“Je ne veux plus rien entendre. Le monde qu’il me conte ne me sied pas. La mort y est une fin en soi. Pour un médecin, c’est le comble. J’ai fait revenir tant de patients de l’au-delà que j’ai fini par me prendre pour un dieu. Et lorsqu’un malade me faussait compagnie sur le billard, je redevenais le mortel vulnérable et triste que j’ai toujours refusé d’être. Je ne me reconnais pas dans ce qui tue; ma vocation se situe du côté de ce qui sauve. Je suis chirurgien. Et Adel me demande d’accepter que la mort devienne une ambition, le vœu le plus cher, une légitimité; il me demande d’assumer le geste de mon épouse, c’est-à-dire exactement ce que ma vocation de médecin m’interdit jusque dans les cas les plus désespérés, jusqu’à l’euthanasie. Ce n’est pas ce que je cherche. Je ne veux pas être fier d’être veuf, je ne veux pas renoncer au bonheur qui m’a fait mari et amant, maître et esclave, je ne veux pas enterrer le rêve qui m’a fait vivre comme je ne vivrais jamais plus.”

L’Attentat, 2005

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“Le médecin (…), pour guérir la maladie, tue le malade.”

Francis Bacon (1561–1626) homme d’État et philosophe anglais

Cure the disease, and kill the patient.
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“À l'asile, il y a toujours un patient qui se prend pour un médecin.”

David Homel (1952) écrivain et traducteur américain

L'Analyste ('), 2003

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“J’étais donc de la meilleure humeur du monde et je me régalais à cœur-que-veux-tu. Au reste, je n’ai jamais aimé à me rien refuser, car après tout, on est toujours son propre prochain.”

Ludwig Tieck (1773–1853) Nouvelliste, romancier, dramaturge et critiques théâtrales, auteur de contes et traducteur allemand

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