Citations sur dominante

Une collection de citations sur le thème de dominante, tout, bien-être, pluie.

Citations sur dominante

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“Que les classes dominantes tremblent devant une révolution communiste. Les prolétaires n'ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!”

Mögen die herrschenden Klassen vor einer kommunistischen Revolution zittern. Die Proletarier haben nichts in ihr zu verlieren als ihre Ketten. Sie haben eine Welt zu gewinnen. Proletarier aller Länder, vereinigt euch !
de
Manifeste du Parti communiste, 1848 (avec Friedrich Engels)

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“Les tromperies dominantes de l'époque sont en passe de faire oublier que la vérité peut se voir aussi dans les images.”

Guy Debord (1931–1994) écrivain, essayiste, cinéaste et révolutionnaire français.

Panégyrique tome second, 1997

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“Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante.”

Karl Marx (1818–1883) philosophe, sociologue et économiste allemand

Die herrschenden Ideen einer Zeit waren stets nur die Ideen der herrschenden Klasse.
de
, 1848 (avec Friedrich Engels)

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“(…) Le Reichsführer a adapté ce qu'il considère comme les méthodes de ses ennemis et la base de leur pouvoir et l'a transformé dans la base du sien, c'est le fondement de la position dominante occupée dans l'État par la SS. De ce point de vue, la SS n'est rien d'autre qu'une anti-maçonnerie -bien que le Reichsführer ne l'admet pas- avec l'aide de laquelle, et sans attirer l'attention, il essaye d'occuper les positions dirigeantes du gouvernement et du parti. Le système d'attribution d'uniformes et de grades dans la hiérarchie d'honneur ne peut être considérée que de ce point de vue.”

Felix Kersten (1898–1960) médecin allemand

(...) the Reichsführer has adapted what he regards as his enemies method and the basis of their power and has turned it to logical use as the basis of their power and has turned it to logical use as the basis of the dominant position occupied in the state by the SS. From this point of view the SS is nothing but an anti-Masonry -though the Reichsführer does not admit it- with whose help, and without attracting attention, he is trying to occupy the leading positions in the Governement and the Party. The whole system of conferring uniforms and ranks on the so-called "honorary leaders" can only be grasped from this standpoint.
en

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“Une clameur nouvelle, plus forte et plus longue, s’éleva d’entre les deux tutélaires colonnes de granit, pendant que la barque royale abordait à la Piazzetta noire de peuple. Quand le bruit cessait, la foule épaisse avait des remous; et les galeries du Palais des Doges s’emplissaient d’une rumeur confuse, pareille au bourdonnement illusoire qui anime les volutes des conques marines. Puis, tout à coup, la clameur rejaillissait dans l’air limpide, montait se briser contre la légère forêt marmoréenne, franchissait les têtes des hautes statues, atteignait les pinacles et les croix, se dispersait dans le lointain crépusculaire. Puis, c’était une autre pause pendant laquelle, imperturbable, dominant l’agitation inférieure, continuait l’harmonie multiple des architectures sacrées et profanes où couraient comme une agile mélodie les modulations ioniques de la Bibliothèque et s’élançait comme un cri mystique la cime de la tour nue. Et cette musique silencieuse des lignes immobiles était si puissante qu’elle créait le fantôme presque visible d’une vie plus belle et plus riche, superposé au spectacle de la multitude inquiète. Celle-ci sentait la divinité de l’heure; et, lorsqu’elle acclamait cette forme nouvelle de la royauté abordant au rivage antique, cette fraîche Reine blonde qu’illuminait un inextinguible sourire, peut-être exhalait-elle son obscure aspiration à dépasser l’étroitesse de la vie vulgaire et à recueillir les dons de l’éternelle Poésie épars sur les pierres et sur les eaux.”

