Citations sur universitaire

Une collection de citations sur le thème de universitaire, tout, pluie, fait.

Citations sur universitaire

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“Je crois que les universitaires ne coulent pas naturellement avec ce monde, car, bien souvent, l'Académie, à partir de ces egos omniscients, qui ne manquent pas, transforme le littéraire en un simple objet dépourvu d'esprit.”

José Baroja (1983) écrivain et éditeur chilien

Source: https://portal.ucm.cl/noticias/academico-la-ucm-presento-segunda-antologia-hijo-perra-otros-cuentos


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“Mais assurément, le jeu que joue le livre avec ses bases factuelles se fait de plus en plus complexe à mesure qu'il se développe, jusqu'au moment où le texte devient assez difficile à évaluer. Je m'intéresse depuis longtemps à la vraisemblance, au détail qui nous fait prendre quelque chose pour réel, à celui qui nous fait comprendre qu'il s'agit d'une fiction. Mais je conclus finalement que dans Les Mangeurs de morts, j'avais poussé le jeu trop loin. Pendant que j'écrivais, j'avais l'impression que la réalité et la fiction étaient parfaitement délimitées; par exemple, l'un des traducteurs cité, Per Fraus-Dohus, signifie littéralement en latin « par tromperie-fourberie ». Mais au bout de quelques années, je ne pouvais plus distinguer avec certitude les passages vrais des passages inventés; à un certain stade, j'allai même un jour dans une bibliothèque universitaire pour essayer de retrouver certaines références de ma bibliographie, concluant finalement, après des heures de recherches frustrantes, que, malgré leur aspect convaincant, elles devaient être fictives. J'étais furieux d'avoir perdu mon temps, mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi. (…) En ces circonstances, je devrais peut-être préciser que les notes de cette postface sont authentiques. Le reste du roman, y compris l'introduction, le texte, les notes et la bibliographie, doit être considéré comme de la fiction.”

Michael Crichton (1942–2008)

Les Mangeurs de morts (Le Treizième Guerrier)

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“À côté de cette heureuse et capitale innovation dans les facultés de sciences, il en est une autre dont le succès ne peut être contestable dans le département du Nord. Le même décret impérial que je rappelais tout à l'heure a institué un nouveau grade universitaire sous le titre de « certificat de capacité pour les sciences appliquées ». (…) Je voudrais qu'au sortir des écoles de commerce ou des écoles professionnelles, les jeunes gens destinés à la carrière industrielle fussent mis en mesure par leurs parents de venir profiter des immenses ressources de la faculté des sciences que la munificence du conseil municipal de Lille a installée dans les conditions les plus propices à assurer sa prospérité. Sous ce rapport, les facultés des sciences peuvent étendre beaucoup les services rendus par l'École centrale des arts et manufactures de Paris. Le certificat que nous délivrerons correspondra, quoique avec moins d'autorité sans doute, au diplôme des élèves de l'École centrale. (…) Nous n'oublierons point que la théorie est mère de la pratique, que sans elle la pratique n'est que la routine donnée par l'habitude, et que la théorie seule fait surgir et développe l'esprit d'invention (…) Vous connaissez ce mot charmant de Franklin : il assistait à la première démonstration d'une découverte purement scientifique et l'on demandait autour de lui : mais à quoi cela sert-il? Franklin répond : à quoi sert l'enfant qui vient de naître? (…) La découverte théorique n'a pour elle que le mérite de l'existence. Elle éveille l'espoir et c'est tout. Mais laissez-la cultiver, laisser-la grandir et vous verrez ce qu'elle deviendra (…) par hasard, diriez-vous peut-être, mais souvenez-vous que dans les champs de l'observation le hasard ne favorise que les esprits préparés. »”

Louis Pasteur (1822–1895) chimiste et biologiste français, fondateur de la microbiologie et créateur de l'Institut Pasteur français

Discours prononcé à Douai le 7 décembre 1854 à l'occasion de l'installation solennelle de la faculté des lettres de Douai et de la faculté des sciences de Lille

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“Il est arrivé que des Européens reviennent à la foi chrétienne grâce à la lecture de Guénon, en quoi ils ne paraissent pas avoir été dérangés par le fait que lui-même avait adhéré à l’Islam et, au Caire où il passa la fin de sa vie, était devenu le cheikh Abd el-Wahid Yahya. D’autres de ses lecteurs occidentaux, attirés par la spiritualité soufique, devaient accomplir un cheminement semblable, ce qui ne pouvait manquer de leur faire approfondir les valeurs les plus authentiques de l’Islam et le sens de sa mission particulière à la fin du présent cycle cosmique en tant que dernière Révélation venue conclure la tradition procédant d’Abraham (Ibrahim). Car l’un des thèmes majeurs traités par Guénon se rapporte à l’interprétation des « signes des temps » dont il souligne la gravité, ce qui accentue son désaccord avec la mentalité moderne et sa croyance au progrès.

