Citations sur supporter

Une collection de citations sur le thème de supporter, support, tout, bien-être.

Citations sur supporter

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“Si tu supportes la fumée, tu te réchaufferas avec la braise.”

En attendant le vote des bêtes sauvages, 1998

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“Moins on croit être, plus on supporte. Et si on ne croit rien être, on supporte tout.”

Antonio Porchia (1885–1968)

Cuanto menos uno cree ser, más soporta. Y si cree ser nada, soporta todo.
es

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“J'écris parce que je ne peux supporter la réalité qu'en la modifiant.”

Orhan Pamuk (1952) écrivain turc

Discours de réception du prix Nobel de littérature le [7, décembre, 2006]

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“À cette heure, édifié par les subtils génies du Feu, un temple nouveau s’élevait là même où, dans le crépuscule, on avait cru voir un neptunien palais d’argent dont l’architecture imitait les torsions des conques marines. C’était, agrandi, un de ces labyrinthes construits sur le fer des landiers, demeures aux cent portes habitées par les présages ambigus; un de ces fragiles châteaux vermeils aux mille fenêtres, où se montrent un moment les princesses salamandres qui rient voluptueusement au poète charmé. Rose comme une lune naissante rayonnait sur la triple loggia la sphère de la Fortune, supportée par les épaules des Atlantes; et ses reflets engendraient un cycle de satellites. Du quai des Esclavons, de la Giudecca, de San Giorgio, avec un crépitement continu, des faisceaux de tiges enflammées convergeaient au zénith et s’y épanouissaient en roses, en lis, en palmes, formant un jardin aérien qui se détruisait et se renouvelait sans cesse par des floraisons de plus en plus riches et étranges. C’était une rapide succession de printemps et d’automnes à travers l’empyrée. Une immense pluie scintillante de pétales et de feuillages tombait des dissolutions célestes et enveloppait toutes choses d’un tremblement d’or. Au loin, vers la lagune, par les déchirures ouvertes dans cet or mobile, on voyait s’avancer une flotte pavoisée : une escadre de galères semblables peut-être à celles qui naviguent dans le rêve du luxurieux dormant son dernier sommeil sur un lit imprégné de parfums mortels. Comme celles-là peut-être, elles avaient des cordages composés avec les chevelures tordues des esclaves capturées dans les villes conquises, ruisselants encore d’une huile suave; comme celles-là, elles avaient leurs cales chargées de myrrhe, de nard, de benjoin, d’éléomiel, de cinnamome, de tous les aromates, et de santal, de cèdre, de térébinthe, de tous les bois odoriférants accumulés en plusieurs couches. Les indescriptibles couleurs des flammes dont elles apparaissaient pavoisées évoquaient les parfums et les épices. Bleues, vertes, glauques, safranées, violacées, de nuances indistinctes, ces flammes semblaient jaillir d’un incendie intérieur et se colorer de volatilisations inconnues. Ainsi sans doute flamboyèrent, dans les antiques fureurs du saccage, les profonds réservoirs d’essences qui servaient à macérer les épouses des princes syriens. Telle maintenant, sur l’eau parsemée des matières en fusion qui gémissaient le long des carènes, la flotte magnifique et perdue s’avançait vers le bassin, lentement, comme si des rêves ivres eussent été ses pilotes et qu’ils l’eussent conduite se consumer en face du Lion stylite, gigantesque bûcher votif dont l’âme de Venise resterait parfumée et stupéfiée pour l’éternité.”

Romans, Le Feu, 1900

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“Le mécanisme de la justification est la pièce centrale de l’œuvre bourgeoise, sa signification, sa motivation. Pour arriver (à ses fins), le bourgeois se construit un monde réel mais aussi un monde imaginaire qu'il fait prévaloir sur tous les autres dans le mécanisme de la conscience fausse. Car le bourgeois se sait, inconsciemment, un exploiteur, mais il ne peut pas se supporter pour ce qu'il est. (En cela,) il exprime une tendance propre à tout homme (…), celle d’être à la fois en accord avec son milieu (…) et avec lui-même. (…) Et pour ne pas reconnaître ce qu'il est en réalité, le bourgeois ne peut pas voir les motivations réelles de son action. Il ne peut pas discerner les forces motrices qui le poussent à être ce qu'il est en agissant comme il le fait. Ce n'est pas l'hypocrisie au sens courant : le bourgeois le voudrait-il, il ne le peut pas. (…) Comme il ne peut pas non plus agir sans motivation, il se crée un système explicatif, un système de motifs imaginant des forces motrices pour légitimer son action. Bien entendu, ces forces motrices ne sont pas seulement imaginaires, théoriques, (sinon), elles ne feraient illusion sur personne : elles sont apparentes. L'un des jeux permanents de la conscience bourgeoise consiste à éviter le profond pour tout (ramener) à l'évident. (…) Les évidences sont les plus sûrs atouts de la conscience fausse. (…) Il y a ainsi déguisement de la condition réelle, mais déguisement plus réel que le réel parce qu'investi d'évidence.”

