“Avez-vous vu dans mon pays la perte du Rhône? – Le fleuve qui descends du haut des Alpes arrive confiant et à pleins bords. Tout à coup, comme si l’embûche avait été tendue dès l’origine des choses, il disparaît. On le cherche sans le trouver : il s’est perdu dans le puits de l’abîme, il est enseveli dans les entrailles de la terre; une couche prodigieuse de rochers amoncelés depuis les premiers jours le recouvre, et la pierre a été scellée sur lui, aux deux bords, par des bras de Titans. Maintenant, des rives de Savoie et de France, les troupeaux de chèvres, de vaches, de mulets, le traversent à pied sec et l’insultent; la sonnerie de leurs clochettes couvre ses mugissements. Cependant, pour avoir disparu, le fleuve n’est pas tari; son ancien génie vit encore; il lutte dans les ténèbres, il mugit sous terre, il travail dans le sépulcre, il use de sa poussière d’écume la roche éternelle.”

—  Edgar Quinet

Perte du Rhône, à Bellegarde-sur-Valserine (Ain)

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire
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écrivain et historien français, député de l’Ain 1803–1875

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“Avez-vous vu dans mon pays la perte du Rhône?”

Edgar Quinet (1803–1875) écrivain et historien français, député de l’Ain

Le fleuve qui descends du haut des Alpes arrive confiant et à pleins bords. Tout à coup, comme si l’embûche avait été tendue dès l’origine des choses, il disparaît. On le cherche sans le trouver : il s’est perdu dans le puits de l’abîme, il est enseveli dans les entrailles de la terre ; une couche prodigieuse de rochers amoncelés depuis les premiers jours le recouvre, et la pierre a été scellée sur lui, aux deux bords, par des bras de Titans. Maintenant, des rives de Savoie et de France, les troupeaux de chèvres, de vaches, de mulets, le traversent à pied sec et l’insultent ; la sonnerie de leurs clochettes couvre ses mugissements. Cependant, pour avoir disparu, le fleuve n’est pas tari ; son ancien génie vit encore ; il lutte dans les ténèbres, il mugit sous terre, il travail dans le sépulcre, il use de sa poussière d’écume la roche éternelle.
Perte du Rhône, à Bellegarde-sur-Valserine (Ain)

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“Plus loin que Louvre est un chemin bordé de pommiers dont j'ai vu bien des fois les fleurs éclater dans la nuit comme des étoiles de la terre.”

Les Filles du feu, Gérard de Nerval, Maxi-Livres, Maxi-Poche Classiques Français, 1997, 1834, 117, Sylvie — Souvenir du valois, III. Résolution, 2-8771-4348-1
Les Filles du feu, 1834, Sylvie

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“L'honneur est comme une ile escarpée et sans bords ;
On n'y peut plus rentrer dès qu'on en est dehors.”

Nicolas Boileau (1636–1711) poète, écrivain et critique français

Satires (1716)

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“J’ai connu quelqu’un, il y a longtemps. C’était un garçon ordinaire, sauf qu’il m’a tapé dans l’œil dès que je l’ai vu. Il était gentil, et tendre. J’ignore comment il a fait, mais au bout d’un flirt il a réussi à être le centre de l’univers pour moi. J’avais le coup de foudre toutes les fois qu’il me souriait, si bien que lorsqu’il me faisait la gueule quelquefois il me fallait allumer toutes les lampes en plein jour pour voir clair autour de moi. Je l’ai aimé comme c’est rarement possible.”

Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien

Par moments, au comble du bonheur, je me posais cette question terrible : et s’il me quittait ? Tout de suite, je voyais mon âme se séparer de mon corps. Sans lui, j’étais finie. Pourtant, un soir, sans préavis, il a jeté ses affaires dans une valise et il est sorti de ma vie. Des années durant, j’ai eu l’impression d’être une enveloppe oubliée après une mue. Une enveloppe transparente suspendue dans le vide. Puis, d’autres années ont passé, et je me suis aperçue que j’étais encore là, que mon âme ne m’a jamais faussé compagnie, et d’un coup, j’ai recouvré mes esprits... [...] Ce que je veux dire est simple, Amine. On a beau s’attendre au pire, il nous surprendra toujours. Et si, par malheur, il nous arrive d’atteindre le fond, il dépendra de nous, et de nous seuls, d’y rester ou de remonter à la surface. Entre le chaud et le froid, il n’y a qu’un pas. Il s’agit de savoir où mettre les pieds. C’est très facile de déraper. Une précipitation, et on pique du nez dans le fossé. Mais est-ce la fin du monde ? Je ne le pense pas. Pour reprendre le dessus, il suffit juste de se faire une raison.
L’Attentat, 2005

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