“Maintenant qu'ils ont rempli leur mission historique qui était d'amener la bourgeoisie au pouvoir, ils sont fermement invités à se retirer afin que la bourgeoisie puisse calmement remplir sa propre mission. Or, nous avons vu que la bourgeoisie nationale des pays sous-developpés est incapable de remplir une quelconque mission. Au bout de quelques années, la désagrégation du parti devient manifeste et tout observateur, même superficiel, peut se rendre compte que l'ancien parti, devenu aujourd'hui squelettique, ne sert qu'à immobiliser le peuple. Le parti, qui pendant le combat avait attiré à lui l'ensemble de la nation, se décompose. Les intellectuels, qui à la veille de l'indépendance avaient rallié le parti, confirment par leur comportement actuel que ce ralliement n'avait d'autre but que de participer à la distribution du gâteau de l'indépendance. Le parti devient un moyen de réussite individuelle.” Frantz Fanon (1925–1961) psychiatre et essayiste français martiniquais Ecrits contre le colonialisme
“Au combat de Renty, en 1554, le sieur de Tavannes (le maréchal) avec sa compagnie bardée des premières bardes d'acier qui s'étaient vues, soutenu par quelques centaines de fuyards ralliés, se lance en tête et en flanc sur une colonne de 2 000 reîtres qui a culbuté jusqu'à ce moment infanterie et cavalerie.- Il a si ben choisi son tempsqu'il rompt et emporte les 2 000 reîtres, lesquels se renversent sur 1 200 chevau-lègers qui les accompagnaient comme soutien, les rompent et… de là fuite générale, combat gagné.” Charles Ardant du Picq (1821–1870) officier général français Citation soutien , combat
“Beaucoup de chrétiens aujourd'hui se rallient à la doctrine marxiste car depuis les temps anciens, l'établissement ecclésiastique a signé des concordats successifs avec le pouvoir lorsqu'il n'a pas pu l'exercer lui-même. Il s'est rallié aux dominants de toutes les époques, alors que le Christ s'est promené à travers le monde en ralliant autour de lui les faibles et les dominés.” Henri Laborit livre Éloge de la fuite Éloge de la fuite, 1976 temps , monde , Christ
“Ce voyage au Brésil n’était pas le premier. Un autre l’avait précédé, vingt-cinq ans plus tôt, en 1950. J’avais débarqué à Rio de Janeiro, d’où j’allais rallié São Paulo par la route, le 20 janvier. J’étais orné du titre faramineux de rédacteur économique du journal O Estado de São Paulo- je dis faramineux car l’Estado est le plus puissant quotidien de l’Amérique latine.” Gilles Lapouge (1923) écrivain et journaliste français Équinoxiales , 1977 voyages
“J'aime bien regarder la pluie qui tombe parce que quelque chose bouge dans le paysage. Cela oblige également les gens à bouger et à râler encore plus. Si vous prenez un taxi et que vous dites « chouette, il pleut », en général le chauffeur vous regarde avec une haine…! comme si vous étiez le responsable de ce temps là. Je trouve ça chic d'être le maître du temps. Alors vous ajoutez : « J'espère que demain il pleuvra aussi » « Ah, non crie l'autre, parlez pas de malheur.»” Roland Topor (1938–1997) dessinateur, peintre, romancier et cinéaste Cela me rappelle Cocteau : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs. » maîtresse , temps , haine , mystère
“Mais les révolutionnaires qui ne savent pas allier aux formes illégales de lutte toutes les formes légales sont de bien mauvais révolutionnaires. Il n'est pas difficile d'être un révolutionnaire quand la révolution a éclaté déjà et bat son plein; quand tout un chacun s'y rallie par simple engouement, pour suivre la mode, parfois même pour faire carrière. Sa "libération" de ces piètres révolutionnaires, le prolétariat doit la payer plus tard, après sa victoire, par des efforts inouïs, par un martyre douloureux, pourrait-on dire. Il est beaucoup plus difficile - et beaucoup plus précieux - de se montrer révolutionnaire quand la situation ne permet pas encore la lutte directe, déclarée, véritablement massive, véritablement révolutionnaire, de savoir défendre les intérêts de la révolution (par la propagande, par l'agitation, par l'organisation) dans des institutions non révolutionnaires, voire nettement réactionnaires, dans une ambiance non révolutionnaire, parmi des masses incapables de comprendre tout de suite la nécessité d'une méthode d'action révolutionnaire. Savoir trouver, pressentir, déterminer exactement la voie concrète ou le tour spécial des événements, qui conduira les masses vers la grande lutte révolutionnaire véritable, décisive et finale : tel est le principal objet du communisme actuel en Europe occidentale et en Amérique.” Lénine livre La Maladie infantile du communisme La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), 1920 mode , effort , victoire , décisif
“La Suisse prend un chemin qu’aucun autre pays n’ose prendre. Nous devons nous rendre compte de ce que cela a signifié à l’époque: des droits populaires au lieu du droit divin. Dans les autres pays c’est le contraire: c’est une minorité qui décide. La grande majorité doit obéir. Gouverner et administrer sont estimés comme un art très complexe. Le peuple ne peut pas tout comprendre, il ne fait que déranger et ne doit par conséquent pas râler. Les princes et leurs ministres siègent en secret. Sans public, sans contrôle, sans participation démocratique des sujets.” Ueli Maurer (1950) homme politique suisse français pays , art , démocratie
