Citations sur arabe
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“Le séjour des Arabes en France, plus de deux siècles après Charles Martel, nous prouve que la victoire de ce dernier n'eut en aucune façon l'importance que lui attribuent tous les historiens. Charles Martel, suivant eux, aurait sauvé l'Europe et la chrétienté. Mais cette opinion, bien qu'universellement admise, nous semble entièrement privée de fondement. L'expédition d'Abdérame n'était qu'une campagne destinée à enrichir ses soldats, en leur procurant l'occasion de faire un riche butin. Sans le fils de Pepin d'Héristal, l'expédition se fût terminée par le pillage de Tours et de quelques autres villes, et les Arabes se fussent, suivant leur habitude, éloignés pour reparaître sans doute les années suivantes, jusqu'au jour où ils eussent rencontré une coalition capable de les repousser. Charles Martel ne réussit à les chasser d'aucune des villes qu'ils occupaient militairement. Il fut obligé définitivement de battre en retraite devant eux et de les laisser continuer à occuper tranquillement tous les pays dont ils s'étaient emparés. Le seul résultat appréciable de sa victoire fut de rendre les Arabes moins aventureux dans leurs razzias vers le nord de la France; résultat utile, assurément, mais insuffisant tout à fait à justifier l'importance attribuée à la victoire du guerrier franc.”

Gustave Le Bon (1841–1931) anthropologue, psychologue social, sociologue et scientifique amateur français

La Civilisation des Arabes (1884)

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“On ne peut pas compter seulement sur l’école publique. La religion rend aux enfants ce que leur parents, déchus, n’ont plus toujours la force de leur transmettre. L’État français est laïque, mais la France est un pays chrétien, la France est avant tout un pays catholique. Un large dialogue islamo-catholique est donc prioritaire. Les beurs sont les garants de l’aboutissement positifs de ce dialogue, parce que c’est dans leur intérêt, ayant grandis en France, ils portent en eux cette confrontation […] En lieu et place de ce débat islamo-catholique, que trouve t-on? Un débat politico-religieux, le fameux débat judéo-arabe, imposé notamment par SOS Racisme, organisation contrôlée par l’Union des Étudiants Juifs de France. Ils ont lancé un débat judéo-arabe au nom des Beurs, en faisant eux-mêmes les questions et les réponses. Radio Beur ne doit pas cautionner un faux débat. Nous ne sommes pas des palestiniens, nous sommes des enfants d’immigrés, vivant en France. Solidaires des luttes du peuple palestinien, il n’est cependant pas dans notre vocation de nous substituer à lui, surtout si cette substitution est opérée par d’autres que nous-mêmes. De fait, l’instauration de ce débat judéo-arabe a eu pour effet de détourner le seconde génération du débat islamo-catholique.”

Farida Belghoul (1958) Professeure de lycée

Déclaration de Farida Belghoul le 28 novembre 1989, en qualité de secrétaire général de Radio Beur .
Radio Beur

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“Les conquérans musulmans de l'Espagne, mêlés de Maures et d'Arabes, y apportèrent la culture des sciences, l'amour de la patrie et l'esprit chevaleresque. De là nous sont venues la rime et la romance, qui ont marqué l'aurore du bon goût dans les provinces méridionales de la France. Les mathématiques, l'astronomie, la philosophie, la médecine et l'art vétérinaire, furent enseignés aux académies arabes en Espagne. Là s'élevèrent ces monumens magnifiques de l'architecture arabe, mélange fantasque de l'architecture des Grecs et des Persans. C'est l'architecture arabe qui a embelli l'architecture gothique, avec laquelle on l'a souvent confondue. […] Cest parmi les progrès du luxe et de la civilisation arabes que se forma cet esprit de chevalerie errante, mélange romanesque de sentimens d'honneur et de délicatesse, de religion et d'amour. Mais la chevalerie espagnole-chrétienne, entée sur la chevalerie musulmane-bédouine, était à cette dernière ce qu'est le fruit de l'arbre cultivé à celui du sauvageon. De là naquit le goût des tournois, des joûtes, des cours d'amour, des expéditions romanesques et des duels. Ainsi le contre-coup du choc dont l'Islam renversa les anciens empires de l'Orient, a donné en Europe le branle aux esprits. Ainsi, par un enchaînement de causes éloignées et prochaines, nous devons une partie de notre culture et de l'esprit de nos siècles de chevalerie au mahométisme, qui a étendu son influence non seulement sur les peuples chez lesquels il s'est établi, mais même au-delà de leurs limites jusqu'au sein des nations européennes, qui en conservent encore aujourd'hui le témoignage irréfragable dans le nombre de mots arabes adoptés qui se trouvent dans chacune d'elles.”

