Citations sur moment
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“Même le loup a ses moments de faiblesse, auxquels il se met du côté de l'agneau et pense : j´espère qu´il me fuit.”

Adolfo Bioy Casares (1914–1999) écrivain argentin

El mismo lobo tiene momentos de debilidad, en que se pone del lado del cordero y piensa: Ojalá que huya.
es

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“Amoureux de la nature, ou quelque chose
Je n'ai rien
de particulier.

J'aime tout
ce que fait le ciel
à n'importe quel moment.”

Richard Brautigan (1935–1984) écrivain américain

Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus, 2003

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“Konrad Lorenz avait montré que s'il était seul être vivant présent au moment de l'éclosion des œufs, les oies qui en sortaient le considéraient comme leur mère et resteraient à jamais attachées à lui.”

Konrad Lorenz (1903–1989) biologiste et zoologiste autrichien

Transposé à l'espèce humaine, ce concept d'empreinte a été rebaptisé "imprégnation" par la suite.
Propos rapportés

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“En posant la question des intellectuels, Gramsci aborde un problème théorique que le marxisme n'avait jamais soulevé : l'intellectuel est défini comme le « représentant de l'hégémonie », « le fonctionnaire de la superstructure », « le commis du groupe dominant », celui qui assure le consensus idéologique (commandement + hégémonie) de la masse autour du groupe dirigeant, qui sert de charnière entre la superstructure et l'infrastructure. Le rôle que joue l'intellectuel, à un niveau aussi important, peut cependant être modifié dans le sens d'un renversement total, en s'inscrivant dans une configuration historique qui n'est plus traditionnelle, dans laquelle il trouve de quoi établir un nouveau rapport organique avec la classe révolutionnaire montante, le prolétariat, en l'occurrence : l'intellectuel se trouve « organiquement » contraint d'accomplir une gigantesque tâche historique révolutionnaire qui, en raison même de son adhésion, ne peut pas être différée plus longtemps, surtout dans les moments de crise de la superstructure. Le rapprochement que Gramsci opère entre la classe ouvrière et les intellectuels, en tant qu' « intellectuels organiques du prolétariat », constitue une révolution dans la pensée communiste puisqu'il renverse l'orientation que les partis communistes avaient donnée à cet énorme problème.”

Maria-Antonietta Macciocchi (1922–2007) femme politique

Pour Gramsci

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“Un aveu. Je fais autre chose encore, autre chose que visualiser la scène, autre chose que convoquer un souvenir, je me dis  : à quoi Thomas a-t-il pensé, quand ça a été le dernier moment  ? après avoir passé la corde autour de son cou  ? avant de renverser la chaise  ? et d'abord, combien de temps cela a-t-il duré  ? une poignée de secondes  ? puisqu'il ne servait à rien de perdre du temps, la décision avait été prise, il fallait la mettre à exécution, une minute  ? mais c'est interminable, une minute, dans ces circonstances, et alors comment l'a-t-il remplie  ? avec quelles pensées  ? et j'en reviens à ma question. A-t-il fermé les yeux et revu des épisodes de son passé, de la tendre enfance, par exemple son corps étendu en croix dans l'herbe fraîche, tourné vers le bleu du ciel, la sensation de chaleur sur sa joue et sur ses bras  ? de son adolescence  ? une chevauchée à moto, la résistance de l'air contre son torse  ? a-t-il été rattrapé par des détails auxquels il ne s'attendait pas  ? des choses qu'il croyait avoir oubliées  ? ou bien a-t-il fait défiler des visages ou des lieux, comme s'il s'agissait de les emporter avec lui  ? (À la fin, je suis convaincu qu'en tout cas, il n'a pas envisagé de renoncer, que sa détermination n'a pas fléchi, qu'aucun regret, s'il y en a eu, n'est venu contrarier sa volonté.) Je traque cette ultime image formée dans son esprit, surgie de sa mémoire, non pas pour escompter y avoir figuré mais pour croire qu'en la découvrant, je renouerais avec notre intimité, je serais à nouveau ce que nul autre n'a été pour lui.”