“Et, en effet, une fois qu'on a cessé de confondre l'individualisme avec soncontraire, c'est-à-dire avec l'utilitarisme, toutes ces prétendues contradictionss'évanouissent comme par enchantement. Cette religion de l'humanité a toutce qu'il faut pour parler à ses fidèles sur un ton non moins impératif que lesreligions qu'elle remplace. Bien loin qu'elle se borne à flatter nos instincts, ellenous assigne un idéal qui dépasse infiniment la nature; car nous ne sommespas naturellement cette sage et pure raison qui, dégagée de tout mobilepersonnel, légiférerait dans l'abstrait sur sa propre conduite. Sans doute, si ladignité de l'individu lui venait de ses caractères individuels, des particularitésqui le distinguent d'autrui, on pourrait craindre qu'elle ne l'enfermât dans unesorte d'égoïsme moral qui rendrait impossible toute solidarité. Mais, en réalité,il la reçoit d'une source plus haute et qui lui est commune avec tous leshommes. S'il a droit à ce respect religieux, c'est qu'il a en lui quelque chose del'humanité. C'est l'humanité qui est respectable et sacrée; or elle n'est pastoute en lui. Elle est répandue chez tous ses semblables; par suite, il ne peut laprendre pour fin de sa conduite sans être obligé de sortir de soi-même et de se répandre au-dehors. Le culte dont il est, à la fois, et l'objet et l'agent, nes'adresse pas à l'être particulier qu'il est et qui porte son nom, mais à lapersonne humaine, où qu'elle se rencontre, sous quelque forme qu'elles'incarne. Impersonnelle et anonyme, une telle fin plane donc bien au-dessusde toutes les consciences particulières et peut ainsi leur servir de centre deralliement. Le fait qu'elle ne nous est pas étrangère (par cela seul qu'elle esthumaine) n'empêche pas qu'elle ne nous domine. Or, tout ce qu'il faut auxsociétés pour être cohérentes, c'est que leurs membres aient les yeux fixés surun même but, se rencontrent dans une même foi, mais il n'est nullementnécessaire que l'objet de cette foi commune ne se rattache par aucun lien auxnatures individuelles. En définitive, l'individualisme ainsi entendu, c'est laglorification, non du moi, mais de l'individu en général. Il a pour ressort, nonl'égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitié plus largepour toutes les douleurs, pour toutes les misères humaines, un plus ardentbesoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice. N'ya-t-il pas là de quoi faire communier toutes les bonnes volontés. Sans doute, ilpeut arriver que l'individualisme soit pratiqué dans un tout autre esprit.Certains l'utilisent pour leurs fins personnelles, l'emploient comme un moyenpour couvrir leur égoïsme et se dérober plus aisément à leurs devoirs envers lasociété. Mais cette exploitation abusive de l'individualisme ne prouve riencontre lui, de même que les mensonges utilitaires de l'hypocrisie religieuse neprouvent rien contre la religion.” Émile Durkheim (1858–1917) sociologue français L'individualisme et les intellectuels Envie , Loin
“A qui écris-tu?-A toi. En fait, je ne t'écris pas vraiment, j'écris ce que j'ai envie de faire avec toi…Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, à ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard:"… Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une rivière, manger des pêches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lécher les vitrines, prendre le métro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, étendre le linge, aller à l'Opéra, faire des barbecues, râler parce que tu as oublié le charbon, me laver les dents en même temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton épaule, t'empêcher de manger trop de cacahuètes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mûres, cuisiner, jardiner, te réveiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, à Paris, à Londres, te chanter des chansons, arrêter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bêtises, des choses qui ne servent à rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux échecs, écouter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indécents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures à table à discuter avec des gens intéressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre à tricoter, te tricoter une écharpe, défaire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des éléphants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas à l'ombre, tricher, apprendre à me servir d'un fer à repasser, jeter le fer à repasser par la fenêtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vérité, me souvenir que toute vérité n'est pas bonne à dire, t'écouter, te donner la main, récupérer mon fer à repasser, écouter les paroles des chansons, mettre le réveil, oublier nos valises, m'arrêter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des étiquettes pour les pots de confiture…"Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages…” Anna Gavalda (1970) écrivaine française Someone I Loved Envie
“[J]e me propose en m'adressant à différentes fractions de l'humanité, que je divise en trois classes: la première, celle à laquelle vous et moi avons l'honneur d'appartenir, marche sous l'étendard des progrès de l'esprit humain; elle marche sous l'étendard des progrès de l'esprit humain; elle est composée des savants, des artistes et de tous les hommes qui ont des idées libérales. Sur la bannière de la seconde il est écrit: point d'innovation; tous les propriétaires qui n'entrent point dans la première sont attachés à la seconde. La troisième, qui se rallie au mot égalité, renferme le surplus de l'humanité.” Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon (1760–1825) économiste et philosophe français idée , hommes