Citations sur marchand

Une collection de citations sur le thème de marchand, tout, pluie, bien-être.

Citations sur marchand

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“De toutes [les] nations [gauloises], les Belges sont les plus vaillants, parce qu'ils restent complètement en dehors de la culture et de la civilisation de la province [romaine], que les marchands ne passent que très rarement dans leur pays, et n'y portent points les denrées qui amollissent les courages; de plus ils touchent aux Germains, qui habitent au delà du Rhin, et ils leur font une guerre continuelle.”

Horum omnium fortissimi sunt Belgae, propterea quod a cultu atque humanitate provinciae longissime absunt, minimeque ad eos mercatores saepe commeant atque ea quae ad effeminandos animos pertinent inportant, proximique sunt Germanis, qui trans Rhenum incolunt, quibuscum continenter bellum gerunt.
la
La Guerre des Gaules

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“L'histoire de son enfant idiot t'a ému, comme nous? Eh bien, ce n'est pas vrai, je peux te le dire : il n'existe aucun enfant, ni idiot ni prodige. C'est son mari qui avait une fillette, tout à fait normale, de douze ans. Il dut l'envoyer à la campagne parce qu'elle lui rendait la vie impossible. Elle est mariée, c'est vrai, avec un marchand de fritas de la place de Marianado (il s'arrêta et fut sur le point de prononcer comme une précieuse Marianado), un pauvre homme à qui elle fait du chantage et quand elle lui rend visite dans son travail, c'est pour lui voler des hot-dogs, des œufs et des pommes de terre farcies, qu'elle mange dans sa chambre. Je dois te dire qu'elle mange comme un régiment et toute cette nourriture c'est nous qui devons la payer et elle a toujours faim. C'est pour cela qu'elle est énorme comme un hippopotame et comme eux elle est amphibie. Elle se baigne trois fois par jour : quand elle arrive le matin, à midi quand elle se réveille pour déjeuner et le soir avant de sortir parce que ce qu'elle peut transpirer. Elle fait eau de toutes parts comme si elle avait toujours la fièvre et c'est ainsi qu'elle passe sa vie dans l'eau : transpirant, buvant de l'eau et se baignant. Et tout cela en chantant : elle chante quand elle rentre le matin, elle chante sous la douche, elle chante en s'habillant pour sortir, elle chante toujours. Le matin quand elle rentre nous l'entendons avant qu'elle ne pousse sa chansonnette parce qu'elle s'agrippe à la rampe pour monter les escaliers, tu connais ces escaliers de marbre et à balustrade en fer des maisons du vieux quartier du Vedado. Elle monte ainsi accrochée à la rampe et toute la balustrade tremble et résonne dans la maison, et dès que le fer tambourine sur le marbre, elle se met à chanter. Elle nous a fait des tas d'histoires avec les voisins d'en dessous, mais on ne peut rien lui dire, car elle ne veut rien entendre : « C'est l'envie » dit-elle, « l'envie qui les fait parler. Vous verrez comme ils vont m'aduler quand je deviendrai célèbre.»”

Guillermo Cabrera Infante (1929–2005) écrivain cubain

Car elle est obsédée par la célébrité et nous aussi nous sommes obsédés par sa célébrité : nous mourrons d'envie qu'elle devienne célèbre et qu'elle finisse par fiche le camp avec sa musique ou plutôt sa voix — car elle prétend qu'elle n'a pas besoin de musique pour chanter puisqu'elle la porte en elle — avec sa voix ailleurs.
Roman, Trois tristes tigres , 1967

