“Naguère Raymond s'étonnait de sentir à sa portée la fameuse Maria Cross; il se répétait : « Cette petite femme si simple, c'est Maria Cross. » Et il n'aurait eu qu'à tendre la main : elle était là, soumise, inerte, il aurait pu la prendre, la laisser tomber, la ressaisir; — et tout à coup le geste de ses bras tendus avait suffi pour éloigner cette Maria vertigineusement. Ah! elle était là encore; mais il savait d'une science sûre que désormais il ne la toucherait pas plus qu'une étoile. Ce fut alors qu'il vit qu'elle était belle : tout occupé de savoir comment cueillir et manger le fruit, sans mettre une seconde en doute que ce fruit lui fût destiné, il ne l'avait jamais regardée; — cela te reste maintenant de la dévorer des yeux.”

Le désert de l'amour (Littérature)

Dernière mise à jour 18 novembre 2022. L'histoire

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“SATAN : […] La cascade pourpre charriait des revolvers dont les crosses étaient faites de petits oiseaux.”

André Breton (1896–1966) poète et écrivain français

Poisson soluble, 1924

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“A coup de pied au cul ils te déménageront, le travail est là-bas, et encore là-bas, plus loin et encore plus loin, jusqu'au Nicaragua qu'ils te pousseront, à l'aise puisque ceux des pays comme cela, on les pousse bien au cul à l'aise et qu'ils débarquent ici, pas question de parler […], si tu veux travailler, déménage, alors, si on laisse faire : nous, les cons d'ici, on se laisse pousser à coup de pied au cul jusqu'au Nicaragua, et les cons de là-bas, ils se laissent faire et ils débarquent ici, tandis que le travail, lui, il est toujours ailleurs, et jamais tu ne peux dire : c'est chez moi et ciao”

Bernard-Marie Koltès (1948–1989) auteur dramatique

ce qui fait que moi, quand je quitte un endroit, j'ai toujours l'impression de quitter là où c'était davantage chez moi que là où je vais débarquer, et quand on te pousse au cul de nouveau et que tu pars de nouveau, là où tu vas aller, tu seras encore davantage étranger, et ainsi de suite : tu est toujours plus étranger, tu es de moins en moins chez toi, on te pousse toujours plus loin, que tu ne saches pas où tu vas, et quand tu te retournes, vieux, tu regardes derrière toi, c'est toujours, toujours le désert.
Bernard-Marie Koltes, La Nuit juste avant les forêts, Éditions de minuit, 1977.
La nuit juste avant les forêts (1977)

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