Citations sur faire
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“Je ne vais à la Bibliothèque Nationale que pour lire des livres obscènes et je suis prêt à faire l'amour avec n'importe qui.”

Robert Desnos (1900–1945) poète français

Pénalités de l'enfer, Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, 4, Septembre 1922, 10
Pénalités de l'enfer, 1922

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“Bien, si tu as besoin de faire quelque chose, écris-moi une pièce de théâtre comique sur le sida. … Mais oui tu peux! La plus grande blague sur nous depuis l'invention même du sexe, et avec un gag encore plus long.”

Robert Patrick (1937) auteur dramatique, parolier, acteur et metteur en scène

If you have to do something, write me a funny AIDS play. Sure you can. It's the biggest joke played on us since sex itself - and with the longest punch line.
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Untold Decades: Seven Comedies of Gay Romance (1988)

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“Il entrait au théatre par la porte de sortie, et comme on s'en étonnait, il déclarait : "Je m'efforce de faire dans ma vie le contraire de tout le monde."”

Diogène de Sinope (-404–-322 avant J.-C.) philosophe grec de l'Antiquité associé à l'école cynique

Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres

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“(21) Il vaut mieux (qui en doute?) amener par l'instruction les hommes au culte de Dieu que de les y pousser par la crainte de la punition ou par la douleur; mais, parce qu'il y a des hommes plus accessibles à la vérité, il ne faut pas négliger ceux. qui ne sont pas tels. L'expérience nous a prouvé, nous prouve encore que la crainte et la douleur ont été profitables à plusieurs pour se faire instruire ou pour pratiquer ce qu'ils avaient appris déjà. On nous objecte cette sentence d'un auteur profane : « Il vaut mieux, je crois, retenir les enfants par la honte et l'honnêteté que par la crainte (Térence, Adelph., acte I, scène 1.). » Cela est vrai; les meilleurs sont ceux qu'on mène avec le sentiment, mais c'est la crainte qui corrige le plus grand nombre. Car, pour répondre par le même auteur, c'est lui aussi qui a dit : « Tu ne sais rien faire de bien si on ne t'y force. » L'Ecriture divine dit à cause des meilleurs : « La crainte n'est pas dans la charité; mais la charité parfaite met la crainte dehors (I Jean, IV, 18.); » et, à cause de ceux qui valent moins et sont en plus grand nombre : « Ce n'est pas avec des paroles que le mauvais serviteur sera corrigé; car lorsqu'il comprendra, il n'obéira point (Prov. XXIX, 19.). » En disant que des paroles ne le corrigeront point, l'Ecriture n'ordonne pas qu'on le délaisse, mais nous fait entendre ce qu'il faut faire : autrement elle ne dirait pas : « des paroles ne le corrigeront point, » mais seulement : « il ne se corrigera pas. » Aussi elle nous apprend, dans un autre endroit, que non-seulement le serviteur, mais encore le mauvais fils, doit être châtié et avec grand profit; car, dit-elle, « tu le frappes de la verge, mais tu délivres son âme de la mort (Ibid. XXIII,14.), » et ailleurs : « Épargner le châtiment, c'est haïr son fils (Ibid. XIII, 24. ). » (…) Mais cependant, avant de devenir de bons fils et de désirer d'être dégagés des liens du corps [littéralement : de la concupiscence] pour être avec le Christ (6. Philip. I, 23.), plusieurs, comme de mauvais serviteurs et en quelque sorte de méchants fugitifs, sont ramenés à leur Seigneur par le fouet des douleurs temporelles. (…) (23) Pourquoi l'Église ne forcerait-elle pas au retour les enfants qu'elle a perdus, puisque ces enfants perdus forcent les autres à périr? Si, au moyen de lois terribles, mais salutaires, elle retrouve ceux qui n'ont été que séduits, cette pieuse mère leur réserve de plus doux embrassements et se réjouit de ceux-ci beaucoup plus que de ceux qu'elle n'avait jamais perdus. (…).”

