“[…] Mais l'Afrique aime la France et espère d'elle son unité, son équilibre, son idéal. En soudant nos possessions continentales, la bataille de Kousseri, l'une des plus décisives de notre Histoire, a rendu possible une construction homogène. Tout est à faire cependant et tout de suite. Deux pays protégés, deux pays sous tutelle, douze territoires d'outre-mer, trois départements réclament une économie complémentaire, une société harmonieuse, des institutions réalistes et libérales. De nouvelles métropoles s'éveillent, telles qu'Abidjan, Fort-Lamy, Douala, et prétendent à la direction de vastes régions adaptées aux besoins économiques mieux que les fédérations actuelles, étalées sur des distances excessives. […] Le fer, le manganèse, le charbon, l'or, le diamant, le cuivre, la bauxite, les salines, les phosphates, peut-être l'uranium, peut-être le pétrole, dictent à l'Afrique noire ses premiers refus. Pendant des siècles on lui a volé ses hommes et ses biens. Maintenant, elle veut vivre à égalité.” François Mitterrand (1916–1996) 4e président de la cinquième République Française Ouvrages, Aux frontières de l'Union française histoire , distance , mer , décisif
“La chambre où j'étais entré avait quelque chose de mystique par le hasard ou par le choix singulier des objets qu'elle renfermait. Une madone noir couverte d'oripeaux, et dont mon hôtesse était chargée de rajeunir l'antique parure, figurait sur une commode près d'un lit aux rideaux de serge verte; une figure de sainte Rosalie, couronnée de roses violettes, semblait plus loin protéger le berceau d'un enfant endormi; les murs, blanchis à la chaux, étaient décorés de vieux tableaux des quatre éléments représentant des divinités mythologiques. Ajoutez à cela un beau désordre d'étoffes brillantes, de fleurs artificielles, de vases étrusques; des miroirs entourés de clinquant qui reflétaient vivement la lueur de l'unique lame de cuivre, et sur une table un Traité de la divination et des songes qui me fit penser que ma compagne était un peu sorcière ou bohémienne pour le moins.” Gérard de Nerval livre Les Filles du feu Les Filles du feu, 1834, Octavie fleur , pensée , enfants , Loin
“Je suis tout fibre. Tout tremblement m'ébranle, et le poids de la terre pèse sur mes côtes. Ici en haut, mes yeux sont des feuilles vertes, qui ne voient pas. Je suis un garçon en costume de flanelle grise avec une ceinture bouclée par un serpent de cuivre ici en haut. En ce lieu, en bas, mes yeux sont les yeux sans paupières d'une figure de pierre dans un désert près du Nil.” Virginia Woolf (1882–1941) femme de lettres britannique , 1931
“J'habite à côté du Casino; pour ne pas s'embêter dans « ce bas monde », il faut une mise en scène appétissante, je ne suis pas comme les autres, le Tango ne me plaît pas; les croupes nerveuses sont pourtant autant de caresses mais mon cerveau se crispe sur mon sexe; l'idée de jouissance fait briller le cuivre du talent minuscule que j'accorde à mes amis.” Francis Picabia (1879–1953) peintre et écrivain français Dactylocoque, 1922 idée , faute , monde , sexe
“Fière allure. Comme qui essaies-tu de marcher? J'oublie : un exproprié. Avec le mandat de maman, huit shillings, la porte du bureau de poste claquée à mon nez par le garçon. Une rage de dents à force de faim. Encore deux minutes. Regardez l'horloge. Il faut que je. Fermé. Sale salarié! Ah, le bougre, le mettre en cent mille miettes, pan, d'un seul coup de feu, miettes-d'homme-botons-de-cuivre mouchetant les murs partout. Les morceaux craaaque-claaaquent trictrac tous en place. Pas de bobo? Oh, pas du tout. La patte. Vous voyez de quoi il retourne, n'est-ce pas? Ca va. Serrons-nous la pince. Ca va, ça va.” James Joyce livre Ulysse Ulysse, 1922 faute , rage , hommes , faim