Philippe Besson (1967) écrivain français

« Arrête avec tes mensonges »

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“[…] D’emblée, nous avons parlé de la Marche Verte annoncée quelques heures plus tôt. Il ne cachait pas sa colère sans l’extérioriser brutalement. Il restait très maître de lui jusqu’à ce qu’à l’écran apparaissent les images du roi Hassan II prononçant un discours.

Là, le visage de Boumediene s’est métamorphosé. Un mélange de sourire nerveux et de fureur crispait son visage. Un moment, le roi parle de l’Algérie sur un ton conciliant et amical. Le Président lui lance, en arabe, une injure et, à ma stupeur, il avance son bras droit et délivre un magistral bras d’honneur. Tel un voyou de Bab el Oued. Le Président austère qui se donnait à voir quelques instants plus tôt avait disparu. J’avais devant moi un autre homme. Un jeune garnement des rues prêt à tout.

Il s’est levé de son fauteuil et s’est mis à sautiller de façon étrange. Un peu hystérique. Je ne saurais dire s’il sautait de joie ou de colère, mais, je le revois très bien, il a bondi à plusieurs reprises. Il trépignait, comme s’il avait perdu le contrôle de son personnage. Les insultes contre Hassan II pleuvaient. J’étais stupéfait. Jamais je n’avais vu un chef d’Etat dans cet état. Ce n’était qu’un torrent d’invectives à un niveau insoutenable de grossièreté, d’obscénité, de vulgarité. Sans transition, ont suivi les menaces. Hassan II ne l’emportera pas au paradis. Il ne sait pas ce qui l’attend. L’Algérie ne se fera pas rouler dans la farine.

J'étais d'autant plus abasourdi que l'affaire du Sahara trainait depuis longtemps. Les revendications du Maroc dataient de Mohamed V qui entendait affirmer sa souveraineté non seulement sur le Sahara Occidental mais sur la Mauritanie tout entière. Je n'oubliais pas, et Boumediene non plus, la défaite de l'Algérie pendant la guerre des sables d'octobre 1963. On sentait le goût de la revanche, le besoin d'effacer de mauvais souvenirs. Je n'ai plus souvenir des termes exacts mais l'idée était bien celle d'une riposte qui fera regrette à l'agresseur ses rodomontades. L'algérie ne se laissera pas marcher sur les pieds. Elle rétorquera de tous ses moyens et on verra ce qu'on verra
[19 Juillet 2013]”

Jean Daniel (1920) écrivain français
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“C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoires! Les musulmans, vous êtes allés les voir? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées!”

Alain Peyrefitte (1925–1999) homme politique, écrivain et diplomate français

C'était de Gaulle; Tome 1, Alain Peyrefitte, éd. éditions de Fallois/Fayard, 1994 (ISBN 978‐2‐213‐02832‐3), p. 52

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“Je condamne l'ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu'on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J'ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l'éducation de l'enfant. Je pense qu'il faudrait des études de base, très simples, où l'enfant apprendrait qu'il existe au sein de l'univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu'il dépend de l'air, de l'eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire. Il apprendrait que les hommes se sont entre-tués dans des guerres qui n'ont jamais fait que produire d'autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil. On lui apprendrait assez du passé pour qu'il se sente relié aux hommes qui l'ont précédé, pour qu'il les admire là où ils méritent de l'être, sans s'en faire des idoles, non plus que du présent ou d'un hypothétique avenir. On essaierait de le familiariser à la fois avec les livres et les choses; il saurait le nom des plantes, il connaîtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposées aux enfants et aux très jeunes adolescents sous prétexte de biologie; il apprendrait à donner les premiers soins aux blessés; son éducation sexuelle comprendrait la présence à un accouchement, son éducation mentale la vue des grands malades et des morts. On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en société est impossible, instruction que les écoles élémentaires et moyennes n'osent plus donner dans ce pays. En matière de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celles du pays où il se trouve, pour éveiller en lui le respect et détruire d'avance certains odieux préjugés. On lui apprendrait à aimer le travail quand le travail est utile, et à ne pas se laisser prendre à l'imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatées, en lui préparant des caries et des diabètes futurs. Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses véritablement importantes plus tôt qu'on ne le fait. (p. 255)”