Augustin d'Hippone (354–430) philosophe parmis les premiers Chrétien

21. Melius essa, quidem quis dubitaverit ?, ad Deum colendum doctrina homines duci, quam pœnæ timore vel dolore compelli: sed non quia isti meliores sunt, ideo illi qui tales non sunt, neglegendi sunt. Multis enim profuit (quod experimentis probavimus et probamus) prius timore vel dolore cogi, ut postea possent doceri, aut quod jam verbis didicerant, opere sectari. Proponunt nobis quidam sententiam cujusdam sæcularis auctoris, qui dixit: Pudore et liberalitate liberos retinere, satius esse credo, quam metu (TEREN., Adel., 1, 57-58.). Hoc quidem verum est; sed sicut meliores sunt quos dirigit amor, ita plures sunt quos corrigit timor. Nam ut de ipso auctore istis respondeatur, apud illum etiam legunt: Tu nisi malo coactus, recte facere nescis (TEREN., Adel., 1, 69-75 (loc. adbrev. a CICER., Actio in Verr. 3, 62.)). Porro autem Scriptura divina, et propter illos meliores dixit: Timor non est in caritate; sed perfecta caritas foras mittit timorem (1 Io 4, 18.); et propter hos inferiores, qui plures sunt, ait: Verbis non emendabitur servus durus; si enim et intellexerit, non obediet (Prov 29, 19. ). Cum dixit, verbis eum non emendari, non eum jussit deseri, sed tacite admonuit unde debeat emendari: alioquin non diceret: Verbis non emendabitur; sed tantummodo diceret: « Non emendabitur ». Alio quippe loco dicit non solum servum, sed etiam filium indisciplinatum plagis esse cœrcendum; et magno fructu: nam: Tu quidem, inquit, percutis eum virga; animam vero ejus liberabis a morte (Prov 23, 14.); et alibi dicit: Qui parcit baculo, odit filium suum (Prov 13, 24.). (...) Sed tamen antequam dicant boni filii: Concupiscentiam habemus dissolvi, et esse cum Christo (Phil 1, 23.); multi prius, tamquam mali servi et quodammodo improbi fugitivi, ad Dominum suum temporalium flagellorum verbere revocantur. (...) (23) Cur ergo non cogeret Ecclesia perditos filios ut redirent, si perditi filii cœgerunt alios ut perirent? Quamvis etiam illos quos non cœgerunt, sed tantummodo seduxerunt, si per terribiles sed salubres leges in eius gremium revocentur (Mt 18, 12-13; Lc 15, 4-7.), blandius pia mater amplectitur, et de illis multo amplius quam de his quos numquam perdiderat, gratulatur. (...)
la
Citations de saint Augustin, Lettres

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“Faire tout ce qu'il faut pour anéantir l'adversaire. Mais un fois qu'il a montré que c'était lui qui tenait le bon bout, s'allier de même cœur avec lui.”

Henry de Montherlant (1895–1972) romancier, essayiste, auteur dramatique et académicien français

Le Solstice de juin, 1941

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“Ma mère me faisait des messages ainsi : « Ah, Scott a appelé… EST-IL LE GAI?? » « Bien, voyons, maman, je ne sais pas s'il est le gai… c'est beaucoup de pression sur un seul gars. Il doit faire le défilé tout seul. »”

Margaret Cho (1968) actrice américaine

My mom used to give me messages like this: "Ummmmmmm... Scott called.... IS HE THE GAY??!!" "Well, God, mom, I don't know if he's the gay... that's a lot of pressure on just one guy. He has to do the parade all by himself!"
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I'm the One that I Want

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“Personne n'est plus résolu dans ses obsessions qu'un camé qui va se faire un fixe.”

Edward Bunker (1933–2005) écrivain américain

La Bête au ventre, 1980

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“Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.”