Jacques Ellul (1912–1994) professeur d'histoire du droit, sociologue et théologien protestant français

Métamorphose du bourgeois, 1967

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“La jeunesse est une fièvre trop forte pour être supportée si longtemps.”

Stanley G. Weinbaum (1902–1935) écrivain américain de science-fiction

, 1939

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“Les moralistes ont toujours remarqué depuis longtemps qu'on a toujours assez de force pour supporter les peines d'autrui.”

Léon Bloy (1846–1917) romancier et essayiste français

Essai, Éxégèse des Lieux Communs, 1902

“Si vous répondez à une question par une question, c'est simplement que vous ne pouvez supporter la réponse.”

David Homel (1952) écrivain et traducteur américain

Un singe à Moscou, 1995

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“Combien de guerres les Terriens pourront-ils encore supporter?”

Citations de ses romans, Au carrefour des étoiles, 1963

“Il y a des responsabilités que l'on ne peut supporter qu'au sein de l'action.”

Henry Kuttner (1915–1958) écrivain américain

Les Mutants, 1953

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“On peut tout supporter et chacun doit accomplir ce qui lui échoit.”

Kurt Vonnegut (1922–2007) écrivain américain

, 1969

“Les « pervers de caractère » sont peu supportés par l'entourage, leur besoin de nier la réalité de l'autre est trop grande : ils réclament fébrilement des gages immédiats et une reconnaissance totale; ce que le pervers narcissique demande aussi, mais celui-ci sait attendre, puis « organiser » une stratégie relationnelle, qui viendrait confirmer ses fantasmes.”

Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, Dunot, Psychismes, 1989, 9, I. Le Champ de la perversion narcissique, Définition et description générale, Différences avec le sadisme, 2 10 002843 X
Psychanalyse, Le Pervers narcissique et son complice, 1989

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“De tout cœur avec vous tous, pour supporter cette terrible nouvelle.”

Wassyl Slipak (1974–2016) chanteur ukrainien d'opéra

fr

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“S'il est au monde une misère sans remède, c'est le serrement de cœur qui vient de l'incommunicable. Et s'il surgissait un nouveau sphinx qui proposât à l'homme cette nouvelle énigme : « Quel est le seul fardeau que le courage humain ne saurait supporter? », je répondrais aussitôt : C'est le fardeau de l'incommunicable. A ce moment-là, alors que j'étais assis dans une salle du Prieuré avec ma mère, sachant combien elle était raisonnable, combien patiemment elle écoutait mes explications, combien elle était franche et ouverte à la compassion, je n'en tombai pas moins dans un abîme de détresse par mon incapacité à me faire entendre… Rien de ce qui se présentait à ma rhétorique n'offrait autre chose que le reflet le plus faible, le plus enfantin de mes souffrances passées. Je me sentais juste aussi désemparé, aussi désarmé dans mon impuissance inerte à faire face (ou même simplement à m'efforcer de faire face) à la difficulté qui se dressait devant moi, que la plupart d'entre nous ont eu l'impression de l'être dans ces rêves de notre enfance où nous nous couchions, sans faire un geste de résistance, devant un lion dévastateur. Je sentis que la situation était sans espoir; un mot unique, que j'essayai de former sur mes lèvres, mourut dans un soupir; et j'acquiesçai passivement à l'aveu implicite que toutes les apparences semblaient comporter — à l'aveu qu'en fait je n'avais aucune excuse à offrir.”

Thomas de Quincey (1785–1859) écrivain britannique

Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais, 1822

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“Le seul moyen efficace de supporter la vie, c'est d'oublier la vie.”