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“Mon cœur se contracte au spectacle qui s’offre à moi… Janin… C’était la grande cité de mon enfance. Les terres tribales se trouvant à une trentaine de kilomètres de là, j’accompagnais souvent mon père quand il se rendait en ville proposer ses toiles à de louches marchands d’art. À cette époque, Janin me paraissait aussi mystérieuse que Babylone, et j’aimais à prendre ses nattes pour des tapis volants. Puis, lorsque la puberté me rendit plus attentif au déhanchement des femmes, j’appris à m’y rendre seul comme un grand. Janin, c’était la ville rêvée des anges délurés, avec ses petites manières de grosse bourgade singeant les grandes villes, sa cohue incessante qui rappelle le souk un jour de ramadan, ses boutiques aux allures de caverne d’Ali Baba où les babioles s’évertuaient à minimiser l’ombre des pénuries, ses ruelles parfumées où les galopins évoquaient des princes aux pieds nus; mais aussi son côté pittoresque qui fascinait les pèlerins dans une vie antérieure, l’odeur de son pain que je n’ai retrouvée nulle part ailleurs et sa bonhomie toujours vivace malgré tant d’infortunes… Où sont donc passées les petites touches qui faisaient son charme et sa griffe, qui rendaient la pudeur de ses filles aussi mortelle que leur effronterie et les vieillards vénérables en dépit de leur caractère impossible? Le règne de l’absurde a ravagé jusqu’aux joies des enfants. Tout a sombré dans une grisaille malsaine. On se croirait sur une aile oubliée des limbes, hantée d’âmes avachies, d’êtres brisés, mi-spectres mi-damnés, confits dans les vicissitudes tels des moucherons dans une coulée de vernis, le faciès décomposé, le regard révulsé, tourné vers la nuit, si malheureux que même le grand soleil d’As-Samirah ne parvient pas à l’éclairer.
Janin n’est plus qu’une ville sinistrée, un immense gâchis; elle ne dit rien qui vaille et a l’air aussi insondable que le sourire de ses martyrs dont les portraits sont placardés à chaque coin de la rue. Défigurée par les multiples incursions de l’armée israélienne, tour à tour clouée au pilori et ressuscitée pour faire durer le plaisir, elle gît dans ses malédictions, à bout de souffle et à court d’incantations…”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

L’Attentat, 2005

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“Ça fait mal de respirer quand il fait aussi froid, mais malgré tous les problèmes d'être coincés par l'hiver dans la ville, ils le supportent parce que tout vaut d'être sur l'Avenue Lenox à l'abri des sales Blancs et des trucs qu'ils inventent; là où les trottoirs, couverts de neige ou non, sont plus larges que les grandes rues des villes où ils sont nés et où des gens parfaitement ordinaires peuvent attendre à l'arrêt, monter dans le tramway, donner une pièce au conducteur et aller partout où ils veulent, même si on n'a pas envie d'aller si loin parce que tout ce qu'on veut est sur place : l'église, la boutique, la fête, les femmes, les hommes, la boîte à lettres (mais pas de lycée), le marchand de meubles, le vendeur de journaux ambulant, les bistrots clandestins (mais pas de banque), les instituts de beauté, les coiffeurs, les bars à juke-box, les voitures à glace, les chiffonniers, les salles de billard, les marchés couverts, les vendeurs de la loterie, et tous les clubs, organisations, syndicats, sociétés, fraternités, sororités ou associations imaginables. Les ornières de ces services, bien sûr, sont usées et des pistes sont lissées par les membres d'un groupe dans le territoire d'un autre où on croit qu'il y a quelque chose de curieux ou d'excitant. Un truc brillant, crépitant, effrayant. Là où on peut faire sauter le bouchon et porter la bouche glacée du verre à la sienne. Où on peut trouver le danger ou le devenir; où on peut se battre jusqu'à tomber et sourire au couteau quand il vous rate ou non. Juste voir ça, c'est merveilleux. Et c'est tour aussi merveilleux de savoir que dans son propre immeuble il y a des listes faites par les épouses pour envoyer le mari au marché couvert, que des draps impossibles à étendre sous la neige sont tendus dans les cuisines comme les rideaux dans un sketch de patronage sur l'Abyssinie.”

