Stendhal: Citations tendances (Page 2)

“J.-J. Rousseau, répondit-il, n'est à mes yeux qu'un sot, lorsqu'il s'avise de juger le grand monde; il ne le comprenait pas, et y portait le cœur d'un laquais parvenu… Tout en prêchant la république et le renversement des dignités monarchiques, ce parvenu est ivre de bonheur, si un duc change la direction de sa promenade après dîner, pour accompagner un de ses amis.”

“Le goût de la liberté, la mode et le culte du bonheur du plus grand nombre, dont le XIXe siècle s'est entiché, n'étaient à ses yeux qu'une hérésie qui passera comme les autres.”

“Les contemporains qui souffrent de certaines choses ne peuvent s'en souvenir qu'avec une horreur qui paralyse tout autre plaisir, même celui de lire un conte.”

“Il n’y a point de droit naturel: ce mot n'est qu’une antique niaiserie… Avant la loi il n’y a de naturel que la force du lion, ou le besoin de l’être qui a faim, qui a froid, le besoin en un mot.”

“La vanité piquée peut mener loin un jeune homme riche et dès le berceau toujours environné de flatteurs.”

“Quand je devrais acheter cette vie de délices et cette chance unique de bonheur par quelques petits dangers, où serait le mal? Et ne serait-ce pas encore un bonheur que de trouver ainsi une faible occasion de lui donner une preuve de mon amour?”

“Comme on craint peu de choquer la vanité, on arrive fort vite en Italie au ton de l'intimité, et à dire des choses personnelles.”

“Je ne vois qu'une règle: être clair. Si je ne suis pas clair, tout mon monde est anéanti.”

“Étrange effet du mariage, tel que l'a fait le XIXe siècle! L'ennui de la vie matrimoniale fait périr l'amour sûrement, quand l'amour a précédé le mariage. Et cependant, dirait un philosophe, il amène bientôt chez les gens assez riches pour ne pas travailler, l'ennui profond de toutes les jouissances tranquilles. Et ce n'est que les âmes sèches parmi les femmes qu'il ne prédispose pas à l'amour.”

“Le dîner fut médiocre et la conversation impatientante C'est la table d'un mauvais livre, pensait Julien. Tous les plus grands sujets des pensées des hommes y sont fièrement abordés. Ecoute-t-on trois minutes, on se demande ce qui l'emporte de l'emphase du parleur ou de son abominable ignorance.”

“Les Russes copient les moeurs françaises, mais toujours à cinquante ans de distance.”

“Les signes ne peuvent pas figurer, dans un rapport d'espion, aussi avantageusement que des paroles.”

“Pourquoi ne pas en finir? se dit-il enfin; pourquoi cette obstination à lutter contre le destin qui m'accable? J'ai beau faire les plans de conduite les plus raisonnables en apparence, ma vie n'est qu'une suite de malheurs et de sensations amères. Ce mois-ci ne vaut pas mieux que le mois passé; cette année-ci ne vaut pas mieux que l'autre année; d'où vient cette obstination à vivre? Manquerais-je de fermeté? Qu'est-ce que la mort? se dit-il en ouvrant la caisse de ses pistolets et les considérant. Bien peu de chose en vérité; il faut être fou pour s'en passer.”

“C'est à coups de mépris public qu'un mari tue sa femme au XIXe siècle; c'est en lui fermant tous les salons.”

“On peut tout acquérir dans la solitude, hormis du caractère.”

“A la Scala, il est d'usage de ne faire durer qu'une vingtaine de minutes ces petites visites que l'on fait dans les loges.”

“L'amour a toujours été pour moi la plus grande des affaires ou plutôt la seule.”

“Jamais il ne s'était trouvé aussi près de ces terribles instruments de l'artillerie féminine.”

“La guerre n'était donc plus ce noble et commun élan d'âmes amantes de la gloire qu'il s'était figuré d'après les proclamations de Napoléon!”