Marguerite Yourcenar (1903–1987) écrivaine française

Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey

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“La plus remarquable des facultés de notre esprit est sans doute sa capacité à faire face à la douleur. Selon la pensée classique, l'esprit est doté de quatre portes, que chacun franchit selon la nécessité qui l'y pousse.
La première, c'est celle du sommeil. Le sommeil nous procure un abri loin du onde et de toutes ses souffrances. Le sommeil facilite la passage du temps, mettant à distance ce qui nous fait mal. Lorsqu'une personne est blessée, bien souvent, elle perd connaissance. De même, quelqu'un qui apprend une nouvelle bouleversante pourra s'évanouir. franchir cette première porte, c'est la façon dont l'esprit se protège de la douleur.
La deuxième porte est celle de l'oubli. Il est des blessures trop profondes pour guérir, du moins pour s'en rétablir promptement. De surcroît, nombre de souvenirs sont tout simplement trop douloureux et on ne peut en espérer aucun apaisement. Le vieux dicton selon lequel "le temps guérit tous les maux" est faux. Le temps guérit la plupart des maux. Le reste est dissimulé derrière cette porte.
La troisième porte est celle de la folie. Il y a des moments où 'esprit subit un tel choc qu'il se réfugie dans la démence. Bien qu'il semble difficile de pouvoir en tirer quelque bénéfice que ce soit, c'est pourtant le cas : il est des moments où la réalité n'est que souffrance et pour échapper à cette souffrance, l'esprit doit s'affranchir de la réalité.
La dernière porte est celle de la mort. L'ultime recours. Rien ne peut nous atteindre une fois que nous sommes morts, du moins c'est ce que l'on nous a dit.”

The Name of the Wind

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“Rétrospectivement, je me demande pourquoi je me suis privé d'un truc [la guerre] aussi romanesque et valorisant. Un peu par trouille : j'y serais sans doute allé si je n'avais appris, au moment où on me le proposait, que Jean Hatzfeld venait d'être amputé d'une jambe après avoir reçu là-bas une rafale de kalachnikov. Mais je ne veux pas m'accabler : c'était aussi par circonspection. Je me méfiais, je me méfie toujours des unions sacrées - même réduites au petit cercle qui m'entoure. Autant je me crois sincèrement incapable de violence gratuite, autant je m'imagine volontiers, peut-être trop, les raisons ou concours de circonstances qui auraient pu en d'autres temps me pousser vers la collaboration, le stalinisme ou la révolution culturelle. J'ai peut-être trop tendance aussi à me demander si, parmi les valeurs qui vont de soi dans mon milieu, celles que les gens de mon époque, de mon pays, de ma classe sociale, croient indépassables, éternelles et universelles, il ne s'en trouverait pas qui paraîtront un jour grotesques, scandaleuses ou tout simplement erronées. Quand des gens peu recommandables comme Limonov ou ses pareils disent que l'idéologie des droits de l'homme et de la démocratie, c'est exactement aujourd'hui l'équivalent du colonialisme catholique - les mêmes bonnes intentions, la même bonne foi, la même certitude absolue d'apporter aux sauvages le vrai, le beau, le bien -, cet argument relativiste ne m'enchante pas, mais je n'ai rien de bien solide à lui opposer. Et comme je suis facilement, sur les questions politiques, de l'avis du dernier qui a parlé, je prêtais une oreille attentive aux esprits subtils expliquant qu'Izetbegović, présenté comme un apôtre de la tolérance, était en réalité un Musulman fondamentaliste, entouré de Moudajhidines, résolu à instaurer à Sarajevo une république islamique et fortement intéressé, contrairement à Milosević, à ce que le siège et la guerre durent le plus longtemps possible. Que les Serbes, dans leur histoire, avaient assez subi le joug ottoman pour qu'on comprenne qu'ils n'aient pas envie d'y repiquer. Enfin, que sur toutes les photos publiées par la presse et montrant des victimes des Serbes, une sur deux si on regardait bien était une victime serbe. Je hochais la tête : oui, c'était plus compliqué que ça. (p. 310-311)”