Hippolyte Taine (1828–1893) philosophe et historien français

Voyage en Italie

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“Il avait suffi, pour ne pas l'effrayer, d'être avec lui ce que Jérôme aurait voulu que fût l'humanité pour lui, ce que fût l'humanité. Un instinct de vie si pur, une âme si dégagée des liens qui l'enserrent dès sa naissance, que le mot liberté reprenait sens à sa vue. Jérôme respectait d'ailleurs en son compagnon, comme il l'avait encouragée en soi-même, cette impossibilité de supporter la moindre question, le moindre contrôle; mais, alors qu'il n'avait ressenti que très tard, après la guerre, et comme une révolte, comme un schisme, l'impuissance à vivre cette vie plus faite de la vie des autres que de la sienne propre, les mêmes sentiments dans l'enfant étaient si aisés, si proches de la nature et du bon sens qu'on imaginait très bien une humanité soumise à cette façon d'être humaine. Une humanité où chaque homme aurait été distinct des autres, dans son âme comme dans son corps, comme un astre et des astres. Où les rapports entres les êtres n'auraient jamais été que des flexions, des consentements, des transparences, et où seul le silence aurait été un bien et un plaisir commun. (…) Où chaque homme n'eût pas été un administrateur-délégué de la race entière des hommes, responsable jusque dans sa façon de cracher ou de faire l'amour… Une humanité, sans lois sociales et esthétiques, aussi libérée de ses codes multiples que de ces tics qui ont créé le grès flambé ou le cuir de Cordoue… Plus belle aussi… Où l'âge ne déposerait pas sur chacun de vos doigts, à chaque phalange, un triste nombril.”

Aventures de Jérôme Bardini, 1930

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“Michael Jackson a été le premier artiste vidéo et Madonna fut la deuxième, mais c'est elle qui comprit que les vidéos pouvaient être un support pour provoquer et s'exhiber.”

Madonna (1958) chanteuse américaine

Michael Jackson was the first video artist; Madonna was second, and she's the one who understood that video could be a forum for provocation and exhibitionism.
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“Richelieu, appuyé sur le roi, avait exercé une véritable dictature que le peuple français avait supportée impatiemment, mais sans laquelle l’œuvre nationale eût été impossible.”

Jacques Bainville (1879–1936) critique littéraire, publiciste, journaliste, chroniqueur de politique étrangère, historien et académicien …

Histoire de France

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“Je n'étais même pas libre de pleurer. Qui est jamais libre de pleurer? Il y a toujours des gens autour, des gens capables de regarder sans le voir un homme sur son chemin de croix, avec sa carrière dans des cartons, mais incapables de supporter le festin visuel d'un homme en pleurs, oui, en pleurs, emporté par l'hiver de son déplaisir.

Mais eux non plus, ils n'étaient pas libres d'ingérer le spectacle et de retourner à leurs affaires pour pleurer, de peur que leurs collègues ne les voient en larmes devant leur écran d'ordinateur. Le dernier qui pleurera aura gagné. Nous savons tous ça. Les enfants le tiennent pour un article de foi. Les adultes, eux, ne sont plus en position de le formuler comme tel, mais ils le savent d'instinct. En conclusion, personne n'est libre de pleurer. Personne excepté Tanya.

Devant le gare, il m'est apparu que personne n'est réellement libre, pas seulement en matière de larmes, mais en toute chose. Si un évènement ou une situation détermine ou en cause une autre, en quel sens peut-on prétendre que nous sommes libres d'agir ou non? Si notre comportement est déterminé par toute une série de facteurs, notre structure génétique, la manière dont nous avons été mis au monde, notre perception de l'amour, l'attention et le confort matériel que nous avons connus enfant, jusqu'à notre taux de sucre dans le sang et notre exposition immédiate aux conditions climatiques dominantes, en quoi sommes-nous libres?

Et même si nous pouvions calculer l'effet de tous ces facteurs et prédire notre comportement, nous ne serions toujours pas libres. Car être capable de prédire les évènements futurs ne permet pas pour autant de les influencer si les variables qui les déterminent échappent à notre contrôle.”

Three Dollars

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“La primauté de l’intention divine — donc du message — dans l’ordre des apparences, implique une conséquence fort paradoxale, mais néanmoins pertinente, à savoir l’existence d’une « double réalité » qui fait penser à la « double vérité » des scolastiques. C’est-à-dire qu'il faut distinguer, dans certains cas, entre une « réalité de fait » et une « réalité d’apparence » : que la terre soit ronde et qu’elle tourne autour du soleil, c’est un fait, mais qu’elle soit plate et que le soleil voyage d'un horizon à l’autre, n’en est pas moins, dans l’intention divine, une réalité pour nous; sans quoi l’expérience de l’homme — créature centrale et partant « omnisciente » — ne se bornerait pas, a priori et « naturellement », à ces constatations physiquement illusoires mais symboliquement pleines de sens. Encore que l’illusion physique soit relative, à un certain point de vue, car la terre, pour l’homme, est incontestablement faite de régions plates dont seulement la somme — imperceptible aux créatures terrestres — constitue une sphère; si bien qu’on devrait dire que la terre est plate et ronde à la fois. Quant au symbolisme traditionnel, il implique une portée morale, ce qui nous permet de conclure que l’homme n’a droit, en principe et a priori, qu’à une connaissance qu’il supporte, c’est-à-dire qu’il est capable d’assimiler; donc d’intégrer dans la connaissance totale et spirituelle qu’il est censé posséder en sa qualité d’homo sapiens (19)".