“… La Farce électorale. Devant les électeurs, à têtes de bois et oreilles d'âne, les candidats bourgeois vêtus en paillasses danseront la danse des libertés politiques, se torchant la face et la postface avec leurs programmes électoraux aux multiples promesses, et parlant avec des larmes dans les yeux des misères du peuple et avec du cuivre dans la voix des gloires de la France; et les têtes des électeurs de braire en chœur et solidement: hi han! hi han!” Paul Lafargue (1842–1911) personnalité politique française, journaliste et socialiste Le Droit à la paresse, 1880 liberté , misère , danse , larmes
“Le soleil de biais coupe les immeubles en deux comme un rasoir. Dans la moitié du haut je vois des visages qui regardent, difficile de dire qui sont les gens, qui l'œuvre des maçons. En bas, c'est l'ombre où a lieu n'importe quel truc blasé : clarinette ou baise, des poings et les voix tristes des femmes. Une ville comme celle-là me fait rêver grand et sentir les choses. Au secours. C'est l'acier brillant qui se balance au-dessus de l'ombre qui fait ça. quand je regarde les rubans d'herbe verte le long du fleuve, les clochers des églises et les entrées cuivre et crème des immeubles résidentiels, je suis forte.” Toni Morrison livre Jazz Jazz, 1992 baiser , herbe , soleil , femmes
“Le fait d'être amoureux nous paraissait indiscutable. Pourtant, au lieu de provoquer un état d'excitation fébrile, il nous rendait presque impassibles. Nous devenions lents, hypnotisés par la nouveauté et la force de ce qui nous arrivait. Je pouvais passer des heures dans une félicité parfaite qui n'avait besoin que des rares mouvements de la robe claire à travers la pièce cuivrée sous le soleil de mars. Voir une natte légèrement bouclée qui scintillait de chaque cheveu, sous un rayon de lumière, me suffisait pour me sentir heureux. Et quand ses yeux, d'un reflet vert et bleu, se posaient sur moi, j'avais l'impression de commencer à exister dans une identité enfin véritablement mienne.” Andreï Makine (1957) écrivain français Le livre des brèves amours éternelles, 2011 lumière , soleil
“L'inexprimable s'avilit en voulant s'exprimer et se rendre communicable, il ressemble à l'or qu'on doit mélanger de cuivre si l'on veut qu'il serve aux échanges.” Ernst Jünger livre Orages d'acier Orages d'acier, 1920, Le Cœur aventureux, 1961
“Un rêve. — Ne m'interrogez pas; je vous le montre comme je l'ai eu; regardez-le : — Il m'a semblé que c'était le soir. La fenêtre d'une chambre où je me trouvais était ouverte. Le soleil y regardait avec des yeux mourants, et paraissait dire aux six bâtons presque blancs qui, debout, brillaient par le haut dans la chambre : « Lumières, vous pâlirez! » Et en effet le soleil et les lumières étaient comme le diamant avec le strass.Le soleil se promenait sur un carré long de bois, sur lequel il y avait un drap jauni par le temps, sali par les hommes. C'était aussi l'or sur le cuivre.Les six bâtons presque blancs, c'étaient six cierges.Le carré long de bois était une boîte à cadavre. Autour de la boîte, des gouttes rendaient de temps en temps le pavé noir. Ce n'était pas du sang, c’était de l'eau bénite.Dieu en argent sur sa croix penchait sa tête vers le coffre cloué.” Xavier Forneret livre Pièce de pièces, Temps perdu Pièce de pièces, Temps perdu (1840) lumière , eau , temps , soleil
“Te voici déjà parmi les transparences; multiplié, ton panache ondoie profusément cygne noyé dans sa propre blancheur. Tu te places sur la cime et cloues ton étincelle. Puis, t'inclinant, tu baises les lèvres gercées du cratère. L'heure est venue d'exploser, sans laisser d'autre trace qu'une longue cicatrice dans le ciel. Tu traverses les galeries des sons et disparais dans un cortège de cuivres.” Octavio Paz (1914–1998) poète, essayiste et diplomate mexicain Poésie, Liberté sur parole, 1929 baiser