie et exploité chaque succès en concentrant immédiatement toutes les forces disponibles sur les points qui faiblissaient.”

Corps expéditionnaire français en Italie (1888–1967) général français

Le général allemand Kesselring le 19 mai 1944 après la percée de la ligne Gustav par les troupe françaises
Albert Kesselring

“L'aliénation. Voilà un des grands mots d'aujourd'hui. Les doctes sociologues et les psychanalystes s'en sont emparés pour l'appliquer à tout propos, avec ravissement. Depuis que l'Occident a été culpabilisé de ses conquêtes et qu'il s'est retiré des pays occupés, qui forment le gros du Tiers-Monde, le vocable a fait fortune. Il sert à couvrir tous les défoulements, toutes les inaptitudes, tous les refus, toutes les violences. Il est devenu un de ces mots pièges, porteurs d'idées-forces, qui sèment la confusion et qui font barrage sur les voies d'ascension des individus et des peuples. Idées-forces qui poussent certains d'entre eux à haïr à mort et à refuser en bloc l'Occident, symbole du fiel et de l'enfer de la colonisation. Pourtant, tout bilan équitablement dressé, ils doivent quand même à celle-ci d'avoir pu embrayer sur leur avenir. Sans les connaissances et les richesses qu'elle leur a livrées, leurs propres moyens eussent exigé des siècles d'efforts, avant qu'ils ne les acquiè­rent. Là où logiquement les rapports humains devraient rester clairs et confiants, le mot-piège, prêtant à exploitation maligne, a répandu le brouillard et installé la suspicion. Comme si tout n'était pas aliénation dans le monde, depuis la mère qui s'aliène au petit qu'elle nourrit de son lait, jusqu'au saint ermite qui s'aliène à Dieu par adoration, celle-ci étant, disait François Mauriac, la forme d'alié­nation qui « du moins nous préserve de toutes les autres.»”

Augustin Ibazizen (1897–1980) écrivain français

Le pont de Bereq'Mouch: ou, Le bond de mille ans, 1979

Michael Parenti photo

“Les exigences du pouvoir et de l'exploitation de classe façonnent une réalité sociale dans laquelle nous vivons tous.”

Black Shirts and Reds, Rational Fascism and the Overthrow of Communism, 1997, Tout-sauf-classe

J. M. G. Le Clézio photo
Maximilien de Robespierre photo
Ian Watson photo
Jean-Marie Le Méné photo
Francis Hallé photo
Hérodote photo
Stefan Zweig photo
Gabriel Terrail photo

“[…] Est exploité quiconque est salarié, car le patron qui salarie retient pour lui une part du produit du travail du salarié.”

Gabriel Terrail (1859–1930) journaliste, écrivain et homme politique français

La France socialiste: notes d'histoire contemporaine

Loïc Decrauze photo
Goulven Mazéas photo
Mircea Eliade photo
Henry Miller photo
Octave Mirbeau photo
Eric Clapton photo

“La tournée terminée, Tom et Roger pensèrent qu'après le succès de I Shot The Sheriff, ce serait bien de descendre dans les Caraïbes pour continuer sur le thème du reggae. Ils organisèrent un voyage en Jamaïque, où ils jugeaient qu'on pourrait fouiner un peu et puiser dans l'influence roots avant d'enregistrer. Tom croyait fermement au bienfait d'exploiter cette source, et je n'avais rien contre puisque ça voulait dire que Pattie et moi aurions une sorte de lune de miel. Kingston était une ville où il était fantastique de travailler. On entendant de la musique partout où on allait. Tout le monde chantait tout le temps, même les femmes de ménage à l'hotel. Ce rythme me rentrait vraiment dans le sang, mais enregistrer avec les Jamaïcains était une autre paire de manches.

Je ne pouvais vraiment pas tenir le rythme de leur consommation de ganja, qui était énorme. Si j'avais essayé de fumer autant ou aussi souvent, je serais tombé dans les pommes ou j'aurais eu des hallucinations. On travaillait aux Dynamic Sound Studios à Kingston. Des gens y entraient et sortaient sans arrêt, tirant sur d'énormes joints en forme de trompette, au point qu'il y avait tant de fumée dans la salle que je ne voyais pas qui était là ou pas. On composait deux chansons avec Peter Tosh qui, affalé sur une chaise, avait l'air inconscient la plupart du temps. Puis, soudain, il se levait et interprétait brillamment son rythme reggae à la pédale wah-wah, le temps d'une piste, puis retombait dans sa transe à la seconde où on s'arrêtait.”

