“Ce n’était pas une vie; on existait, et c’est tout.
Le fait de se réveiller le matin relevait du miracle, et la nuit, lorsqu’on s’apprêtait à dormir, on se demandait s’il n’était pas raisonnable de fermer les yeux pour de bon, convaincus d’avoir fait le tour des choses et qu’elles ne valaient pas la peine que l’on s’attardât dessus. Les jours se ressemblaient désespérément; ils n’apportaient jamais rien, ne faisaient, en partant, que nous déposséder de nos rares illusions qui pendouillaient au bout de notre nez, semblables aux carottes qui font avancer les baudets.
En ces années 1930, la misère et les épidémies décimaient les familles et le cheptel avec une incroyable perversité, contraignant les rescapés à l’exode, sinon à la clochardisation. Nos rares parents ne donnaient plus signe de vie. Quant aux loques qui se silhouettaient au loin, nous étions certains qu’elles ne faisaient que passer en coup de vent, le sentier qui traînait ses ornières jusqu’à notre gourbi était en passe de s’effacer.
Mon père n’en avait cure.”
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Yasmina Khadra
,
livre
Ce que le jour doit à la nuit
Ce que le jour doit à la nuit, 2008
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Dernière mise à jour 21 mai 2020.
L'histoire
Thèmes
père , misère , nuit , vie , famille , année , chose , jour , fait , matin , parent , peine , passé , coupe , signe , vent , tour , ferme , pluie , nez , avance , bons , passe , coup , cure , fonte , carotte , réveil , bout , sentier , tout , exode , miracle , illusion , dessus , avoir , épidémie , effacement , yeux , loinYasmina Khadra 127
écrivain algérien 1955Citations similaires

Georges Darien
(1862–1921) romancier, auteur dramatique et pamphlétaire français, collaborateur de périodiques anarchistes
La Belle France (1901)