Jazz, 1992

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“En fait, le caractère valeur des produits du travail ne s'établit fermement qu'une fois que ceux-ci sont pratiqués comme grandeurs de valeur. Or, ces grandeurs changent constamment, indépendamment de la volonté, des prévisions et des actes des gens qui échangent. Leur mouvement social propre a pour les échangistes la forme d'un mouvement de choses qu'ils ne contrôlent pas, mais dont ils subissent au contraire le contrôle. Il faut attendre un développement complet de la production marchande avant que l'expérience même fasse germer l'intelligence scientifique de la chose: on comprend alors que ces travaux privés, menés indépendamments par tous les côtés en tant que branches naturelles de la division sociale du travail sont réduits en permanence à leur mesure sociale proportionnelle, parce que la contingence et les oscillation constante des rapports dans lesquels s'échanges leurs produits le temps de travail socialement nécessaire régulatrice, au même titre que la loi de la pesanteur s'impose quand quelqu'un prend sa maison sur le coin de la figure. La détermination de la grandeur de valeur par le temps de travail est donc un secret caché sous la phénoménalité des mouvements des valeurs relatives des marchandises. En découvrant ce secret, on lève l'apparence d'une détermination purement aléatoire des grandeurs de valeurs des produits du travail, mais on ne supprime nullement leur forme de choses.”

Karl Marx (1818–1883) philosophe, sociologue et économiste allemand

, 1867
Source: « Que penser d'une loi qui ne peut entrer en vigueur qu'à travers des révolutions périodiques ? C'est précisément une loi naturelle qui repose sur l'inconscience des parties prenantes» (Friedrich Engels, Umriss zu einer Kritker der Nationalökonmie, in Deutsh-Französische Jahrbücher, édités par Arnold Ruge et Karl Marx, Paris 1844)

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“Georges Ricard-Cordingley est le seul peintre de marine qui ait vu le jour à Lyon : c’est un artiste de l’école lyonnaise par son goût de l’ésotérisme, le rôle donné à l’art dans ses écrits, autant que par sa sensibilité à la brume, ses tons délicats, ses harmonies subtiles. Voici l’homme : mélange de retenue, de modération, de finesse, d’absence d’audace apparente dans la traduction des sentiments et émotions, traits communs à Orsel comme aux Flandrin. Issu d’un père dénommé Ricard (plusieurs artistes sans liens de parenté portent alors ce nom) et d’une mère anglaise née Cordingley, il mêle pour se distinguer les deux « patronymes » dans sa signature d’artiste. Ricard-Cordingley a été désigné comme peintre des gris colorés, tons que l’on retrouve dans le style nuancé des deux écoles et dans l’atmosphère des deux villes, Lyon et Londres, où son renom débuta. Les deux autres pôles où il séjourna sont Boulogne-sur-Mer et Cannes. Des brumes matinales de la mer du Nord aux brumes crépusculaires de la Côte d’Azur il existait un lien et son œuvre se complaira dans l’incertain et l’indéterminé que traduit si bien ce « bilinguisme» artistique aux émotions douces et tendres. Si le « can’t » est la règle, la mesure est la seule loi de son harmonie. Il n’est jusqu’à sa passion pour l’aquarelle qui n’aille des tons purs de Constable aux pâleurs opalines d’un Ravier. Son dessin est subtil encore : crayon gras au Maroc et haute montagne, il épouse le fusain dès qu’il est question de la mer. Le fusain avec sa lumière d’ombre est l’indispensable technique au rendu des soirs, la voie du mystère. Différente ou plutôt diverse, à l’huile, à l’aquarelle, au fusain, son œuvre porte la marque du rêve qui en fait l’unité. Après la destruction de son atelier en 1940 à Boulogne-sur-Mer par fait de guerre, que reste-t-il de ses créations, de ses portraits de jeunesse qui enchantaient la « gentry », des grandes décorations, dont celle du casino de Wimereux, détruit lui aussi. Pour juger ses ambitions et ses rêves il ne demeure qu’environ deux cent cinquante études, encore moins d’aquarelles et de dessins en dehors des tableaux vendus de son vivant. Il subsiste cependant un « liber veritatis » où cet angoissé de perfection a noté, croquis et aquarelles à l’appui, tout ce que marchands et collectionneurs ont éparpillé dans le monde. Le jour viendra-t-il où la blanche nef des rêves mystiques lyonnais et les falaises claires de la légendaire Albion se joindront dans un commun hommage à leur concitoyen trop oublié.”