Limonov

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“Le monde, quels que puissent être ses contenus permanents ou transitoires, ne se détache jamais de Dieu; il est toujours cette substance céleste tombée dans un néant et durcie dans le froid de l’éloignement; les limites des choses et les calamités qui en résultent en témoignent. Le sage voit dans les choses et à travers elles l’origine divine devenue lointaine, et aussi — en considérant les limitations et les misères — le point de chute qui est inéluctable, et où s’écrasera finalement le monde; il discerne dans les phénomènes le flux et le reflux, l’expansion et le retour, le miracle existentiel et la limite ontologique.

Mais, surtout, le soufi perçoit par l’« œil du cœur » que « toute chose est Lui »; le monde, tout en n’étant point Dieu sous le rapport de son existence particulière, n’en est pas moins « l’Extérieur » sous le rapport de sa possibilité profonde ou du miracle permanent auquel il est accroché à tout moment et sans lequel il s’effondrerait dans le néant; en un sens, il n’est pas Dieu, mais en un autre sens, il « n’est autre que Lui » en vertu de sa causalité divine. Il se peut que les mots ne sauront jamais rendre compte d’une manière satisfaisante de ce mystère; mais, en un certain point, le monde « est Dieu », ou il n’est pas. Dieu n’est pas le monde, et c’est pour cela, précisément, qu’il est impossible de parler de « l’Extérieur » sans parler aussi de « l’Intérieur »; le premier n’est vrai que par le second.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

Form and Substance in the Religions

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“Clic Clac. Plus personne ne bouge. Moment suspendu. Bonheur.”

Anna Gavalda (1970) écrivaine française

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“Il y a un moment où il faut sortir les couteaux.
C’est juste un fait. Purement technique.
Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez-vous à sa place.
Ce n’est pas son chemin.
Le lui expliquer est sans utilité.
L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. C’est dans la définition de l’oppression.
En particulier les « plaintes » de l’opprimé sont sans effet, car naturelles. Pour l’oppresseur il n’y a pas d’oppression, forcément, mais un fait de nature.
Aussi est-il vain de se poser comme victime : on ne fait par là qu’entériner un fait de nature, que s’inscrire dans le décor planté par l’oppresseur.
L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux.
Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir-travail. Etc. Allez donc causer sur ces bases.
C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est en gros : mais de quoi diable se plaint-il? Tout ça, c’est épatant.
Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.
Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible.
Peu importent le caractère, la personnalité, les mobiles actuels de l’opprimé.
C’est le premier pas réel hors du cercle.
C’est nécessaire.”

