“Le diable posa son beau regard sur moi et me salua cérémonieusement, une main sur le cœur. Je me soulevai de mon fauteuil et je rendis la politesse. Mais déjà, opérant une brusque volte, le diable traçait dans le vide des gestes incantatoires qui eurent pour effet de faire s'évaporer les toiles noires du fond. Et je pus admirer un second théâtre, en profondeur, dont le décor représentait une grotte enchantée sous éclairage si intensément rouge que les paupières me battirent. Et Méphisto l'écarlate s'était volatilisé dans cette combustion. Je ne voyais plus que son blême visage et le jeu de ses mains dégantées, des mains interminables qui prenaient feu à cause des grosses bagues qui les ornaient.” Michel de Ghelderode (1898–1962) dramaturge belge Recueil de nouvelles, Sortilèges, 1951, Le Diable à Londres jeu , Cœur
“Mon destin et toutes ses fioritures font leurs petites traînées sans grande saillance. Le temps s'échappe comme un rail de poudre en combustion sans que je parvienne à maîtriser mes actions.” Loïc Decrauze (1969) L'Effondrement, 1993 temps
“Doué d’une extraordinaire faculté verbale, il arrivait à traduire instantanément par les mots jusqu’aux faits les plus compliqués de sa sensibilité, avec une exactitude et un relief si vifs que parfois, sitôt exprimés, rendus objectifs par la propriété isolatrice du style, ils semblaient ne plus lui appartenir. Sa voix limpide et pénétrante, qui pour ainsi dire dessinait d’un contour précis la figure musicale de chaque mot, donnait plus de relief encore à cette singulière qualité de sa parole. Aussi tous ceux qui l’entendaient pour la première fois éprouvaient-ils un sentiment ambigu, mêlé d’admiration et d’aversion, parce qu’il se manifestait lui-même sous des formes si fortement marquées qu’elles semblaient résulter d’une volonté constante d’établir entre lui et les étrangers une différence profonde et infranchissable. Mais, comme sa sensibilité égalait son intelligence, il était facile à tous ceux qui le fréquentaient et l’aimaient de recevoir à travers le cristal de son verbe la chaleur de son âme passionnée et véhémente. Ceux-là savaient combien était illimité son pouvoir de sentir et de rêver, et de quelle combustion sortaient les belles images en lesquelles il avait coutume de convertir la substance de sa vie intérieure.” Gabriele d'Annunzio livre Le Feu Romans, Le Feu, 1900 âme , intelligence , passion , volonté
“Un vrai lis élevé à la gloire des astres défait les cuisses de la combustion qui s'éveille et le groupe qu'ils forment s'en va à la découverte du rivage.” André Breton (1896–1966) poète et écrivain français Poisson soluble, 1924