Citations sur gare

Une collection de citations sur le thème de gare, train, tout, pluie.

Citations sur gare

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“262. Assise sur le stoep aux côtés de mon père, je regarde la terre tourner, les oiseaux s’occuper à nouveau de bâtir leurs nids; la brise est fraîche sur mes joues, et peut-être aussi sur les siennes. «Tu te souviens», dis-je, «quand on allait à la mer, autrefois? On remplissait un panier de sandwiches et de fruits, on allait en carriole à la gare et on prenait le train du soir? On dormait dans le train, bercés par la chanson des roues, on s'éveillait à peine, tout somnolents, quand le train s'arrêtait pour prendre de l'eau, on entendait le murmure lointain des cheminots, et on se rendormait; le lendemain, on arrivait à la mer, on allait à la plage, et on retirait nos chaussures pour patauger, tu me tenais par la main et tu me soulevais au-dessus des vagues? Tu te souviens, le bernard-l'hermite qui m'a pincé l'orteil, et j'ai pleuré, pleuré, et tu me faisais des grimaces pour me consoler? (Tu te souviens de la pension où on logeait? Cette nourriture insipide - un soir, tu as repoussé ton assiette et déclaré que tu ne mangerais pas d'immondices, tu t'es levé et tu as quitté la salle à manger, et j'ai repoussé mon assiette et je t'ai suivi. Et tu te rappelles comme les chiens étaient contents de nous revoir? Une fois, le vieux Jakob avait oublié de les nourrir, et tu as juré épouvantablement et tu lui as supprimé sa ration de viande pour une semaine.. Tu te rappelles Jakob, et Hendrik, et Ou-Anna et Klein-Anna? Tu te rappelles ce fils de Ou-Anna qui avait été tué dans un accident et qu'on avait ramené à la ferme pour l'enterrer, et Ou-Anna qui voulait se jeter dans la fosse?»”

J. M. Coetzee (1940) romancier et professeur en littérature sud-africain

Au cœur de ce pays , 1976

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“Les mots ont moins de pouvoir que de sens : gare au contexte dans lequel ils apparaissent! Gare aux intonations! Gare à la typographie!”

Jacques Villeglé (1926) plasticien et peintre français

Jacques évoque les signes, cryptogrammes et le graphisme de son alphabet socio-politique.
Citation

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“Il ne faudrait pas croire (…) que je suis un vieillard répugnant. Je n'ai jamais été mieux dans ma vie par l'expression du visage, le teint uni, les lèvres rouges comme dans la jeunesse, les yeux aussi vifs que brillants. Evidemment, je n'ai pas le visage d'un bellâtre coiffeur, mais j'ai un visage plein d'expression, de caractère et hors de l'ordinaire. Je le vois à la façon dont les gens me regardent. Je suis droit comme un I, aucune voûture [sic], mince, prompt et souple. Cet exemple: je me plie sans aucune difficulté pour ramasser quelque chose par terre, sans aucun pliement des jambes. Je l'ai encore constaté ce matin. Je continue à veiller tous les soirs jusque vers minuit sans m'en ressentir en rien. Je me lève le matin, aussi lucide, - dire que j'emploie ce mot-là, moi aussi! - que le soir quand je me couche. Je dévale le matin, vers la gare, comme un zèbre, et ce serait encore mieux si je n'étais obligé par les circonstances de porter de gros souliers qui me martyrisent les pieds. Mon cerveau n'arrête pas de fonctionner sur les sujets les plus divers, mon travail, ce que je vois, ce que je lis, ce que j'entends. Je suis sans rhumatismes, sans douleurs d'aucune sorte, bien mieux portant que dans ma jeunesse. J'ai gardé ma mémoire et ma vivacité d'élocution. Je n'ai aucun défaut d'haleine ni d'odeur corporelle. Je n'ai comme malheur que mon manque de dents. Hélas! c'est quelque chose. C'est gravement quelque chose. Un autre malheur, c'est d'être devenu à certaines choses plus sensible que je ne l'ai jamais été.”