Romans, Le Feu, 1900

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“Les sondages d'opinion suggèrent que seule une petite minorité (13 pourcents) des américains sont favorables à la proposition suivante : [en tant que seule superpuissance restante, les USA devraient continuer à être des leaders mondiaux prééminents dans la résolution des problèmes internationaux]. […] L'Amérique devenant une société de plus en plus multiculturelle, il risque d'être plus difficile de façonner un consensus en terme de politique internationale, sauf dans le cas de la perception d'une menace extérieure directe et massive. […] Plus généralement, le changement culturel en Amérique peut être aussi réticent à un exercice soutenu à l'étranger d'un pouvoir authentiquement impérial. Cet exercice requière un haut degré de motivation doctrinale, d'engagement intellectuel, et de gratification patriotique. […] Les communications de masse ou joué un rôle particulièrement important à cet égard, générant une forte révulsion à l'encontre de toute utilisation sélective de la force qui entraine même un niveau faible de pertes humaines. […] En bref, les buts des politiques américaines doivent être sans scrupules et doubles : perpétuer la position dominante américaine pour au moins une génération et si possible plus longtemps.”

Zbigniew Brzezinski (1928–2017) politologue américain

Public opinion polls suggest that only a small minority (13 percent) of Americans favor the proposition that 'as the sole remaining superpower, the US should continue to be the preeminent world leader in solving international problems'. [...] As America becomes an increasingly multicultural society, it may find it more difficult to fashion a consensus on foreign policy issues, except in the circumstance of a truly massive and widely perceived direct external threat. [...] More generally, cultural change in America may also be uncongenial to the sustained exercise abroad of genuinely imperial power. That exercise requires a high degree of doctrinal motivation, intellectual commitment, and patriotic gratification. [...] Mass communications have been playing a particularly important role in that regard, generating a strong revulsion against any selective use of force that entails even low levels of casualties [...] In brief, the U.S. Policy goals must be un-apologetically twofold: to perpetuate America's own dominant position for at least a generation and preferably longer
en
Le Grand Echiquier - 1997

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“On vous parle sans cesse d'un culte dominant.
Dominant ! Messieurs, je n'entends point ce mot, et j'ai besoin qu'on me le définisse. Est-ce un culte oppresseur que l'on veut dire ?”

Honoré Gabriel Riqueti de Mirabeau (1749–1791) révolutionnaire, écrivain, diplomate, franc-maçon, journaliste et homme politique français

Discours

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“Le principe que "la circulation du sang est provoquée par le cœur qui agit comme une pompe" continue d'être dominante dans la physiologie moderne (Evans, 1952). Cependant, certains doutes apparaissent quand la puissance du cœur en tant que muscle est vue comme la source exclusive ou principale de l'énergie pour l'intégralité du système cardiovasculaire. La question peut alors être posée: n'y a-t-il pas une autre force motrice dans le système circulatoire plus importante que le muscle cardiaque?”

Leon Manteuffel-Szoege (1904–1973)

The principle that "the movement of the blood is maintained by the heart which acts as a pump" continues to be binding in modern physiology (Evans, 1952). Certain doubts, however, appear when the power of the heart muscle is regarded as the exclusive or even the main source of energy for the whole cardiovascular system. The question may be asked. Is there no other motive force in the circulatory system, besides the heart muscle that might be significant?
en

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“En posant la question des intellectuels, Gramsci aborde un problème théorique que le marxisme n'avait jamais soulevé : l'intellectuel est défini comme le « représentant de l'hégémonie », « le fonctionnaire de la superstructure », « le commis du groupe dominant », celui qui assure le consensus idéologique (commandement + hégémonie) de la masse autour du groupe dirigeant, qui sert de charnière entre la superstructure et l'infrastructure. Le rôle que joue l'intellectuel, à un niveau aussi important, peut cependant être modifié dans le sens d'un renversement total, en s'inscrivant dans une configuration historique qui n'est plus traditionnelle, dans laquelle il trouve de quoi établir un nouveau rapport organique avec la classe révolutionnaire montante, le prolétariat, en l'occurrence : l'intellectuel se trouve « organiquement » contraint d'accomplir une gigantesque tâche historique révolutionnaire qui, en raison même de son adhésion, ne peut pas être différée plus longtemps, surtout dans les moments de crise de la superstructure. Le rapprochement que Gramsci opère entre la classe ouvrière et les intellectuels, en tant qu' « intellectuels organiques du prolétariat », constitue une révolution dans la pensée communiste puisqu'il renverse l'orientation que les partis communistes avaient donnée à cet énorme problème.”

