“Elle releva la tête, son regard portait ailleurs, comme vers un pays lointain. Elle nous parla de l’Afrique, d’une terre ocre que ses mains fouillaient sans relâche. Elle expliqua que l’homme ne serait jamais libre d’aller où il le souhaitait tant qu’il n’aurait pas appris d’où il venait. Son projet était, d’une certaine façon, le plus ambitieux de tous, il ne s’agissait là ni de science ni de technologies pointues, mais d’accomplir un rêve, le sien.
« Qui sont nos pères? » furent ses premiers mots. Et dire que je rêvais de savoir où commençait l’aube!
Elle captiva l’assemblée dès le début de son exposé. Exposé n’est pas le bon mot, c’était une histoire qu’elle nous racontait. […] Elle parla de la vallée de l’Omo, j’aurais été bien incapable de décrire les montagnes d’Atacama aussi joliment qu’elle dessinait devant nous les rives du fleuve éthiopien. Par instants, il me semblait presque entendre le clapotis de l’eau, sentir le souffle du vent qui charriait la poussière, les morsures du soleil. Le temps d’un récit, j’aurais pu abandonner mon métier pour embrasser le sien; appartenir à son équipe, creuser le sol aride à ses côtés.”

—  Marc Lévy

Le premier jour, Marc Lévy, Pocket, 2009, 170
Le premier jour, 2009

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“J'ai appris des autochtones américains que nous prouvons seulement notre appartenance à l'endroit où nous vivons sur terre en utilisant notre maison avec soin, sans la détruire. J'ai appris qu'on ne peut pas se sentir chez soi dans son corps, qui est la maison la plus authentique de chacun, quand on souhaite être ailleurs, et qu'il faut trouver par soi-même le lieu où l'on est déjà dans le monde naturel environnant. J'ai appris que dans mon travail de poète et de romancier il n'existe pas pour moi de chemin tracé à l'avance, et que j'écris le mieux en puisant dans mon expérience d'adolescent imitant les autochtones et partant vers une contrée où il n'y a pas de chemin. J'ai appris que je ne peux pas croire vraiment à une religion en niant la science pure ou les conclusions de mes propres observations du monde naturel. J'ai appris que regarder un pluvier des hautes terres ou une grue des ables est plus intéresant que de lire la meilleure critique à laquelle j'ai jamais eu droit. J'ai appris que je peux seulement conserver mon sens du caractère sacré de l'existence en reconnaissant mes propres limites et en renonçant à toute vanité. J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient à défendre la sienne coûte que coûte. Comme disaient les Sioux, "courage, seule la Terre est éternelle". Peu parmi les cent millions d'autres espèces sont douées de parole, si bien que nous devons parler et agir pour les défendre. Que nous ayons trahi nos autochtones devrait nous pousser de l'avant, tant pour eux que pour la terre que nous partageons. Si nous ne parvenons pas à comprendre que la réalité de la vie est un agrégat des perceptions et de la nature de toutes les espèces, nous sommes condamnés, ainsi que la terre que déjà nous assassinons.”

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