Paul Léautaud (1872–1956) écrivain français

Journal littéraire, Le goût pour la relation

“Au heurt syncopé, de rail en rail, des roues, vous revoyez la gare où vous avez embarqué, promise à la démolition, sa grande verrière opacifiée à force de fiente, son ballast roux qui grisonne, la crête de ses voies ternie par un voile de rouille, les trains trop rares – quelques lignes au tableau d'affichage résumant le jour entier – pour le décaper, leurs wagons verts zébrés de filets bruns au gré du ruissellement obstiné des pluies acides, tandis que par la vitre abaissée l'air changeant de la nuit s'engouffre et dans les plis de ses turbulences apporte aux narines du voyageur étendu solitaire sur sa couchette des nouvelles des paysages invisibles à travers lesquels, immobile, il est lancé : prairies condensées en effluves humides, velouté vert des sous-bois, humus, mousses, bords d'eau croupissants, goudron des routes exhalant en vapeur nocturne les vestiges de de la chaleur du jour que vous humez encore tandis qu'un train d'autrefois vous emporte dans la nuit où des mondes endormis, muets et clos roulent à rebours de sa fuite, leur lumière venant poindre jusque contre les parois du compartiment obscur, y étirant un vitrail vacillant et momentané qui luit encore après qu'ils ont disparu du pan de ciel noir qu'encadre la fenêtre : embrasements au passage des gares désertes que l'on brûle, étoiles filantes, traits qui cinglent, galopent, balaient, consument au passage la surface d'une photo noir et blanc affichée sous verre, sous clé contre la cloison et que vous vous acharnez à regarder quoiqu'elle soit invisible dans l'obscurité et illisible sitôt qu'illuminée […].”

Anne F. Garréta (1962) romancière française

La Décomposition, 1999

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“Non! je ne veux pas être manchot. Qu'on affrète un train, un vapeur, un globe, pour moi seul et je partirai. Mais d'une gare, je ne conçois pas qu'on sorte autrement que par les échelles qui montent indéfiniment vers l'horizon.”

Robert Desnos (1900–1945) poète français

Pénalités de l'enfer, Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, 4, Septembre 1922, 9
Pénalités de l'enfer, 1922

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“L'anecdote si amusante sur Tristan Bernard qu'il m'a racontée. L'été dernier, en chemin de 1er, Bernard est pris à partie par un voyageur, dans un compartiment de 26, où se trouvait également une dame, pour: ledit Bernard s'être mis à fumer une énorme pipe. Mutisme de Bernard sous les reproches. Le voyageur ne s'en échauffe que mieux, menaçant Bernard du chef de gare de la prochaine station. On y arrive, le chef est appelé, le voyageur lui explique l'inconvenance de Tristan Bernard: pas compartiment de fumeurs, pas demandé permission, etc… Là-dessus : « Demandez donc d'abord à cette dame comment il se fait qu'elle voyage en seconde avec un billet de troisième », dit Tristan Bernard au chef de gare. Celui-ci oublie l'histoire de la pipe, ne voit plus que l'intérêt de la compagnie, demande son billet à la dame, billet de troisième en effet, et la prie de descendre. Le train repart. Tristan Bernard seul maintenant avec le voyageur. Celui-ci se met à ne pas le féliciter de sa goujaterie : avoir ainsi procuré un affront à une femme… « Et d'ailleurs, lui dit-il, comment avez-vous pu savoir que cette dame voyageait avec un billet de troisième?…”

Paul Léautaud (1872–1956) écrivain français

Parce que, répond placidement Tristan Bernard, parce qu'il était de la même couleur que le mien. » Il paraît que le voyageur a été « tué ».
20 décembre 1906
Journal littéraire, Le goût pour la relation