Maria-Antonietta Macciocchi (1922–2007) femme politique

Pour Gramsci

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“Je n'étais même pas libre de pleurer. Qui est jamais libre de pleurer? Il y a toujours des gens autour, des gens capables de regarder sans le voir un homme sur son chemin de croix, avec sa carrière dans des cartons, mais incapables de supporter le festin visuel d'un homme en pleurs, oui, en pleurs, emporté par l'hiver de son déplaisir.

Mais eux non plus, ils n'étaient pas libres d'ingérer le spectacle et de retourner à leurs affaires pour pleurer, de peur que leurs collègues ne les voient en larmes devant leur écran d'ordinateur. Le dernier qui pleurera aura gagné. Nous savons tous ça. Les enfants le tiennent pour un article de foi. Les adultes, eux, ne sont plus en position de le formuler comme tel, mais ils le savent d'instinct. En conclusion, personne n'est libre de pleurer. Personne excepté Tanya.

Devant le gare, il m'est apparu que personne n'est réellement libre, pas seulement en matière de larmes, mais en toute chose. Si un évènement ou une situation détermine ou en cause une autre, en quel sens peut-on prétendre que nous sommes libres d'agir ou non? Si notre comportement est déterminé par toute une série de facteurs, notre structure génétique, la manière dont nous avons été mis au monde, notre perception de l'amour, l'attention et le confort matériel que nous avons connus enfant, jusqu'à notre taux de sucre dans le sang et notre exposition immédiate aux conditions climatiques dominantes, en quoi sommes-nous libres?

Et même si nous pouvions calculer l'effet de tous ces facteurs et prédire notre comportement, nous ne serions toujours pas libres. Car être capable de prédire les évènements futurs ne permet pas pour autant de les influencer si les variables qui les déterminent échappent à notre contrôle.”

Three Dollars

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“Adossée à cette philosophie aujourd'hui dominante, la violence est partout. Depuis le célèbre”

Jean-Marie Pelt (1933–2015) biologiste, pharmacien, botaniste et écologue français

La loi de la jungle : L'agressivité chez les plantes, les animaux, les humains

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“[…] un art sacré n’est pas nécessairement fait d’images, même pas au sens le plus large du terme. Il peut n’être que l’extériorisation pour ainsi dire muette d’un état contemplatif et, dans ce cas ou sous ce rapport, il ne reflétera pas des idées mais il transformera l’environnement qualitativement, en le faisant participer à un équilibre dont le centre de gravité est l’invisible. Il est facile de constater que telle est la nature de l’art islamique : son objet est avant tout l’environnement de l’homme – d’où le rôle dominant de l’architecture – et sa qualité est essentiellement contemplative. L’aniconisme n’amoindrit pas cette qualité, bien au contraire, car en excluant toute image qui invite l’homme à fixer son esprit sur quelque chose en dehors de lui-même, à projeter son âme en une forme « individualisante », il crée un vide. A cet égard, la fonction de l’art islamique est analogue à celle de la nature vierge – notamment du désert – qui favorise aussi la contemplation bien que, sous un autre angle, l’ordre créé par l’art s’oppose au chaos du paysage désertique.
La prolifération de l’ornement dans l’art musulman ne contredit pas cette qualité de vide contemplatif. Au contraire, l’ornement à formes abstraites la corrobore par son rythme continu ou son caractère de tissage sans fin : au lieu de capter l’esprit et de l’entraîner dans quelque monde imaginaire, il dissout les « fixations » mentales, de même que la contemplation d’un cours d’eau, d’une flamme ou d’un feuillage frémissant dans le vent peut détacher la conscience de ses « idoles » intérieures.”