Après Guénon, il est devenu plus difficile, même en dehors du cercle de ses lecteurs, de regarder l’Islam comme un monde d’obscurantisme et d’arriération. D’autres publications se rangeant, malgré certaines différences d’accentuation et d’interprétation, dans la même perspective « traditionnelle » sont venues en compléter et en approfondir la compréhension. De celles-ci, la première à citer est Comprendre l’Islam, de Frithjof Schuon, interprète incomparable en notre siècle de la sagesse traditionnelle et des doctrines sacrées d’Orient et d'Occident. Cet ouvrage, souvent accueilli par les musulmans comme un dévoilement, inattendu venant de l’Ouest, des véritables dimensions spirituelles de leur propre religion, aura, plus généralement, apporté la démonstration évidente que l’Islam, en notre temps et à la suite des autres grandes religions révélées, est expression providentielle de la vérité intemporelle et universelle.

Cela étant établi, Frithjof Schuon, dans plusieurs de ses autres livres, met en lumière les divers aspects de la piété et de la spiritualité musulmanes et soufiques, mais relève aussi à l’occasion que l’Islam, en face d’un Occident de plus en plus sécularisé et prométhéen, n’échappe pas à la décadence spirituelle qui a envahi le monde entier et fait dégénérer toutes les religions, même s’il en a retardé l’expansion et amorti les effets. Il fournit dès lors des critères décisifs pour juger de la véritable situation de l’Islam dans le monde actuel et de la réalité de ce qui est couramment désigné comme son « réveil ».

La connaissance de l’Islam en Occident a encore bénéficié, depuis le milieu du siècle, des contributions remarquables, particulièrement en ce qui concerne la civilisation, les arts et le soufisme, de quelques auteurs se rattachant à la même « école », comme le Suisse Titus Burckhardt, le Britannique Martin Lings ou même l’Iranien Seyyed Hossein Nasr, éminent spécialiste de l’histoire des sciences, dont l’œuvre est largement disponible en langues européennes. Plus proches de la perspective ouverte par Massignon se situent les ouvrages d’écrivains comme Louis Gardet, Henry Corbin ou Vincent Mansour Monteil, fort utiles également à qui souhaite se faire une idée objective de l’Islam et du monde musulman. Tout cela ne pouvait manquer d’exercer, bon gré mal gré, quelque influence sur l’islamologie relevant de l’orientalisme officiel et universitaire qui, depuis une trentaine d’années, semble s’être un peu aérée et débarrassée d’un certain nombre de préjugés et d’idées fixes. En tout cas l’Européen cultivé d’aujourd’hui a incontestablement moins d’excuses que celui des générations précédentes s’il persiste à porter sur tout ce que recouvrent les mots « Islam » et « musulman » des jugements systématiquement dépréciatifs et procédant d’anciens préjugés. […]”

L'Islam entre tradition et révolution

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“Mais les signes de ce qui m'attendait réellement, je les ai tous négligés. Je travaille mon diplôme sur le surréalisme à la bibliothèque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-être mes dernières semaines de fille seule, libre d'aller où je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans être dérangée. Je vais perdre définitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublé, à deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drôle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idées de fille unique, égocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal élevée au fond. Un jour, il a du travail, il est fatigué, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se précipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hésitation, comme si elles avaient dans la tête toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-être, pour quatre personnes ou plus aux goûts différents. Comment font-elles? […] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmée par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarché. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il était en train d'écouter de la musique. Il a tout déballé avec un plaisir de gamin. Les poires étaient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournés au restau universitaire, j'ai oublié. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai étouffés. Sublimés. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de liberté, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du ménage, un peu. Et alors, tu renâcles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles réussissent à tout "concilier", sourire aux lèvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libérée de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'équilibre. L'homme, l'épaule solide, anti-métaphysique, dissipateur d'idées tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons même disparaîtront, je ris forcément, obscurément j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est égoïste et qu'il ne s'intéresse guère à ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient à mon secours : "Tous les hommes sont égoïstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altérité", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut.”