Conrad Malte-Brun (1775–1826) géographe français

Annales des voyages de la géographie et de l'histoire, 1808-1826

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“Les Arabes ont laissé sur l’Europe une empreinte intellectuelle que la chrétienté ne pourra bientôt plus ignorer; ils l’ont inscrite de façon indélébile dans les cieux comme peut le constater toute personne lisant le nom des étoiles sur un globe céleste.”

John William Draper (1811–1882) chimiste américain

The Arab has left his intellectual impress on Europe, as, before long, Christendom will have to confess; he has indelibly written it on the heavens, as any one may see who reads the names of the stars on a common celestial globe.
en
A History of the Intellectual Development of Europe, 1863

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“La plupart des Européens n’ont pas exactement évalué l’importance de l’apport qu’ils ont reçu de la civilisation islamique, ni compris la nature de leurs emprunts à cette civilisation dans le passé et certains vont jusqu’à totalement méconnaître tout ce qui s’y rapporte. […] s'il est généralement connu que l'Espagne est restée sous la loi islamique pendant plusieurs siècles, on ne dit jamais qu'il en fut de même d'autres pays, tels que la Sicile et la partie la plus méridionale de la France actuelle. […] Le plus étrange […], c'est de voir les Européens se considérer comme les héritiers directs de la civilisation héllénique, alors que la vérité des faits infirme cette prétention. La réalité tirée de l'histoire même établit que la science et la philosophie grecques ont été transmises aux Européens par des intermédiaires musulmans. En d'autre termes, le patrimoine intellectuel des Héllènes n'est parvenu à l'Occident qu'après avoir été sérieusement étudié par le Proche-Orient, et n'étaient les savants de l'Islam et ses philosophes, les Européens seraient restés dans l'ignorance totale de ces connaissances pendant fort longtemps, si tant est qu'ils soient jamais parvenus à les connaitre. Il convient de faire remarquer que nous parlons ici de l'influence de la civilisation islamique et non spécialement arabe comme on le dit quelquefois à tort. Car la plupart de ceux qui ont exercé cette influence en Occident n'étaient pas de race arabe.”

René Guénon (1886–1951)

Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le taoïsme

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“Prise dans son ensemble, l'œuvre de la nation conquérante, mélangée de bien et de mal et très complexe dans ses effets comme toutes les œuvres humaines, n'a pas eu pour résultante générale la diminution et l'abaissement des indigènes. Sans doute il s'est trouvé des hommes pour demander que la loi du talion historique soit appliquée aux Arabes et qu'ils soient « refoulés » vers le désert, comme ils refoulèrent jadis les Berbères vers les montagnes. En beaucoup d'endroits du Tell et aux alentours des villes ces procédés de « refoulement » ont même été mis en pratique, d'une manière indirecte et légale, « par voie d'expropriation pour cause d'utilité publique »; mais la plupart des Arabes sont encore en possession de leurs terres, et la part qui leur est restée serait largement suffisante pour les nourrir si elle appartenait aux cultivateurs eux-mêmes, et non pas à de grands chefs, vrais possesseurs sous le nom de la tribu. En dépit des injustices et des cruautés qui accompagnent toute prise de possession violente, la situation des Arabes n'a point empiré; celle des Kabyles, des Biskri, des Mzabites s'est améliorée, grâce à l'extension qui a été donnée à leurs industries et à leur commerce. L'Algérie a beaucoup plus reçu de la France qu'elle ne lui a rendu, et les habitants du pays, quoique non traités en égaux, ont à maints égards gagné en liberté depuis l'époque ou commandait le Turc.”

