“À cet instant précis, je me fiche de la guerre, des bonnes causes, du ciel et de la terre, des martyrs et de leurs monuments. C’est un miracle si je tiens encore debout. Mon cœur cogne comme un fou dans ma poitrine; mes tripes baignent dans le jus corrosif de leur propre décomposition. Mes paroles devancent mes angoisses, giclent du fond de mon être telles des flammèches incendiaires. J’ai peur de chaque mot qui m’échappe, peur qu’il me revienne comme un boomerang, chargé de quelque chose qui m’anéantirait sur-le-champ. Mais le besoin d’en avoir le cœur net est plus fort que tout. On dirait que je joue à la roulette russe, que mon destin m’importe peu puisque le moment de vérité va nous départager une fois pour toutes.”

L’Attentat, 2005

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

Citations similaires

Manu Larcenet photo
Rocé photo

“On a peur d’être seul comme si on avait peur de soi-même.”

Rocé (1977) chanteur français

Identité en crescendo, 2006

Daniel Pennac photo
Yann Martel photo

“Ensuite, la peur se tourne vers votre corps, qui sent déjà que quelque chose de terrible et de mauvais est entrain de survenir. Déjà, votre souffle s'est envolé comme un oiseau et votre cran a fui en rampant comme un serpent. Maintenant, vous avez la langue qui s'affale comme un opossum, tandis que votre mâchoire commence à galoper sur place. Vos oreilles n'entendent plus. Vos muscles se mettent à trembler comme si vous aviez la malaria et vos genoux à frémir comme si vous dansiez. Votre coeur pompe follement, tandis que votre sphincter se relâche. Il en va ainsi de tout le reste de votre corps. Chaque partie de vous, à sa manière, perd ses moyens. Il n'y a que vos yeux à bien fonctionner. Ils prêtent toujours pleine attention à la peur.

Vous prenez rapidement des décisions irréfléchies. Vous abandonnez vos derniers alliés: l'espoir et la confiance. Voilà que vous vous êtes défait vous-même. La peur, qui n'est qu'une impression, a triomphé de vous.

Cette expérience est difficile à exprimer. Car la peur, la véritable peur, celle qui vous ébranle jusqu'au plus profond de vous, celle que vous ressentez au moment où vous êtes face à votre destin final, se blottit insidieusement dans votre mémoire, comme une gangrène: elle cherche à tout pourrir, même les mots pour parler d'elle. Vous devez donc vous battre très fort pour l'appeler par son nom. Il faut que vous luttiez durement pour braquer la lumière des mots sur elle. Car si vous ne le faites pas, si la peur devient une noirceur indicible que vous évitez, que vous parvenez peut-être même à oublier, vous vous exposez à d'autres attaques de peur parce que vous n'aurez jamais vraiment bataillé contre l'ennemi qui vous a défait.”

Life of Pi

Milan Kundera photo
Léon Tolstoï photo
Joseph Kessel photo
Aldous Huxley photo
Jean-Claude Carrière photo

“N'ayons pas peur des mots. Ils n'ont pas peur de nous.”

Jean-Claude Carrière (1931) écrivain, scénariste et dramaturge français

Les mots et la chose : le grand livre des petits mots inconvenants

Avec