19. Incontestablement, la science moderne regorge de connaissances, mais la preuve est faite que l’homme ne les supporte pas, ni intellectuellement ni moralement. Ce n’est pas pour rien que les Écritures sacrées sont volontiers aussi naïves que possible, ce qui excite sans doute la moquerie des sceptiques mais n’empêche ni les simples ni les sages de dormir tranquilles.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

To Have a Center

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“Avez vous déjà aimé une personne sans pouvoir la supporter?”

Stephen King (1947) écrivain américain

Mr. Mercedes

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“En ce qui concerne, il y a coïncidence entre l'idéologie conjugale de la famille petite-bourgeoise et l'idée de famille en général, c'est-à-dire l'union monogamique définitive. Si misérables et désespérées, douloureuses et insupportables que soient la situation conjugale et la constellation familiale, les membres de la famille sont condamnés à les justifier, à l'intérieur de la famille et vis-à-vis de l'extérieur. La nécessité sociale de cette attitude conduit à masquer la misère et à idéaliser la famille et le mariage; elle engendre également la diffusion du sentimentalisme familial, avec ses clichés de "bonheur familial", de "foyer protecteur", du "havre de paix et de bonheur" que la famille est censée représenter pour les enfants. Le fait que dans notre société la situation est encore plus lamentable en dehors du mariage et de la famille, où la vie sexuelle perd absolument tout appui matériel, légal ou moral, est interprété à tort comme signifiant que l'institution familiale est. La méprise sur le véritable état des choses, ainsi que les slogans sentimentaux qui contribuent à créer l'atmosphère idéologique, sont psychologiquement indispensables, car ils permettent au psychisme de supporter l'intolérable situation familiale. C'est pourquoi le traitement des névroses, balayant les illusions et mettant à nu la vérité des situations, est susceptible de détruire les liens conjugaux et familiaux. (p. 134)”

The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure

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“La différence entre la psychologie moderne et la psychologie sacrée apparaît déjà dans le fait que, pour la plupart des psychologues modernes, la morale n'a plus rien à faire avec la psychologie. Généralement, ils réduisent l'éthique à la morale sociale, plus ou moins forgée par de simples habitudes et la considèrent comme une sorte de barrage psychique, utile à l'occasion, mais le plus souvent contraignant, voire néfaste, pour l'épanouissement « normale » de la psychè individuelle. Cette conception a surtout été propagée par la psychanalyse freudienne, qui, comme on le sait, est devenu d'un usage courant dans certains pays, où elle joue pratiquement le rôle qui revient ailleurs au sacrement de la confession. Le psychiatre remplace le prêtre et l'éclatement des instincts refoulés sert d'absolution. Dans la confession sacramentelle, le prêtre n'est que le représentant impersonnel – et donc tenu au secret – de la Vérité divine, qui à la fois juge et pardonne; en confessant ses fautes, le pécheur transforme les tendances qui les sous-tendent en quelque chose qui n'est plus « lui-même »; il les « objectivise »; en se repentant, il s'en détache, et en recevant l'absolution, son âme retrouve son équilibre initial, centré sur son axe divin. Dans le cas de la psychanalyse freudienne, en revanche (1), l'homme met à nu ses entrailles psychiques non pas devant Dieu, mais devant son prochain; il ne prend pas de recul par rapport aux fonds chaotiques et obscurs de son âme que l'analyse lui dévoile, mais au contraire se les approprie, puisqu'il doit se dire à lui-même : « C'est ainsi que je suis fait en réalité ». Et s'il ne parvient pas à surmonter cette désillusion avilissante grâce à quelque influence salutaire, il en conserve comme une souillure intérieure. Dans la plupart des cas, il tente de se sauver en se plongeant dans la médiocrité psychique du plus grand nombre, car on supporte mieux son propre avilissement en le partageant avec autrui. Quelle que puisse être l'utilité occasionnelle et partielle d'une telle analyse, son résultat est généralement celui-là, étant donné les prémisses dont elle part.(2)

(1) Cette précision est nécessaire dans la mesure où il existe également aujourd'hui des formes plus inoffensives de psychanalyse, ce qui ne veut pas dire que nous entendons par là justifier une forme quelconque de psychanalyse.

(2) Il y a une règle selon laquelle quiconque pratique la psychanalyse doit auparavant avoir subi lui-même la psychanalyse. D'où la question de savoir qui a inauguré cette série, qui imite étrangement la « succession apostolique ».”

Titus Burckhardt (1908–1984)

Science moderne et Sagesse traditionnelle

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