Christiane Rochefort (1917–1998) écrivain française
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“Comme le Christianisme, l'Islam enseigne que Jésus n'a pas eu de père humain, qu'il est « Parole de Dieu », qu'il est né d'une Vierge et que lui et cette Vierge-Mère ont le privilège unique de ne pas avoir été « touchés par le diable » au moment de leur naissance, ce qui indique l'Immaculée Conception; comme il est impossible même au point de vue musulman que tous ces privilèges incomparables n'aient une signification secondaire, qu'ils ne se soient produits qu'« en passant » et sans laisser de traces décisives, les chrétiens se demanderont comment les musulmans peuvent sans contradiction concilier cette sublimité avec la foi en un Prophète subséquent. Pour le comprendre, - tout argument métaphysique mis à part, - il faut tenir compte de ceci: le Monothéisme intégral comporte deux lignées distinctes, israélite l'une et ismaélienne l'autre; or, alors que dans la lignée israélite Abraham se trouve pour ainsi dire renouvelé ou remplacé par Moïse, - la Révélation sinaïtique étant comme un second commencement du Monothéisme, - Abraham reste toujours le Révélateur primordiale et unique pour les fils d'Ismaël. Le miracle sinaïtique appelait le miracle messianique ou christique : c'est le Christ qui, à un certain point de vue, clôt la lignée mosaïque et clôt la Bible, glorieusement et irrévocablement. Mais ce cycle allant de Moïse à Jésus, ou du Sinaï à l'Ascension, n'englobe précisément pas tout le Monothéisme : la lignée ismaélienne, et toujours abrahamique, se situait en dehors de ce cycle et restait en quelque sorte disponible; elle appelait à son tour un achèvement glorieux, de caractère non sinaïtique et christique, mais abrahamique et mohammédien, et en un certain sens « désertique » et « nomade »”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

Form and Substance in the Religions

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“La plupart des gens ne meurent qu'au dernier moment ; d'autres commencent et s'y prennent vingt ans d'avance et parfois davantage.”

Voyage au bout de la nuit
Variante: La plupart des gens ne meurent qu'au dernier moment; d'autres commencent et s'y prennent vingt ans d'avance et parfois davantage.

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“Je sais aussi que quand votre fils de cinq mois se réveille à deux heures du matin et pleure avec persistance sans raison apparente vous ne l'aimez pas beaucoup à ce moment-là. Soyez tranquille, il a une raison pour pleurer, même si vous ne la découvrez pas immédiatement. Si vous êtes irrité, tâchez de ne pas le montrer. La voix d'un homme est plus terrifiante pour un enfant que celle d'une femme et vous ne savez pas quelle peur permanente vous pouvez laisser s'infiltrer dans un bébé un criant très fort au mauvais moment.
"Ne prenez pas le bébé dans votre lit", dit le manuel d'instructions aux parents. Oubliez-le. Donnez à votre bébé autant de baisers et de caresses que vous pouvez.
Ne vous servez pas de vos enfants pour vous enorgueillir. Soyez aussi prudent pour louer que pour blâmer. C'est mauvais de chanter les louanges d'un enfant en sa présence. Oui, bien sûr, Mary travaille très bien. Première de sa classe ce mois-ci. C'est une enfant intelligente. Non pas que vous ne devez pas faire d'éloges à votre enfant. Il est bon de dire à votre fils : "C'est un bien joli cerf-volant que tu as fait là", mais les éloges au service des autres sont inutiles. Les jeunes oies dressent le cou aussi bien que les cygnes quand on les admire. Par contre, si votre enfant ne réussit pas ce qu'il fait, n'enfoncez pas le couteau dans la plaie. Même si le carnet de notes n'est pas bon, ne dites rien. Et si Billy rentre en pleurant parce qu'il a été vaincu dans une bataille avec les copains, ne lui dites pas qu'il est une mauviette.
Si jamais vous dites "Quand j'avais ton âge…" vous faites une grande erreur. En somme, acceptez votre enfant tel qu'il est et retenez-vous d'essayer de le faire vous ressembler.
Ma devise pour la maison, en toute circonstance, c'est Pour l'amour du ciel, laissez les gens vivre leur vie. C'est une attitude qui sied à toutes les situations.
C'est la seule attitude qui encourage la tolérance. On apprend aux enfants à être tolérants en leur montrant de la tolérance. (p. 168-169)”

Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing

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“Et puis, le manque est arrivé, dans le moment où je m’y attendais le moins, il est arrivé alors que j’avais presque fini par croire à mon amnésie.

