“Le sol est tel, de part et d'autre de la route qui d'Amalfi va vers Sorrente et vers Naples, que le regard, où qu'il se lève, n'y peut trouver repli qui ne fasse penser à de la peau. Les sommets dressent des aiguilles et des coupoles de nudité grise, salies de taches noires où le ciel s'agace; ces ventres, ces poitrines brûlent; un chaos de rochers ouvre au pied de la montagne des géantes faciles et des petites filles déchiquetées qui se bousculent, plus bas, dans le court lapement des vagues. Les contours des buissons remuent, quoiqu'il n'y ait aucun souffle dans l'air, troublés d'une sorte de vapeur pareille au brouillard limpide que le soleil pompe au-dessus des toisons transpirées. Quel silence, dans l'heure inerte, malgré le crissement diffus des sauterelles et le bruit de l'eau qui racle le gravier. Tant de tranquillité pourtant n'est pas exempte de fureur.”

Recueil de nouvelles, Soleil des loups, 1951, L’Archéologue

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“La route vers Dieu est facile parce qu'on y avance en se déchargeant.”

Étienne Gilson (1884–1978) philosophe et historien français

L'Esprit de la philosophie médiévale, 1932

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“Le vent se lève!… il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!”

Paul Valéry (1871–1945) écrivain, poète et philosophe français

Le cimetière marin / El cementerio marino
Variante: Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux rejouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!

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