Charles de Gaulle (1890–1970) militaire français et 1er président de la cinquième République Française

Appel du 18 juin 1940
Ouvrages, Mémoires d'espoir

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“Rhinocéros, Eugène Ionesco

Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir à l’une des tables de la terrasse, un peu à droite et derrière Jean et Bérenger.
Bérenger, à Jean : Vous avez de la force.
Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisé. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pèse en réalité.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat.
Bérenger, à Jean : Moi, j’ai à peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-être.
Le Vieux Monsieur, au Logicien après avoir longuement réfléchi : Donc logiquement mon chien serait un chat.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai.
Bérenger, à Jean : La solitude me pèse. La société aussi.
Jean, à Bérenger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pèse, ou est-ce la multitude? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est très beau la logique.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser.
Bérenger, à Jean : C’est une chose anormale de vivre.
Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit.
Bérenger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares.
Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire!… Ah! ah!… (Gros rire) Ceux-là aussi vous pèsent? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas?
Bérenger: Je me demande moi-même si j’existe!
Jean, à Bérenger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas! Pensez, et vous serez.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat.
Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate.
Le Logicien : Vous voyez…
Jean, à Bérenger : Vous êtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intéresse pas. Quelqu’un, cependant, vous intéresse!
Bérenger : Qui?
Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en êtes amoureux!
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate était donc un chat!
Le Logicien : La logique vient de nous le révéler.
Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste état où vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indifférent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit séduite par un ivrogne?
Le Logicien : Revenons à nos chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous écoute.
Bérenger, à Jean : De toute façon, je crois qu’elle a déjà quelqu’un en vue.
Jean, à Bérenger : Qui donc?
Bérenger, à Jean : Dudard. Un collègue du bureau : licencié en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cœur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes.
Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous?
Le Logicien : C’est donné par hypothèse.
Bérenger, à Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah! par hypothèse!
Jean, à Bérenger : Et vous renoncez, comme cela…
Bérenger, à Jean : Que pourrais-je faire?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore?
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou séparément?
Jean, à Bérenger : La vie est une lutte, c’est lâche de ne pas combattre!”

Rhinocéros

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“Faut-il regretter le temps des guerres ""à sens""? souhaiter que les guerres d'aujourd'hui ""retrouvent"" leur sens perdu? le monde irait-il mieux, moins bien, indifféremment, si les guerres avaient, comme jadis, ce sens qui les justifiait? Une part de moi, celle qui a la nostalgie des guerres de résistance et des guerres antifascistes, a tendance à dire : oui, bien sûr; rien n'est plus navrant que la guerre aveugle et insensée; la civilisation c'est quand les hommes, tant qu'à faire, savent à peu près pourquoi ils se combattent; d'autant que, dans une guerre qui a du sens, quand les gens savent à peu près quel est leur but de guerre et quel est celui de leur adversaire, le temps de la raison, de la négociation, de la transaction finit toujours par succéder à celui de la violence; et d'autant (autre argument) que les guerres sensées sont aussi celles qui, par principe, sont les plus accessibles à la médiation, à l'intervention - ce sont les seules sur lesquelles des tiers, des arbitres, des observateurs engagés, peuvent espérer avoir quelque prise… Une autre part hésite. L'autre part de moi, celle qui soupçonne les guerres à sens d'être les plus sanglantes, celle qui tient la ""machine à sens"" pour une machine de servitude et le fait de donner un sens à ce qui n'en a pas, c'est-à-dire à la souffrance des hommes, pour un des tours les plus sournois par quoi le Diabolique nous tient, celle qui sait, en un mot, qu'on n'envoie jamais mieux les pauvres gens au casse-pipe qu'en leur racontant qu'ils participent d'une grande aventure ou travaillent à se sauver, cette part-là, donc, répond : ""non; le pire c'était le sens""; le pire c'est, comme disait Blanchot, ""que le désastre prenne sens au lieu de prendre corps""; le pire, le plus terrible, c'est d'habiller de sens le pur insensé de la guerre; pas question de regretter, non, le ""temps maudit du sens"". (ch. 10
De l'insensé, encore)”

