“L'importance traditionnellement accordée par les anarchistes au problème de l'éducation des individus (aussi bien familiale que scolaire) – de même que leur sensibilité constante aux dimensions morales et psychologiques de l'activité politique – n'a rien qui doive étonner. Et dans la mesure où le refoulement de ces questions fondamentales est à l'origine de toutes les mésaventures du mouvement révolutionnaire, depuis la bureaucratisation inévitable de ses organisations jusqu'à ses dérives totalitaires les plus prévisibles, l'anarchisme apparaît moins comme un courant politique parmi d'autres que comme une propédeutique morale à toute révolution possible (ou, si l'on veut, comme une « métapolitique »), si du moins on entend par révolution […] l'institution, par les classes jusque-là dominées, d'une société libre, égalitaire et décente.”

L'Empire du moindre mal, 2007

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

Citations similaires

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“L'éducation sexuelle familiale est condamnée à détériorer la sexualité de l'individu. Si tel ou tel individu réussit malgré tout à accéder à une vie sexuelle saine, il le fait d'ordinaire aux dépens des liens familiaux.
La répression des besoins sexuels provoque l'anémie intellectuelle et émotionnelle générale, et en particulier le manque d'indépendance, de volonté et d'esprit critique. La société autoritaire n'est pas liée à la "morale en soi", mais bien plutôt aux altérations de l'être psychique, qui, destinées à l'ancrage de la morale sexuelle, constituent en premier lieu cette structure mentale qui est la base psychique collective de toute société autoritaire. La structure servile est un mixte d'impuissance sexuelle, de détresse, d'aspiration à un appui, à un, de crainte de l'autorité, de peur de la vie et de mysticisme. Elle se caractérise par un loyalisme dévot mêlé de révolte. La peur de la sexualité et l'hypocrisie sexuelle caractérisent le "bourgeois" et son milieu. Les individus ayant cette structure sont inaptes à un mode de vie démocratique, et annihilent tout effort destiné à instituer et à maintenir des organisations régies par des principes véritablement démocratiques. Ils constituent le terrain psychologique sur lequel peuvent proliférer les tendances dictatoriales ou bureaucratiques de dirigeants démocratiquement élus. (p. 140-141)”

The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure

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“A l'inhibition sexuelle résultant directement de la fixation aux parents, viennent s'ajouter les sentiments de culpabilité qui dérivent de l'énormité de la haine accumulée au cours d'années de vie familiale.
Si cette haine resteelle peut devenir un puissant facteur révolutionnaire individuel : elle poussera le sujet à rompre les attaches familiales et pourra servir à promouvoir une action dirigée contre les conditions productrices de cette haine.
Si au contraire cette haine est, elle donne naissance aux attitudes inverses de fidélité aveugle et d'obéissance infantile. Ces attitudes constituent bien entendu un lourd handicap pour celui qui veut militer dans un mouvement libéral; un individu de ce genre pourra fort bien être partisan d'une liberté complète, et en même temps envoyer ses enfants à l'école du dimanche, ou continuer à fréquenter l'église "pour ne pas faire de peine à ses vieux parents"; il présentera des symptômes d'indécision et de dépendance, séquelles de la fixation à la famille; il ne pourra vraiment combattre pour la liberté.
Mais la même situation familiale peut aussi produire l'individu "névrotiquement révolutionnaire", spécimen fréquent chez les intellectuels bourgeois. Les sentiments de culpabilité, liés aux sentiments révolutionnaires, en font un militant peu sûr dans un mouvement révolutionnaire. (p. 140)”

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“L'homme ne vit pas seulement sa vie personnelle comme individu, mais consciemment ou inconsciemment il participe aussi à celle de son époque et de ses contemporains, et même s'il devait considérer les bases générales et impersonnelles de son existence comme des données immédiates, les tenir pour naturelles et être aussi éloigné de l'idée d'exercer contre elles une critique que le bon Hans Castorp l'était réellement, il est néanmoins possible qu'il sente son bien-être moral vaguement affecté par leurs défauts. L'individu peut envisager toute sorte de buts personnels, de fins, d'espérances, de perspectives où il puise une impulsion à de grands efforts et à son activité, mais lorsque l'impersonnel autour de lui, l'époque elle-même, en dépit de son agitation, manque de buts et d'espérances, lorsqu'elle se révèle en secret désespérée, désorientée et sans issue, lorsqu'à la question, posée consciemment ou inconsciemment, mais finalement posée en quelque manière, sur le sens suprême, plus que personnel et inconditionné, de tout effort et de toute activité, elle oppose le silence du vide, cet état de choses paralysera justement les efforts d'un caractère droit, et cette influence, par-delà l'âme et la morale, s'étendra jusqu'à la partie physique et organique de l'individu. Pour être disposé à fournir un effort considérable qui dépasse la mesure de ce qui est communément pratiqué, sans que l'époque puisse donner une réponse satisfaisante à la question " à quoi bon? ", il faut une solitude et une pureté morales qui sont rares et d'une nature héroïque, ou une vitalité particulièrement robuste. Hans Castorp ne possédait ni l'une ni l'autre, et il n'était ainsi donc qu'un homme malgré tout moyen, encore que dans un sens des plus honorables.
(ch. II)”

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