“Naguère Raymond s'étonnait de sentir à sa portée la fameuse Maria Cross; il se répétait : « Cette petite femme si simple, c'est Maria Cross. » Et il n'aurait eu qu'à tendre la main : elle était là, soumise, inerte, il aurait pu la prendre, la laisser tomber, la ressaisir; — et tout à coup le geste de ses bras tendus avait suffi pour éloigner cette Maria vertigineusement. Ah! elle était là encore; mais il savait d'une science sûre que désormais il ne la toucherait pas plus qu'une étoile. Ce fut alors qu'il vit qu'elle était belle : tout occupé de savoir comment cueillir et manger le fruit, sans mettre une seconde en doute que ce fruit lui fût destiné, il ne l'avait jamais regardée; — cela te reste maintenant de la dévorer des yeux.”
Le désert de l'amour (Littérature)
Thèmes
femme , main , seconde , porte , reste , étoile , coupe , bras , porte-parole , pluie , port , fruit , occupation , second , coup , tombe , geste , portée , main- , regard , commentateur , éloignement , destin , sentier , tout , savoir , inertie , cross , simple , mètre , yeux , douteFrançois Mauriac 52
écrivain français 1885–1970Citations similaires
ce qui fait que moi, quand je quitte un endroit, j'ai toujours l'impression de quitter là où c'était davantage chez moi que là où je vais débarquer, et quand on te pousse au cul de nouveau et que tu pars de nouveau, là où tu vas aller, tu seras encore davantage étranger, et ainsi de suite : tu est toujours plus étranger, tu es de moins en moins chez toi, on te pousse toujours plus loin, que tu ne saches pas où tu vas, et quand tu te retournes, vieux, tu regardes derrière toi, c'est toujours, toujours le désert.
Bernard-Marie Koltes, La Nuit juste avant les forêts, Éditions de minuit, 1977.
La nuit juste avant les forêts (1977)
