“C'est une dérision d'évoquer, à propos de la science, les vieux mythes que l'on fait constamment réapparaître pour se rassurer : Prométhée, Pandore, Faust, l'Apprenti sorcier… Tout cela est sans commune mesure avec ce que nous connaissons. […] Pour la première fois, l'homme est devant cette autorité suprême, qui en tant que telle le nie. Ce ne sont pas les défauts, les mauvaises applications de la science qui augmentent (s)a douleur, c'est au contraire sa perfection même, sa capacité à tout absorber, son efficacité. Elle ne rend pas l'homme esclave, elle lui enlève l'idée même qu'il puisse être esclave.” Jacques Ellul (1912–1994) professeur d'histoire du droit, sociologue et théologien protestant français La raison d'être, 1987 idée , science , perfection , hommes
“Et ce ne sont pas là des énormités isolées, croyez-le bien. Tous leurs discours, tous leurs "morceaux d'architecture", tout leur rituel, tous les numéros de leur journal secret incitant les apprentis, les compagnons et les maîtres au mépris des profanes, sont farcis de cette admiration mutuelle qui pervertit, de cette adoration de soi-même qui rend bête. En vérité, quand on les connaît comme je les connais maintenant; quand on les a lus, comme je les ai lus; quand on sait le néant de leurs travaux intellectuels et l'injustice de leur œuvre, c'est à se demander si le Franc-maçon n'est pas un oison, plus prétentieux et plus ridicule qu'un geai qui se pavanerait avec quelques plumes de paon au cul!” William Vogt (1859–1918) politicien, auteur pamphlétaire et conférencier antimaçonnique suisse fr maîtresse , vérité
“Une vingtaine de jeunes gens, choisis parmi les plus habiles des universités danoises, étaient employés aux observations et aux calculs. Véritables apprentis astronomes, ils s’instruisaient en voyant travailler leur maître; guidée par l’esprit ardent et communicatif de son chef, la petite colonie sembla bientôt ne former qu’une seule famille; sans inquiétude comme sans ambition, ces jeunes gens d’élite, unis par le même lien qui les attachait à la science, préoccupés des mêmes problèmes et attentifs aux mêmes phénomènes, s’animaient les uns les autres en se prêtant une mutuelle et cordiale assistance.Tout semblait autour d’eux conspirer au même dessein et les inviter au travail; respirant pour ainsi dire l’amour de l’astronomie, ils s’empressaient d’apporter au trésor commun leur butin de chaque jour, heureux de penser qu’il devait vivre à jamais, et sans se soucier d’y attacher leur nom.” Joseph Bertrand Les Fondateurs de l’astronomie moderne Les Fondateurs de l’astronomie moderne (1865) maîtresse , problème , science , pensée
“Il est vrai que les francs-maçons d'Angleterre se sont formés à l'instar des maçons de ce royaume; qu'ils se sont donnés des surveillants, des apprentis, des servants, des maîtres, des compagnons, des architectes; qu'ils ont indiqué des assemblées; qu'ils se sont formés en associations; qu'ils se sont liés par des serments: mais sont-ils pour cela des maçons? Non, il n'en sont que les singes; et la ressemblance de leurs corporations ne prouve nullement la ressemblance de leur origine.” Jacques-François Lefranc (1739–1792) écrivain français fr maîtresse , formation
“Ce qu'un apprenti demande à son maître, c'est qu'il lui enseigne les techniques, les savoirs qui lui permettront plus tard de faire œuvre de création à son tour.” Antoine Bello livre Les Funambules Les Funambules, 1996 maîtresse
“L'apprenti regardait toujours plus loin dans la cendre. Il éprouvait une satisfaction coupable à voir s'approcher de ses mains ce jeune homme souriant dont le visage était pareil à un globe à l'intérieur duquel voletaient deux oiseaux-mouches.” André Breton (1896–1966) poète et écrivain français Poisson soluble, 1924 oiseau , hommes , Loin
“Les enfants sont par définition des apprentis, et apprendre est l'activité humaine qui nécessite le moins de manipulation par autrui. La majeure partie de l'apprentissage n'est pas le resultat de l'instruction. Elle serait plutôt le résultat d'une participation dans un environnement chargé de sens.” Ivan Illich (1926–2002) philosophe autrichien Sens
“On me donne de l'or. Beaucoup d'or. Mais je n'ai pas le droit de le dépenser. Personne ne veut rien me vendre. J'ai une maison et beaucoup d'or, mais je dois digérer la honte de tout le village. Ils me paient pour que j'aie des remords à leur place. De tout ce qu'ils font de mal ou d'impie. De tous leurs vices. De leurs crimes. De la foire aux vieux. Des bêtes torturées. Des apprentis. Et des ordures.” Boris Vian livre L'Arrache-cœur L'Arrache-coeur
“Et, assurément, la réalité est plus sombre encore que n'osait la prévoir le savant [F. Schrader] qui formulait en 1911 ces conclusions, dont les technocrates et les promoteurs de l'époque ont dû sourire. Il ne pouvait imaginer ni les pluies acides, ni la pollution des rivières et des mers par le mercure et les autres déchets de l'industrie chimique et atomique, ou par l'élévation artificielle de la température de l'eau due aux usines riveraines. Il n'avait pas prévu que plus de deux mille espèces animales seraient exterminées avant la fin du siècle; il ne savait encore rien de l'usage des herbicides, ni des sournois dépotoirs atomiques, cachés dans des endroits écartés, quand ce n'est pas aux abords des villes, ou transportés secrètement à prix d'or pour continuer leur cycle millénaire de nuisance dans le sous-sol des continents pauvres. Il n'eût même pas été capable d'imaginer le désastre de nos marées noires, fruit de l'incurie et de l'avidité, car une construction plus solide et plus rationnelle des pétroliers obligerait à en éliminer la plupart. Il ne pouvait pas prévoir non plus la destruction de la stratosphère, la raréfaction de l'oxygène et de l'ozone, la calotte thermique obscurcissant la lumière solaire et élevant artificiellement la température au ras du sol.On voit du moins qu'il en savait assez pour signaler le chemin pris par nos apprentis sorciers et par nos marchands du Temple, qui de nos jours n'encombrent plus seulement les abords des sanctuaires mais la terre entière. Ce qu'il disait, avec quelques autres (Albert Schweitzer, un peu plus tard, en Afrique, était alerté lui aussi par les trop soudains changements de climat), nous le crions aujourd'hui. (p. 275)” Marguerite Yourcenar (1903–1987) écrivaine française Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey