“Coppée est mort cette après-midi, vers deux heures. (…) Je pensais, en revenant, que c'est une curieuse impression, celle de la mort d'un homme qu'on a connu, au moins de vue, qu'on a rencontré si souvent, l'impression de la disparition, de la suppression. On le revoit comme on le voyait, tel qu'il était, avec son allure, ses tics. Coppée, par exemple, marchant avec l'air de retomber tour à tour sur chaque jambe, l'air mélancolique, parlant tout seul, comme s'il se récitait des vers, faisant même quelques légers gestes d'une main, d'un bras, le dos un peu voûté, balançant les bras, la tête suivant les mouvements du corps, la bouche serrée, les yeux si bleus, si fureteurs dans son teint de brique, la bouffée de fumée de la cigarette, sa façon d'enjamber le pas de sa porte cochère rue Oudinot, de parler seul en marchant. Puis, tout d'un coup, un trait sur tout cela, biffé, enlevé, disparu.”
23 mai 1908
Journal littéraire, Le goût pour la relation
Thèmes
mort , hommes , homme , heure , main , air , tête , corps , vue , rue , porte , coupe , bras , exemple , mouvement , traitement , l'après-midi , jambe , tour , porte-parole , bouche , cigarette , impression , fumée , traité , port , parlement , coup , bleu , geste , portée , brique , main- , corp , en-tête , legs , rencontres , deux , disparition , enlèvement , bouffée , vers , moins , disparu , allure , voûte , tout , dos , chaque , peu , teinte , seul , suppression , tic , serre , suivant , retombée , yeux , revenant , façonPaul Léautaud 31
écrivain français 1872–1956Citations similaires

Au sujet de Simon, frère (mort pendant la guerre) de l'auteur, et dont le nom ne fut plus prononcé par la famille.
Un Secret, 2004

Journaux intimes (1864–1867; published 1887), Mon cœur mis à nu (1864)


“Chaque instant de la vie est un pas vers la mort.”