Élisée Reclus (1830–1905) géographe, écrivain et anarchiste français

Sur la colonisation de l'Algérie
Nouvelle géographie universelle: la terre et les hommes, 1881

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“Les enfants sont la survivance de leurs parents, ce sont leur petit bout d’éternité… Ils [mes parents] seront inconsolables lorsqu’ils apprendront ma mort. Je mesure pleinement l’immense douleur que je vais leur creuser, mais ce ne sera qu’une peine parmi tant d’autres à leur palmarès. Avec le temps, ils finiront bien par faire leur deuil et par me pardonner. Le sacrifice n’incombe pas qu’aux autres. Si nous acceptons que les enfants des autres meurent pour les nôtres, nous devons accepter que nos enfants meurent pour ceux des autres, sinon, ce ne serait pas loyal. Et c’est là que tu n’arrives pas à suivre ammou [qui veut dire oncle en arabe]. Sihem est femme avant d’être la tienne. Elle est morte pour les autres… Pourquoi elle?… Pourquoi pas elle? Pourquoi veux-tu que Sihem reste en dehors de l’histoire de son peuple? Qu’avait-elle de plus ou de moins par rapport aux femmes qui s’étaient sacrifiées avant? C’est le prix à gagner pour être libre… Elle l’était. Sihem était libre. Elle disposait de tout. Je ne la privais de rien. La liberté n’est pas un passeport que l’on délivre à la préfecture, ammou. Partir où l’on veut n’est pas la liberté. Manger à sa faim n’est pas la réussite. La liberté est une conviction profonde; elle est mère de toutes les certitudes. Or, Sihem n’était pas tellement sûre d’être digne de sa chance. […] Sihem était plus proche de son peuple que de l’idée que tu te faisais d’elle. 'Elle était peut-être heureuse, mais pas suffisamment pour te ressembler'.”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

L’Attentat, 2005

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“Peut-on dire que nous avons apporté la culture aux Arabes, eux qui ont conservé pour nous les traditions grecques pendant le moyen âge?”

Simone Weil (1909–1943) philosophe française

Écrits historiques et politiques

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“Monsieur le Président Al-Assad. Je vous écris pour remercier l’Armée arabe syrienne de s’être héroïquement portée au secours des Chrétiens de la région montagneuse du Qalamoun. Je suis particulièrement reconnaissant pour sa victoire spectaculaire à Yabroud où, avec les Forces aériennes, elle a réussi à les libérer, ainsi que d’autres Syriens, alors qu’ils étaient détenus en captivité par des terroristes depuis plusieurs années. Et nous sommes profondément reconnaissants pour la compétence et la bravoure dont les troupes syriennes ont fait montre en sauvant 13 religieuses enlevées puis utilisées comme boucliers humains par de lâches jihadistes à Yabroud […]”

Richard H. Black (1944) sénateur américain

Dear President al-Assad. I write to thank the Syrian Arab Army for its heroic rescue of Christians in the Qalamoun Mountain Range. I am espacially grateful for the spectacular victory at Yabroud, where the Syrian Arab Army and Air Force liberated Christians and other Syrians who had been held captive by terrorists for several years. We are deeply grateful for the skill and valor displayed by Syrians troops who rescued the 13 nuns who were kidnapped and used as human shields by the cowardly jihadists at Yabroud […]
en

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“On peut distinguer cette espèce d'hommes en trois races différentes: 1. Celle des Arabes orientaux venant des bords de la mer Rouge ou de l'Arabie proprement dite; 2. Celle des Arabes occidentaux ou africains originaires de la Mauritanie ou des côtes d'Afrique; 3. Enfin, celle des Arabes-Bédouins ou Scénites, errants sur les lisières des déserts… Le génie propre des ces hommes les a portés à fournir les premiers rois pasteurs de l'Égypte, les premiers astronomes, des philosophes profonds et de grands médecins: on connaît au reste leurs travaux et leurs conquêtes. La perfection que nous avons reconnue dans tous les organes de la vie intérieure et dans ceux de la vie de relation chez les Arabes, annonce en effet une intelligence innée proportionnée à cette perfection physique, et sans doute supérieure, toutes choses égales d'ailleurs, à celle, par exemple, des peuples du nord de la terre… Il est vraisemblable que le climat de l'Arabie, la vie sobre, régulière et simple de cette race d'hommes qui a pris naissance dans cette riche et fertile contrée, ont contribué à leur donner cette perfectibilité d'organes et cette intelligence rare qui en fait, en quelque sorte, une espèce à part… On est loin de trouver cette perfectibilité physique chez les peuples mélangés d'une partie de l'Asie, de l'Amérique, et surtout chez les nations septentrionales de l'Europe. D'après cela, je me persuade que le berceau du genre humain se trouve dans le pays que nous avons désigné… ce qui me porte enfin à croire que l'Arabe est l'homme primitif…. Les peuples ou les individus des autres contrées de la terre, dont les formes de la tête et la structure des organes s'approchent le plus de l'état physique des vrais Arabes, ont nécessairement une perfectibilité proportionnée dans leurs fonctions sensitives et dans leurs facultés intellectuelles.”