Georges Ricard-Cordingley (1873–1939) peintre français

Sur Cordingley

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“Moi, Hassan, fils de Mohamed le peseur, moi, Jean-Léon de Médicis, circoncis de la main d'un barbier et baptisé de la main d'un pape, on me nomme aujourd'hui l'Africain, mais d'Afrique ne suis, ni d'Europe, ni d'Arabie. On m'appelle aussi le Grenadin, le Fassi, le Zayyati, mais je ne viens d'aucun pays, d'aucune cité, d'aucune tribu. Je suis fils de la route, ma patrie est caravane, et ma vie la plus inattendue des traversées.
Mes poignets ont connu tour à tour les caresses de la soie et les injures de la laine, l'or des princes et les chaînes des esclaves. Mes doigts ont écarté mille voiles, mes lèvres ont fait rougir mille vierges, mes yeux ont vu agoniser des villes et mourir des empires.
De ma bouche, tu entendras l'arabe, le turc, le castillan, le berbère, l'hébreu, le latin et l'italien vulgaire, car toutes les langues, toutes les prières m'appartiennent. Mais je n'appartiens à aucune. Je ne suis qu'à Dieu et à la terre, et c'est à eux qu'un jour prochain je reviendrai.
Et tu resteras après moi, mon fils. Et tu porteras mon souvenir. Et tu liras mes livres. Et tu reverras alors cette scène : ton père, habillé en Napolitain sur cette galée qui le ramène vers la côte africaine, en train de griffonner, comme un marchand qui dresse son bilan au bout d'un long périple.
Mais n'est-ce pas un peu ce que je fais : qu'ai-je gagné, qu'ai-je perdu, que dire au Créancier suprême? Il m'a prêté quarante années, que j'ai dispersées au gré des voyages : ma sagesse a vécu à Rome, ma passion au Caire, mon angoisse à Fès, et à Grenade vit encore mon innocence.”

Leo Africanus

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“Et, assurément, la réalité est plus sombre encore que n'osait la prévoir le savant [F. Schrader] qui formulait en 1911 ces conclusions, dont les technocrates et les promoteurs de l'époque ont dû sourire. Il ne pouvait imaginer ni les pluies acides, ni la pollution des rivières et des mers par le mercure et les autres déchets de l'industrie chimique et atomique, ou par l'élévation artificielle de la température de l'eau due aux usines riveraines. Il n'avait pas prévu que plus de deux mille espèces animales seraient exterminées avant la fin du siècle; il ne savait encore rien de l'usage des herbicides, ni des sournois dépotoirs atomiques, cachés dans des endroits écartés, quand ce n'est pas aux abords des villes, ou transportés secrètement à prix d'or pour continuer leur cycle millénaire de nuisance dans le sous-sol des continents pauvres. Il n'eût même pas été capable d'imaginer le désastre de nos marées noires, fruit de l'incurie et de l'avidité, car une construction plus solide et plus rationnelle des pétroliers obligerait à en éliminer la plupart. Il ne pouvait pas prévoir non plus la destruction de la stratosphère, la raréfaction de l'oxygène et de l'ozone, la calotte thermique obscurcissant la lumière solaire et élevant artificiellement la température au ras du sol.
On voit du moins qu'il en savait assez pour signaler le chemin pris par nos apprentis sorciers et par nos marchands du Temple, qui de nos jours n'encombrent plus seulement les abords des sanctuaires mais la terre entière. Ce qu'il disait, avec quelques autres (Albert Schweitzer, un peu plus tard, en Afrique, était alerté lui aussi par les trop soudains changements de climat), nous le crions aujourd'hui. (p. 275)”

Marguerite Yourcenar (1903–1987) écrivaine française

Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey

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