Titus Burckhardt (1908–1984)

Art Of Islam: Language And Meaning

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“Dans son rapport inaugural, le Forum, à propos de la mondialisation qu'il a symbolisée sous ses formes les plus conquérantes et sûres d'elles-mêmes, évoque avec un sens exquis de l'euphémisme "un risque de désillusion". Mais dans les conversations, c'est autre chose. Désillusion? Crise? Inégalités? D'accord, si vous y tenez, mais enfin, comme nous le dit le très cordial et chaleureux PDG de la banque américaine Western Union, soyons clairs : si on ne paie pas les leaders comme ils le méritent, ils s'en iront voir ailleurs. Et puis, capitalisme, ça veut dire quoi? Si vous avez 100 dollars d'économies et que vous les mettez à la banque en espérant en avoir bientôt 105, vous êtes un capitaliste, ni plus ni moins que moi. Et plus ces capitalistes comme vous et moi (il a réellement dit "comme vous et moi", et même si nous gagnons fort décemment notre vie, même si nous ne connaissons pas le salaire exact du PDG de la Western Union, pour ne rien dire de ses stock-options, ce "comme vous et moi" mérite à notre sens le pompon de la "brève de comptoir" version Davos), plus ces capitalistes comme vous et moi, donc, gagneront d'argent, plus ils en auront à donner, pardon à redistribuer, aux pauvres. L'idée ne semble pas effleurer cet homme enthousiaste, et à sa façon, généreux, que ce ne serait pas plus mal si les pauvres étaient en mesure d'en gagner eux-mêms et ne dépendaient pas des bonnes dispositions des riches. Faire le maximum d'argent, et ensuite le maximum de bien, ou pour les plus sophistiqués faire le maximum de bien en faisant le maximum d'argent, c'est le mantra du Forum, où on n'est pas grand-chose si on n'a pas sa fondation caritative, et c'est mieux que rien, sans doute "(vous voudriez quoi? Le communisme?"). Ce qui est moins bien que rien, en revanche, beaucoup moins bien, c'est l'effarante langue de bois dans laquelle ce mantra se décline. Ces mots dont tout le monde se gargarise : préoccupation sociétale, dimension humaine, conscience globale, changement de paradigme… De même que l'imagerie marxiste se représentait autrefois les capitalistes ventrus, en chapeau haut de forme et suçant avec volupté le sang du prolétariat, on a tendance à se représenter les super-riches et super-puissants réunis à Davos comme des cyniques, à l'image de ces traders de Chicago qui, en réponse à Occupy Wall Street, ont déployé au dernier étage de leur tour une banderole proclamant : "Nous sommes les 1%". Mais ces petits cyniques-là étaient des naïfs, alors que les grands fauves qu'on côtoie à Davos ne semblent, eux, pas cyniques du tout. Ils semblent sincèrement convaincus des bienfaits qu'ils apportent au monde, sincèrement convaincus que leur ingénierie financière et philanthropique (à les entendre, c'est pareil) est la seule façon de négocier en douceur le fameux changement de paradigme qui est l'autre nom de l'entrée dans l'âge d'or. Ça nous a étonnés dès le premier jour, le parfum de new age qui baigne ce jamboree de mâles dominants en costumes gris. Au second, il devient entêtant, et au troisième on n'en peut plus, on suffoque dans ce nuage de discours et de slogans tout droit sortis de manuels de développement personnel et de positive thinking. Alors, bien sûr, on n'avait pas besoin de venir jusqu'ici pour se douter que l'optimisme est d'une pratique plus aisée aux heureux du monde qu'à ses gueux, mais son inflation, sa déconnexion de toute expérience ordinaire sont ici tels que l'observateur le plus modéré se retrouve à osciller entre, sur le versant idéaliste, une indignation révolutionnaire, et, sur le versant misanthrope, le sarcasme le plus noir. (p. 439-441)”