Eric Clapton (1945) guitariste, chanteur et compositeur anglais

Eric Clapton: The Autobiography

Émile Durkheim photo

“Et, en effet, une fois qu'on a cessé de confondre l'individualisme avec son
contraire, c'est-à-dire avec l'utilitarisme, toutes ces prétendues contradictions
s'évanouissent comme par enchantement. Cette religion de l'humanité a tout
ce qu'il faut pour parler à ses fidèles sur un ton non moins impératif que les
religions qu'elle remplace. Bien loin qu'elle se borne à flatter nos instincts, elle
nous assigne un idéal qui dépasse infiniment la nature; car nous ne sommes
pas naturellement cette sage et pure raison qui, dégagée de tout mobile
personnel, légiférerait dans l'abstrait sur sa propre conduite. Sans doute, si la
dignité de l'individu lui venait de ses caractères individuels, des particularités
qui le distinguent d'autrui, on pourrait craindre qu'elle ne l'enfermât dans une
sorte d'égoïsme moral qui rendrait impossible toute solidarité. Mais, en réalité,
il la reçoit d'une source plus haute et qui lui est commune avec tous les
hommes. S'il a droit à ce respect religieux, c'est qu'il a en lui quelque chose de
l'humanité. C'est l'humanité qui est respectable et sacrée; or elle n'est pas
toute en lui. Elle est répandue chez tous ses semblables; par suite, il ne peut la
prendre pour fin de sa conduite sans être obligé de sortir de soi-même et de se répandre au-dehors. Le culte dont il est, à la fois, et l'objet et l'agent, ne
s'adresse pas à l'être particulier qu'il est et qui porte son nom, mais à la
personne humaine, où qu'elle se rencontre, sous quelque forme qu'elle
s'incarne. Impersonnelle et anonyme, une telle fin plane donc bien au-dessus
de toutes les consciences particulières et peut ainsi leur servir de centre de
ralliement. Le fait qu'elle ne nous est pas étrangère (par cela seul qu'elle est
humaine) n'empêche pas qu'elle ne nous domine. Or, tout ce qu'il faut aux
sociétés pour être cohérentes, c'est que leurs membres aient les yeux fixés sur
un même but, se rencontrent dans une même foi, mais il n'est nullement
nécessaire que l'objet de cette foi commune ne se rattache par aucun lien aux
natures individuelles. En définitive, l'individualisme ainsi entendu, c'est la
glorification, non du moi, mais de l'individu en général. Il a pour ressort, non
l'égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitié plus large
pour toutes les douleurs, pour toutes les misères humaines, un plus ardent
besoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice. N'y
a-t-il pas là de quoi faire communier toutes les bonnes volontés. Sans doute, il
peut arriver que l'individualisme soit pratiqué dans un tout autre esprit.
Certains l'utilisent pour leurs fins personnelles, l'emploient comme un moyen
pour couvrir leur égoïsme et se dérober plus aisément à leurs devoirs envers la
société. Mais cette exploitation abusive de l'individualisme ne prouve rien
contre lui, de même que les mensonges utilitaires de l'hypocrisie religieuse ne
prouvent rien contre la religion.”

Émile Durkheim (1858–1917) sociologue français

L'individualisme et les intellectuels

Russell Banks photo
Anna Gavalda photo
Victor Hugo photo
Edward Said photo
Pierre Rabhi photo
Michel Onfray photo
Karl Marx photo
Boris Cyrulnik photo

“Ces enfants mûrissent trop tôt parce que, ayant été rendus sensibles aux malheurs, c'est ce qu'ils savent 2le mieux voir. Ils sont attirés par les blessés et désirent les aider. Ils comprennent ce more de relation qui les revalorise. Le comportement oblatif qui consiste à donner à ses propres dépens leur permet de gagner un peu d'affection, au risque de rencontrer quelqu'un qui en profitera, car ils sont faciles à exploiter. Ce don de soi n'a pas la grandeur du sacrifice puisqu'ils le font discrètement, parfois même en cachette. L'oblativité prend plutôt l'effet d'un rachat par ceux qui ont commis le crime de survivre quand leurs proches sont morts.
Ces enfants, adultes trop tôt, aiment devenir parents de leurs parents. Ils se sentent un peu mieux en vivant de cette manière qui les prive d'une étape de leur développement mais les revalorise et les socialise. Ne les félicitez pas pour ce comportement, car ils détestent tout ce qu'ils font. Vous risqueriez de saboter ce lien fragile. Vous les trouverez mignon et touchant parce que ce sont des enfants. Mais leur fraîcheur apparente masque leur malaise. Quand on est malheureux, le plaisir nous fait peur. Non seulement, on n'a pas le désir du plaisir, mais on n'a honte à l'idée d'avoir du plaisir. Alors l'enfant trop adulte découvre un compromis: il s'occupera des autres.
Ces enfants qui veulent fuir leur enfance haïssent le passé qui s'impose dans leur mémoire encore fraîche. Ils la combattent grâce à une préparation comportementale au déni, une jovialité excessive, une recherche exaspérée de ce qui peut faire rire, une quête d'engagements superficiels, une hyperactivité incessante qui les pousse vers le présent en fuyant le passé.”

