“Fume l'encens, veille l'amour,Dans son lit bleu la vierge est morte;Couve le feu, tombe le jour,L'Ange, mes soeurs, frappe à la porte.” Stuart Merrill (1863–1915) poète américain francophone ange , amour , mort
“je n'ai jamais contemplé l'inceste sous cette terrible lueur de caveau et de damnation éternelle qu'une fausse morale s'est délibérément appliquée à jeter sur une forme d'exubérance sexuelle qui, pour moi, n'occupe qu'une place extrêmement modeste dans l'échelle monumentale de nos dégradations. Toutes les frénésies de l'inceste me paraissent infiniment plus acceptables que celles d'Hiroshima, de Buchenwald, des pelotons d'exécution, de la terreur et de la torture policières, mille fois plus aimables que les leucémies et autres belles conséquences génétiques probables des efforts de nos savants. Personne ne me fera jamais voir dans le comportement sexuel des êtres le critère du bien et du mal. La funeste physionomie d'un certain physicien illustre recommandant au monde civilisé de poursuivre les explosions nucléaires m'est incomparablement plus odieuse que l'idée d'un fils couchant avec sa mère. A côté des aberrations intellectuelles, scientifiques, idéologiques de notre siècle, toutes celles de la sexualité éveillent dans mon coeur les plus tendres pardons. Une fille qui se fait payer pour ouvrir ses cuisses au peuple me paraît une soeur de charité et une honnête dispensatrice de bon pain lorsqu'on compare sa modeste vénalité à la prostitution des savants prêtant leurs cerveaux à l'élaboration de l'empoisonnement génétique et de la terreur atomique. A côté de la perversion de l'âme, de l'esprit et de l'idéal à laquelle se livrent ces traîtres à l'espèce, nos élucubrations sexuelles, vénales ou non, incestueuses ou non, prennent, sur les trois humbles sphincters dont dispose notre anatomie, toute l'innocence angélique d'un sourire d'enfant. (La promesse de l'aube, ch. X)” Romain Gary livre La Promesse de l'aube Promise at Dawn
“Loin d'être aux lois d'un homme en esclave asservie,Mariez-vous, ma soeur, à la philosophie.” Molière Les Femmes savantes Les Femmes Savantes Loin
“Souvenons-nous de ce temps, pas révolu, où toute explosion de violence était considérée comme une contre-violence, une réponse à la violence exercée plus ou moins ouvertement par l’État, par la société, les institutions, l’ordre établi. La folie des soeurs Papin, toute folie peut-être, serait-elle la forme extrême et désespérée de la révolte?” Jean-Bertrand Pontalis (1924–2013) philosophe, psychanalyste et écrivain français Un jour, le crime
“Il avait lu des masses de livres là-dessus, tout récement celui d'Hannah Arendt sur le procès d'Eichmann à Jérusalem, il savait que le jour où il écrirait sérieusement, ce serait à ce sujet. Le nazisme, tous les habitants de la seconde moitié du XXe siècle doivent se débrouiller avec, vivre avec l'idée que c'est arrivé, comme lui devait vivre avec la mort de sa soeur Jane. On peut ne pas y penser, n'empêche que c'est là, et il faudrait que ce soit aussi dans son livre.Rien de plus éloigné du tao que le nazisme. Les Japonais, pourtant, qui vénèrent le tao, avaient été alliés aux nazis. S'ils l'avaient emporté… Un moment, il laissa miroiter cette idée. On avait déjà fait des livres de ce genre, il en avait lu un d'après lequel le Sud avait gagné la guerre de Sécession. Il se demanda ce que serait un monde issu de la victoire de l'Axe, quinze ans plus tòt. Qui dirigerait le Reich? Hitler toujours l'un de ses lieutenants? Est-ce que cela changerait quelque chose que ce soit Bormann, Himmler, Goering ou Baldur von Schirach? Est-ce que cela changerait quelque chose pour lui, habitant de Point Reyes, Marin County? Et quoi?” Emmanuel Carrère (1957) écrivain, scénariste et réalisateur français
“Le raffinement culinaire était l'orgueil suprême des trois soeurs; la table représentait pour elles la conservation d'un héritage sacré, d'une culture aux terres de laquelle elles ne reviendraient plus, écartées de leur patrie par le temps et par des mers immenses.J'avoue que j'ai vécu” Pablo Neruda (1904–1973) poète
“Une très jolie jeune fille, traitée avec des égards constants et des attentions démesurées par l'ensemble de la population masculine, y compris par ceux - l'immense majorité - qui n'ont plus aucun espoir d'en obtenir une faveur d'ordre sexuel, et même à vrai dire tout particulièrement par eux, avec une émulation abjecte confinant chez certains quinquagénaires au gâtisme pur et simple, une très jolie jeune fille devant qui tous les visages s'ouvrent, toutes les difficultés s'aplanissent, accueillie partout comme si elle était la reine du monde, devient naturellement une espèce de monstre d'égoïsme et de vanité autosatisfaite. La beauté physique joue ici exactement Ie même rôle que la noblesse de sang sous l'Ancien Régime, et la brève conscience qu'elles pourraient prendre à l'adolescence de l'origine purement accidentelle de leur rang cède rapidement la place chez la plupart des très jolies jeunes filles à une sensation de supériorité innée, naturelle, instinctive, qui les place entièrement en dehors, et largement au-dessus du reste de l'humanité. Chacun autour d'elle n'ayant pour objectif que de lui éviter toute peine, et de prévenir Ie moindre de ses désirs, c'est tout uniment (sic) qu'une très jolie jeune fille en vient à considérer Ie reste du monde comme composé d'autant de serviteurs, elle-même n'ayant pour seule tâche que d'entretenir sa propre valeur érotique - dans l'attente de rencontrer un garçon digne d'en recevoir l'hommage. La seule chose qui puisse la sauver sur le plan moral, c'est d'avoir la responsabilité concrète d'un être plus faible, d'être directement et personnellement responsable de la satisfaction de ses besoins physiques, de sa santé, de sa survie - cet être pouvant être un frère ou une soeur plus jeune, un animal domestique, peu importe. (La possibilité d'une île, Daniel 1,15)” Michel Houellebecq (1956) écrivain français
“Certes, je sortirai, quant à moi, satisfaitD'un monde où l'action n'est pas la soeur du rêve;Puissé-je user du glaive et périr par le glaive!Saint Pierre a renié Jésus… il a bien fait!” Charles Baudelaire (1821–1867) poète français rêves , monde