“Je ne veux plus rien entendre. Le monde qu’il me conte ne me sied pas. La mort y est une fin en soi. Pour un médecin, c’est le comble. J’ai fait revenir tant de patients de l’au-delà que j’ai fini par me prendre pour un dieu. Et lorsqu’un malade me faussait compagnie sur le billard, je redevenais le mortel vulnérable et triste que j’ai toujours refusé d’être. Je ne me reconnais pas dans ce qui tue; ma vocation se situe du côté de ce qui sauve. Je suis chirurgien. Et Adel me demande d’accepter que la mort devienne une ambition, le vœu le plus cher, une légitimité; il me demande d’assumer le geste de mon épouse, c’est-à-dire exactement ce que ma vocation de médecin m’interdit jusque dans les cas les plus désespérés, jusqu’à l’euthanasie. Ce n’est pas ce que je cherche. Je ne veux pas être fier d’être veuf, je ne veux pas renoncer au bonheur qui m’a fait mari et amant, maître et esclave, je ne veux pas enterrer le rêve qui m’a fait vivre comme je ne vivrais jamais plus.”
L’Attentat, 2005
Thèmes
maîtresse , mort , dieu , bonheur , monde , maladies , rêves , cas , fait , côté , fin , situation , médecin , épouse , mari , patient , maladie , rêve , bien-être , médecine , être , demande , pluie , maître , amant , geste , ambition , acceptation , tante , dieu , esclave , vivres , conte , chirurgien , vœux , renoncement , dire , enterrement , mortel , billard , comble , légitimité , euthanasie , tristesse , vocation , interditYasmina Khadra 127
écrivain algérien 1955Citations similaires

“Le médecin (…), pour guérir la maladie, tue le malade.”
Cure the disease, and kill the patient.
en
A Dark Stranger
“À l'asile, il y a toujours un patient qui se prend pour un médecin.”
L'Analyste ('), 2003

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