Boris Cyrulnik (1937) psychiatre et psychanalyste français

Les vilains petits canards

“je lui tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. Elle les accepta et m'annonça, comme en passant :

— Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste.

C'est ainsi que mon martyre commença. Au cours des jours qui suivirent, je mangeai pour Valentine plusieurs poignées de vers de terre, un grand nombre de papillons, un kilo de cerises avec les noyaux, une souris, et, pour finir, je peux dire qu'à neuf ans, c'est-à-dire bien plus jeune que Casanova, je pris place parmi les plus grands amants de tous les temps, en accomplissant une prouesse amoureuse que personne, à ma connaissance, n'est jamais venu égaler. Je mangeai pour ma bien-aimée un soulier en caoutchouc.

Ici, je dois ouvrir une parenthèse.

Je sais bien que, lorsqu'il s'agit de leurs exploits amoureux, les hommes ne sont que trop portés à la vantardise. A les entendre, leurs prouesses viriles ne connaissent pas de limite, et ils ne vous font grâce d'aucun détail.

Je ne demande donc à personne de me croire lorsque j'affirme que, pour ma bien-aimée, je consommai encore un éventail japonais, dix mètres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises — Valentine me mâchait, pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me tendant les noyaux — et trois poissons rouges, que nous étions allés pêcher dans l'aquarium de son professeur de musique.

Dieu sait ce que les femmes m'ont fait avaler dans ma vie, mais je n'ai jamais connu une nature aussi insatiable. C'était une Messaline doublée d'une Théodora de Byzance. Après cette expérience, on peut dire que je connaissais tout de l'amour. Mon éducation était faite. Je n'ai fait, depuis, que continuer sur ma lancée.

Mon adorable Messaline n'avait que huit ans, mais son exigence physique dépassait tout ce qu'il me fut donné de connaître au cours de mon existence. Elle courait devant moi, dans la cour, me désignait du doigt tantôt un tas de feuilles, tantôt du sable, ou un vieux bouchon, et je m'exécutais sans murmurer. Encore bougrement heureux d'avoir pu être utile. A un moment, elle s'était mise à cueillir un bouquet de marguerites, que je voyais grandir dans sa main avec appréhension — mais je mangeai les marguerites aussi, sous son oeil attentif — elle savait déjà que les hommes essayent toujours de tricher, dans ces jeux-là — où je cherchais en vain une lueur d'admiration. Sans une marque d'estime ou de gratitude, elle repartit en sautillant, pour revenir, au bout d'un moment, avec quelques escargots qu'elle me tendit dans le creux de la main. Je mangeai humblement les escargots, coquille et tout.

A cette époque, on n'apprenait encore rien aux enfants sur le mystère des sexes et j'étais convaincu que c'était ainsi qu'on faisait l'amour. J'avais probablement raison. Le plus triste était que je n'arrivais pas à l'impressionner. J'avais à peine fini les escargots qu'elle m'annonçait négligemment :

— Josek a mangé dix araignées pour moi et il s'est arrêté seulement parce que maman nous a appelés pour le thé.

Je frémis. Pendant que j'avais le dos tourné, elle me trompait avec mon meilleur ami. Mais j'avalai cela aussi. Je commençais à avoir l'habitude.
(La promesse de l'aube, ch. XI)”