Dominique-Jean Larrey (1766–1842) médecin français

Remarques sur la constitution physique des Arabes (Qu'on peut considérer comme la race primitive de l'espèce humaine ou comme son prototype)
Mémoires et Campagnes 1786-1840

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“En outre, pour un Arabe de cette époque-là, l'homme n'est jamais pauvre tant que son voisin possède quelque chose.”

Tidiane N'Diaye (1950) économiste français

fr
À propos de la traite négrière arabo-musulmane .

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“A considérer les choses d'une manière générale, il est évident, par l'histoire, que les Arabes andalousiens durent avoir une certaine influence sur la civilisation du midi de la France. Ils eurent, comme tout le monde sait, sous leur domination la Septimanie […]; et c'est, selon toute apparence, à leur séjour de plus d'un demi-siècle dans cette contrée, qu'il faut attribuer l'introduction dans le Midi de diverses industries, de certains procédés d'agriculture, de certaines machines d'un usage universel, comme, par exemple, de celle qui sert à tirer l'eau des puits, pour l'irrigation des jardins et des champs, qui toutes sont d'invention arabe. C'est à la même époque et à la même cause qu'il faut rapporter l'habitude, longtemps et même encore aujourd'hui populaire dans le midi de la France, d'attribuer aux Sarrasins tout ouvrage qui offrait quelque chose de merveilleux, de grandiose, et supposait une puissance d'industrie supérieure à celle du pays, comme les châteaux fortifiés, les remparts et les tours des villes, et autres grands monuments d'architecture; comme aussi les armes, les ouvrages de ciselure et d'orfèvrerie, les étoffes précieuses par le travail ou la matière. Toutes ces choses étaient qualifiées d'œuvre arabine, d'œuvre sarrasinesque, d'œuvre de gent sarrasine. Enfin, ce fut aussi par suite de la domination andalousienne dans la Septimanie que s'introduisit, dans le latin barbare du pays, devenu déjà ou prêt à devenir le roman, une certaine quantité de mots arabes qui devait s'accroître encore par la suite.”

Claude Fauriel (1772–1844) historien, linguiste, critique et érudit français

Histoire de la poésie provençale

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“L’Arabe religieux se contente, pour l’explication des choses d’un Dieu créateur, gouvernant le monde directement et se révélant à l’homme par des prophètes successifs.”

Ernest Renan (1823–1892) écrivain, philologue, philosophe et historien français.

Conférence prononcée à la Sorbonne en 1883.
Islam

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“La Suède est l'Arabie saoudite du féminisme.”

Julian Assange (1971) personnage médiatique

Féminisme

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“Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est un fait.”

Éric Zemmour (1958) journaliste et essayiste français

Propos médiatiques, Sur les Noirs et les Arabes

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“Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d’Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds (et je préfère ne pas penser par quels pieds!) — Pourquoi? Parce qu’elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu’elle disait oui à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie maure!… Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière — une civilisation en comparaison de laquelle même notre XIX siècle semblerait pauvre et retardataire! Sans doute, ils révaient de butin : l'Orient était riche!… Voyons donc les choses comme elles sont! Les croisades? Une piraterie de grande envergure, et rien de plus! […] L'Église a mené sa guerre à outrance contre tout ce que la Terre portait comme d'aristocratique! […] La noblesse allemande est à peu près entièrement absente de l’histoire de la culture supérieure : on en devine la cause… Le christianisme, l’alcool - les deux grands moyens de corruption… En soi, on ne devrait même pas avoir à choisir entre l’islam et le christianisme, pas plus qu’entre un Arabe et un Juif. La réponse est donnée d’avance: ici, nul ne peut choisir librement. Soit on est un tchandala, soit on ne l’est pas. « Guerre à outrance avec Rome! Paix et amitié avec l’Islam. » C’est ce qu’a senti, c’est ce qu’a fait ce grand esprit fort, le seul génie parmi les empereurs allemands, Frédéric II.”

