“Depuis la naissance de l'amour courtois, c'est un lieu commun que le mariage tue l'amour. Trop méprisée ou trop respectée, trop quotidienne, l'épouse n'est plus un objet érotique. Les rites du mariage sont primitivement destinés à défendre l'homme contre la femme; elle devient sa propriété : mais tout ce que nous possédons en retour nous possède; le mariage est pour l'homme aussi une servitude; c'est alors qu'il est pris au piège tendu par la nature : pour avoir désiré une fraîche jeune fille, le mâle doit pendant toute sa vie nourrir une épaisse matrone, une vieillarde desséchée; le délicat joyau destiné à embellir son existence devient un odieux fardeau : Xanthippe est un des types féminins dont les hommes ont toujours parlé avec le plus d'horreur. Mais lors même que la femme est jeune il y a dans le mariage une mystification puisque prétendant socialiser l'érotisme, il n'a réussi qu'à le tuer. C'est que l'érotisme implique une revendication de l'instant contre le temps, de l'individu contre la collectivité; il affirme la séparation contre la communication; il est rebelle à toute réglementation; il contient un principe hostile à la société. Jamais les mœurs ne sont pliées à la rigueur des institutions et des lois : c'est contre elles que l'amour s'est de tout temps affirmé. Sous sa figure sensuelle, il s'adresse en Grèce et à Rome à des jeunes gens ou à des courtisanes; charnel et platonique à la fois, l'amour courtois est toujours destiné à l'épouse d'un autre.”

Dernière mise à jour 4 juin 2021. L'histoire
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Simone de Beauvoir 76
philosophe, romancière, épistolière, mémorialiste et essayi… 1908–1986

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“L'idée de mariage selon la Bible ne va jamais au delà du mariage comme servitude.”

Annie Besant (1847–1933) conférencière, féministe, libre-penseuse, socialiste et théosophe britannique

The Bible idea of marriage never rises above marriage as servitude.
en

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“Parmi toutes les nations et aux yeux de tous les hommes, le désir d'une postérité et la fidélité conjugale impriment au mariage un caractère de bonté réelle. Chez les chrétiens, il faut y ajouter la sainteté du sacrement qui défend à une épouse répudiée de convoler à de nouvelles noces, pendant la vie de son premier mari, lors même qu'elle n'aspirerait à un nouveau mariage que dans le but d'avoir des enfants. Ce but, en effet, est le seul que l'on doive se proposer dans le mariage. Supposé qu'il ne puisse être obtenu, le lien nuptial n'est pas brisé pour ce seul motif, il ne peut l'être que par la mort de l'un des deux époux. On ordonne un clerc pour diriger une réunion de fidèles; supposé que cette réunion n'ait pas lieu, le sacrement de l'ordre reste validement conféré. Bien plus, lors même qu'en punition de quelque faute ce clerc mériterait d'être interdit des fonctions de son ordre, il conserve toujours le caractère du sacrement et il le portera au jugement dernier. Que la génération soit le but du mariage, c'est ce qui résulte de ces paroles de l'Apôtre : « Je veux que les jeunes veuves se marient»; puis supposant qu'on lui demande pourquoi, il continue : « Afin de créer des enfants et de devenir mères de famille (I Tim, V, 14.) ». Quant à la fidélité conjugale, il s'exprime ainsi :.« L'épouse n'a pas la puissance sur son propre corps, cette puissance appartient au mari; de même l'époux n'a pas la puissance sur son propre corps, cette puissance appartient à la femme ((Ibidem.) ». Parlant enfin de la sainteté du sacrement, il s'écrie : « Que l'épouse ne se sépare point de son mari; si elle s'en sépare, qu'elle s'interdise tout nouveau mariage, ou qu'elle se réconcilie avec son époux. De même, que le mari ne renvoie point sa femme ((1 Cor 7, 4.) ». Tels sont donc les biens qui impriment au mariage tout autant de caractères de bonté : les enfants, la fidélité, le sacrement.”

Augustin d'Hippone (354–430) philosophe parmis les premiers Chrétien

Citations de saint Augustin, Le Bien du mariage

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