Bernard-Henri Lévy (1948) écrivain français

War, Evil and the End of History

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“[…] l’esprit occidental est presque entièrement d’essence chrétienne dans tout ce qu’il a de positif. Il n’est pas au pouvoir des hommes de se défaire, par leurs propres moyens, c’est-à-dire par de simples idéologies, d’une si profonde hérédité; leurs intelligences s’exercent selon des habitudes séculaires, même lorsqu’elles inventent des erreurs. On ne peut faire abstraction de cette formation intellectuelle et mentale, si diminuée soit-elle (1); s’il en est ainsi, et si le point de vue traditionnel subsiste inconsciemment même chez ceux qui estiment ne plus devoir se réclamer d’aucune tradition, ou chez ceux qui, par simple souci d’impartialité, veulent se placer en dehors du point de vue chrétien ou juif, comment pourrait-on supposer que les éléments constitutifs d’une autre tradition puissent être interprétés dans leur véritable sens? N’est-il pas frappant que les opinions courantes sur l’Islam par exemple, soient à peu près identiques chez la majorité des Occidentaux, qu’ils se disent chrétiens ou qu’ils se flattent de ne plus l’être? Les réserves qu’ils formulent à l’égard de l’Islam, — pour ne rien dire des cas d’ignorance pure et simple ou d’une hostilité franchement moderniste, — proviennent généralement beaucoup moins d’une juste appréciation des choses, qu’elles ne sont le fait d’une hérédité mentale et psychique, qui subsiste dans la pensée occidentale et qui souvent n’y est plus autre chose que le résidu de la vraie spiritualité chrétienne."
1. Les erreurs philosophiques elles-mêmes ne seraient pas concevables, si elles ne représentaient la négation de certaines vérités, et si ces négations n’étaient des réactions directes ou indirectes contre certaines limitations formelles de la tradition; on voit par là qu’aucune erreur, philosophique ou religieuse, ne peut prétendre à une parfaite indépendance et autonomie vis-à-vis de la tradition ou de la conception traditionnelle qu’elle rejette ou qu’elle défigure.

"Christianisme et Islam", in Etudes Traditionnelles numéro spécial Tradition islamique, 1934.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse
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“En un mot, nos mains tâchent de faire dans la nature, pour ainsi dire, une autre nature.”

Cicéron (-106–-43 avant J.-C.) orateur, homme politique et philosophe romain
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“Mais Dieu, en imposant, avertit de faire ce qu’on peut, et de demander ce qu’on ne peut pas. »”

Blaise Pascal (1623–1662) mathématicien, physicien, inventeur, écrivain et philosophe chrétien français (XVIIe siècle)

Blaise Pascal - Oeuvres Complètes LCI/40

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“Il est arrivé que des Européens reviennent à la foi chrétienne grâce à la lecture de Guénon, en quoi ils ne paraissent pas avoir été dérangés par le fait que lui-même avait adhéré à l’Islam et, au Caire où il passa la fin de sa vie, était devenu le cheikh Abd el-Wahid Yahya. D’autres de ses lecteurs occidentaux, attirés par la spiritualité soufique, devaient accomplir un cheminement semblable, ce qui ne pouvait manquer de leur faire approfondir les valeurs les plus authentiques de l’Islam et le sens de sa mission particulière à la fin du présent cycle cosmique en tant que dernière Révélation venue conclure la tradition procédant d’Abraham (Ibrahim). Car l’un des thèmes majeurs traités par Guénon se rapporte à l’interprétation des « signes des temps » dont il souligne la gravité, ce qui accentue son désaccord avec la mentalité moderne et sa croyance au progrès.

