“Mais, par la suite, dans le Dieu fashionable qu'on m'enseigna, je ne reconnus pas celui qu'attendait mon âme : il me fallait un Créateur, on me donnait un Grand Patron; les deux n'étaient qu'un mais je l'ignorais; je servais sans chaleur l'Idole pharisienne et la doctrine officielle me dégoûtait de chercher ma propre foi. […] Une seule fois, j'eus le sentiment qu'Il existait. J'avais joué avec des allumettes et brûlé un petit tapis; j'étais en train de maquiller mon forfait quand soudain Dieu me vit, je sentis Son regard à l'intérieur de ma tête et sur mes mains; je tournoyais dans la salle de bains, horriblement visible, une cible vivante. L'indignation me sauva : je me mis en fureur contre une indiscrétion si grossière, je blasphémai, je murmurai comme mon grand-père : « Sacré nom de Dieu de nom de Dieu. » Il ne me regarda plus jamais. […]. Aujourd'hui, quand on me parle de Lui, je dis avec l'amusement sans regret d'un vieux beau qui rencontre une ancienne belle : « Il y a cinquante ans, sans ce malentendu, sans cette méprise, sans l'accident qui nous sépara, il aurait pu y avoir quelque chose entre nous.»”

—  Jean-Paul Sartre , livre Les Mots

Il n'y eut rien.
Les Mots, 1964

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire
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Jean-Paul Sartre 120
philosophe, dramaturge, romancier, nouvelliste et essayiste… 1905–1980

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“La foi, c’est dire oui à Dieu. Quand l’homme dit oui à Dieu, Dieu dit oui à l’homme.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

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