L’Antéchrist, 1888

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“D'une autre part, j'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. Et, s'il faut dire ma pensée, ces actes ne me révoltent pas plus ni même autant que plusieurs autres que le droit de la guerre autorise évidemment et qui ont lieu dans toutes les guerres d'Europe. En quoi est-il plus
odieux de brûler les moissons et de faire prisonniers les femmes et les enfants que de bombarder la population inoffensive d'une ville assiégée ou que de s'emparer en mer des vaisseaux marchands appartenant aux sujets d'une puissance ennemie ? L'un est, à mon avis, beaucoup plus dur et moins justifiable que l'autre. Si en Europe on ne brûle pas les moissons, c'est qu'en général on fait la guerre à des gouvernements et non à des peuples.[...] Le second moyen en importance, après l'interdiction du commerce, est le ravage du pays. Je crois que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le
faire soit en détruisant les moissons à l'époque de la récolte, soit dans tous les temps en faisant de ces incursions rapides qu'on nomme razzias et qui ont pour objet de s'emparer des hommes ou des troupeaux.”

Alexis de Tocqueville (1805–1859) philosophe politique, homme politique, historien, précurseur de la sociologie et écrivain français

Œuvres complètes, La condamnation de la colonisation en Algérie

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“La discrimination c'est la vie […] les employeurs ont le droit [de refuser des arabes ou des noirs].”

Éric Zemmour (1958) journaliste et essayiste français

Éric Zemmour a été condamné pour provocation à la discrimination raciale à 2000 euros d'amende.
Les noirs et les arabes

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“[…] D’emblée, nous avons parlé de la Marche Verte annoncée quelques heures plus tôt. Il ne cachait pas sa colère sans l’extérioriser brutalement. Il restait très maître de lui jusqu’à ce qu’à l’écran apparaissent les images du roi Hassan II prononçant un discours.

Là, le visage de Boumediene s’est métamorphosé. Un mélange de sourire nerveux et de fureur crispait son visage. Un moment, le roi parle de l’Algérie sur un ton conciliant et amical. Le Président lui lance, en arabe, une injure et, à ma stupeur, il avance son bras droit et délivre un magistral bras d’honneur. Tel un voyou de Bab el Oued. Le Président austère qui se donnait à voir quelques instants plus tôt avait disparu. J’avais devant moi un autre homme. Un jeune garnement des rues prêt à tout.

Il s’est levé de son fauteuil et s’est mis à sautiller de façon étrange. Un peu hystérique. Je ne saurais dire s’il sautait de joie ou de colère, mais, je le revois très bien, il a bondi à plusieurs reprises. Il trépignait, comme s’il avait perdu le contrôle de son personnage. Les insultes contre Hassan II pleuvaient. J’étais stupéfait. Jamais je n’avais vu un chef d’Etat dans cet état. Ce n’était qu’un torrent d’invectives à un niveau insoutenable de grossièreté, d’obscénité, de vulgarité. Sans transition, ont suivi les menaces. Hassan II ne l’emportera pas au paradis. Il ne sait pas ce qui l’attend. L’Algérie ne se fera pas rouler dans la farine.

J'étais d'autant plus abasourdi que l'affaire du Sahara trainait depuis longtemps. Les revendications du Maroc dataient de Mohamed V qui entendait affirmer sa souveraineté non seulement sur le Sahara Occidental mais sur la Mauritanie tout entière. Je n'oubliais pas, et Boumediene non plus, la défaite de l'Algérie pendant la guerre des sables d'octobre 1963. On sentait le goût de la revanche, le besoin d'effacer de mauvais souvenirs. Je n'ai plus souvenir des termes exacts mais l'idée était bien celle d'une riposte qui fera regrette à l'agresseur ses rodomontades. L'algérie ne se laissera pas marcher sur les pieds. Elle rétorquera de tous ses moyens et on verra ce qu'on verra
[19 Juillet 2013]”

Jean Daniel (1920) écrivain français
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“C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoires! Les musulmans, vous êtes allés les voir? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!”

Alain Peyrefitte (1925–1999) homme politique, écrivain et diplomate français

C'était de Gaulle; Tome 1, Alain Peyrefitte, éd. éditions de Fallois/Fayard, 1994 (ISBN 978‐2‐213‐02832‐3), p. 52

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“Maintes histoires koraniques nous proposent, avec plus d'insistance encore que la Bible, le schéma suivant : les prophètes prêchent et les peuples rejettent le message; Dieu les punit pour ce rejet; et Il récompense les hommes qui croient.

