“Je me doute que quand paraîtra ce livre on me demandera : "Mais alors, finalement, vous êtes chrétien ou non?" Comme, il y a bientôt trente ans : "Mais alors, finalement, la moustache, il l'avait ou non?" Je pourrais finasser, dire que si je me suis échiné à écrire ce livre c'est pour ne pas répondre à cette question. Pour la laisser ouverte, y renvoyer chacun. Ce serait bien mon genre. Mais je préfère répondre.
Non.
Non, je ne crois pas que Jésus soit ressuscité. Je ne crois pas qu'un homme soit revenu d'entre les morts. Seulement, qu'on puisse le croie, et de l'avoir cru moi-même, cela m'intrigue, cela me fascine, cela me trouble, cela me bouleverse - je ne sais pas quel verbe convient le mieux. J'écris ce livre pour ne pas me figurer que j'en sais plus long, ne le croyant plus, que ceux qui le croient et que moi-même quand je le croyais. J'écris ce livre pour ne pas abonder dans mon sens. (p. 341-342)”

Le Royaume

Dernière mise à jour 4 juin 2021. L'histoire
Thèmes
cru , verbe , non , bouleversement , dire , croyant , mieux , échine , long , seul , ans , avoir , doute
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Emmanuel Carrère 35
écrivain, scénariste et réalisateur français 1957

Citations similaires

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“Non… non… sans aucun doute, sans aucun doute… il n’est pas mort… Alors… alors… il va donc falloir que je me tue, moi!”

Guy de Maupassant (1850–1893) écrivain français

Tirade conservée du fait qu’elle eût été écrite alors que Maupassant sombrait dans la folie.
Nouvelle, Le Horla, 1887

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“Il y a à peu près un an, je suis descendu dans la cour de mon immeuble pour la première fois. C'était un dimanche matin, et c'est le moment de la semaine où je suis le moins présentable. J'avais un tee-shirt avec des tâches de nourriture, de moi, d'autres choses… et j'étais assis là dans cette cour où je me sentais un peu décalé. Et j'ai remarqué ce type de l'autre côté de la cour, le genre chic, et il me regardait comme ça [grimace de dégoût et de suspicion]. Je sais qu'il était persuadé que je ne vivais pas dans l'immeuble, que je traînais dans la rue et que j'avais décidé de venir m'assoir dans la cour. Et je sais qu'il avait envie de venir et de s'occuper de moi lui-même. Je me disais « Oh, s'il te plait, fais-le! », et j'ai essayé de paraître encore plus dégueu.
Finalement, je le vois venir vers moi, genre « ah non, ça ne va pas se passer comme ça… » Et moi, j'étais tellement excité! D'avoir cette confrontation dans laquelle je n'ai absolument pas tort! Il arrive devant moi et il me dit : « Excusez-moi. Est-ce que vous habitez ici? » Et je lui répond « Non. » Alors il me dit : « Mais alors qu'est-ce que vous faites là? » Je lui dit : « J'ai besoin de me reposer, je passe un moment difficile… » Il réplique « C'est une propriété privée. » Et je lui sort : « Ouais, mais je n'y crois pas vraiment à ça… » […] Alors il va voir le portier et je le vois parler de moi. Et je vois le portier lui répondre « Oh non, c'est bon, ce type habite ici. » Ahhhh, le regard du gars! Un magnifique cocktail de colère et de confusion. C'est comme si j'avais inventé une nouvelle façon de blesser quelqu'un.”

Louis C.K. (1967) acteur et humoriste américain

Oh My God (2013)

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“Il y a cinquante manières de dire Oui, et cinq cents de dire Non, mais il n'y a qu'une manière de les écrire.”

George Bernard Shaw (1856–1950) dramaturge et scénariste irlandais

There are fifty ways of saying Yes, and five hundred of saying No, but only one way of writing them down.
en
Plays Unpleasant, 1931

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“La question n’est pas de savoir si Dieu existe ou non. L’homme doit vivre comme s’Il existait.”

Imre Kertész (1929–2016) écrivain hongrois

Journal de galère , Hongrie 1992, France 2010

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