“Sur le quai de la gare, où elle a tenu à l’accompagner, tous les témoins ont vu combien il leur en coûtait de se séparer. Jusqu’au moment du départ ils sont demeurés enlacés, les bras croisés à hauteur de la taille, n’en finissant pas de se regarder, de s’embrasser, n’échangeant pas un mot, tétanisés à l’idée que bientôt un train régional allait les arracher brusquement l’un à l’autre, parvenir à scinder cette créature à deux têtes qu’ils forment sur le quai. Les quelques passagers qui attendent avec eux ont beau faire semblant de s’intéresser au trafic, de tendre l’oreille vers les haut-parleurs nasillards qui recommandent de faire attention au passage d’un train voie C ou que le train prévu à telle heure arrivera voie B, avec un retard de dix minutes environ, de se passionner pour les pigeons perchés sur le bord de la marquise, ou de dégager leur poignet pour vérifier que leur montre marque bien la même heure que l’horloge suspendue entre deux câbles deux lampadaires, on sent bien qu’ils se privent avec peine de la contemplation du beau couple, qu’ils ne demanderaient pas mieux que de s’installer sous leur nez et de compter à la trotteuse de la même montre la durée de leur baiser, ou du moins simplement les contempler, comme s’ils étaient derrière une glace sans tain, se gavant en toute impunité de cet éblouissement partagé de deux cœurs insatiables. Comme ça ne se fait pas […], alors ils font comme les moineaux, toujours la tête en mouvement, pour capter des éclats de bonheur.”

Jean Rouaud (1952) écrivain français

La Femme promise, 2009

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“[en citant sa réalisatrice] « Le réseau est préoccupé par l'ampleur de ton visage. Ils trouvent que tu fais vraiment de surpoids, et qu'il faut que tu t'en occupes. » … Je ne savais pas trop quoi y répondre. Je m'étais toujours crue d'assez bonne apparence; je n'avais aucune idée que j'étais un visage géant à la conquête d'Amérique! GARE AU VISAGE!!”

Margaret Cho (1968) actrice américaine

"The network is concerned. They're concerned about the fullness of your face. They think you're really overweight, and you're going to have to do something about it." ...I didn't know what to say to that. I always thought I was decent looking; I had no idea that I was a giant face taking over America! HERE COMES THE FACE!!
en
I'm the One that I Want

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“Je n'étais même pas libre de pleurer. Qui est jamais libre de pleurer? Il y a toujours des gens autour, des gens capables de regarder sans le voir un homme sur son chemin de croix, avec sa carrière dans des cartons, mais incapables de supporter le festin visuel d'un homme en pleurs, oui, en pleurs, emporté par l'hiver de son déplaisir.

Mais eux non plus, ils n'étaient pas libres d'ingérer le spectacle et de retourner à leurs affaires pour pleurer, de peur que leurs collègues ne les voient en larmes devant leur écran d'ordinateur. Le dernier qui pleurera aura gagné. Nous savons tous ça. Les enfants le tiennent pour un article de foi. Les adultes, eux, ne sont plus en position de le formuler comme tel, mais ils le savent d'instinct. En conclusion, personne n'est libre de pleurer. Personne excepté Tanya.

Devant le gare, il m'est apparu que personne n'est réellement libre, pas seulement en matière de larmes, mais en toute chose. Si un évènement ou une situation détermine ou en cause une autre, en quel sens peut-on prétendre que nous sommes libres d'agir ou non? Si notre comportement est déterminé par toute une série de facteurs, notre structure génétique, la manière dont nous avons été mis au monde, notre perception de l'amour, l'attention et le confort matériel que nous avons connus enfant, jusqu'à notre taux de sucre dans le sang et notre exposition immédiate aux conditions climatiques dominantes, en quoi sommes-nous libres?

Et même si nous pouvions calculer l'effet de tous ces facteurs et prédire notre comportement, nous ne serions toujours pas libres. Car être capable de prédire les évènements futurs ne permet pas pour autant de les influencer si les variables qui les déterminent échappent à notre contrôle.”

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