“Cet espoir de concorde finale, européenne, spirituelle, représente vraiment le seul élément de croyance religieuse de l'humanisme, habituellement sec et rationnel : les humanistes répandent le message de leur foi en l'humanité avec la même ferveur que d'autres, en ces temps si sombres, proclament leur foi en Dieu; ils ont la conviction que l'esprit du monde, son but, son avenir résident dans la solidarité et non dans l'individualisme, ce qui permettra à ce monde de devenir de plus en plus humain.”

—  Stefan Zweig

Érasme, Grandeur et décadence d’une idée, 1935

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“Pour les rationnels, 2 + 2 = 4; pour les religieux, dieu plus dieu font clash.”

Viser la tête ! - Abécédaire d'un pamphlétaire au fil du temps, 2010

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“Et, en effet, une fois qu'on a cessé de confondre l'individualisme avec son
contraire, c'est-à-dire avec l'utilitarisme, toutes ces prétendues contradictions
s'évanouissent comme par enchantement. Cette religion de l'humanité a tout
ce qu'il faut pour parler à ses fidèles sur un ton non moins impératif que les
religions qu'elle remplace. Bien loin qu'elle se borne à flatter nos instincts, elle
nous assigne un idéal qui dépasse infiniment la nature; car nous ne sommes
pas naturellement cette sage et pure raison qui, dégagée de tout mobile
personnel, légiférerait dans l'abstrait sur sa propre conduite. Sans doute, si la
dignité de l'individu lui venait de ses caractères individuels, des particularités
qui le distinguent d'autrui, on pourrait craindre qu'elle ne l'enfermât dans une
sorte d'égoïsme moral qui rendrait impossible toute solidarité. Mais, en réalité,
il la reçoit d'une source plus haute et qui lui est commune avec tous les
hommes. S'il a droit à ce respect religieux, c'est qu'il a en lui quelque chose de
l'humanité. C'est l'humanité qui est respectable et sacrée; or elle n'est pas
toute en lui. Elle est répandue chez tous ses semblables; par suite, il ne peut la
prendre pour fin de sa conduite sans être obligé de sortir de soi-même et de se répandre au-dehors. Le culte dont il est, à la fois, et l'objet et l'agent, ne
s'adresse pas à l'être particulier qu'il est et qui porte son nom, mais à la
personne humaine, où qu'elle se rencontre, sous quelque forme qu'elle
s'incarne. Impersonnelle et anonyme, une telle fin plane donc bien au-dessus
de toutes les consciences particulières et peut ainsi leur servir de centre de
ralliement. Le fait qu'elle ne nous est pas étrangère (par cela seul qu'elle est
humaine) n'empêche pas qu'elle ne nous domine. Or, tout ce qu'il faut aux
sociétés pour être cohérentes, c'est que leurs membres aient les yeux fixés sur
un même but, se rencontrent dans une même foi, mais il n'est nullement
nécessaire que l'objet de cette foi commune ne se rattache par aucun lien aux
natures individuelles. En définitive, l'individualisme ainsi entendu, c'est la
glorification, non du moi, mais de l'individu en général. Il a pour ressort, non
l'égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitié plus large
pour toutes les douleurs, pour toutes les misères humaines, un plus ardent
besoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice. N'y
a-t-il pas là de quoi faire communier toutes les bonnes volontés. Sans doute, il
peut arriver que l'individualisme soit pratiqué dans un tout autre esprit.
Certains l'utilisent pour leurs fins personnelles, l'emploient comme un moyen
pour couvrir leur égoïsme et se dérober plus aisément à leurs devoirs envers la
société. Mais cette exploitation abusive de l'individualisme ne prouve rien
contre lui, de même que les mensonges utilitaires de l'hypocrisie religieuse ne
prouvent rien contre la religion.”

Émile Durkheim (1858–1917) sociologue français

L'individualisme et les intellectuels

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“Il y a deux manières de vaincre le monde, une vraie et une fausse. La vraie comprend la nature du monde et surmonte celui-ci au-delà de ses limites; la fausse ne comprend rien au monde et cherche à le surmonter au sein de ses limites. La vraie manière cherche ce qui est sec sur la plage, en dehors de la mer; la manière erronée cherche ce qui est sec dans la mer même, en tentant de la vider. Cette manière-ci est la foi ordinaire de ce monde, celle-là la certitude spirituelle élevée. Mais le fait que toute une partie de l'humanité reconnaisse cette manière erronée de surmonter le monde comme le principe de toutes les doctrines et de toutes les institutions - et en somme de toute activité et de toute aspiration - ne peut être possible qu'à notre époque, qui approche toujours plus inexorablement de sa fin.
La manière correcte est unitive, spirituelle, ramenant dans l'Intérieur et opérant l'harmonie; la manière fausse est multiplicatrice, orientée vers la nature grossière, entraînant vers l'extérieur et opérant la contradiction. La manière correcte domine la société humaine en fonction de ce qui la transcende, de l’Éternel, qui est son ultime destination; la manière fausse trompe la société sous le prétexte de son bien-être le plus extérieur et le plus limité, comme si l'homme en tant que tel - et qui plus est dans sa partie la plus éphémère, le corps - avait sa raison suffisante en lui-même et pouvait être la mesure et le but de lui-même et de toutes choses.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse
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