L'objection des agnostique et autres sceptique est des plus faciles : les peuples sont psychologiquement excusables de ne pas accepter les Messages; les païens arabes avaient humainement et traditionnellement le droit de croire à la réalité de leurs divinités et à l'efficacité de leurs idoles; ils n'avaient pas de motif de croire le prophète à l'encontre de leurs traditions et de leurs moeurs. […] l'excuse des moderne, - facile de la part de gens qui ne croient à rien et à qui la nature plénière de l'homme échappe, - cette excuse disons-nous, ne tient pas compte du facteur suivant : si les Mecquois et les Bédouins dans leur majorité tenaient obstinément à leur coutumes, ce fut, non a priori pour des raison sincères et logiques, mais fondamentalement parce que leur soi-disant religion, qui ne leur enseignait même pas les vérités eschatologiques indispensables, au contraire flattait leur attachement passioné à l'ici bas et leur amour désordonné et même exclusif des biens terrestres(*).

* "Quand Nos versets (le Koran) sont récitées devant lui (le païen arabe), il dit : conte des anciens!" (Sourate du Calame, 15) Cette information, que le Koran fournit à plusieurs reprises, prouve que la religion des Arabe païens fut une hérésie à l'égard de leur propres traditions, que les païens rejetaient, précisément, comme étant des "conte des anciens" (el-awwalîn = "des primordiaux"). De nombreux passage du Koran indiquent également que ces Arabes ne croyaient ni à l'immortalité de l'âme ni à la résurrection, alors que leurs ancêtre y croyaient.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

From the Divine to the Human: A New Translation with Selected Letters

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“Les caractères chinois s’étalent verticalement, de haut en bas; ils imitent le mouvement d’une théogonie descendant du ciel sur terre. L’écriture arabe, elle progresse horizontalement, sur le plan du devenir, mais elle va de la droite, champ de l’action, vers la gauche, région du cœur. Elle décrit donc un mouvement allant de l’extérieur vers l’intérieur.
Les lignes successives d’un texte sont comparables à la trame d’un tissu. En fait, le symbolisme de l’écriture s’apparente à celui du tissage et se réfère comme lui à la croix des axes cosmiques. Pour comprendre ce à quoi nous faisons allusion, il faut se représenter le métier à tisser primitif : les fils de la chaîne sont tendus verticalement et la trame les unit horizontalement par le va-et-vient de la navette, mouvement qui rappelle l’écoulement des cycles tels que jours, mois ou années, tandis que l’immobilité de la chaîne correspond à celle de l’axe polaire. Cet axe est en réalité unique mais son image de répète dans tous les fils de la chaîne, de même que l’instant présent, qui reste toujours un, semble se répéter à travers le temps.
Comme dans le tissage, le mouvement horizontal de l’écriture, mouvement qui est en fait ondulé, correspond à la dimension du devenir et du changement, tandis que le vertical représente la dimension de l’Essence ou des essences immuables.”

Titus Burckhardt (1908–1984)

Art Of Islam: Language And Meaning

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“Le costume viril musulman est une synthèse des vêtements sacerdotal et monastique et affirme en même temps la dignité virile. C'est le turban qui, d'après les dires du Prophète, indique la dignité spirituelle, donc sacerdotale, de même que la couleur blanche des vêtements, le manteau aux larges plis et le haïk enveloppant la tête et les épaules. Certains vêtements propres aux habitants du désert ont été généralisés et ""stylisés"" dans un but spirituel.
Le caractère monastique, par contre, s'affirme dans la simplicité du costume musulman et dans la prohibition plus ou moins rigoureuse des bijoux d'or et de la soie; seules les femmes peuvent porter l'or et la soie, et ce n'est pas en public mais seulement dans l’intérieur de la maison, - qui correspond au monde intérieur de l'âme, - qu'elles peuvent montrer ces parures.
Partout où la civilisation islamique commence à déchoir, c'est d'abord le turban qu'on bannit, puis le port des vêtements larges et souples, qui facilitent les gestes de la prière rituelle. Quant à la campagne menée, en certains pays arabes, en faveur du chapeau, elle vise directement l'abolition des rites, car le bord du chapeau empêche le front de toucher le sol lors des prosternations; la casquette à visière, avec son allure particulièrement profane, n'est pas moins hostile à la tradition. Si l'usage des machines nécessite le port de tels vêtements, cela prouve simplement, du point de vue de l'Islam, que le machinisme éloigne l'homme de son centre existentiel, où il est ""debout devant Dieu"".”

