“La terre tournait. Le monde changeait. Nous n'y avions aucune part. Qu'aurions-nous eu à nous dire, seuls, chacun dans notre coin? Nous aurions pu aussi nous téléphoner. Il y avait déjà des cabines partout il y a trente ans. A quoi aurait servi d'entendre le son de nos voix? Et pour apprendre quoi? Utiliser les moyens de communication de ce temps n'aurait fait que réduire à une dérisoire et anachronique survivance de ce que nous représentions. Nous ne l'avons pas voulu. Nos âmes se parlaient. Le silence suffisait. Nous étions des lueurs dispersées dont seuls nous percevions l'éclat dans la nuit, sans nous voir. Si nous avions laissé le grand vent du monde souffler, toutes ces pauvres petites vies s'éteignaient. Comprenez-vous cela?”