Après Guénon, il est devenu plus difficile, même en dehors du cercle de ses lecteurs, de regarder l’Islam comme un monde d’obscurantisme et d’arriération. D’autres publications se rangeant, malgré certaines différences d’accentuation et d’interprétation, dans la même perspective « traditionnelle » sont venues en compléter et en approfondir la compréhension. De celles-ci, la première à citer est Comprendre l’Islam, de Frithjof Schuon, interprète incomparable en notre siècle de la sagesse traditionnelle et des doctrines sacrées d’Orient et d'Occident. Cet ouvrage, souvent accueilli par les musulmans comme un dévoilement, inattendu venant de l’Ouest, des véritables dimensions spirituelles de leur propre religion, aura, plus généralement, apporté la démonstration évidente que l’Islam, en notre temps et à la suite des autres grandes religions révélées, est expression providentielle de la vérité intemporelle et universelle.

Cela étant établi, Frithjof Schuon, dans plusieurs de ses autres livres, met en lumière les divers aspects de la piété et de la spiritualité musulmanes et soufiques, mais relève aussi à l’occasion que l’Islam, en face d’un Occident de plus en plus sécularisé et prométhéen, n’échappe pas à la décadence spirituelle qui a envahi le monde entier et fait dégénérer toutes les religions, même s’il en a retardé l’expansion et amorti les effets. Il fournit dès lors des critères décisifs pour juger de la véritable situation de l’Islam dans le monde actuel et de la réalité de ce qui est couramment désigné comme son « réveil ».

La connaissance de l’Islam en Occident a encore bénéficié, depuis le milieu du siècle, des contributions remarquables, particulièrement en ce qui concerne la civilisation, les arts et le soufisme, de quelques auteurs se rattachant à la même « école », comme le Suisse Titus Burckhardt, le Britannique Martin Lings ou même l’Iranien Seyyed Hossein Nasr, éminent spécialiste de l’histoire des sciences, dont l’œuvre est largement disponible en langues européennes. Plus proches de la perspective ouverte par Massignon se situent les ouvrages d’écrivains comme Louis Gardet, Henry Corbin ou Vincent Mansour Monteil, fort utiles également à qui souhaite se faire une idée objective de l’Islam et du monde musulman. Tout cela ne pouvait manquer d’exercer, bon gré mal gré, quelque influence sur l’islamologie relevant de l’orientalisme officiel et universitaire qui, depuis une trentaine d’années, semble s’être un peu aérée et débarrassée d’un certain nombre de préjugés et d’idées fixes. En tout cas l’Européen cultivé d’aujourd’hui a incontestablement moins d’excuses que celui des générations précédentes s’il persiste à porter sur tout ce que recouvrent les mots « Islam » et « musulman » des jugements systématiquement dépréciatifs et procédant d’anciens préjugés. […]”

L'Islam entre tradition et révolution

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“Je condamne l'ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu'on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J'ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l'éducation de l'enfant. Je pense qu'il faudrait des études de base, très simples, où l'enfant apprendrait qu'il existe au sein de l'univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu'il dépend de l'air, de l'eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire. Il apprendrait que les hommes se sont entre-tués dans des guerres qui n'ont jamais fait que produire d'autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil. On lui apprendrait assez du passé pour qu'il se sente relié aux hommes qui l'ont précédé, pour qu'il les admire là où ils méritent de l'être, sans s'en faire des idoles, non plus que du présent ou d'un hypothétique avenir. On essaierait de le familiariser à la fois avec les livres et les choses; il saurait le nom des plantes, il connaîtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposées aux enfants et aux très jeunes adolescents sous prétexte de biologie; il apprendrait à donner les premiers soins aux blessés; son éducation sexuelle comprendrait la présence à un accouchement, son éducation mentale la vue des grands malades et des morts. On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en société est impossible, instruction que les écoles élémentaires et moyennes n'osent plus donner dans ce pays. En matière de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celles du pays où il se trouve, pour éveiller en lui le respect et détruire d'avance certains odieux préjugés. On lui apprendrait à aimer le travail quand le travail est utile, et à ne pas se laisser prendre à l'imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatées, en lui préparant des caries et des diabètes futurs. Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses véritablement importantes plus tôt qu'on ne le fait. (p. 255)”

