“En France, Renan s'est tristement distingué en ce domaine [de dénégation systématique et globale de l'héritage arabe], en particulier dans sa conférence de 1883, "L'islam et la science", qui devait donner lieu a un intéressant dialogue avec El-Afghani. Il y affirme que la Grèce est l'unique source du savoir et de la sagesse, et suppose une interprétation téléologique de l'histoire intellectuelle, selon laquelle il fallait que la science arabe disparaisse, une fois l'héritage antique inoculé à l'Europe. Enfin, il aioute au préjugé "illuministe" le racisme qui commençait à se chercher un fondement biologique, et explique toutes les innovations qu'il doit concéder au monde islamisé par l'origine persane, donc "aryenne", des penseurs produits par celui-ci. Pour le dire en passant, l'Occident n'a de la sorte que la monnaie de sa pièce quand on veut lui faire croire, par une exagération inverse, que les Arabes ont tout inventé.”

—  Ernest Renan

À propos de la conférence d'Ernest Renan L'Islam et la Science de 1883.

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“J'ai dit que les Arabes avaient traduit, et beaucoup traduit. Cela veut dire d'une part qu'ils ont transmis l'héritage grec à l'Occident, dans tous les domaines : médecine, mathématiques, philosophie, à tel point que celui-ci a contracté envers le monde arabe une dette culturelle énorme. […] Cette dette était encore reconnue (à tous les sens du mot « reconnaissance ») par le Moyen Âge de Gerbert d'Aurillac, de Roger Bacon, de Frédéric II de Sicile. […] L'admiration pour le trésor de réflexion et de savoir venu des Arabes n'empêchait d'ailleurs pas une polémique ferme sur la doctrine. […] Quoi qu'il en soit, rappeler l'importance des traductions arabes ne veut en aucun cas dire que les Arabes se seraient contentés de transmettre passivement des livres dont le contenu leur serait demeuré scellé. Tout au contraire, ils ont également été des créateurs. Ils ont prolongé, parfois très loin, le savoir qu'ils recevaient. […] La reprise d'un contact direct avec l'héllénisme byzantin entraina un court-circuit culturel : on pouvait sauter par dessus les intermédiaires arabes. […] Tout est en place pour que se développe une dénégation systématique et globale de l'héritage arabe. […] La conscience d'une dette resta cependant encore claire pour les grands orientalistes de la Renaissance et du [XVII, e], Postel, Pococke, ou Fontialis. Mais elle a été refoulée des mémoires à l'époque des Lumières, puis au [XIX].”

Rémi Brague (1947) philosophe français

Europe : La voie romaine, 1992

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“On s'occupa peu de mathématiques au moyen âge. Les Arabes, qui étaient alors supérieurs aux Européens par la culture intellectuelle, avaient enseigné à la France tout ce qu'elle savait des sciences; […]”

Adolphe Chéruel (1809–1891) historien français

À l'article Sciences.
Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la France, 1855

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“Ce fut par ces traductions arabes des ouvrages de science et de philosophie grecque que l'Europe reçut le ferment de tradition antique nécessaire à l'éclosion de son génie.”

Ernest Renan (1823–1892) écrivain, philologue, philosophe et historien français.

Conférence prononcée à la Sorbonne en 1883.
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