Emmanuel Carrère (1957) écrivain, scénariste et réalisateur français

Il est avantageux d'avoir où aller

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“Le langage quotidien (tout comme le langage des images) est de part en part traversé par des rapports de force, par des rapports sociaux (de classe, de sexe, d'âge, de race, etc.), et c'est dans et par le langage (et l'image) que se joue la domination symbolique, c'est-à-dire la définition - et l'imposition - des perceptions du monde et des représentations socialement légitimes. Le dominant, comme le dit Pierre Bourdieu, est celui qui réussit à imposer la manière dont il veut être perçu, et le dominé, celui qui est défini, pensé et parlé par le langage de l'autre et/ou celui qui ne parvient pas à imposer la perception qu'il à de lui-même. Seules les périodes de crise sociale, culturelle, ou au moins l'irruption de mobilisations politiques ou culturelles, peuvent permettre une mise en question de cet ordre symbolique des représentations et du langage dont al force principale est de se présenter comme ressortissant aux évidences d'un ordre naturel, immuable, et sur lequel on ne s'interroge pas ou sur lequel on s'interroge faussement pour mieux le réaffirmer dans son arbitraire en le présentant comme ayant toujours existé.
La mobilisation politique, l'action politique, sont toujours des batailles pour la représentation, pour le langage et les mots. Ce sont des luttes autour de la perception du monde. La question qui s'y joue est de savoir qui définit la perception et la définition d'un groupe et la perception et la définition du monde en général. La mobilisation, l'action politique, consistent souvent, pour un groupe, à essayer de faire valoir, d'imposer la manière dont il se perçoit lui-même, et d'échapper ainsi à la violence symbolique exercée par la représentation dominante. Mais il convient de préciser qu'il n'y a pas, pour les gays, encore moins pour les « gays et lesbiennes », une manière d'être et de se penser soi-même qui préexisterait et qu'il conviendrait de découvrir et de manifester au grand jour, et encore moins une seule et unique manière d'être et de « se percevoir », ce qui constitue toute la complexité du mouvement gay et lesbien et explique le fait, si souvent souligné, que les définitions qu'il peut donner de lui-même ne sont que des constructions provisoires, fragiles et nécessairement contradictoires entre elles. (p. 117-118)”

Didier Eribon (1953) philosophe et sociologue français

Insult and the Making of the Gay Self

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“Je vous propose alors une idée militante. Il serait très juste d’organiser une vaste manifestation pour une alliance des jeunes et des vieux, à vrai dire dirigée contre les adultes d’aujourd’hui. Les plus rebelles des moins de trente ans et les plus coriaces des plus de soixante contre les quadras et les quinquas bien installés. Les jeunes diraient qu’ils en ont assez d’être errants, désorientés, et interminablement dépourvus de toute marque de leur existence positive. Ils diraient aussi qu’il n’est pas bon que les adultes fassent semblant d’être éternellement jeunes. Les vieux diraient qu’ils en ont assez de payer leur dévalorisation, leur sortie de l’image traditionnelle du vieux sage, par une mise à la casse, une déportation dans des mouroirs médicalisés, et leur totale absence de visibilité sociale. Ce serait très nouveau, très important, cette manifestation mixte ! J’ai du reste vu, durant mes nombreux voyages dans le monde entier, pas mal de conférences, pas mal de situations où le public se composait d’un noyau de vieux briscards, de vieux rescapés, comme moi, des grands combats des sixties et des seventies, et puis d’une masse de jeunes qui venaient voir si le philosophe avait quelque chose à dire concernant l’orientation de leur existence et la possibilité d’une vraie vie. J’ai donc vu, partout dans le monde, l’esquisse de l’alliance dont je vous parle. Comme à saute-mouton, la jeunesse semble devoir sauter aujourd’hui par-dessus l’âge dominant, celui qui va en gros de trente-cinq à soixante-cinq ans, pour constituer avec le petit noyau des vieux révoltés, des non-résignés, l’alliance des jeunes désorientés et des vieux baroudeurs de l’existence. Ensemble, nous imposerions que soit ouvert le chemin de la vraie vie.”