Marguerite Yourcenar (1903–1987) écrivaine française

Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey

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“Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer.
C'est toi.
Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas.
N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi.
Je marche, je marche dans les rues, je tue.
Mais toi, tu n'as rien à craindre.
Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancées de la nuit, quand tu es faible, quand tu trébuches, quand tu te voûtes.
Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant.
Jamais, presque jamais, peut-être jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville.
Et de quoi pourrais-tu avoir peur?
De moi?
Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime.
Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal.
N'aie pas peur. je suis là. Je te protège.
Pourtant, je souffre aussi.
Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'éclaire. Les nuages me cachent. Le vent me déchire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement.
Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien.
Je veux te suivre très loin, partout, longtemps.
Je veux te voir souffrir encore plus.
Je veux que tu en aies assez de tout le reste.
Je veux que tu viennes me supplier de te prendre.
Je veux que tu me désires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles.
Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour.
Je t'emporterai.
Tu avais peur de naître, et maintenant tu as peur de mourir.
Tu as peur de tout.
Il ne faut pas avoir peur.
Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle Éternité.
C'est moi qui fais tourner la grande roue.
Tu ne dois pas avoir peur de moi.
Ni de la grande roue.
La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais déjà.”

Ágota Kristóf (1935–2011) écrivaine, poétesse, romancière et dramaturge hongroise naturalisée suisse
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“J'arrive à Turin sans habits, sans argent, sans linge, et laissant très exactement à mon seul mérite tout l'honneur de la fortune que j'allais faire.”

Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) philosophe, compositeur et critique musical genevois

Œuvres complètes - 93 titres

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“La plus remarquable des facultés de notre esprit est sans doute sa capacité à faire face à la douleur. Selon la pensée classique, l'esprit est doté de quatre portes, que chacun franchit selon la nécessité qui l'y pousse.
La première, c'est celle du sommeil. Le sommeil nous procure un abri loin du onde et de toutes ses souffrances. Le sommeil facilite la passage du temps, mettant à distance ce qui nous fait mal. Lorsqu'une personne est blessée, bien souvent, elle perd connaissance. De même, quelqu'un qui apprend une nouvelle bouleversante pourra s'évanouir. franchir cette première porte, c'est la façon dont l'esprit se protège de la douleur.
La deuxième porte est celle de l'oubli. Il est des blessures trop profondes pour guérir, du moins pour s'en rétablir promptement. De surcroît, nombre de souvenirs sont tout simplement trop douloureux et on ne peut en espérer aucun apaisement. Le vieux dicton selon lequel "le temps guérit tous les maux" est faux. Le temps guérit la plupart des maux. Le reste est dissimulé derrière cette porte.
La troisième porte est celle de la folie. Il y a des moments où 'esprit subit un tel choc qu'il se réfugie dans la démence. Bien qu'il semble difficile de pouvoir en tirer quelque bénéfice que ce soit, c'est pourtant le cas : il est des moments où la réalité n'est que souffrance et pour échapper à cette souffrance, l'esprit doit s'affranchir de la réalité.
La dernière porte est celle de la mort. L'ultime recours. Rien ne peut nous atteindre une fois que nous sommes morts, du moins c'est ce que l'on nous a dit.”