Promise at Dawn

Emmanuel Carrère photo

“Le plus passionnant, ce sont les six volumes suivants de l'Histoire des origines du christianisme, où est racontée en détail cette histoire beaucoup moins connue : comment une petite secte juive, fondée par des pêcheurs illettrés, soudée par une croyance saugrenue sur laquelle aucune personne raisonnable n'aurait misé un sesterce, a en moins de trois siècles dévoré de l'intérieur l'Empire romain et, contre toute vraisemblance, perduré jusqu'à nos jours. Et ce qui est passionnant, ce n'est pas seulement l'histoire en soi extraordinaire que Renan raconte, mais l'extraordinaire honnêteté avec laquelle il la raconte, je veux dire sa façon d'expliquer au lecteur comment il fait sa cuisine d'historien : de quelles sources il dispose, comment il les exploite et en vertu de quels présupposés. J'ai sa façon d'écrire l'histoire, non pas ad probandum, comme il dit, mais ad narrandum : pas pour prouver quelque chose, mais simplement pour raconte ce qui s'est passé. J'aime sa bonne foi têtue, le scrupule qu'il met à distinguer le certain du probable, le probable du possible, le possible du douteux, et le calme avec lequel il répond aux plus violents de ses critiques : " Quant aux personnes qui ont besoin, dans l'intérêt de leur croyance, que je sois un ignorant, un esprit faux ou un homme de mauvaise foi, je n'ai pas la prétention de modifier leur opinion. Si ell est nécessaire à leur repos, je m'en voudrais de les désabuser." (p. 176-177)”

Le Royaume

“FOLCO : ""Socialisme"" et ""communisme"" sont devenus presque des gros mots. Quelle est l'essence de ce rêve à laquelle on pourrait s'identifier, au lieu de le repousser sans même y réfléchir?
TIZIANO : L'idée du socialisme était simple : créer une société dans laquelle il n'y aurait pas de patrons pour contrôler les moyens de production, moyens avec lesquels ils réduisent le peuple en esclavage; Si tu as une usine et que tu en es le patron absolu, tu peux licencier et embaucher à ta guise, tu peu même embaucher des enfants de douze ans et les faire travailler. Il est clair que tu engranges un profit énorme, qui n'est pas dû uniquement à ton travail, mais également au travail de ces personnes-là. Alors, si les travailleurs participent déjà à l'effort de production, pourquoi ne pas les laisser coposséder l'usine?
La société est pleine d'injustices. On regarde autour de soi et on se dit : mais comment, il n'est pas possible de résoudre ces injustices?
Je m'explique. Quelqu'un a une entreprise agricole en amont d'un fleuve avec beaucoup d'eau. Il peut construire une digue pour empêcher que l'eau aille jusqu'au paysan dans la vallée, mais ce n'est pas juste. Ne peut-il pas, au contraire, trouver un accord pour que toute cette eau arrive également chez celui qui se trouve en bas? Le socialisme, c'est l'idée d'une société dans laquelle personne n'exploite le travail de l'autre. Chacun fait son devoir et, de tout ce qui a été fait en commun, chacun prend ce dont il a besoin. Cela signifie qu'il vit en fonction de ce dont il a besoin, qu'il n'accumule pas, car l'accumulation enlève quelque chose aux autres et ne sert à rien. Regarde, aujourd'hui, tous ces gens richissimes, même en Italie! Toute cette accumulation, à quoi sert-elle? Elle sert aux gens riches. Elle leur sert à se construire un yacht, une gigantesque villa à la mer. Souvent, tout cet argent n'est même pas recyclé dans le système qui produit du travail. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est de là qu'est née l'idée du socialisme.
FOLCO : Et le communisme? Quelle est la différence entre le socialisme et le communisme?
TIZIANO : Le communisme a essayé d'institutionnaliser l'aspiration socialiste, en créant - on croit toujours que c'est la solution - des institutions et des organismes de contrôle. Dès cet instant, le socialisme a disparu, parce que le socialisme a un fond anarchiste. Lorsqu'on commence à mettre en place une police qui contrôle combien de pain tu manges, qui oblige tout le monde à aller au travail à huit heures, et qui envoie au goulag ceux qui n'y vont pas, alors c'est fini. (p. 383-384)”

