Thomas Bernhard citations

“Quand nous écoutons les guides, nous entendons tout de même toujours le bavardage sur l'art qui nous tape sur les nerfs, l'insupportable bavardage sur l'art des historiens d'art […]”

“Les professeurs abîment les élèves, voilà la vérité, depuis des siècles […]”

“L'enfance est le trou noir où l'on a été précipité par ses parents et d'où l'on doit sortir sans aucune aide.”

“Tout de même les gens ne vont au musée que parce qu'on leur a dit qu'un homme cultivé doit y aller, pas par intérêt, les gens ne s'intéressent pas à l'art, quatre-vingt-dix-neuf pour cent de l'humanité, en tout cas, ne s'intéresse pas le moins du monde à l'art […]”

“[…] les têtes qui nous sont la plupart du temps accessibles sont inintéressantes, nous n'en tirons guère plus que si nous nous trouvions en compagnie de pommes de terre hypertrophiées, qui, plantées sur des corps souffreteux affublés de vêtements d'un goût discutable, traîneraient une existence piteuse, mais hélas pas du tout pitoyable.”

“Nous évitons ceux qui sont marqués par la mort […]”

“Faire des cadeaux est une habitude épouvantable, naturellement contractée par mauvaise conscience et, très souvent aussi, par la peur commune de la solitude […]”

“Les mourants rentrent la tête dans les épaules et ne veulent plus rien avoir à faire avec les vivants, qui ne songent pas à la mort.”

“Dès mon enfance je l'ai évitée, la masse, j'ai détesté la foule, le rassemblement de gens, cette concentration de grossièreté et d'étourderie et de mensonge. Autant nous devrions aimer chacun en particulier, me dis-je, autant nous détestons la masse.”

“Presque tous les enfants ont des parents amers, c'est pourquoi tous les parents ont l'air si amer.”

“La faim culturelle de l'humanité civilisée est énorme, la perversité qui se cache là-dedans, universelle.”

“[…] les êtres qui ont vraiment été importants dans notre vie peuvent se compter sur les doigts d'une seule main, et, bien souvent, cette main se révolte contre la perversité que nous mettons à vouloir consacrer toute une main à compter ces êtres, là où, si nous sommes sincères, nous nous en tirerions probablement sans un seul doigt.”

“[…] il y avait déjà longtemps qu'il n'y avait plus de livres qui pussent le sauver, il n'y avait plus que des phrases isolées de Novalis par exemple, de Montaigne, de Spinoza, de Pascal, auxquelles il était obligé de temps en temps de se raccrocher pour ne pas être obligé de sombrer.”

“Accepter un prix, cela ne veut rien dire d'autre que se laisser chier sur la tête parce qu'on est payé pour ça. J'ai toujours ressenti ces remises de prix comme la pire humiliation qu'on puisse imaginer, et pas comme un honneur. Car un prix est toujours décerné par des gens incompétents qui veulent vous chier sur la tête, et qui vous chient copieusement sur la tête quand on accepte leur prix en mains propres.”

“Nous connaissons en fait presque uniquement des gens défigurés par la nature et donc par leur malheur qui se sont résignés, et de très rares seulement dont nous pouvons dire que leur malheur les a conduits au triomphe, au triomphe de l'esprit[…]”

“C'est seulement lorsque nous nous sommes rendu compte, à chaque fois, que le tout et la perfection n'existent pas, que nous avons la possibilité de continuer à vivre.”

“Les gens falsifient tout, ils falsifient jusqu'à l'enfance qu'ils ont eue. Ils disent, j'ai eu une belle enfance, et ils n'ont tout de même eu que l'enfer.”

“Une fois né, il avait dû se détacher de ce qu'il est convenu d'appeler les parents et de toute cette humanité qui colle à ces parents, peu à peu, mais avec cohérence et pour finir définitivement, pour ne pas être obligé de ressentir devant sa propre tête une honte mortelle.”