Alain Badiou (1937) écrivain et philosophe français

La vraie vie : Appel à la corruption de la jeunesse

“La gauche socialiste se lançait sur la voie d'une mutation profonde, qui allait s'accentuer d'année en année, et commençait de se placer avec un enthousiasme suspect sous l'emprise d'intellectuels néoconservateurs qui, sous couvert de renouveler la pensée de gauche, travaillaient à effacer tout ce qui faisait que la gauche était la gauche. Se produisait, en réalité, une métamorphose générale et profonde des ethos autant que des références intellectuelles. On en parla plus d'exploitation et de résistance, mais de « modernisation nécessaire » et de « refondation sociale »; plus de rapports de classe, mais de « vivre-ensemble »; plus de destins sociaux, mais de « responsabilité individuelle ». La notion de domination et l'idée d'une polarité structurante entre les dominants et les dominés disparurent du paysage politique de la gauche officielle, au profit de l'idée neutralisante de « contrat sociale », de « pacte social », dans le cadre desquels des individus définis comme « égaux en droit » (« égaux »? Quelle obscène plaisanterie!) étaient appelés à oublier leurs « intérêts particuliers » (c'est-à-dire à se taire et à laisser les gouvernants gouverner comme ils l'entendaient). Quels furent les objectifs idéologique de cette « philosophie politique », diffusée et célébrée d'un bout à l'autre du champ médiatique, politique et intellectuel, de la droite à la gauche (ses promoteurs s'évertuant d'ailleurs à effacer la frontière entre la droite et la gauche, en attirant, avec le consentement de celle-ci, la gauche vers la droite)? L'enjeu était à peine dissimulé : l'exaltation sur « sujet autonome » et la volonté concomitante d'en finir avec les pensée qui s'attachaient à prendre en considération les déterminismes historiques et sociaux eurent pour principale fonction de défaire l'idée qu'il existait des groupes sociaux - des « classes » - et de justifier ainsi le démantèlement du welfare state et de la protection sociale, au nom d'une nécessaire individualisation (ou décollectivisation, désocialisation) du droit du travail et des systèmes de solidarité et de redistribution. Ces vieux discours et ces vieux projets, qui étaient jusqu'alors ceux de la droite, et ressassé obsessionnellement par la droite, mettant en avant la responsabilité individuelle contre le « collectivisme », devinrent aussi ceux d'une bonne partie de la gauche. Au fond, on pourrait résumer la situation en disant que les partis de gauche et leurs intellectuels de parti et d'État pensèrent et parlèrent désormais un langage de gouvernants et non plus le langage des gouvernés, s'exprimèrent au nom de gouvernants (et avec eux) et non plus au nom des gouvernés (et avec eux), et donc qu'ils adoptèrent sur le monde un point de vue de gouvernants en repoussant avec dédain (avec une grande violence discursive, qui fut éprouvée comme telle par ceux sur qui elle s'exerça) le point de vue des gouvernés. Tout au plus daigna-t-on, dans les versions chrétiennes ou philanthropiques de ces discours néoconservateurs, remplacer les opprimés et les dominés d'hier - et leurs combats - par les « exclus » d'aujourd'hui - et leur passivité présomptive - et se pencher sur eux comme les destinataires potentiels, mais silencieux, de mesures technocratiques destinés à aider les « pauvres » et les « victimes » de la « précarisation » et de la « désaffiliation ». Ce qui n'était qu'une autre stratégie intellectuelle, hypocrite et retorse, pour annuler toute approcher en termes d'oppression et de lutte, de reproduction et de transformation des structures sociales, d'inertie et de dynamique des antagonismes de classe. (p. 130-132)”

