“On ne pratique pas pendant des années la dissection de soi-même sans qu'il en reste des traces. Voilà ce qu'il en est: nous sommes devenus orgueilleux au lieu de devenir humbles, vaniteux au lieu de modestes. Toute la question est là, nous avons appris à nous considérer comme le centre du monde et puisque, en réalité, nous ne nous suffisons jamais, tout nous devient un non-sens. Nous avons perdu la pudeur, nous sommes d'une insupportable arrogance, même envers ce qui jusqu'alors avait une valeur pour nous; nous avons perdu tout contact avec les choses, nous ne voyons plus aucune ligne droite et plus aucun fait tel qu'il est. Rien ne vient à nous par la voie directe. Nous ne parvenons à nous atteindre nous-même que par le détour de la cellule. Et tout cela nous le voyons, nous le savons.”

Ah! mon vieux, si au moins nous savions prier!
français
Les réprouvés, 1931

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“La condition du moine constitue une victoire sur l'espace et le temps, ou sur le monde et la vie, en ce sens que le moine se situe par son attitude au centre et dans le présent : au centre par rapport au monde plein de phénomènes, et dans le présent par rapport à la vie pleine d’évènements. Concentration de prière et rythme de prière: ce sont en un certain sens les deux dimensions de l'existence spirituelle en général et monastique en particulier. Le religieux s'abstrait du monde, il se fixe en un lieu défini et le lieu est centre parce qu'il est consacré à Dieu, il ferme moralement les yeux, et reste sur place en attendant la mort, comme une statue placée dans une niche, pour parler saint François de Sales; par cette "concentration", le moine se situe sous l'axe divin, il participe déjà au Ciel en se rattachant concrètement à Dieu. Ce faisant, le contemplatif s'abstrait également de la durée, car par l'oraison - cette actualisation permanente de la conscience de Dieu -, il se situe dans un instant intemporel : l'oraison (ou le souvenir de Dieu) est maintenant et toujours, elle est "toujours maintenant" et appartient déjà l 'Éternité. La vie du moine, par l'élimination des mouvements désordonnés, est un rythme; orl e rythme est la fixation d'un instant - ou du présent - dans la durée, comme l'immobilité est la fixation d'un point -ou du centre - dans l'étendue; ce symbolisme fondé sur la loi de l'analogie devient concret en vertu de la consécration à Dieu.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

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