Annie Ernaux (1940) écrivaine française

A Frozen Woman

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“[…] Une autre contribution, d’une portée inestimable, à la compréhension de l’Islam en Occident aura été fournie par l’œuvre de René Guénon (1886-1951), écrivain français inclassifiable dans les catégories habituelles mais que l’on peut équitablement désigner comme l’initiateur du courant de la pensée « traditionnelle » (et non « traditionaliste », appellation qu’il avait lui-même rejetée) dont l’approche des religions et du phénomène religieux en général, totalement dissociée de la pensée spécifiquement moderne, se distingue radicalement de celle des milieux académiques ou théologiques. Il existe déjà une littérature relativement abondante — de valeur inégale — sur l’œuvre guénonienne qui contient une critique implacable (et apparemment difficile à réfuter si l’on en juge par ce qui a été publié contre elle) de la modernité occidentale dénoncée, en dépit de toutes les expressions de son « progrès », comme une anomalie, sinon une monstruosité, par rapport aux civilisations « traditionnelles » et « normales » qui avaient été jusque là celles de l’humanité, de l’Orient en particulier. Les livres de Guénon, ordinairement passés sous silence dans le monde universitaire dont ils critiquent vivement la mentalité, n'ont pas cessé depuis un demi-siècle d’influencer, en dehors de toute publicité, d’assez vastes cercles de lecteurs auxquels ils ont permis de percevoir la portée métaphysique réelle des doctrines sacrées traditionnelles, leur offrant par là même un remède efficace au mal ravageur que représente l’agnosticisme contemporain.

Parmi les ouvrages de Guénon, qui professent généralement l’universalité de la Révélation et la validité de toutes les religions réellement traditionnelles et « orthodoxes », aucun ne traite spécifiquement de l’Islam, mais plusieurs y font de fréquentes allusions, se référant notamment à ce qui en constitue l’ésotérisme, c’est-à-dire le soufisme et sa voie initiatique toujours dépositaires d’une connaissance métaphysique et d’une sagesse intemporelle dont l’oubli par la pensée occidentale aura été la cause principale de la « déviation moderne ». Une œuvre développant pareils thèmes ne saurait évidemment se répandre beaucoup en dehors de milieux relativement restreints, mais elle semble tout de même avoir exercé un certain rayonnement et avoir contribué à conférer une nouvelle respectabilité aux religions non chrétiennes, à l’Islam en particulier.”

L'Islam entre tradition et révolution

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“L’homme sait aujourd’hui que la terre n’est qu’une boule animée d’un mouvement multiforme et vertigineux qui court sur un abîme insondable, attirée et dominée par les forces qu’exercent sur elle d’autres corps célestes, incomparablement plus grands et situés à des distances inimaginables; il sait que la terre où il vit n’est qu’un grain de poussière par rapport au soleil, et que le soleil lui-même n’est qu’un grain au milieu de myriades d’autres astres incandescents; il sait aussi que tout cela bouge. Une simple irrégularité dans cet enchaînement de mouvements sidéraux, l’interférence d’un astre étranger dans le système planétaire, une déviation de la trajectoire normale du soleil, ou tout autre incident cosmique, suffirait pour faire vaciller la terre au cours de sa révolution, pour troubler la succession des saisons, modifier l’atmosphère et détruire l’humanité. L’homme aujourd’hui sait par ailleurs que le moindre atome renferme des forces qui, si elles étaient déchaînées, pourraient provoquer sur terre une conflagration planétaire presque instantanée. Tout cela, l’“infiniment petit” et l’“infiniment grand”, apparaît, du point de vue de la science moderne, comme un mécanisme d’une complexité inimaginable, dont le fonctionnement est dû à des forces aveugles.

Et pourtant, l’homme d’aujourd’hui vit et agit comme si le déroulement normal et habituel des rythmes de la nature lui était garanti. Il ne pense, en effet, ni aux abîmes du monde intersidéral, ni aux forces terribles que renferme chaque corpuscule de matière. Avec des yeux d’enfant, il regarde au-dessus de lui la voûte céleste avec le soleil et les étoiles, mais le souvenir des théories astronomiques l’empêche d’y voir des signes de Dieu. Le ciel a cessé de représenter pour lui la manifestation naturelle de l’esprit qui englobe le monde et l’éclaire. Le savoir universitaire s’est substitué en lui à cette vision “naïve” et profonde des choses. Non qu’il ait maintenant conscience d’un ordre cosmique supérieur, dont l’homme serait aussi partie intégrante. Non. Il se sent comme abandonné, privé d’appui solide face à ces abîmes qui n’ont plus aucune commune mesure avec lui-même. Car rien ne lui rappelle plus désormais que tout l’univers, en définitive, est contenu en lui-même, non pas dans son être individuel, certes, mais dans l’esprit qui est en lui et qui, en même temps, le dépasse, lui et tout l’univers visible.”

Titus Burckhardt (1908–1984)

Science moderne et Sagesse traditionnelle