Returning to Reims

“[Correspondance entre Massignon et Paul Claudel]
Si je vais là-bas, je pense prendre comme sujet "La langue arabe considérée comme moyen d'expression (traduisez pour nous : le témoignage de l'arabe en faveur du Verbe) et comme instrument d'action intellectuelle et sociale" (ou quelque chose d'approchant) - - Cela me permettrait de faire une révision exacte des auteurs et des tendances dominantes et d'en faire une critique "constructrice". Le difficile sera de tâcher de dégager (ce que nul philologue n'a fait jusqu'ici, hélas) de cette admirable langue sa logique fondamentale, l'ordre des idées dans le jeu normal et sain de sa syntaxe, logique qui doit nécessairement démolir le Coran et la Tradition comme des construction de guingois, destinées à remplir chez les Arabes l'ineffable rôle du Verbe et de l'Eglise. Je vous indique là, bien entendu la basse continue, la pédale harmonique de mes conférences, non pas leurs sujets effectifs précis que je tâcherai de cristalliser en un "Selectae" des textes arabes remarquables pour l'enchaînement solide des preuves et la loyauté des matériaux employés? Il y en a, dans tout les domaines de la pensée, Dieu merci!
J'aimerais que vous me parliez de la langue française à ce point de vue là, pour que mon travail puisse se guider sur une transposition de ce que vous trouvez, à ce point de vue, dans la langue française, d'"édifiant", de catholique. Hélas, pourquoi Dieu ne me permet-il pas de l'aller prier dans un pauvre coin, et se sert-il de ma lâcheté rivée au monde, pour saboter des tâches si peu à ma taille.
[Paul Claudel : Louis Massignon, Correspondance 1908-1953, « Braises ardentes, semences de feu », nouvelle édition renouvelée (1908-1914) et augmentée 1915-1953)
p230 (Lettre du samedi 10 août 1912)]”

Louis Massignon (1883–1962) islamologue français
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“L’anthropologie moderne nous a appris, par l’investigation des soi-disant cultures primitives, que le comportement social des êtres humains peut présenter de grandes différences, étant donné qu’il dépend des modèles de culture dominants et des types d’organisation qui prédominent dans la société. C’est là-dessus que doivent fonder leurs espérances tous ceux qui s’efforcent d’améliorer le sort de l’homme : les êtres humains ne sont pas, par suite de leur constitution biologique, condamnés à se détruire mutuellement ou à être à la merci d’un sort cruel qu’ils s’infligent eux-mêmes.”

Albert Einstein (1879–1955) physicien allemand

Modern anthropology has taught us, through comparative investigation of so-called primitive cultures, that the social behavior of human beings may differ greatly, depending upon prevailing cultural patterns and the types of organisation which predominate in society. It is on this that those who are striving to improve the lot of man may ground their hopes: human beings are not condemned, because of their biological constitution, to annihilate each other or to be at the mercy of a cruel, self-inflicted fate.
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“Ah! si les peuples sous-développés étaient indispensables à la survie des autres, il y a fort à penser que l'on s'occuperait d'eux plus activement. Mais si l'impérialisme mondial est prêt à faire des guerres locales pour conserver l'exploitation de certaines régions pétrolières, ou pour conserver le contrôle de certaines régions dont il considère qu'elles sont importantes à sa sécurité, il sait bien par contre qu'il peut continuer à vivre sans les populations qui les habitent. Si les classes dominantes nationales ne peuvent se passer de leur prolétariat national qui détient la force de travail, l'impérialisme international par contre n'a pas besoin du prolétariat misérable qui constitue les populations du tiers-monde. Autant dire qu'il considère faire œuvre charitable s'il ampute de quelques centimes le produit national, pour le livrer gratuitement pense-t-il à ces populations, alors qu'il retire de leur sol une richesse pourtant considérable. Pourquoi n'ont-elles pas d'ailleurs suivi une évolution technique semblable? C'est bien la preuve que ce sont des races inférieures, peu douées, et qui « méritent » le sort misérable qui est le leur. Même si cette opinion n'est pas toujours proférée, elle est toujours plus ou moins inconsciemment pensée. Elle résulte directement d'ailleurs de la notion de liberté humaine, l'homme libre étant seul responsable de son destin.”

Henri Laborit (1914–1995) médecin, chirurgien et neurobiologiste français du XXe siècle. Instigateur de l'utilisation des neuroleptiq…

L'homme imaginant, 1970

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