Titus Burckhardt (1908–1984)

Sacred Art in East and West

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“Dans la critique de la preuve ontologique de Dieu, l'erreur consiste à ne pas voir qu'imaginer un objet quelconque n'est nullement la même chose que concevoir de l'absolu, ou l'Absolu en soi : car ce qui prime ici, ce n'est pas le jeu subjectif de notre esprit, c'est essentiellement l'Objet absolu qui le détermine et qui constitue même, en dernière analyse, la raison d'être de l'intelligence humaine. Sans un Dieu réel, point d'homme possible.
En parlant de l'argument ontologique, nous pensons à la thèse essentielle et non aux raisonnements en partie problématiques qui sont censés l'étayer. Au fond, la base de l'argument est l'analogie entre le méta-macrocosme et le microcosme, ou entre Dieu et l'âme : sous un certain rapport, nous somme ce qui est et par conséquent nous pouvons connaître tout ce qui est, donc l'Être en soi; car s'il y a le rapport d'incommensurabilité, il y a aussi celui d'analogie et même celui d'identité, sans quoi nous serions le néant pur et simple. Le principe de connaissance n'implique par lui-même aucune limitation; connaître, c'est connaître tout le connaissable, et celui-ci coincide avec le réel étant donné qu'a priori et dans l'Absolu le sujet et l'objet se confondent : connaître c'est être, et inversement. Ce qui nous ramène à la sentence arabe : « Qui connaît son âme, connaît son Seigneur. »; sans oublier la formule du sanctuaire de Delphe : « Connais-toi toi-même »… Si l'on nous dit que l'Absolu est inconnaissable, cela se rapporte non à notre faculté intellective de principe mais à telle modalité de facto de cette faculté; à telle écorce, non à la substance.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

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“L'Islam a perpétué jusqu'à nos jours le monde biblique, que le Christianisme, une fois européanisé, ne pouvait plus représenter; sans islam, le Catholicisme eût vite fait d'envahir tout le Proche Orient, ce qui eût signifié la destruction de l'Orthodoxie et des autres Eglises d'Orient et la romanisation – donc l'européanisation – de notre monde jusqu'aux confins de l'Inde; le monde biblique serait mort. On peut dire que l'Islam a eu le rôle providentiel d'arrêter le temps – donc d'exclure l'Europe – sur la partie biblique du globe et de stabiliser, tout en l'universalisant, le monde d'Abraham, qui fut aussi celui de Jésus; le Judaïsme étant émigré et dispersé, et le Christianisme s'étant romanisé, hellénisé et germanisé, Dieu « se repentit » - pour employer le mot de la Genèse – de ce développement unilatéral et suscita l'Islam, qu'il fit surgir du désert, ambiance ou arrière-plan du Monothéisme originel. Il y a là un jeu d'équilibre et de compensation dont les exotérismes ne sauraient rendre compte, et il serait absurde de le leur demander (1).

(1) Titus Burckhardt, ayant lu ces lignes, nous a communiqué au sujet du cycle Abraham-Mohammed les réflexions suivantes : « Il est significatif que la langue arabe soit la plus archaïque de toutes les langues sémitiques vivantes : son phonétisme conserve, à un son près, tous les sons indiqués par les plus anciens alphabètes sémitiques, et sa morphologie se retrouve dans le célèbre code de Hammourabi, qui est à peu près contemporain d'Abraham. » - « En fait, la Mecque avec la Kaaba construite par Abraham et Ismaël, est la ville sacrée oubliée, - oubliée à la fois par le Judaïsme, qui ignore le rôle prophétique d'Ismaël, et par le Chrisianisme, qui a hérité le même point de vue. Le sanctuaire de la Mecque, lequel est au Prophète ce que le Temple de Jérusalem est au Christ, - en un certain sens tout au moins, - est comme la « pierre rejetée par les bâtisseurs » et qui devient la pierre d'angle. Cette oublie du sanctuaire ismaélien, en même temps que la continuité Abraham-Ismaël-Mohammed, - le Prophète arabe étant de descendance ismaélienne, - ce double facteur nous montre comment l'économie divine aime à combiner le géométrique avec l'imprévu. Sans aucune importance est ici l'opinion de ceux qui voient dans l'origine abrahamique de la Kaaba un mythe musulman rétrospectif, et qui perdent totalement de vue que les anciens Arabes possédaient une mémoire généalogique à la fois extraordinaire et méticuleuse, comme d'ailleurs la plupart des nomades ou semi-nomades.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