C’est terrible, la morsure du manque. Ça frappe sans prévenir, l’attaque est sournoise tout d’abord, on ressent juste une vive douleur qui disparaît presque dans la foulée, c’est bref, fugace, ça nous plie en deux mais on se redresse aussitôt, on considère que l’attaque est passée, on n’est même pas capable de nommer cette effraction, et pourquoi on la nommerait, on n’a pas eu le temps de s’inquiéter, c’est parti si vite, on se sent déjà beaucoup mieux, on se sent même parfaitement bien, tout de même on garde un souvenir désagréable de cette fraction de seconde, on tente de chasser le souvenir, et on y réussit, la vie continue, le monde nous appelle, l’urgence commande.

Et puis, ça revient, le jour d’après, l’attaque est plus longue ou plus violente, on ploie les genoux, on a un méchant rictus, on se dit : quelque chose est à l'œuvre à l’intérieur, on pense à ces transports au cerveau qui annoncent les tumeurs, qui sont le signal enfin visible de cancers généralisés jusque-là insoupçonnables, on éprouve une sale frayeur, un mauvais pressentiment.

Et puis, le mal devient lancinant, il s’installe comme un intrus qu’on n’est pas capable de chasser, il est moins mordant et plus profond, on comprend qu’on ne s’en débarrassera pas, qu’on est foutu.

Oui, un jour, le manque est arrivé. Le manque de lui.

Au début, j’ai fait comme si je ne m’en rendais pas compte, le traitant par l’indifférence, par le mépris, je me savais plus fort que lui, j’étais en mesure de le dominer, de l’éliminer, c’était juste une question de volonté ou de temps, je n’étais pas le genre à me laisser abattre par quelque chose d’aussi ténu, d’aussi risible.

Et puis, il m’a fallu me rendre à l’évidence : ce match, je n’étais pas en train de le gagner, j’allais peut-être même le perdre, et je ne possédais pas le moyen d’échapper à cette déroute et plus je luttais, plus je cédais du terrain; plus je niais la réalité, plus elle me sautait au visage. Autant le reconnaître : j’étais dévoré par ça, le manque de lui.”

Philippe Besson (1967) écrivain français

Un homme accidentel

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“Certains moments ont un goût d’éternité.”

Vous revoir

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“« L’ouvrage de Rama P. Coomaraswamy, The Destruction of the Christian Tradition (…) est un exposé brillamment écrit et bien documenté sur ce qui s’est déroulé immédiatement avant, pendant et après le concile Vatican II. L’auteur s’intéresse avant tout à ce qui est orthodoxe et à ce qui est hérétique, et la manière tout à fait claire, directe et simple dont il traite son sujet est basée sur les décisions des précédents conciles et les déclarations des plus hautes autorités de l’Église à travers les siècles. Ce qu’il a écrit est suffisant et n’a pas besoin d’additifs. Mais, à partir d’un angle légèrement différent et en quelque sorte pour affronter les modernistes sur leur propre terrain, qui est celui de l’opportunisme psychique, nous voudrions néanmoins ajouter les remarques suivantes. Les responsables des changements en question ont fait valoir qu’une religion doit se conformer aux temps, à quoi on doit répondre : non, si se conformer veut dire cesser d’être soi-même et devenir complice des temps. La véritable conformité est différente : la médecine, par exemple, afin de se conformer à une époque, doit être capable de fournir des antidotes à tout ce qui se présente comme maladies. De même, il ne serait pas déraisonnable de maintenir qu’afin de se conformer à un âge caractérisé par de violents changements et des troubles désordonnés, la religion doit être plus préparée que jamais à manifester, et même à proclamer, son inébranlable stabilité sans laquelle, en tant que véhicule de la Vérité Éternelle, elle ne peut jamais être, en tout état de cause, fidèle à elle-même. Il ne fait guère de doute que l’âme humaine a profondément besoin dans son existence de quelque chose qui resterait toujours identique, et elle a le droit d’attendre de la religion qu’elle soit la constante infaillible qui satisfasse ce besoin.
De telles considérations furent disséminées aux quatre vents par le concile Vatican II. Il n’est donc pas surprenant que celui-ci ait précipité une crise sans précédent. La gravité de la situation peut être mesurée, jusqu’à un certain point, par les chiffres suivants : de 1914 à 1963, il n’y eut que 810 prêtres qui demandèrent à l’Église Catholique la permission d’abandonner le sacerdoce, et parmi ces demandes 355 seulement furent acceptées. Depuis le concile, il y a eu plus de 32 000 défections au sein du clergé. Il faut considérer que ces chiffres se rapportent en partie à ceux qui sont coupables de la crise et en partie à ceux qui en sont les victimes; en ce qui concerne ces dernières, qui sont des membres du clergé ou des laïques, il est significatif que non seulement l’usage de la liturgie traditionnelle a été découragé mais qu’il a même été expressément interdit. Cette stratégie aurait totalement échoué s’il n’y avait eu le fait que l’immense majorité des laïques — et ceci s’applique également dans une certaine mesure aux membres du clergé eux-mêmes — s’imaginent que l’obéissance due à la hiérarchie cléricale est absolue. L’un des grands mérites de l’ouvrage de Rama Coomaraswamy est de montrer à quel moment, selon la doctrine catholique strictement traditionnelle, l’obéissance devient un péché et à quel moment l’autorité, même celle d’un pape, devient nulle et non avenue. »
[recension dans """"Croyances anciennes et Superstitions modernes"""", Appendice II. ]”

