“L’effigie est verrou, l’idole prison, la figure serrure. Une seule clef peut faire tomber ces chaînes : le signe. L’image est toujours rétrospective. C’est un miroir tourné vers le passé.” Michel Tournier (1924–2016) écrivain français , 1985
“Mais il était ainsi. Il fallait qu'il jouât un nouveau rôle. Il ne s'y retrouvait plus dans le labyrinthe de son caractère qui le faisait juger tour à tour religieux et hérétique, bon et mauvais, hypocrite et sincère. Il pouvait aimer plusieurs femmes en même temps. Alors qu'il était prêt à abjurer sa foi, s'il trouvait une page arrachée d'un livre saint, il la ramassait toujours et la portait à ses lèvres. Chaque être était semblable à une serrure, — munie de sa propre clé. Seul quelqu'un comme lui, Yasha, savait ouvrir toutes les âmes.” Isaac Bashevis Singer livre Le Magicien de Lublin Le Magicien de Lublin âme , temps , femmes , livres
“Elles sont là toutes, celles qui tombèrent aux mains des espions, celle que l'amant assassin brisa dans la serrure en s'en allant, celle que le justicier jeta dans la rivière après avoir définitivement fermé la porte des représailles, les clefs d'or des geôliers volées par les captifs, les clefs des villes vendues à l'ennemi par les vierges blondes, par la vierge blonde, les clefs de diamant des ceintures de chasteté, les clefs des coffres-forts vidés à l'insu des banquiers par un aventurier, celles que, sans bruit, le jeune et idéal conquérant retire de la serrure pour guetter d'un œil le coucher de la vierge blonde.” Robert Desnos (1900–1945) poète français Deuil pour deuil, 1924
“Et tandis que les cieux retentissaient du bruit des serrures divines fermées en hâte, le fossoyeur, le fossoyeur mourait sous l'entassement cannibale des clefs, sur la tombe de Guillaume le Conquérant, tandis que, dans la taupinière, à la lumière verte, se déroulaient les funérailles de la fourmi d'or, la serrure des intelligences.” Robert Desnos (1900–1945) poète français Deuil pour deuil, 1924 intelligence , lumière
“Existe-t-il donc une Providence diabolique qui prépare le malheur dès le berceau, qui jette avec préméditation des natures spirituelles et angéliques dans des milieux hostiles, comme des martyrs dans les cirques? Y a-t-il donc des âmes sacrées, vouées à l’autel, condamnées à marcher à la mort et à la gloire à travers leurs propres ruines? Le cauchemar des Ténèbres assiégera-t-il éternellement ces âmes de choix? – Vainement elles se débattent, vainement elles se forment au monde, à ses prévoyances, à ses ruses; elles perfectionneront la prudence, boucheront toutes les issues, matelasseront les fenêtres contre les projectiles du hasard; mais le Diable entrera par une serrure; une perfection sera le défaut de leur cuirasse, et une qualité superlative le germe de leur damnation.Leur destinée est écrite dans toute leur constitution, elle brille d’un éclat sinistre dans leurs regards et dans leurs gestes, elle circule dans leurs artères avec chacun de leurs globules sanguins.” Charles Baudelaire (1821–1867) poète français