“Le soir, je me promène dans le triste quartier, je passe le canal Saint-Martin noir comme une fosse, merveilleusement propice à des noyades. Je m'arrête au coin de la rue Alibert. Pourquoi Alibert? Qui est-ce? Est-ce que le graphite trouvée par le chimiste dans mon soufre ne se nommait pas le graphite Alibert? Que conclure de là? Bizarre, mais l'impression d'une chose inexplicable me reste à l'esprit. Puis rue Dieu. Pourquoi Dieu, alors qu'il est aboli par la République qui a désaffecté le Panthéon? — Rue Beaurepaire. Le beau repaire de malfaiteurs… Rue de Bondy. Est-ce le démon qui me guide?… Je cesse de lire les écriteaux, je m'égare et retourne sur mes pas sans retrouver mon chemin. Je recule devant un hangar colossal qui pue la viande crue et les légumes infectes, la choucroute surtout… Des individus suspects me frôlent, lançants des mots grossiers… j'ai peur de l'inconnu : je tourne à droite, puis à gauche, et tombe dans une ruelle sordide fermée en cul-de-sac où les ordures, les vices et le crime paraissent loger. Des filles me barrent le chemin, des voyous me huent… Voe soli! Qui donc me prépare ces guets-apens, sitôt que je me détache du monde et des hommes? Il y a quelqu'un qui m'a fait tomber dans ce piège! Où est-il? que je lutte avec lui!…” August Strindberg livre Inferno Inferno, 1897 fille , hommes , Dieu , monde
“J'aurais pu adhérer au Front National, mais à quoi bon manger de la choucroute avec des cons?” Michel Houellebecq livre Les Particules élémentaires The Elementary Particles
“Je me suis souvenue des soixante ans de mon père. On avait mangé une choucroute à la République. C'était l'âge qu'avaient les parents. Un âge immense et abstrait. Maintenant c'est toi qui l'as. Comment est-ce possible? Une fille fait les quatre cents coups, se trimbale dans la vie juchée et peinturlurée et tout à coup se met à avoir soixante ans.” Yasmina Reza (1959) auteur dramatique Babylone