“Les malades ne comprennent pas les bien-portants, tout comme, inversement, les bien-portants ne comprennent pas les malades, et ce conflit est très souvent un conflit mortel, que le malade, en fin de compte, n'est pas de taille à affronter, mais, bien entendu, pas davantage le bien-portant, qu'un tel conflit, souvent, rend malade.”

“Le psychiatre est le plus incompétent des médecins, et il est toujours plus près du crime sadique que de la science.”

“L'humanité est un gigantesque État qui, soyons sincères, à chaque réveil nous donne la nausée.”

“Je déteste les hommes, mais ils sont en même temps mon unique raison de vivre.”

“Les hommes que nous voyons sont des victimes de l'État, et l'humanité que nous voyons n'est rien d'autre que la mangeaille de l'État, donnée à manger à l'État qui devient de plus en plus glouton.”

“C'est d'abord un combat contre les parents et ensuite un combat contre les maîtres qu'il faut mener et gagner, et mener et gagner avec la brutalité la plus impitoyable, si le jeune être humain ne veut pas être contraint à l'abandon par les parents et par les maîtres et par là être détruit et anéanti.”

“Je ne me supporte pas moi-même, et, moins encore, une meute de gens comme moi.”

“L'État pense, les enfants sont les enfants de l'État, et agit en conséquence, et depuis des siècles il exerce son action dévastatrice. C'est en vérité l'État qui engendre les enfants, il ne naît que des enfants de l'État, voilà la vérité. Il n'y a pas d'enfant libre, il n'y a que l'enfant de l'État, dont l'État peut faire ce qu'il veut, l'État met les enfants au monde, on fait seulement croire aux mères qu'elles mettent les enfants au monde, c'est du ventre de l'État que sortent les enfants, voilà la vérité.”

“L'admiration est plus facile que le respect, que l'estime, l'admiration est le propre de l'imbécile[…]”

“[…] les professeurs ne sont pas seulement les empêcheurs et les destructeurs dans le domaine de l'art, les professeurs ont toujours été, dans l'ensemble, les empêcheurs de vivre et d'exister, au lieu d'apprendre la vie aux jeunes gens, de leur déchiffrer la vie, de faire en sorte que la vie soit pour eux une richesse en vérité inépuisable de leur propre nature, ils la leur tuent, ils font tout pour la tuer en eux.”

“Nous ne devons pas nous livrer totalement à l'infirme, capituler devant l'infirme, nous devons nous affirmer face à lui, même si nous devons nous réfugier dans l'abjection.”

“Very often we write down a sentencethen anotherwhat we have to do is write it down at the proper time, otherwise it's lost.”

“The thinking man always finds himself in a gigantic orphanage in which people are continually proving to him that he has no parents.”

“It would be wrong to refuse to face the fact that everything is fundamentally sick and sad.”

“I did not want to be anything, and naturally I did not want to turn myself into a mere profession: all I ever wanted was to be myself.”

“everything is ridiculous if one thinks of death”

“You've always lived a life of pretense, not a real life-- a simulated existence, not a genuine existence. Everything about you, everything you are, has always been pretense, never genuine, never real.”

“Everyone, he went on, speaks a language he does not understand, but which now and then is understood by others. That is enough to permit one to exist and at least to be misunderstood.”

“We have to keep company with supposedly bad characters if we are to survive and not succumb to mental atrophy. People of good character, so called, are the ones who end up boring us to death.”

“The only friends I have are the dead who have bequeathed their writings to me--I have no others.”

“You are never truly together with one you love until the person in question is dead and actually inside you.”

“I avoid literature whenever possible, because whenever possible I avoid myself…”

“Everything is what it is, that's all. If we keep attaching meanings and mysteries to everything we perceive, everything we see that is, and to everything that goes on inside us, we are bound to go crazy sooner or later, I thought.”

“After all, there is nothing but failure.”

“To wake up one day and be Steinway and Glen in One… Glen Steinway, Steinway Glen, all for Bach.”