“« On ne possède, disait-elle, de vraie puissance sur soi qu’après s’être fait comme une trame de pensées sur tous les objets importants, un système d’idées, d’opinions et de conduite dont on ne s’écarte jamais; c’est le fruit de nos réflexions qu’on grossit tous les jours en y réunissant et, si j’osais, je dirais en y accrochant ce qu’on entend dire et ce qu’on lit par les points qui se rapprochent de nos idées permanentes; on ne retient les choses qu’autant qu’on a la chaîne qui les précède : c’est cet enchaînement qui fait la sûreté et comme la preuve des idées qu’on acquiert. » Sur cette base de réflexions qui se tiennent, Mme Necker fondait l’idée du lendemain à préparer, de l’avenir à faire sortir du présent, des arrière-plans et de la perspective à donner à l’existence : « au lieu de rivaliser sur l’heure avec Céphyse, employons le temps où elle est plus belle que moi à me faire paraître plus belle qu’elle dans dix ans d’ici. » Et pour achever d’assurer sur les âmes la prise de cette sagesse prévoyante et suivie, elle plaçait au premier rang parmi les éléments du bonheur humain le besoin de la perfection.”