Form and Substance in the Religions

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“[…] Nous ne reprochons pas à la science moderne d'être une science fragmentaire, analytique, privée d’éléments spéculatifs, métaphysiques et cosmologiques, ou de provenir des résidus ou des déchets des sciences anciennes; nous lui reprochons d'être subjectivement et objectivement une transgression et de mener subjectivement et objectivement au déséquilibre et partant au désastre"
[…] Nous sommes fort loin de contester que la médecine traditionnelle avait, et a, l'immense avantage d'une perspective qui englobe l'homme total; qu'elle était, et est, efficace dans des cas ou la médecine moderne est impuissante; que la médecine moderne contribue à la dégénérescence du genre humain et à la surpopulation; qu'une médecine absolue n'est ni possible ni souhaitable, et cela pour d'évidentes raisons.
Mais qu'on ne vienne pas nous dire que la médecine traditionnelle est supérieure du seul fait de ses spéculations cosmologique et en l'absence de tels remèdes efficaces, et que la médecine moderne, qui possède ces remèdes, n'est qu'un pitoyable résidu parce qu'elle ignore les dites spéculations; ou que les médecins de la Renaissance, tel Paracelse, avaient tort de découvrir les erreurs anatomiques et autres de la médecine gréco-arabe; ou d'une manière toute générale, que les sciences traditionnelles sont merveilleuses à tous les égards et que les sciences modernes, la chimie par exemple, ne sont que des fragments et des déchets.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

Esoterism as Principle and as Way

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“L’homme est le seul être, dans le monde terrestre, à pouvoir se purifier consciemment des taches de son existence, et c’est pour cela qu’il est dit que « l’homme est le seul animal qui sacrifie » (Shatapatha-Brâhmana, VII, 5); en d’autres termes, la vie étant un don du Créateur, les êtres conscients et responsables doivent, afin de réaliser spirituellement le sens de ce don en se référant à sa qualité symbolique, et afin de rendre ce don, par là même, plus prospère et plus durable, sacrifier au Créateur une partie de ce qu’il a donné. Ce sacrifice peut avoir des formes soit sanglantes, soit non sanglantes : ainsi, pour ne citer que ces exemples parmi une multitude d’autres, les Hindous, comme beaucoup de peuples, ne mangent qu’après avoir offert une part aux divinités, de sorte qu’ils ne se nourrissent au fond que de restes sacrificiels; de même encore, les Musulmans et les Juifs versent tout le sang de la viande destinée à la consommation. Dans un sens analogue, les guerriers de certaines tribus de l’Amérique du Nord sacrifiaient, au moment de leur initiation guerrière, un doigt au « Grand- Esprit »; il est à retenir que les doigts sont sous un certain rapport ce qu’il y a de plus précieux pour le guerrier, homme d’action, et d’autre part, le fait que l’on possède dix doigts et que l’on en sacrifie un, c’est-à-dire un dixième de ce qui représente notre activité, est fort significatif, d’abord parce que le nombre dix est celui du cycle accompli ou entièrement réalisé, et ensuite à cause de l’analogie qui existe entre le sacrifice dont nous venons de parler et la dîme (décima, dixième).
Celle-ci est du reste l’équivalent exact de la zakkât musulmane, l’aumône ordonnée par la Loi qoranique : afin de conserver et d’augmenter les biens, on empêche le cycle de prospérité de se fermer et cela en sacrifiant le dixième, c’est-à-dire la partie qui constituerait précisément l’achèvement et la fin du cycle. Le mot zakkât a le double sens de « purification » et de « croissance », termes dont le rapport étroit apparaît très nettement dans l’exemple de la taille des plantes; ce mot zakkât vient étymologiquement du verbe zakâ qui veut dire « prospérer » ou « purifier », ou encore, dans une autre acception, « lever » ou « payer » la contribution sacrée, ou encore « augmenter ». Rappelons aussi, dans cet ordre d’idées, l’expression arabe dîn, qui signifie non seulement « tradition », selon l’acception la plus courante, mais aussi « jugement », et, avec une voyellisation un peu différente qui fait que le mot se prononce alors dayn, « dette »; ici encore, les sens respectifs du mot se tiennent, la tradition étant considérée comme la dette de l’homme vis-à-vis de Dieu; et le « Jour du Jugement » (Yawm ed-Dîn) — « Jour » dont Allâh est appelé le « Roi » (Mâlik) — n’est autre que le jour du « paiement de la dette » de l’individu envers Celui à qui il doit tout et qui est son ultime raison suffisante.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

The Eye of the Heart: Metaphysics, Cosmology, Spiritual Life

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