The Name of the Wind

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“Et, en effet, une fois qu'on a cessé de confondre l'individualisme avec son
contraire, c'est-à-dire avec l'utilitarisme, toutes ces prétendues contradictions
s'évanouissent comme par enchantement. Cette religion de l'humanité a tout
ce qu'il faut pour parler à ses fidèles sur un ton non moins impératif que les
religions qu'elle remplace. Bien loin qu'elle se borne à flatter nos instincts, elle
nous assigne un idéal qui dépasse infiniment la nature; car nous ne sommes
pas naturellement cette sage et pure raison qui, dégagée de tout mobile
personnel, légiférerait dans l'abstrait sur sa propre conduite. Sans doute, si la
dignité de l'individu lui venait de ses caractères individuels, des particularités
qui le distinguent d'autrui, on pourrait craindre qu'elle ne l'enfermât dans une
sorte d'égoïsme moral qui rendrait impossible toute solidarité. Mais, en réalité,
il la reçoit d'une source plus haute et qui lui est commune avec tous les
hommes. S'il a droit à ce respect religieux, c'est qu'il a en lui quelque chose de
l'humanité. C'est l'humanité qui est respectable et sacrée; or elle n'est pas
toute en lui. Elle est répandue chez tous ses semblables; par suite, il ne peut la
prendre pour fin de sa conduite sans être obligé de sortir de soi-même et de se répandre au-dehors. Le culte dont il est, à la fois, et l'objet et l'agent, ne
s'adresse pas à l'être particulier qu'il est et qui porte son nom, mais à la
personne humaine, où qu'elle se rencontre, sous quelque forme qu'elle
s'incarne. Impersonnelle et anonyme, une telle fin plane donc bien au-dessus
de toutes les consciences particulières et peut ainsi leur servir de centre de
ralliement. Le fait qu'elle ne nous est pas étrangère (par cela seul qu'elle est
humaine) n'empêche pas qu'elle ne nous domine. Or, tout ce qu'il faut aux
sociétés pour être cohérentes, c'est que leurs membres aient les yeux fixés sur
un même but, se rencontrent dans une même foi, mais il n'est nullement
nécessaire que l'objet de cette foi commune ne se rattache par aucun lien aux
natures individuelles. En définitive, l'individualisme ainsi entendu, c'est la
glorification, non du moi, mais de l'individu en général. Il a pour ressort, non
l'égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitié plus large
pour toutes les douleurs, pour toutes les misères humaines, un plus ardent
besoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice. N'y
a-t-il pas là de quoi faire communier toutes les bonnes volontés. Sans doute, il
peut arriver que l'individualisme soit pratiqué dans un tout autre esprit.
Certains l'utilisent pour leurs fins personnelles, l'emploient comme un moyen
pour couvrir leur égoïsme et se dérober plus aisément à leurs devoirs envers la
société. Mais cette exploitation abusive de l'individualisme ne prouve rien
contre lui, de même que les mensonges utilitaires de l'hypocrisie religieuse ne
prouvent rien contre la religion.”

Émile Durkheim (1858–1917) sociologue français

L'individualisme et les intellectuels

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“Qu’est-ce qui peut seul être notre doctrine? — Que personne ne donne à l’homme ses qualités, ni Dieu, ni la société, ni ses parents et ses ancêtres, ni lui-même (— le non-sens de l’« idée », réfuté en dernier lieu, a été enseigné, sous le nom de « liberté intelligible par Kant et peut-être déjà par Platon). Personne n’est responsable du fait que l’homme existe, qu’il est conformé de telle ou telle façon, qu’il se trouve dans telles conditions, dans tel milieu. La fatalité de son être n’est pas à séparer de la fatalité de tout ce qui fut et de tout ce qui sera. L’homme n’est pas la conséquence d’une intention propre, d’une volonté, d’un but; avec lui on ne fait pas d’essai pour atteindre un « idéal d’humanité », un « idéal de bonheur », ou bien un « idéal de moralité », — il est absurde de vouloir faire dévier son être vers un but quelconque. Nous avons inventé l’idée de « but » : dans la réalité le « but » manque… On est nécessaire, on est un morceau de destinée, on fait partie du tout, on est dans le tout, — il n’y a rien qui pourrait juger, mesurer, comparer, condamner notre existence, car ce serait là juger, mesurer, comparer et condamner le tout…Mais il n’y a rien en dehors du tout! — Personne ne peut plus être rendu responsable, les catégories de l’être ne peuvent plus être ramenées à une cause première, le monde n’est plus une unité, ni comme monde sensible, ni comme « esprit » : cela seul est la grande délivrance, — par là l’innocence du devenir est rétablie… L’idée de « Dieu » fut jusqu’à présent la plus grande objection contre l’existence… Nous nions Dieu, nous nions la responsabilité en Dieu : par là seulement nous sauvons le monde.”

Twilight of the Idols

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