La fine è il mio inizio

“La gauche socialiste se lançait sur la voie d'une mutation profonde, qui allait s'accentuer d'année en année, et commençait de se placer avec un enthousiasme suspect sous l'emprise d'intellectuels néoconservateurs qui, sous couvert de renouveler la pensée de gauche, travaillaient à effacer tout ce qui faisait que la gauche était la gauche. Se produisait, en réalité, une métamorphose générale et profonde des ethos autant que des références intellectuelles. On en parla plus d'exploitation et de résistance, mais de « modernisation nécessaire » et de « refondation sociale »; plus de rapports de classe, mais de « vivre-ensemble »; plus de destins sociaux, mais de « responsabilité individuelle ». La notion de domination et l'idée d'une polarité structurante entre les dominants et les dominés disparurent du paysage politique de la gauche officielle, au profit de l'idée neutralisante de « contrat sociale », de « pacte social », dans le cadre desquels des individus définis comme « égaux en droit » (« égaux »? Quelle obscène plaisanterie!) étaient appelés à oublier leurs « intérêts particuliers » (c'est-à-dire à se taire et à laisser les gouvernants gouverner comme ils l'entendaient). Quels furent les objectifs idéologique de cette « philosophie politique », diffusée et célébrée d'un bout à l'autre du champ médiatique, politique et intellectuel, de la droite à la gauche (ses promoteurs s'évertuant d'ailleurs à effacer la frontière entre la droite et la gauche, en attirant, avec le consentement de celle-ci, la gauche vers la droite)? L'enjeu était à peine dissimulé : l'exaltation sur « sujet autonome » et la volonté concomitante d'en finir avec les pensée qui s'attachaient à prendre en considération les déterminismes historiques et sociaux eurent pour principale fonction de défaire l'idée qu'il existait des groupes sociaux - des « classes » - et de justifier ainsi le démantèlement du welfare state et de la protection sociale, au nom d'une nécessaire individualisation (ou décollectivisation, désocialisation) du droit du travail et des systèmes de solidarité et de redistribution. Ces vieux discours et ces vieux projets, qui étaient jusqu'alors ceux de la droite, et ressassé obsessionnellement par la droite, mettant en avant la responsabilité individuelle contre le « collectivisme », devinrent aussi ceux d'une bonne partie de la gauche. Au fond, on pourrait résumer la situation en disant que les partis de gauche et leurs intellectuels de parti et d'État pensèrent et parlèrent désormais un langage de gouvernants et non plus le langage des gouvernés, s'exprimèrent au nom de gouvernants (et avec eux) et non plus au nom des gouvernés (et avec eux), et donc qu'ils adoptèrent sur le monde un point de vue de gouvernants en repoussant avec dédain (avec une grande violence discursive, qui fut éprouvée comme telle par ceux sur qui elle s'exerça) le point de vue des gouvernés. Tout au plus daigna-t-on, dans les versions chrétiennes ou philanthropiques de ces discours néoconservateurs, remplacer les opprimés et les dominés d'hier - et leurs combats - par les « exclus » d'aujourd'hui - et leur passivité présomptive - et se pencher sur eux comme les destinataires potentiels, mais silencieux, de mesures technocratiques destinés à aider les « pauvres » et les « victimes » de la « précarisation » et de la « désaffiliation ». Ce qui n'était qu'une autre stratégie intellectuelle, hypocrite et retorse, pour annuler toute approcher en termes d'oppression et de lutte, de reproduction et de transformation des structures sociales, d'inertie et de dynamique des antagonismes de classe. (p. 130-132)”

Returning to Reims

Karl Marx photo
Pierre Corneille photo
Pierre Corneille photo
Cette traduction est en attente de révision. Est-ce correct?
Jack Kerouac photo
Jean-Louis Caccomo photo
Henri Laborit photo

“Ah! si les peuples sous-développés étaient indispensables à la survie des autres, il y a fort à penser que l'on s'occuperait d'eux plus activement. Mais si l'impérialisme mondial est prêt à faire des guerres locales pour conserver l'exploitation de certaines régions pétrolières, ou pour conserver le contrôle de certaines régions dont il considère qu'elles sont importantes à sa sécurité, il sait bien par contre qu'il peut continuer à vivre sans les populations qui les habitent. Si les classes dominantes nationales ne peuvent se passer de leur prolétariat national qui détient la force de travail, l'impérialisme international par contre n'a pas besoin du prolétariat misérable qui constitue les populations du tiers-monde. Autant dire qu'il considère faire œuvre charitable s'il ampute de quelques centimes le produit national, pour le livrer gratuitement pense-t-il à ces populations, alors qu'il retire de leur sol une richesse pourtant considérable. Pourquoi n'ont-elles pas d'ailleurs suivi une évolution technique semblable? C'est bien la preuve que ce sont des races inférieures, peu douées, et qui « méritent » le sort misérable qui est le leur. Même si cette opinion n'est pas toujours proférée, elle est toujours plus ou moins inconsciemment pensée. Elle résulte directement d'ailleurs de la notion de liberté humaine, l'homme libre étant seul responsable de son destin.”

Henri Laborit (1914–1995) médecin, chirurgien et neurobiologiste français du XXe siècle. Instigateur de l'utilisation des neuroleptiq…

L'homme imaginant, 1970

Friedrich Nietzsche photo