“C'est souvent le procédé de Gourmont, de prendre ainsi des documents sans indiquer leur source, de tronquer des textes, de relier les morceaux par des phrases de son cru, sans indiquer l'interruption, Un beau jour, cela lui attirerait une critique bien sentie, que je n'en serais pas autrement étonné. Le mot que lui disait en riant, l'autre soir, Van Bever, et qu'il a pris en riant, est tout à fait de circonstance… « Vous êtes comme ce normand qui trouve une corde sur la route, la ramasse et l'emporte, en même temps que la vache qu'elle tient. Quand on vient réclamer: Ben quoi, qu'est-ce que c'est? Je trouve une corde. Je la ramasse! C'est-y de ma faute s'il y a une vache au bout? »”

30 janvier 1908
Journal littéraire, Une galerie de portraits monumentale

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“Il nous faut en riant instruire la jeunesse.”

L'École des maris, 1661

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“Il cultivait dans des verres d'eau ces oignons cendrés dont naissent les belles jonquilles. Un jour la fleur qui s'ouvrit fut, comme une flèche indicatrice, un revolver braqué.”

Louis Aragon (1897–1982) poète et romancier français

Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton. Elle expose les propos critiques de Louis Aragon dans une rubrique qu'il lui avait été attribuée dans ce numéro. Il avait choisi notamment de commenter le recueil Rose des Vents de Philippe Soupault dont il est question ici.
Littérature n°8, 1919 (critique)

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“Il est en tout cas salutaire de se rappeler l'humilité de ses origines [l'Europe]. Non pour mesurer avec satisfaction la distance parcourue. Mais pour savoir à quoi et à qui on doit d'avoir accompli ces progrès. Il existe un devoir de réminiscence. Il est bon aussi de rappeler d'ou l'Europe a tiré les sucs nourriciers dont elle s'est engraissée. La réponse est simple : elle les a pris en dehors d'elle. Elle les a empruntés au monde gréco-romain qui l'a précédée, puis au monde de culture arabe qui s'est développé en parallèle avec elle, enfin au monde byzantin. C'est du monde arabe, en particulier, que sont venus les textes arabes d'Aristote, de Galien, et de bien d'autres, qui, traduits en latin, ont nourri la Renaissance du [XII]. C'est du monde byzantin que vinrent les originaux de ces mêmes textes, qui en permirent une étude plus précise et alimentèrent la floraison scholastique du [XIII]. Que serait Thomas d'Aquin s'il n'avait trouvé en Averroès un adversaire à sa mesure? Que serait Duns Scott s'il n'avait trouvé en Avicenne, pour reprendre la formule de Gilson, un « point de départ »? Et bien des textes dont l'Europe s'est nourrie lui sont venues par l'intermédiaire des traducteurs juifs. L'Europe doit ainsi prendre conscience de l'immensité de la dette culturelle qu'elle a envers ces truchements (c'est d'ailleurs un mot arabe…) : envers les Juifs, en dehors d'elle comme en son intérieur, ainsi qu'envers le monde de culture arabe, chrétiens comme musulmans.”

Rémi Brague (1947) philosophe français

Au moyen du Moyen Age : Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam, 2006

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