“La mémoire, comme l'histoire, travaille un temps déjà écoulé. La différence réside dans la mise à distance, dans l'objectivation. Le temps de la mémoire, celui du souvenir, ne peut jamais être entièrement objectivé, mis à distance, et c'est ce qui fait sa force : il revit avec une charge affective inévitable. Il est inexorablement infléchi, modifié, remanié en fonction des expériences ultérieures, qui l'ont investi de significations nouvelles. Le temps de l'histoire se construit contre celui de la mémoire. Contrairement à ce qu'on écrit souvent, l'histoire n'est pas une mémoire. […] Le registre froid et serein de la raison remplace celui, plus chaud et plus tumultueux, des émotions. Il ne s'agit plus de revivre mais de comprendre.”
Douze leçons sur l'histoire, 1996, Chapitre 5 : Le temps de l'histoire
Thèmes
histoire , mémoire , temps , distance , fait , travail , raison , force , différence , expérience , charge , bien-être , investissement , être , pluie , émotion , signification , fonction , froid , fonctionnement , remplacement , miss , registre , contrée , chaud , nouvelle , souvenir , contraire , agitation , écoulement , écrit , infléchissementAntoine Prost 33
historien français 1933Citations similaires

Histoire de France

Variante: C'est sous la pression de l'Histoire et de la tradition, que s'établissent les écritures possibles d'un écrivain donné: il y a une Histoire de l'écriture; mais cette Histoire est double: au moment même où l'Histoire générale propose -- ou impose -- une nouvelle problématique du langage littéraire, l'écriture reste encore pleine du souvenir de ses usages antérieurs, car le langage n'est jamais innocent: les mots ont une mémoire seconde qui se prolonge mystérieusement au milieu des significations nouvelles. L'écriture est précisément ce compromis entre une liberté et une souvenir, elle est cette liberté souvenante qui n'est liberté que dans le geste du choix, mais déja plus dans sa durée.