Martin Lings (1909–2005) savant anglais du soufisme

Ancient Beliefs and Modern Superstitions

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“« Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m'offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais.

Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais.

Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu'elles valent, mais pour ce qu'elles représentent.

Je dormirais peu, je rêverais plus, sachant qu'en fermant les yeux, à chaque minute nous perdons 60 secondes de lumière.

Je marcherais quand les autres s'arrêteraient, je me réveillerais quand les autres dormiraient.

Si Dieu me faisait cadeau d'un morceau de vie, je m'habillerai simplement, je me coucherais à plat ventre au soleil, laissant à découvert pas seulement mon corps, mais aussi mon âme.

Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu'ils cessent d'être amoureux parce qu'ils vieillissent, sans savoir qu'ils vieillissent quand ils cessent d'être amoureux! A l'enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre à voler tout seul.

Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l'oubli.

J'ai appris tant de choses de vous les hommes… J'ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la manière d'y arriver.

J'ai appris que lorsqu'un nouveau-né serre pour la première fois, le doigt de son père, avec son petit poing, il le tient pour toujours.

J'ai appris qu'un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables à se relever.

J'ai appris tant de choses de vous, mais à la vérité cela ne me servira pas à grand chose, si cela devait rester en moi, c'est que malheureusement je serais en train de mourir.

Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses.

Si je savais que c'est peut être aujourd'hui la dernière fois que je te vois dormir, je t'embrasserais très fort et je prierais pour pouvoir être le gardien de ton âme.

Si je savais que ce sont les derniers moments où je te vois, je te dirais 'je t'aime' sans stupidement penser que tu le sais déjà.

Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilité pour faire les choses bien, mais au cas où elle se tromperait et c'est, si c'est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t'aime, que jamais je ne t'oublierais.

Le lendemain n'est sûr pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux.

C'est peut être aujourd'hui que tu vois pour la dernière fois ceux que tu aimes. Pour cela, n'attends pas, ne perds pas de temps, fais-le aujourd'hui, car peut être demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n'avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu étais trop occupé pour accéder à un de leur dernier désir.

Garde ceux que tu aimes près de toi, dis-leur à l'oreille combien tu as besoin d'eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire 'je regrette' 'pardonne-moi' 's'il te plait' 'merci' et tous les mots d'amour que tu connais.

Personne ne se souviendra de toi pour tes pensées secrètes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer.

Dis à tes amis et à ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi.

Monsieur Márquez a terminé, disant : Envoie cette lettre à tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd'hui. Et si tu ne le fais pas cela n'a pas d'importance. Le moment sera passé.

Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse »”

Gabriel García Márquez (1927–2014) écrivain colombien
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