“Cette nuit là, perdue entre les nuits et les nuits, de cela elle était sure, la jeune fille l'avait justement passée sur le bateau, et elle avait été là quand cette chose s'était produite, cet éclatement de la musique de Chopin sous le ciel illuminé de brillances. Il n'y avait pas un souffle de vent et la musique s'était répandue partout dans le paquebot noir, comme une injonction du ciel dont on se savait pas à quoi elle avait trait, comme un ordre de Dieu dont on ignorait la teneur. Et la jeune fille s'était dressée comme pour aller se tuer, se jeter à son tour dans la mer et après elle avait pleuré parce qu'elle avait pensé à cet homme de Cholen et elle n'avait pas été sûre tout à coup de ne pas l'avoir aimé d'un amour qu'elle n'avait pas vu car il s'était perdu dans l'histoire comme l'eau dans le sable et qu'elle le retrouvait seulement maintenant à cet instant de la musique jetée à travers la mer.”

—  Marguerite Duras , livre L'Amant

L'Amant, 1984

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 4 juin 2021. L'histoire
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Marguerite Duras 66
écrivaine, dramaturge, scénariste et réalisatrice 1914–1996

Citations similaires

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“Ils allaient obscurs sous la nuit solitaire parmi l'ombre, à travers les palais vides de Dis et son royaume d'apparences; ainsi par une lune incertaine, sous une clarté douteuse, on chemine dans les bois quand Jupiter a enfoui le ciel dans l'ombre et que la nuit noire a décoloré les choses.”

Ibant obscuri sola sub nocte per umbram
Perque domos Ditis vacuas et inania regna :
Quale per incertam lunam sub luce maligna
Est iter in silvis, ubi caelum condidit umbra
Juppiter et rebus nox abstulit atra colorem.
la
Passage fameux du chant VI au cours duquel Énée descend vivant aux Enfers, guidé par la Sibylle de Cumes. Ibant obscuri sola sub nocte est un très fameux exemple d' hypallage .
L'Énéide

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“Plus loin que Louvre est un chemin bordé de pommiers dont j'ai vu bien des fois les fleurs éclater dans la nuit comme des étoiles de la terre.”

Les Filles du feu, Gérard de Nerval, Maxi-Livres, Maxi-Poche Classiques Français, 1997, 1834, 117, Sylvie — Souvenir du valois, III. Résolution, 2-8771-4348-1
Les Filles du feu, 1834, Sylvie

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